Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1863 01 juillet 1863
Description : 1863/07/01 (A8,N169). 1863/07/01 (A8,N169).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032484
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
246 L'ISTHME DE SUEZ,
J'ai reconnu que sans ce travail le canal maritime
était impossible. Vous n'avez plus qu'à descendre
pour conduire cette rivière d'eau douce jusqu'à Suez,
pour féconder toute une contrée. Quel bienfait pour
cette ville qui; sans vous, ne pourrait se développer!
L'œuvre du canal d'eau douce est à elle seule une
grande œuvre et un grand objet. Le commerce et l'hu-
manité y gagneront. Pour ma part et personnellement
comme chef de l'entreprise que je dirige à Suez, je
vous remercie; vous nous rendez le plus grand des
services. Vous ferez de Suez une ville importante,
et de Timsah, que vous créez sur le canal d'eau
douce et le canal maritime, devant un magnifique
lac qui sera le plus beau port du monde, vous allez
faire une ville de premier ordre.
» Le seuil d'El-Guisr ! Messieurs, ce nom seul me
rappelle une des plus vives émotions que j'ai éprou-
vées. Ces montagnes de déblais bordant une immense
tranchée avec l'eau au fond et des milliers de tra-
vailleurs sur les flancs de cette espèce de vallée ter-
minant la coupure qui doit livrer passage à la Médi-
terranée, c'était quelque chose de saisissant ; et lors-
que je suivais cette vallée creusée par les fellahs
égyptiens, qui paient par le travail leur dette à la
civilisation, comme nos soldats la paient par leur
sang sur les champs de bataille, en voyant cette
partie du canal terminée, ce seuil coupé, je me suis
dit : le canal est fait. Puis, arrivé sur le seuil même,
quand j'ai vu cette ville nouvelle avec ses maisons,
son église, sa mosquée, ses chantiers, ses ateliers,
son hôpital, ses magasins, et tous les accessoires de
la vie européenne, cette ville que tant de monde
ignore encore en Europe, mon émotion a redoublé
en songeant qu'il y a deux ans, là, tout était désert,
et que pas un grain de sable n'avait été remué.
Quel courage et quelle persévérance il vous a fallu à
tous, et surtout à vous, mon cher président, pour
arriver à un tel résultat! Messieurs, vous donnez
un grand exemple au monde en lui rendant le plus
grand des services; il devra vous en être éternelle-
ment reconnaissant.
Pour la quatrième phase de ma visite j'ai vu les
deux lacs et Port-Saïd. Après le seuil coupé et sa
ville, je pensais avoir vu le plus important de vos
travaux; mais non, pendant deux jours, j'ai dû tra-
verser vos lacs canalisés, et j'ai navigué sur le ca-
nal tel qu'il sera lorsque vous l'aurez terminé. J'ai
vu les difficultés que vous avez eues à surmonter,
ces vases que vous avez franchies, les desséchant
pour en former des digues ; c'est un admirable tra-
vail ; et enfin, je suis arrivé à Port-Saïd, dans une
ville presque inconnue.
» Là, j'ai "trouvé une grande population, des ate-
liers dignes de l'Europe en pleine activité, un vaste
port que l'on creuse, une jetée, d'immenses maga-
sins, de belles maisons, presque le confortable. J'ai
tout visité, et, permettez-moi de l'avouer, je suis en-
core dans le plus grand étonnement de ce que je
viens de voir. Aussi, je vous le répète, on ne con-
naît pas l'isthme en Europe.
» Recevez donc, Messieurs, mes bien sincères féli-
citations sur vos travaux; marchez, réunissez les
deux mers, exécutez ce projet grandiose. Pour ma
part, je suis convaincu que vous l'achèverez. Vous
avez résolu le problème; ce qui reste n'est plus
qu'une question de temps et d'argent. Comme direc-
teur des Messageries impériales, j'attends avec la
plus vive impatience que les deux mers soient réu-
nies. Toutes les marines du monde vous en sauront
gré, et en particulier les marines anglaise et fran-
çaise, qui en retireront le plus grand profit. La cana-
lisation de l'isthme de Suez res-errera nécessaire-
ment l'alliance des deux marines ; aussi, en présence
de vos travaux et de leur résultat, je porte ce toast:
» A l'union des marines anglaise et française! »
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 15 JUILLET.
Nous ne saurions trop insister auprès de MM. les
actionnaires ayant droit de participer aux délibéra-
tions de l'assemblée générale convoquée pour le
15 juillet, afin de les inviter à assister à ces délibé-
rations, qui ne peuvent manquer d'avoir un grand
intérêt.
Après une longue et laborieuse campagne en
Egypte, le président fondateur s'est rendu à Pa-
ris, afin de présenter lui-même à l'assemblée l'ex-
posé des résultats de cette campagne. Les incidents
de l'intrigue anglaise, la Note turque du 6 avril, le
rapport de M. Hawkshaw, l'état actuel de la ques-
tion, les arrangements financiers avec le gouverne-
ment égyptien, la convention relative au canal d'eau
douce du Caire à l'Ouady, mis à la charge du vice-
roi, les modifications introduites dans l'organisation
des travaux, l'état de ces travaux eux-mêmes, le
présent et l'avenir de l'entreprise, tels sont, selon
toutes les vraisemblances, les nombreux et vastes
sujets qui seront traités dans le rapport de M. F. de
Lesseps. L'appui que le gouvernement de l'Empereur
accorde à l'entreprise vient de se manifester assez
clairement à la foi3 à Constantinople, au Caire et à
Paris. C'est donc plus que jamais pour MM. les ac-
tionnaires l'occasion, nous osons ajouter l'obligation
de se serrer autour du drapeau commun, et de mon-
trer que leur zèle, leur dévouement et leur confiance
sont toujours au niveau de la grandeur de l'œuvre
et des sympathies dont l'entoure le monde civi-
lisé.
Nous nous permettons donc de recommander à
MM. les actionnaires l'exactitude la plus grande pos-
J'ai reconnu que sans ce travail le canal maritime
était impossible. Vous n'avez plus qu'à descendre
pour conduire cette rivière d'eau douce jusqu'à Suez,
pour féconder toute une contrée. Quel bienfait pour
cette ville qui; sans vous, ne pourrait se développer!
L'œuvre du canal d'eau douce est à elle seule une
grande œuvre et un grand objet. Le commerce et l'hu-
manité y gagneront. Pour ma part et personnellement
comme chef de l'entreprise que je dirige à Suez, je
vous remercie; vous nous rendez le plus grand des
services. Vous ferez de Suez une ville importante,
et de Timsah, que vous créez sur le canal d'eau
douce et le canal maritime, devant un magnifique
lac qui sera le plus beau port du monde, vous allez
faire une ville de premier ordre.
» Le seuil d'El-Guisr ! Messieurs, ce nom seul me
rappelle une des plus vives émotions que j'ai éprou-
vées. Ces montagnes de déblais bordant une immense
tranchée avec l'eau au fond et des milliers de tra-
vailleurs sur les flancs de cette espèce de vallée ter-
minant la coupure qui doit livrer passage à la Médi-
terranée, c'était quelque chose de saisissant ; et lors-
que je suivais cette vallée creusée par les fellahs
égyptiens, qui paient par le travail leur dette à la
civilisation, comme nos soldats la paient par leur
sang sur les champs de bataille, en voyant cette
partie du canal terminée, ce seuil coupé, je me suis
dit : le canal est fait. Puis, arrivé sur le seuil même,
quand j'ai vu cette ville nouvelle avec ses maisons,
son église, sa mosquée, ses chantiers, ses ateliers,
son hôpital, ses magasins, et tous les accessoires de
la vie européenne, cette ville que tant de monde
ignore encore en Europe, mon émotion a redoublé
en songeant qu'il y a deux ans, là, tout était désert,
et que pas un grain de sable n'avait été remué.
Quel courage et quelle persévérance il vous a fallu à
tous, et surtout à vous, mon cher président, pour
arriver à un tel résultat! Messieurs, vous donnez
un grand exemple au monde en lui rendant le plus
grand des services; il devra vous en être éternelle-
ment reconnaissant.
Pour la quatrième phase de ma visite j'ai vu les
deux lacs et Port-Saïd. Après le seuil coupé et sa
ville, je pensais avoir vu le plus important de vos
travaux; mais non, pendant deux jours, j'ai dû tra-
verser vos lacs canalisés, et j'ai navigué sur le ca-
nal tel qu'il sera lorsque vous l'aurez terminé. J'ai
vu les difficultés que vous avez eues à surmonter,
ces vases que vous avez franchies, les desséchant
pour en former des digues ; c'est un admirable tra-
vail ; et enfin, je suis arrivé à Port-Saïd, dans une
ville presque inconnue.
» Là, j'ai "trouvé une grande population, des ate-
liers dignes de l'Europe en pleine activité, un vaste
port que l'on creuse, une jetée, d'immenses maga-
sins, de belles maisons, presque le confortable. J'ai
tout visité, et, permettez-moi de l'avouer, je suis en-
core dans le plus grand étonnement de ce que je
viens de voir. Aussi, je vous le répète, on ne con-
naît pas l'isthme en Europe.
» Recevez donc, Messieurs, mes bien sincères féli-
citations sur vos travaux; marchez, réunissez les
deux mers, exécutez ce projet grandiose. Pour ma
part, je suis convaincu que vous l'achèverez. Vous
avez résolu le problème; ce qui reste n'est plus
qu'une question de temps et d'argent. Comme direc-
teur des Messageries impériales, j'attends avec la
plus vive impatience que les deux mers soient réu-
nies. Toutes les marines du monde vous en sauront
gré, et en particulier les marines anglaise et fran-
çaise, qui en retireront le plus grand profit. La cana-
lisation de l'isthme de Suez res-errera nécessaire-
ment l'alliance des deux marines ; aussi, en présence
de vos travaux et de leur résultat, je porte ce toast:
» A l'union des marines anglaise et française! »
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 15 JUILLET.
Nous ne saurions trop insister auprès de MM. les
actionnaires ayant droit de participer aux délibéra-
tions de l'assemblée générale convoquée pour le
15 juillet, afin de les inviter à assister à ces délibé-
rations, qui ne peuvent manquer d'avoir un grand
intérêt.
Après une longue et laborieuse campagne en
Egypte, le président fondateur s'est rendu à Pa-
ris, afin de présenter lui-même à l'assemblée l'ex-
posé des résultats de cette campagne. Les incidents
de l'intrigue anglaise, la Note turque du 6 avril, le
rapport de M. Hawkshaw, l'état actuel de la ques-
tion, les arrangements financiers avec le gouverne-
ment égyptien, la convention relative au canal d'eau
douce du Caire à l'Ouady, mis à la charge du vice-
roi, les modifications introduites dans l'organisation
des travaux, l'état de ces travaux eux-mêmes, le
présent et l'avenir de l'entreprise, tels sont, selon
toutes les vraisemblances, les nombreux et vastes
sujets qui seront traités dans le rapport de M. F. de
Lesseps. L'appui que le gouvernement de l'Empereur
accorde à l'entreprise vient de se manifester assez
clairement à la foi3 à Constantinople, au Caire et à
Paris. C'est donc plus que jamais pour MM. les ac-
tionnaires l'occasion, nous osons ajouter l'obligation
de se serrer autour du drapeau commun, et de mon-
trer que leur zèle, leur dévouement et leur confiance
sont toujours au niveau de la grandeur de l'œuvre
et des sympathies dont l'entoure le monde civi-
lisé.
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