Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juillet 1863 01 juillet 1863
Description : 1863/07/01 (A8,N169). 1863/07/01 (A8,N169).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032484
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 253
çoivent sans retenue en argent la totalité de leur
salaire déterminé à un taux qui est le maximum
des prix payés dans le pays au travail agricole.
Afin d'arriver avec exactitude à la division du paie-
ment, tout le travail à exécuter est séparé en com-
partiments; chaque troupe travaille à son propre
compartiment en laissant comme limite de chaque
côté une mince muraille de terre, qui n'est abattue
que lorsque le travail est complet et que la part exé-
cutée par chaque village peut être sûrement calcu-
lée. Ce spectacle est sans doute le plus remarqua-
ble de tous ceux que présente l'entreprise. L'accu-
mulation de cette masse d'indigènes basanés, à demi
vêtus, ne cessant de monter et de descendre le long
de la berge, leur panier de sable sur la tête ou
l'épaule, avec la précision et la régularité d'une
grande pièce de mécanique, est une vue des plus
frappantes et des plus intéressantes. Mes compagnons
et moi, nous primes chacun une houe et une pioche,
et comme témoignage et souvenir de notre parti-
cipation au travail, nous nous mîmes à creuser
uns petite portion de la tranchée, à l'amusement
non médiocre des travailleurs assemblés, et peut-
être aussi, dans une certaine mesure, à la satisfaction
des chefs de la Compagnie. Dans ces travaux, les
seuls instruments employés sont la pioche, une sorte
de grosse houe, et, pour emporter le sable, des pa-
niers qui sont remplis avec les mains. Dans d'autres
parties où le sol est moins léger, on fait usage de
bêches et de pelles dont les travailleurs paraissent
habilement se servir. Les opérations actives d'un si
grand nombre d'ouvriers sur un espace comparati-
vement petit, donnent au travail l'apparence d'un ra-
pide progrès, et le spectateur peut apprécier presque
à chaque instant les modifications de la sur-
face. »
Certes, ce n'est point là un travail bien pénible
pour des hommes acclimatés, endurcis dans le pays
à de bien autres labeurs, et qui enfin, après avoir
enlevé chacun une quarantaine de mètres de ce
sable, ont achevé leur tâche et sont remplacés par
d'autres travailleurs. Mais quel a été l'effet des
travaux de la Compagnie, de l'occupation et des
salaires qu'elle assure, sur l'aisance de l'ouvrier et
la valeur de ses journées ? Laissons encore parler
M. d'Oliveira.
« En vertu de la convention conclue entre la
Compagnie du canal et le vice-roi, ce dernier s'en-
gagea à fournir les ouvriers nécessaires à l'exécu-
tion de l'entreprise, et la Compagnie de son côté
s'engagea à les bien nourrir, à leur payer en argent
un salaire montant à quatre piastres par jour, et à
leur fournir abondamment l'eau fraîche, qui était un
article très-difficile et très-coûteux à se procurer
dans les stations éloignées du désert. Que cette
condition ait été remplie, c'est ce que prouvent avec
évidence les grands réservoirs de fer placés par
intervalles tout le long des travaux partout où
n'arrive point l'eau du Nil. La nourriture consiste
en biscuits, lentilles, huile et riz. Ce régime en lui-
même est un attrait qui décide beaucoup de fellahs
à continuer à travailler au-delà du mois qui est le
terme fixé à leur tâche par année. Mais lorsque, à
cela, s'ajoute un paiement en argent, la cupidité
naturelle à cette race se développe, et il arrive fré-
quemment que des troupes d'ouvriers conduites de
loin par contrainte pour acquitter le mois voulu
prolongent spontanément leur service à la fin de
ce terme, et même appellent leurs familles pour
s'établir à leurs côtés. L'effet produit est d'accroître
la valeur du travail, et par là les personnes enga-
gées dans d'autres entreprises trouvent un marché
de concurrence. Cela a été particulièrement éprouvé
par des Européens s'occupant de l'égrenage
du coton, genre d'affaires fort profitable et accru
dans une proportion énorme depuis la révolution
américaine. Jusqu'alors on pouvait obtenir toute
quantité de ce genre de travail, exécuté surtout
par des jeunes gens, à 60 centimes par journée de
dix-huit. heures ; maintenant, il est difficile de
l'obtenir pour le double de ce prix.
» D'un autre côté, la pratique des paiements en
numéraire par la Compagnie a poussé le fellah et le
Bédouin au travail pour gagner de l'argent ou acqué-
rir de la terre. De là un sentiment salutaire de sécu-
rité qui s'est répandu parmi ces classes, ainsi que le
désir de travailler. C'est ce qu'a démontré très-particu-
lièrement le domaine de l'Ouady, acheté par la Compa-
gnie, n'ayant au moment de son acquisition que 4,000
habitants, et qui, par son système libéral de division
en petites fermes louées aux indigènes pour les cultiver
à leur profit, a doublé sa population en deux ans.
Parmi ces tenanciers se trouvent un grand nombre
de Bédouins, dont les habitudes vagabondes étaient
tout opposées à un établissement permanent. Ce do-
maine est admirablement adapté à la culture du
plus beau coton, et cette culture s'y est considérable-
ment accrue. Avec de tels stimulants pour amé-
liorer la condition du peuple, il n'est que [raison-
nable d'espérer que le travail obligatoire pourra
être avant longtemps totalement aboli, que le fellah
comprendra qu'il est de son avantage de participer
à la prospérité générale dont toutes les autres classes
jouissent.
« Mais quant à présent quelque choqués que puis-
sent être de cet aveu des philanthropes de notre
pays, si le travail obligatoire était soudainement
supprimé, il y aurait une interruption totale des
travaux de toute espèce. Tout ce que l'on peut es-
pérer, c'est que, par le procédé que je viens de dé-
çoivent sans retenue en argent la totalité de leur
salaire déterminé à un taux qui est le maximum
des prix payés dans le pays au travail agricole.
Afin d'arriver avec exactitude à la division du paie-
ment, tout le travail à exécuter est séparé en com-
partiments; chaque troupe travaille à son propre
compartiment en laissant comme limite de chaque
côté une mince muraille de terre, qui n'est abattue
que lorsque le travail est complet et que la part exé-
cutée par chaque village peut être sûrement calcu-
lée. Ce spectacle est sans doute le plus remarqua-
ble de tous ceux que présente l'entreprise. L'accu-
mulation de cette masse d'indigènes basanés, à demi
vêtus, ne cessant de monter et de descendre le long
de la berge, leur panier de sable sur la tête ou
l'épaule, avec la précision et la régularité d'une
grande pièce de mécanique, est une vue des plus
frappantes et des plus intéressantes. Mes compagnons
et moi, nous primes chacun une houe et une pioche,
et comme témoignage et souvenir de notre parti-
cipation au travail, nous nous mîmes à creuser
uns petite portion de la tranchée, à l'amusement
non médiocre des travailleurs assemblés, et peut-
être aussi, dans une certaine mesure, à la satisfaction
des chefs de la Compagnie. Dans ces travaux, les
seuls instruments employés sont la pioche, une sorte
de grosse houe, et, pour emporter le sable, des pa-
niers qui sont remplis avec les mains. Dans d'autres
parties où le sol est moins léger, on fait usage de
bêches et de pelles dont les travailleurs paraissent
habilement se servir. Les opérations actives d'un si
grand nombre d'ouvriers sur un espace comparati-
vement petit, donnent au travail l'apparence d'un ra-
pide progrès, et le spectateur peut apprécier presque
à chaque instant les modifications de la sur-
face. »
Certes, ce n'est point là un travail bien pénible
pour des hommes acclimatés, endurcis dans le pays
à de bien autres labeurs, et qui enfin, après avoir
enlevé chacun une quarantaine de mètres de ce
sable, ont achevé leur tâche et sont remplacés par
d'autres travailleurs. Mais quel a été l'effet des
travaux de la Compagnie, de l'occupation et des
salaires qu'elle assure, sur l'aisance de l'ouvrier et
la valeur de ses journées ? Laissons encore parler
M. d'Oliveira.
« En vertu de la convention conclue entre la
Compagnie du canal et le vice-roi, ce dernier s'en-
gagea à fournir les ouvriers nécessaires à l'exécu-
tion de l'entreprise, et la Compagnie de son côté
s'engagea à les bien nourrir, à leur payer en argent
un salaire montant à quatre piastres par jour, et à
leur fournir abondamment l'eau fraîche, qui était un
article très-difficile et très-coûteux à se procurer
dans les stations éloignées du désert. Que cette
condition ait été remplie, c'est ce que prouvent avec
évidence les grands réservoirs de fer placés par
intervalles tout le long des travaux partout où
n'arrive point l'eau du Nil. La nourriture consiste
en biscuits, lentilles, huile et riz. Ce régime en lui-
même est un attrait qui décide beaucoup de fellahs
à continuer à travailler au-delà du mois qui est le
terme fixé à leur tâche par année. Mais lorsque, à
cela, s'ajoute un paiement en argent, la cupidité
naturelle à cette race se développe, et il arrive fré-
quemment que des troupes d'ouvriers conduites de
loin par contrainte pour acquitter le mois voulu
prolongent spontanément leur service à la fin de
ce terme, et même appellent leurs familles pour
s'établir à leurs côtés. L'effet produit est d'accroître
la valeur du travail, et par là les personnes enga-
gées dans d'autres entreprises trouvent un marché
de concurrence. Cela a été particulièrement éprouvé
par des Européens s'occupant de l'égrenage
du coton, genre d'affaires fort profitable et accru
dans une proportion énorme depuis la révolution
américaine. Jusqu'alors on pouvait obtenir toute
quantité de ce genre de travail, exécuté surtout
par des jeunes gens, à 60 centimes par journée de
dix-huit. heures ; maintenant, il est difficile de
l'obtenir pour le double de ce prix.
» D'un autre côté, la pratique des paiements en
numéraire par la Compagnie a poussé le fellah et le
Bédouin au travail pour gagner de l'argent ou acqué-
rir de la terre. De là un sentiment salutaire de sécu-
rité qui s'est répandu parmi ces classes, ainsi que le
désir de travailler. C'est ce qu'a démontré très-particu-
lièrement le domaine de l'Ouady, acheté par la Compa-
gnie, n'ayant au moment de son acquisition que 4,000
habitants, et qui, par son système libéral de division
en petites fermes louées aux indigènes pour les cultiver
à leur profit, a doublé sa population en deux ans.
Parmi ces tenanciers se trouvent un grand nombre
de Bédouins, dont les habitudes vagabondes étaient
tout opposées à un établissement permanent. Ce do-
maine est admirablement adapté à la culture du
plus beau coton, et cette culture s'y est considérable-
ment accrue. Avec de tels stimulants pour amé-
liorer la condition du peuple, il n'est que [raison-
nable d'espérer que le travail obligatoire pourra
être avant longtemps totalement aboli, que le fellah
comprendra qu'il est de son avantage de participer
à la prospérité générale dont toutes les autres classes
jouissent.
« Mais quant à présent quelque choqués que puis-
sent être de cet aveu des philanthropes de notre
pays, si le travail obligatoire était soudainement
supprimé, il y aurait une interruption totale des
travaux de toute espèce. Tout ce que l'on peut es-
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