Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1863 15 août 1863
Description : 1863/08/15 (A8,N172). 1863/08/15 (A8,N172).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203251m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
332 L'ISTHME DE SUEZ,
sentiment public non-seulement en Espagne, mais
encore dans toute l'Europe.
Nous avons eu plus d'une occasion de signaler le
talent d'écrivain et la vigueur de dialectique de
son rédacteur, M. Mané y Flaquer, et en ce mo-
ment sa discussion devient d'autant plus opportune
qu'elle était une réponse anticipée à une recrudes-
cence de clameurs poussées au-delà du détroit et
dont nous parlerons plus loin.
J. MONGIX.
On lit dans le Diario de Barcelone :
Le canal de Suez.
« Les lecteurs du Diario connaissent déjà le r&pport
lu à la dernière assemblée générale des actionnaires
du canal de Suez. De tous les documents publiés sur
cette affaire, ce rapport est, à notre avis, le plus in-
téressant, celui qui expose le mieux les antécédents,
l'état présent et les résultats futurs de cette grande
entreprise, laquelle n'a point de rivale dans l'histoire
contemporaine, soit pour sa grandeur, soit pour l'im-
mense influence qu'elle peut avoir sur l'avenir des
peuples modernes.
» Cette idée, éminemment civilisatrice, personni-
fiée en un homme véritablement extraordinaire, a sup-
porté la double épreuve du fer et du feu à laquelle se
soumettaient les anciens paladins, et est sortie triom-
phante de ce jugement de Dieu. Toutes les âmes gé-
néreuses, tous les esprits élevés saluent cordialement
l'heureux vainqueur, et honorent en lui le courageux
champion de l'idée civilisatrice, celui qui a su déclarer la
guerre à l'inertie de la nature et la dominer, tout en
déjouant les artifices et le mauvais vouloir des hom-
mes animés de misérables et étroites passions.
» En voyant déjà surmontées les plus graves diffi-
cultés qui s'opposaient à la réalisation de l'entreprise
dans l'ordre moral ainsi que dans l'ordre matériel, tran-
quillisés que nous sommes par la sécurité que les faits
consommés donnent aux espérances de l'avenir, tous
doutes étant désormais écartés sur la promesse qu'a-
vant ^l'expiration de la présente année, il existera
« une voie navigable non interrompue entre la Médi-
erranée et la mer Rouge», nous avons à nous réjouir,
à nous féliciter, à rendre grâce à la Providence à
raison des contrariétés de toutes sortes dont la réali-
sation du projet a eu à triompher. Toute idée humani-
taire, toute conquête de l'intelligence contre la ma-
tière, de la civilisation contre la barbarie, dans les
temps présents comme dans les siècles passés, est la
.récompense d'une lutte proportionnelle à sa grandeur,
lutte qui a ses héros, ses martyrs et ses traîtres.
» Que serait l'homme sans cette lutte? Comment
l'âme et le corps humains se tremperaient-ils, s'ils
n'avaient pas à dompter cette inertie de la matière et
de l'esprit de routine? Comment s'élèveraient les grands
caractères? Comment s'affranchirait-on des passions
mesquines? Comment l'homme pourrait-il estimer des
biens qu'il acquerrait sans peine? Comment distin-
guerait-on la vérité du mensonge, une idée vraie d'une
idée fausse, sans ces épreuves qui en sont comme la
pierre de touche? Qui mettra en doute que les con-
trariétés par lesquelles a passé l'entreprise du canal,
lui ont valu les sympathies des indifférents, le respect
de ses adversaires, et ont donné à son infatigable pro-
moteur une force morale irrésistible ?
» Comment ne pas reconnaître dans tous ces événe-
ments la main visible de la Providence qui marque
d'un sceau caractéristique et ineffaçable toutes les
grandes œuvres qu'elle confie à l'activité humaine et
qu'elle couvre de sa protection paternelle! Si étrange
que paraisse notre idée, quelque téméraire que semble
notre assertion, nous n'hésitons pas à affirmer que
sans l'insidieuse opposition des hommes d'État de la
Grande-Bretagne, l'entreprise du canal de Suez courait
le danger de faire naufrage ou de voir ses résultats in-
définiment ajournés. La grandeur de cette pensée ne
pouvait être à la portée de l'intelligence du vulgaire ;
pour que l'idée devint populaire, il fallait qu'elle souf-
frît le martyre de l'injustice, et c'est ce qu'a gagné la
diplomatie anglaise en éveillant dans le cœur' des
peuples cette indignation généreuse, cet instinct cheva-
leresque qui furent toujours le rempart où se sont
brisées toutes les tyrannies individuelles ou nationales'
Sans les malheureux efforts de la diplomatie anglaise'
la construction du canal aurait été pour le grand
nombre une pensée plus ou moins réalisable, son pro-
moteur un homme d'entreprise plus ou moins heureux;
mais aujourd'hui le projet et le canal sont devenus po
pulaires, grâce à la rare habileté de lord Palmerston,
auquel il faudra élever une statue à côté de celle de
M. de Lesseps.
» Et cette habileté du chef du cabinet anglais a été
si extraordinaire, il a déployé tant de talent pour écha
fauder contre le canal ses objections se détruisant les
unes les autres, que par moments nous en venons à
nous demander si lord Palmerston n'était pas un agent
déguisé de M. de Lesseps. D'abord il tenta de discré-
diter la pensée du projet, sous prétexte qu'il n'était
pas réalisable, et sans que personne lui demandât son
avis, s'appuyant sur l'opinion un peu suspecte de
Stephenson, méprisant le jugement si compétent des
premiers ingénieurs hydrauliques de l'Europe, il fit en-
tendre un cri d'alarme aux capitalistes anglais pour les
empêcher d'entrer dans une entreprise ruineuse sous
tous les rapports.
» C'était en vérité une étrange attitude chez un minis-
tre anglais, converti en tuteur des hommes de la Cité,
et c'est d'ailleurs quelque chose d'incompréhensible que
ce zèle officiel dans un pays où le gouvernement ne se
mêle en rien des affaires entreprises par les citoyens,
si absurdes ou si ruineuses qu'elles puissent paraître.
o Mais lord Palmerston semble n'avoir pas beaucoup
compté sur les assertions de son conseiller scientifique,
car immédiatement après il commença ses travaux
de sape à Constantinople, toujours dans la prévision
que dans un délai plus ou moins court le canal ne
manquerait pas de fonctionner. Toute la conduite de
lord Palmerston se résume en une contradiction : "Le
» canal ne se fera pas, parce que scientifiquement il est
sentiment public non-seulement en Espagne, mais
encore dans toute l'Europe.
Nous avons eu plus d'une occasion de signaler le
talent d'écrivain et la vigueur de dialectique de
son rédacteur, M. Mané y Flaquer, et en ce mo-
ment sa discussion devient d'autant plus opportune
qu'elle était une réponse anticipée à une recrudes-
cence de clameurs poussées au-delà du détroit et
dont nous parlerons plus loin.
J. MONGIX.
On lit dans le Diario de Barcelone :
Le canal de Suez.
« Les lecteurs du Diario connaissent déjà le r&pport
lu à la dernière assemblée générale des actionnaires
du canal de Suez. De tous les documents publiés sur
cette affaire, ce rapport est, à notre avis, le plus in-
téressant, celui qui expose le mieux les antécédents,
l'état présent et les résultats futurs de cette grande
entreprise, laquelle n'a point de rivale dans l'histoire
contemporaine, soit pour sa grandeur, soit pour l'im-
mense influence qu'elle peut avoir sur l'avenir des
peuples modernes.
» Cette idée, éminemment civilisatrice, personni-
fiée en un homme véritablement extraordinaire, a sup-
porté la double épreuve du fer et du feu à laquelle se
soumettaient les anciens paladins, et est sortie triom-
phante de ce jugement de Dieu. Toutes les âmes gé-
néreuses, tous les esprits élevés saluent cordialement
l'heureux vainqueur, et honorent en lui le courageux
champion de l'idée civilisatrice, celui qui a su déclarer la
guerre à l'inertie de la nature et la dominer, tout en
déjouant les artifices et le mauvais vouloir des hom-
mes animés de misérables et étroites passions.
» En voyant déjà surmontées les plus graves diffi-
cultés qui s'opposaient à la réalisation de l'entreprise
dans l'ordre moral ainsi que dans l'ordre matériel, tran-
quillisés que nous sommes par la sécurité que les faits
consommés donnent aux espérances de l'avenir, tous
doutes étant désormais écartés sur la promesse qu'a-
vant ^l'expiration de la présente année, il existera
« une voie navigable non interrompue entre la Médi-
erranée et la mer Rouge», nous avons à nous réjouir,
à nous féliciter, à rendre grâce à la Providence à
raison des contrariétés de toutes sortes dont la réali-
sation du projet a eu à triompher. Toute idée humani-
taire, toute conquête de l'intelligence contre la ma-
tière, de la civilisation contre la barbarie, dans les
temps présents comme dans les siècles passés, est la
.récompense d'une lutte proportionnelle à sa grandeur,
lutte qui a ses héros, ses martyrs et ses traîtres.
» Que serait l'homme sans cette lutte? Comment
l'âme et le corps humains se tremperaient-ils, s'ils
n'avaient pas à dompter cette inertie de la matière et
de l'esprit de routine? Comment s'élèveraient les grands
caractères? Comment s'affranchirait-on des passions
mesquines? Comment l'homme pourrait-il estimer des
biens qu'il acquerrait sans peine? Comment distin-
guerait-on la vérité du mensonge, une idée vraie d'une
idée fausse, sans ces épreuves qui en sont comme la
pierre de touche? Qui mettra en doute que les con-
trariétés par lesquelles a passé l'entreprise du canal,
lui ont valu les sympathies des indifférents, le respect
de ses adversaires, et ont donné à son infatigable pro-
moteur une force morale irrésistible ?
» Comment ne pas reconnaître dans tous ces événe-
ments la main visible de la Providence qui marque
d'un sceau caractéristique et ineffaçable toutes les
grandes œuvres qu'elle confie à l'activité humaine et
qu'elle couvre de sa protection paternelle! Si étrange
que paraisse notre idée, quelque téméraire que semble
notre assertion, nous n'hésitons pas à affirmer que
sans l'insidieuse opposition des hommes d'État de la
Grande-Bretagne, l'entreprise du canal de Suez courait
le danger de faire naufrage ou de voir ses résultats in-
définiment ajournés. La grandeur de cette pensée ne
pouvait être à la portée de l'intelligence du vulgaire ;
pour que l'idée devint populaire, il fallait qu'elle souf-
frît le martyre de l'injustice, et c'est ce qu'a gagné la
diplomatie anglaise en éveillant dans le cœur' des
peuples cette indignation généreuse, cet instinct cheva-
leresque qui furent toujours le rempart où se sont
brisées toutes les tyrannies individuelles ou nationales'
Sans les malheureux efforts de la diplomatie anglaise'
la construction du canal aurait été pour le grand
nombre une pensée plus ou moins réalisable, son pro-
moteur un homme d'entreprise plus ou moins heureux;
mais aujourd'hui le projet et le canal sont devenus po
pulaires, grâce à la rare habileté de lord Palmerston,
auquel il faudra élever une statue à côté de celle de
M. de Lesseps.
» Et cette habileté du chef du cabinet anglais a été
si extraordinaire, il a déployé tant de talent pour écha
fauder contre le canal ses objections se détruisant les
unes les autres, que par moments nous en venons à
nous demander si lord Palmerston n'était pas un agent
déguisé de M. de Lesseps. D'abord il tenta de discré-
diter la pensée du projet, sous prétexte qu'il n'était
pas réalisable, et sans que personne lui demandât son
avis, s'appuyant sur l'opinion un peu suspecte de
Stephenson, méprisant le jugement si compétent des
premiers ingénieurs hydrauliques de l'Europe, il fit en-
tendre un cri d'alarme aux capitalistes anglais pour les
empêcher d'entrer dans une entreprise ruineuse sous
tous les rapports.
» C'était en vérité une étrange attitude chez un minis-
tre anglais, converti en tuteur des hommes de la Cité,
et c'est d'ailleurs quelque chose d'incompréhensible que
ce zèle officiel dans un pays où le gouvernement ne se
mêle en rien des affaires entreprises par les citoyens,
si absurdes ou si ruineuses qu'elles puissent paraître.
o Mais lord Palmerston semble n'avoir pas beaucoup
compté sur les assertions de son conseiller scientifique,
car immédiatement après il commença ses travaux
de sape à Constantinople, toujours dans la prévision
que dans un délai plus ou moins court le canal ne
manquerait pas de fonctionner. Toute la conduite de
lord Palmerston se résume en une contradiction : "Le
» canal ne se fera pas, parce que scientifiquement il est
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