Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1863 01 août 1863
Description : 1863/08/01 (A8,N171). 1863/08/01 (A8,N171).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032506
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
308 L'ISTHME DE SUEZ,
ne parlerons certainement point du servage en Russie
ni de la corvée dans certaines parties de l'Alle-
magne. Citons-lui seulement la France, où le travail
obligatoire produit d'assez bons résultats. Nos che-
mins vicinaux sont dus au travail obligatoire, c'est-
à-dire à l'exécution d'un travail au moyen d'une
prestation personnelle, soit en argent, soit en nature.
Un rapport du ministre de l'intérieur, dernièrement
publié par le Moniteur, portait à 152 millions la somme
des travaux exécutés par ce moyen de contrainte.
De plus, aujourd'hui même, nous trouvons dans le
Moniteur une loi portant approbation d'une conven-
tion passée pour la construction des chemins algé-
riens entre le gouvernement français et la Compagnie
des chemins de fer de Paris à la Méditerranée, et
dans cette convention nous lisons le paragraphe sui-
vant :
« Le gouvernement se réserve d'employer l'armée,
sous la direction des officiers du génie, à l'exécution
des travaux de terrassements sur une ou plusieurs
section des chemins de fer énoncés h l'article précé-
dent. Dans ce cas, la valeur des travaux exécutés
sera réglée sur une série de prix arrêtée de concert
entre le gouverneur général de l'Algérie et la Com-
pagnie. Le montant en sera versé par cette dernière
et distribué à qui de droit par les soins de l'autorité
militaire. )
C'est certes là le travail obligatoire , le travail
obligatoire dans des conditions utiles, nationales, pro-
ductives
Quel dommage que la session soit close! M. Grif-
fith adresserait peut-être à lord Palmerston une de-
mande d'intervention contre ces procédés du gou-
nement français!
Pourquoi pas ? Est ce que tous les travailleurs et
tous les gouvernements ne sont pas égaux devant
M. Griffith?
Mais nous n'avons pas encore prononcé un mot
sur le travail et son organisation en Angleterre.
Nous ne nous sommes pas occupé de rechercher la
condition faite chez nos voisins aux classes laborieu-
ses, aux femmes, aux enfants condamnés à vivre du
labeur de leurs mains. Ce tableau, l'abondance des
matières nous interdit de le retracer aujourd'hui.
Nous sommes pourtant amplement munis de docu-
ments officiels et de témoignages authentiques.
Nulle part le travail n'est plus impitoyable ni plus
oppressif qu'en Angleterre. C'est une démonstration
que nous voulons soumettre à M. Griffith, et que
nous lui soumettrons dans notre prochain numéro;
il doit d'ailleurs en connaître bien des traits. Quand
il l'aura lu, qu'il descende dans sa conscience, et
nous le défierons alors de soutenir qu'il y ait rien de
comparable parmi les travailleurs du canal de Suez
à la condition de toute une multitude qui souffre,
s'abrutit et meurt dans les ateliers de tout genre de
l'Angleterre.
ERNEST DESPLACES.
L'Etat sanitaire dans l'isthme de Suez.
Nous recommandons encore à M. Griffith la lec-
ture des réflexions suivantes publiées par la Patrie sur
la salubrité de l'isthme et sur l'état de ses tra-
vailleurs :
« On sait avec quelle ardente philanthropie certains
hommes politiques, en Angleterre, prompts à oublier le
sort des Indiens sujets de la Grande-Bretagne et les
misères de l'Irlande, se sont préoccupés de la condi-
tion des travailleurs employés dans les chantiers du
canal maritime de Suez. C'était, selon eux, une popu-
lation vouée fatalement aux maladies et à la mort; l'en-
treprise n'était rien moins qu'une œuvre inhumaine.
Sous ce rapport, comme sous beaucoup d'autres, les
prévisions anglaises devaient être hautement démen-
ties par les faits.
» Nous avons sous les yeux le rapport annuel du
médecin en chef de la Compagnie en Egypte. Ce rap-
port, dont une analyse a été présentée, ces jours der-
niers, à l'assemblée générale des actionnaires, porte la
date du 15 avril dernier. Il constate, comme remarque
générale, que, contrairement à ce qui se passe en
Europe et en Amérique, où les travaux de terrasse-
ment exercent presque toujours une fâcheuse influence
sur la santé des travailleurs, on a pu fouiller et trans-
porter pour l'établissement du canal 12 millions de mètres
cubes de terre, soit dans des terrains secs, soit dans des
terrains humides et fangeux, sans qu'une maladie sé-
rieuse se déclarât. Assurément, les soins pris par la
Compagnie pour l'entretien régulier des approvisionne-
ments, pour l'amélioration constante des vivres et des
boissons, ont dû largement contribuer à cet état favo-
rable de la santé publique ; toujours est-il que nous
pouvons rassurer nos charitables voisins d'outre-Manche
sur la salubrité de l'isthme. Cette salubrité est aujour-
d'hui un fait acquis; elle n'admet pas plus d'excep-
tion à l'égard des Européens qu'à l'égard des indi-
gènes.
» Le service sanitaire a eu à surveiller, pendant le
dernier exercice, 36,000 individus qui ont fourni 4,320 ma-
lades. Cette population se décompose comme suit : Eu-
ropéens, 1,500 ; indigènes sédentaires, 3,500; fellahs des
contingents (c'est-à-dire ouvriers proprement dits),
20,000; cultivateurs indigènes, 11,000.
» C'est aux besoins médicaux et pharmaceutiques de
cette agglomération que pourvoient 11 médecins et
pharmaciens, répartis sur une étendue de 165 kilomè-
tres, et auxquels de pieuses sœurs de charité apportent
le concours de leur inaltérable dévouement.
» La mortalité a été sur les Européens de 1.40 0/0
(soit 14 sur 1,000); chez les Arabes sédentaires, de
1.42 0/0; chez les fellahs des contingents, 0.480/0 seu-
lement. Or, en France , dans l'armée, qui se compose
d'une population jeune et choisie, la mortalité est
ne parlerons certainement point du servage en Russie
ni de la corvée dans certaines parties de l'Alle-
magne. Citons-lui seulement la France, où le travail
obligatoire produit d'assez bons résultats. Nos che-
mins vicinaux sont dus au travail obligatoire, c'est-
à-dire à l'exécution d'un travail au moyen d'une
prestation personnelle, soit en argent, soit en nature.
Un rapport du ministre de l'intérieur, dernièrement
publié par le Moniteur, portait à 152 millions la somme
des travaux exécutés par ce moyen de contrainte.
De plus, aujourd'hui même, nous trouvons dans le
Moniteur une loi portant approbation d'une conven-
tion passée pour la construction des chemins algé-
riens entre le gouvernement français et la Compagnie
des chemins de fer de Paris à la Méditerranée, et
dans cette convention nous lisons le paragraphe sui-
vant :
« Le gouvernement se réserve d'employer l'armée,
sous la direction des officiers du génie, à l'exécution
des travaux de terrassements sur une ou plusieurs
section des chemins de fer énoncés h l'article précé-
dent. Dans ce cas, la valeur des travaux exécutés
sera réglée sur une série de prix arrêtée de concert
entre le gouverneur général de l'Algérie et la Com-
pagnie. Le montant en sera versé par cette dernière
et distribué à qui de droit par les soins de l'autorité
militaire. )
C'est certes là le travail obligatoire , le travail
obligatoire dans des conditions utiles, nationales, pro-
ductives
Quel dommage que la session soit close! M. Grif-
fith adresserait peut-être à lord Palmerston une de-
mande d'intervention contre ces procédés du gou-
nement français!
Pourquoi pas ? Est ce que tous les travailleurs et
tous les gouvernements ne sont pas égaux devant
M. Griffith?
Mais nous n'avons pas encore prononcé un mot
sur le travail et son organisation en Angleterre.
Nous ne nous sommes pas occupé de rechercher la
condition faite chez nos voisins aux classes laborieu-
ses, aux femmes, aux enfants condamnés à vivre du
labeur de leurs mains. Ce tableau, l'abondance des
matières nous interdit de le retracer aujourd'hui.
Nous sommes pourtant amplement munis de docu-
ments officiels et de témoignages authentiques.
Nulle part le travail n'est plus impitoyable ni plus
oppressif qu'en Angleterre. C'est une démonstration
que nous voulons soumettre à M. Griffith, et que
nous lui soumettrons dans notre prochain numéro;
il doit d'ailleurs en connaître bien des traits. Quand
il l'aura lu, qu'il descende dans sa conscience, et
nous le défierons alors de soutenir qu'il y ait rien de
comparable parmi les travailleurs du canal de Suez
à la condition de toute une multitude qui souffre,
s'abrutit et meurt dans les ateliers de tout genre de
l'Angleterre.
ERNEST DESPLACES.
L'Etat sanitaire dans l'isthme de Suez.
Nous recommandons encore à M. Griffith la lec-
ture des réflexions suivantes publiées par la Patrie sur
la salubrité de l'isthme et sur l'état de ses tra-
vailleurs :
« On sait avec quelle ardente philanthropie certains
hommes politiques, en Angleterre, prompts à oublier le
sort des Indiens sujets de la Grande-Bretagne et les
misères de l'Irlande, se sont préoccupés de la condi-
tion des travailleurs employés dans les chantiers du
canal maritime de Suez. C'était, selon eux, une popu-
lation vouée fatalement aux maladies et à la mort; l'en-
treprise n'était rien moins qu'une œuvre inhumaine.
Sous ce rapport, comme sous beaucoup d'autres, les
prévisions anglaises devaient être hautement démen-
ties par les faits.
» Nous avons sous les yeux le rapport annuel du
médecin en chef de la Compagnie en Egypte. Ce rap-
port, dont une analyse a été présentée, ces jours der-
niers, à l'assemblée générale des actionnaires, porte la
date du 15 avril dernier. Il constate, comme remarque
générale, que, contrairement à ce qui se passe en
Europe et en Amérique, où les travaux de terrasse-
ment exercent presque toujours une fâcheuse influence
sur la santé des travailleurs, on a pu fouiller et trans-
porter pour l'établissement du canal 12 millions de mètres
cubes de terre, soit dans des terrains secs, soit dans des
terrains humides et fangeux, sans qu'une maladie sé-
rieuse se déclarât. Assurément, les soins pris par la
Compagnie pour l'entretien régulier des approvisionne-
ments, pour l'amélioration constante des vivres et des
boissons, ont dû largement contribuer à cet état favo-
rable de la santé publique ; toujours est-il que nous
pouvons rassurer nos charitables voisins d'outre-Manche
sur la salubrité de l'isthme. Cette salubrité est aujour-
d'hui un fait acquis; elle n'admet pas plus d'excep-
tion à l'égard des Européens qu'à l'égard des indi-
gènes.
» Le service sanitaire a eu à surveiller, pendant le
dernier exercice, 36,000 individus qui ont fourni 4,320 ma-
lades. Cette population se décompose comme suit : Eu-
ropéens, 1,500 ; indigènes sédentaires, 3,500; fellahs des
contingents (c'est-à-dire ouvriers proprement dits),
20,000; cultivateurs indigènes, 11,000.
» C'est aux besoins médicaux et pharmaceutiques de
cette agglomération que pourvoient 11 médecins et
pharmaciens, répartis sur une étendue de 165 kilomè-
tres, et auxquels de pieuses sœurs de charité apportent
le concours de leur inaltérable dévouement.
» La mortalité a été sur les Européens de 1.40 0/0
(soit 14 sur 1,000); chez les Arabes sédentaires, de
1.42 0/0; chez les fellahs des contingents, 0.480/0 seu-
lement. Or, en France , dans l'armée, qui se compose
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