Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
222 L'ISTHME DE SUEZ,
Et, il faut le remarquer, il ne s'agit pas ici du
canal maritime; il s'agit du canal d'eau douce, d'un
canal purement intérieur, purement égyptien, comme
leZafraniéh, le Chebin, le Cherkaouié; d'un canal qui
pouvait être fait, nous dirons même, qui devait être
fait indépendamment du canal maritime, et quand
même ce dernier canal n'eût jamais été concédé.
Comment donc la Porte pourrait-elle refuser à cette
partie du contrat la plénitude de sa légitimité et de
sa légalité sans faire acte à la fois d'usurpation et
d'immixtion dans les attributions essentiellement
inhérentes à la constitution du pouvoir égyptien ?
En résumé, il y a deux parties distinctes dans la
concession : la partie politique, la partie purement
civile et administrative. La partie politique, c'est-à-
dire les questions relatives à la neutralité du canal, aux
garanties nécessaires à cette neutralité, aux négocia-
tions qui les régleront et les détermineront, voilà ce
qui appartient à l'intervention, à la sanction, à la
ratification de la Porte. Ce qui est du gouvernement
intérieur, de la police et de l'organisation du travail,
de la disposition civile du domaine égyptien, du
contrat pour l'échange, là vente ou la cession de ce do-
maine pourvu que le contrat ne change rien aux lois
antérieures sous lesquelles ce domaine était placé par
rapport à la suzeraineté, condition qui est scrupu-
leusement observée et stipulée dans l'acte de conces-
sion lui-même, voilà ce qui ne regarde que le gou-
vernement égyptien et ce à quoi n'a pas à se mêler
la suzeraineté turque. La question ainsi posée et
définie et elle ne peut être ni posée ni définie autre-
ment sans un bouleversement flagrant des positions
respectives consacrées sous le sceau de la garantie
publique de l'Europe , tout devient facile et simple.
A la Turquie les questions, rien que les questions,
toutes les questions qui se rattachent à la neutralité
politique du canal, le seul point où puisse s'entre-
mêler son droit exclusivement politique, c'est-à-dire
sa suzeraineté.
C'est donc sur ce point, et rien que sur ce point,
que l'Egypte et la Compagnie ont sollicité et sol-
licitent encore la ratification du gouvernement
ottoman. Que disons-nous? sur ce fait spécial la
question est vidée, la note elle-même s'est pronon-
cée. Ne déclare-t-elle point, en effet, que le canal
est utile au monde, et que s'il ne s'y mêlait pas cer-
taines questions (qui ne la regardent pas, le travail
obligatoire et les concessions des terrains), elle ne
verrait plus aucun obstacle à la liberté des travaux
du canal et à la ratification de son achèvement? Ne
déclare-t-elle pas même que si la Compagnie ne vou-
lait pas l'exécuter, elle considère l'œuvre comme assez
importante et d'une assez éclatante utilité pour y
mettre elle-même la main et pour la conduire à
terme au bénéfice du monde? C'est sans doute de la
bonne volonté, mais n'est-ce pas la bonne volonté
impuissante ? Le monde , dont la Turquie voudrait
prendre la cause en main, pourrait-il s'y fier? La
Compagnie universelle ne lui présente-t-elle pas de
bien autres garanties que la caisse ottomane? Le gou-
vernement turc a-t-il pu seulement achever ce mal-
heureux tronçon de chemin de fer de Smyrne à Ai-
din ? N'a-t-il pas assez à faire à construire des routes
seulement autour de sa capitale, à réformer ses abus,
à rétablir ses finances, à se réorganiser tout entier,
à réconcilier et discipliner toutes ses populations di-
vergentes ? La Syrie, le Monténégro, les Kurdes, la
Servie, la Bulgarie, ne lui donnent-ils pas assez d'oc-
cupations ? Pourrait-il encore absorber ses pensées et
ses ressources à une œuvre aussi lointaine et aussi
considérable que le percement de l'isthme de Suez ?
C'est alors que lord Palmerston pourrait s'écrier à
bon droit que le projet est une chimère. Ce projet,
la Porte l'approuve en lui-même ; elle en reconnaît
l'exécution comme un grand service rendu à son
empire et au monde ; puisqu'elle veut s'en charger,
elle ne peut pas douter de sa possibilité. Quel parti
lui reste-t-il donc à prendre? se borner à son rôle
politique et laisser à l'Egypte le rôle qu'elle a si bien
rempli jusqu'à présent, celui d'encourager et de se-
conder l'entreprise. A la Turquie donc le seul soin,
mais le soin glorieux, sympathique, pacifique, de
s'entendre avec ses alliés pour assurer irrévocable-
ment la neutralité du canal, c'est-à-dire le maintien
et les garanties de sa suzeraineté, et pour cela il
nous semble que le président de la Compagnie uni-
verselle lui a soumis et proposé des bases qui peu-
vent dissiper toutes les susceptibilités, pourvu qu'el-
les soient sincères.
Eli N EST DESPLACES.
UN SYMPTOME PARLEMENTAIRE.
Le Moniteur du 8 juin nous raconte en ces termes
une déconvenue de lord Palmerston à la Chambre
des communes :
« Une question de minime économie, relative à
l'ambassade de la reine à Constantinople, a valu un
échec au cabinet dans la dernière séance. L'Angle-
terre a, dans un court espace de temps, dû payer
trois palais à Péra pour l'ambassade. Les deux pre-
miers ont été détruits par le feu, le troisième a
coûté 80,000 ï. st. Quoique cet édifice soit de cons-
truction récente, les frais d'entretien et de répara-
tion en sont très-considérables.
» De plus le sultan ayant fait cadeau à l'ambas-
sade d'un palais d'été à Thérapia, ce dernier bâti-
ment nécessite aussi annuellement une dépense, et
ce sont ces deux allocations que le ministère pré-
sentait à la sanction du Parlement. Mais la Chambre
Et, il faut le remarquer, il ne s'agit pas ici du
canal maritime; il s'agit du canal d'eau douce, d'un
canal purement intérieur, purement égyptien, comme
leZafraniéh, le Chebin, le Cherkaouié; d'un canal qui
pouvait être fait, nous dirons même, qui devait être
fait indépendamment du canal maritime, et quand
même ce dernier canal n'eût jamais été concédé.
Comment donc la Porte pourrait-elle refuser à cette
partie du contrat la plénitude de sa légitimité et de
sa légalité sans faire acte à la fois d'usurpation et
d'immixtion dans les attributions essentiellement
inhérentes à la constitution du pouvoir égyptien ?
En résumé, il y a deux parties distinctes dans la
concession : la partie politique, la partie purement
civile et administrative. La partie politique, c'est-à-
dire les questions relatives à la neutralité du canal, aux
garanties nécessaires à cette neutralité, aux négocia-
tions qui les régleront et les détermineront, voilà ce
qui appartient à l'intervention, à la sanction, à la
ratification de la Porte. Ce qui est du gouvernement
intérieur, de la police et de l'organisation du travail,
de la disposition civile du domaine égyptien, du
contrat pour l'échange, là vente ou la cession de ce do-
maine pourvu que le contrat ne change rien aux lois
antérieures sous lesquelles ce domaine était placé par
rapport à la suzeraineté, condition qui est scrupu-
leusement observée et stipulée dans l'acte de conces-
sion lui-même, voilà ce qui ne regarde que le gou-
vernement égyptien et ce à quoi n'a pas à se mêler
la suzeraineté turque. La question ainsi posée et
définie et elle ne peut être ni posée ni définie autre-
ment sans un bouleversement flagrant des positions
respectives consacrées sous le sceau de la garantie
publique de l'Europe , tout devient facile et simple.
A la Turquie les questions, rien que les questions,
toutes les questions qui se rattachent à la neutralité
politique du canal, le seul point où puisse s'entre-
mêler son droit exclusivement politique, c'est-à-dire
sa suzeraineté.
C'est donc sur ce point, et rien que sur ce point,
que l'Egypte et la Compagnie ont sollicité et sol-
licitent encore la ratification du gouvernement
ottoman. Que disons-nous? sur ce fait spécial la
question est vidée, la note elle-même s'est pronon-
cée. Ne déclare-t-elle point, en effet, que le canal
est utile au monde, et que s'il ne s'y mêlait pas cer-
taines questions (qui ne la regardent pas, le travail
obligatoire et les concessions des terrains), elle ne
verrait plus aucun obstacle à la liberté des travaux
du canal et à la ratification de son achèvement? Ne
déclare-t-elle pas même que si la Compagnie ne vou-
lait pas l'exécuter, elle considère l'œuvre comme assez
importante et d'une assez éclatante utilité pour y
mettre elle-même la main et pour la conduire à
terme au bénéfice du monde? C'est sans doute de la
bonne volonté, mais n'est-ce pas la bonne volonté
impuissante ? Le monde , dont la Turquie voudrait
prendre la cause en main, pourrait-il s'y fier? La
Compagnie universelle ne lui présente-t-elle pas de
bien autres garanties que la caisse ottomane? Le gou-
vernement turc a-t-il pu seulement achever ce mal-
heureux tronçon de chemin de fer de Smyrne à Ai-
din ? N'a-t-il pas assez à faire à construire des routes
seulement autour de sa capitale, à réformer ses abus,
à rétablir ses finances, à se réorganiser tout entier,
à réconcilier et discipliner toutes ses populations di-
vergentes ? La Syrie, le Monténégro, les Kurdes, la
Servie, la Bulgarie, ne lui donnent-ils pas assez d'oc-
cupations ? Pourrait-il encore absorber ses pensées et
ses ressources à une œuvre aussi lointaine et aussi
considérable que le percement de l'isthme de Suez ?
C'est alors que lord Palmerston pourrait s'écrier à
bon droit que le projet est une chimère. Ce projet,
la Porte l'approuve en lui-même ; elle en reconnaît
l'exécution comme un grand service rendu à son
empire et au monde ; puisqu'elle veut s'en charger,
elle ne peut pas douter de sa possibilité. Quel parti
lui reste-t-il donc à prendre? se borner à son rôle
politique et laisser à l'Egypte le rôle qu'elle a si bien
rempli jusqu'à présent, celui d'encourager et de se-
conder l'entreprise. A la Turquie donc le seul soin,
mais le soin glorieux, sympathique, pacifique, de
s'entendre avec ses alliés pour assurer irrévocable-
ment la neutralité du canal, c'est-à-dire le maintien
et les garanties de sa suzeraineté, et pour cela il
nous semble que le président de la Compagnie uni-
verselle lui a soumis et proposé des bases qui peu-
vent dissiper toutes les susceptibilités, pourvu qu'el-
les soient sincères.
Eli N EST DESPLACES.
UN SYMPTOME PARLEMENTAIRE.
Le Moniteur du 8 juin nous raconte en ces termes
une déconvenue de lord Palmerston à la Chambre
des communes :
« Une question de minime économie, relative à
l'ambassade de la reine à Constantinople, a valu un
échec au cabinet dans la dernière séance. L'Angle-
terre a, dans un court espace de temps, dû payer
trois palais à Péra pour l'ambassade. Les deux pre-
miers ont été détruits par le feu, le troisième a
coûté 80,000 ï. st. Quoique cet édifice soit de cons-
truction récente, les frais d'entretien et de répara-
tion en sont très-considérables.
» De plus le sultan ayant fait cadeau à l'ambas-
sade d'un palais d'été à Thérapia, ce dernier bâti-
ment nécessite aussi annuellement une dépense, et
ce sont ces deux allocations que le ministère pré-
sentait à la sanction du Parlement. Mais la Chambre
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