Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1863 01 août 1863
Description : 1863/08/01 (A8,N171). 1863/08/01 (A8,N171).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032506
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
314 L'ISTHME DE SUEZ,
_8 A son arrivée, M. Ferdinand de Lesseps a été ac-
cueilli par plusieurs salves d'applaudissements, qu'on
pouvait certainement considérer à la fois comme un
remerciaient des services déjà rendus, comme une
marque de confiance complète pour l'avenir et comme
une protestation contre les tentatives récemment faites
à Constantinople pour arrêter la marche des travaux.
» Ces divers sentiments se sont manifestés à plu-
sieurs reprises, pendant la lecture du rapport, dont toutes
les parties ont été écoutées avec une attention soutenue
et avec cette sagacité et cette promptitude d'apprécia-
tion qu'on remarque dans les assemblées françaises.
» Le rapport se divise en trois parties : la première
expose la situation financière de la Compagnie ; la se-
conde décrit l'état des travaux; la troisième est relative
à la situation de cette grande entreprise dans ses rap-
ports avec la politique.
» L'exposé financier fait ressortir quelques chiffres
importants à reproduire.
» Il en résulte que les dépenses de la Compagnie au
mois de juin dernier s'élevaient à 67,031,433 francs,
desquels il faut déduire le domaine de la Compagnie,
représentant un capital de 2,253,000 francs.
B L'actif réalisable se composait, au même moment,
de 68,747,131 francs. Dans cet actif, il faut comprendre
un premier versement fait en obligations du Trésor
égyptien par le précédent vice-roi d'Egypte pour le
solde du premier appel de 100 francs fait par la Com-
pagnie. Une partie de ces obligations a été déjà réalisée.
Ce qu'il en reste en caisse monte à 9,092,458 francs.
» Il faut encore faire figurer dans ce même actif un
chiffre de 35,528,400 francs, montant de la somme à
payer par le gouvernement égyptien pour libérer à
300 francs les actions que ce gouvernement a sous-
crites. Le paiement de cette somme est réglé par une
convention qu'Ismaïl-Pacha, le vice-roi actuel, aconclue
avec M. Ferdinand de Lesseps, et par laquelle il s'est
engagé à verser dans les caisses de la Compagnie, à
partir de janvier 1864, 1,500,000 francs par mois. Cette
convention donne également lieu à la remise à la Com-
pagnie d'obligations négociables qui la mettent en pos-
session de son actif de 68 millions.
» Dans cette situation, la Compagnie s'est trouvée
en mesure de déclarer qu'elle ne ferait aucun appel
de fonds avant l'assemblée de l'année prochaine, et
qu'elle avait entre les mains tous les moyens de pour-
suivre énergiquement son œuvre.
» Le versement des deux derniers cinquièmes à réa-
liser pour liquider à 500 fr. les actions souscrites par
les particuliers et par le vice-roi laisse, avec l'actif ;
en caisse, à la disposition de la Compagnie, une somme !
totale de 148 millions, laquelle, avec les 67 millions
déjà dépensés, porte le capital social de la Compagnie
à 216 millions environ, résultat qui provient des pla-
cements de fonds opérés par les soins de l'admi-
-- nistration, et qui ont augmenté d'autant le capital de
la Compagnie.
» Les travaux faits à ce jour peuvent être résumés
en peu de mots : un canal, débouchant sur la Médi-
terranée et pénétrant au centre de l'isthme sur une
étendue de plus de 80 kilomètres en longueur, a été
creusé, et présente une surface d'eau de 12 à 15 mètres
de large sur 2 mètres de profondeur. Ce canal mari-
time, qui traverse les lacs Menzaleh et Balah, verse
ses eaux dans le lac Timsah, après avoir traversé le
seuil d'El-Guisr. Ce plateau, qui a 14 kilomètres
d'étendue, et qui s'élève jusqu'à la hauteur de 21 mè-
tres, avait été représenté, surtout à l'étranger, comme
formant un obstacle que la Compagnie ne réussirait
pas à franchir sans une - grande perte de temps et
sans des dépenses énormes. Dix mois ont suffi pour y
compléter la tranchée nécessaire au passage des eaux.
On n'y a rencontré aucune difficulté particulière, et le
prix du mètre cube de déblai n'a pas dépassé 68 centi-
mes, tous frais compris. C'est dire qu'il est resté dans
les limites de l'évaluation faite dans les devis de la
commission internationale.
» L'exécution de ce grand travail a été poursuivie
sans préjudice d'un ouvrage de première utilité pour
la Compagnie comme pour l'Egypte.
» Nous voulons parler du canal d'eau douce qui
porte l'eau du Nil jusqu'au centre du désert, et qui,
parvenu au lac Timsah, sur les bords du canal ma-
ritime, suit le tracé de ce canal et va porter jusqu'à
Suez, avec ses eaux, la fertilité et l'abondance.
» Ouvert de Zagazig au lac Timsah et du lac Tim-
sah à Gebel-Geneffé, il présente, dans la première de
ses deux parties, une surface de 12 mètres à la ligne
d'eau, de 1 mètre 50 à 2 mètres de profondeur ; il est
navigable dans toute son étendue, qui est d'environ
80 kilomètres. De Timsah à Gebel-Geneffé, il se déve-
loppe sur 15 mètres de superficie en largeur et 2 mè-
tres de profondeur. Son parcours depuis Timsah est de
40 kilomètres déjà navigables ; une même étendue de
40 kilomètres reste encore à ouvrir pour qu'il atteigne
la ville de Suez ; ce sera l'affaire de quatre mois ; au
mois de novembre, un fleuve d'eau douce baignera
les murs de cette ville, qui était jusqu'à présent si
aride. De ce jour également, la communication entre
les deux mers, partie par le canal d'eau douce, partie
par le canal maritime, sera un fait accompli.
» Ces deux opérations capitales ont été accompa-
gnées de la construction de deux villes : Port-Saïd,
sur la Méditerranée; Ismaïlia, sur le lac Timsah. La
Compagnie possède en outre à Port-Saïd des ateliers
qui forment un des établissements métallurgiques des
plus complets. Le travail des jetées sur la Méditerranée
est commencé; on le poursuivra prochainement sans
relâche, lorsque, la carrière à Gebel-Geneffé étant en
exploitation, les matériaux qui en proviendront pour-
ront être transportés à peu de frais jusqu'à Port-
Saïd.
» La partie la plus émouvante du rapport de M. de
Lesseps est celle où il a traité la question politique.
» Il nous est impossible de faire un résumé complet
de cet important travail, où toutes les faces d'un sujet
si complexe sont successivement envisagées, où tous
les doutes sont levés dans une dissertation que per-
sonne ne pouvait aborder avec plus d'autorité.
_8 A son arrivée, M. Ferdinand de Lesseps a été ac-
cueilli par plusieurs salves d'applaudissements, qu'on
pouvait certainement considérer à la fois comme un
remerciaient des services déjà rendus, comme une
marque de confiance complète pour l'avenir et comme
une protestation contre les tentatives récemment faites
à Constantinople pour arrêter la marche des travaux.
» Ces divers sentiments se sont manifestés à plu-
sieurs reprises, pendant la lecture du rapport, dont toutes
les parties ont été écoutées avec une attention soutenue
et avec cette sagacité et cette promptitude d'apprécia-
tion qu'on remarque dans les assemblées françaises.
» Le rapport se divise en trois parties : la première
expose la situation financière de la Compagnie ; la se-
conde décrit l'état des travaux; la troisième est relative
à la situation de cette grande entreprise dans ses rap-
ports avec la politique.
» L'exposé financier fait ressortir quelques chiffres
importants à reproduire.
» Il en résulte que les dépenses de la Compagnie au
mois de juin dernier s'élevaient à 67,031,433 francs,
desquels il faut déduire le domaine de la Compagnie,
représentant un capital de 2,253,000 francs.
B L'actif réalisable se composait, au même moment,
de 68,747,131 francs. Dans cet actif, il faut comprendre
un premier versement fait en obligations du Trésor
égyptien par le précédent vice-roi d'Egypte pour le
solde du premier appel de 100 francs fait par la Com-
pagnie. Une partie de ces obligations a été déjà réalisée.
Ce qu'il en reste en caisse monte à 9,092,458 francs.
» Il faut encore faire figurer dans ce même actif un
chiffre de 35,528,400 francs, montant de la somme à
payer par le gouvernement égyptien pour libérer à
300 francs les actions que ce gouvernement a sous-
crites. Le paiement de cette somme est réglé par une
convention qu'Ismaïl-Pacha, le vice-roi actuel, aconclue
avec M. Ferdinand de Lesseps, et par laquelle il s'est
engagé à verser dans les caisses de la Compagnie, à
partir de janvier 1864, 1,500,000 francs par mois. Cette
convention donne également lieu à la remise à la Com-
pagnie d'obligations négociables qui la mettent en pos-
session de son actif de 68 millions.
» Dans cette situation, la Compagnie s'est trouvée
en mesure de déclarer qu'elle ne ferait aucun appel
de fonds avant l'assemblée de l'année prochaine, et
qu'elle avait entre les mains tous les moyens de pour-
suivre énergiquement son œuvre.
» Le versement des deux derniers cinquièmes à réa-
liser pour liquider à 500 fr. les actions souscrites par
les particuliers et par le vice-roi laisse, avec l'actif ;
en caisse, à la disposition de la Compagnie, une somme !
totale de 148 millions, laquelle, avec les 67 millions
déjà dépensés, porte le capital social de la Compagnie
à 216 millions environ, résultat qui provient des pla-
cements de fonds opérés par les soins de l'admi-
-- nistration, et qui ont augmenté d'autant le capital de
la Compagnie.
» Les travaux faits à ce jour peuvent être résumés
en peu de mots : un canal, débouchant sur la Médi-
terranée et pénétrant au centre de l'isthme sur une
étendue de plus de 80 kilomètres en longueur, a été
creusé, et présente une surface d'eau de 12 à 15 mètres
de large sur 2 mètres de profondeur. Ce canal mari-
time, qui traverse les lacs Menzaleh et Balah, verse
ses eaux dans le lac Timsah, après avoir traversé le
seuil d'El-Guisr. Ce plateau, qui a 14 kilomètres
d'étendue, et qui s'élève jusqu'à la hauteur de 21 mè-
tres, avait été représenté, surtout à l'étranger, comme
formant un obstacle que la Compagnie ne réussirait
pas à franchir sans une - grande perte de temps et
sans des dépenses énormes. Dix mois ont suffi pour y
compléter la tranchée nécessaire au passage des eaux.
On n'y a rencontré aucune difficulté particulière, et le
prix du mètre cube de déblai n'a pas dépassé 68 centi-
mes, tous frais compris. C'est dire qu'il est resté dans
les limites de l'évaluation faite dans les devis de la
commission internationale.
» L'exécution de ce grand travail a été poursuivie
sans préjudice d'un ouvrage de première utilité pour
la Compagnie comme pour l'Egypte.
» Nous voulons parler du canal d'eau douce qui
porte l'eau du Nil jusqu'au centre du désert, et qui,
parvenu au lac Timsah, sur les bords du canal ma-
ritime, suit le tracé de ce canal et va porter jusqu'à
Suez, avec ses eaux, la fertilité et l'abondance.
» Ouvert de Zagazig au lac Timsah et du lac Tim-
sah à Gebel-Geneffé, il présente, dans la première de
ses deux parties, une surface de 12 mètres à la ligne
d'eau, de 1 mètre 50 à 2 mètres de profondeur ; il est
navigable dans toute son étendue, qui est d'environ
80 kilomètres. De Timsah à Gebel-Geneffé, il se déve-
loppe sur 15 mètres de superficie en largeur et 2 mè-
tres de profondeur. Son parcours depuis Timsah est de
40 kilomètres déjà navigables ; une même étendue de
40 kilomètres reste encore à ouvrir pour qu'il atteigne
la ville de Suez ; ce sera l'affaire de quatre mois ; au
mois de novembre, un fleuve d'eau douce baignera
les murs de cette ville, qui était jusqu'à présent si
aride. De ce jour également, la communication entre
les deux mers, partie par le canal d'eau douce, partie
par le canal maritime, sera un fait accompli.
» Ces deux opérations capitales ont été accompa-
gnées de la construction de deux villes : Port-Saïd,
sur la Méditerranée; Ismaïlia, sur le lac Timsah. La
Compagnie possède en outre à Port-Saïd des ateliers
qui forment un des établissements métallurgiques des
plus complets. Le travail des jetées sur la Méditerranée
est commencé; on le poursuivra prochainement sans
relâche, lorsque, la carrière à Gebel-Geneffé étant en
exploitation, les matériaux qui en proviendront pour-
ront être transportés à peu de frais jusqu'à Port-
Saïd.
» La partie la plus émouvante du rapport de M. de
Lesseps est celle où il a traité la question politique.
» Il nous est impossible de faire un résumé complet
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