Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.. 219
çais n'aurait pas quelques explications à réclamer
sur ces étranges coïncidences, et s'il n'était pas dans
les règles les plus simples de la loyauté diploma-
tique, surtout envers un allié ayant rendu tant de
services, que la Porte, sur ce programme du voyage
du sultan, avertît ou consultât la France avant le
voyage et non après le voyage. Assurément ce n'était
point là un bon procédé ni de la part de la Turquie,
ni de la part de l'Angleterre, et il était certes de
nature à susciter de notre part envers l'une et en-
vers l'autre un de ces soupçons que M. Gladstone
recommande si judicieusement d'éviter.
Revenons cependant à la note elle-même.
Par les actes de 1841, l'Egypte a été constituée
en gouvernement héréditaire dans la famille de
Méhémet-Ali, sous la suzeraineté de la Porte. Cette
constitution attribuait au gouvernement vassal l'ad-
ministration intérieure du pays. Aucun doute ne peut
s'élever sur ce point. Plusieurs journaux anglais
eux-mêmes, l'Observer, le Morning Advertiser, la
Saturday Review, le constatent explicitement; les
faits le démontrent avec la dernière évidence. Le
vice-roi a la libre disposition de ses revenus finan-
ciers, le libre établissement, la libre distribution et
la libre perception de ses impôts intérieurs, à la
seule condition de payer annuellement à la Porte
un tribut déterminé. Il entretient à sa solde une
armée et une marine nationales, dont tous les grades
sont à sa nomination. Il nomme et il paie également
les fonctionnairés civils et judiciaires du pays. Il a
son gouvernement, son ministère, ses finances pro-
pres et distinctes. Tous les États étrangers ont au-
près de lui des agents accrédités. Il entreprend
de sa seule autorité les travaux publics qu'il croit
nécessaires à l'entretien et au bien du pays. Il
fait des lois pour le gouverner ; il crée proprio motu
les institutions et les organisations de tout ordre
qu'il juge avantageux à l'État. En un mot, il est le
pouvoir intérieur de l'Egypte, limité et soumis au
suzerain en ce qui touche aux questions des rela-
tions extérieures, dont l'unité, caractère et signe de
la suzeraineté, est le lien commun de tout l'empire.
Quant aux travaux d'utilité publique que le gou-
vernement vassal veut entreprendre ou faire entre-
prendre, insistons encore sur ce point, puisqu'il est
le nœud spécial de la question qui nous occupe, et
posons en bien nettement les termes. Depuis 1841,
de grands travaux de ce genre ont été constamment
exécutés en Égypte. Nous les avons indiqués dans
notre dernier numéro. Ils sont : le gigantesque bar.
rage du Nil, les fortifications d'Alexandrie, la for-
teresse de Saidieh, l'endiguement du Nil sur les
deux branches de Rosette et de Damiette, le déblai
des vastes ruines qui encombraient les abords du
Caire, la formation du grand réseau de navigation
et d'irrigation qui fait maintenant l'une des richesses
de l'Égypte, la construction de son réseau de chemins
de fer; entreprises qui, dans l'espace de vingt ans.
et sous quatre vice-rois successifs, ont ..employé des
armées entières d'ouvriers sous la loi du travail,
obligatoire.
Pour ces opérations le gouvernement égyptien
a agi en vertu de son droit personnel, en vertu
du droit qu'il tenait des traités, sans en référer à la:
Porte, et sans aucune objection ni observation de la
Porte.
Dans cette longue série d'actes, tous émanés de la
pure initiative égyptienne, la Turquie n'a élevé de ré-
clamations que pour un seul cas, et ce cas est tout à
fait digne de remarque. Abbas-Pacha, prédécesseur
de Mohammed-Saïd, s'était complétement livré à l'in-
fluence de l'Angleterre, qui en profita pour obtenir
de lui l'exécution d'un chemin de fer d'Alexandrie
au Caire, dont la prolongation jusqu'à Suez devait
réaliser la jonction des deux mers par cette voie fer-
rée que l'on nomme à Londres le chemin anglais.
Les ouvriers furent immédiatement mis à l'œuvre,
au moyen de la corvée, bien entendu. La Turquie
s'émut de cet état de chose. Elle fit des représenta-
tions, elle réclama au nom des droits de sa suze-
raineté. Sur quels arguments s'appuyait-elle? Elle
ne contestait pas le droit du vice-roi à exécuter sur
son territoire, en tant qu'utilité intérieure, tous
les ouvrages qu'il lui conviendrait d'ordonner, mais
elle prétendait que le chemin d'Alexandrie au Caire
destiné à aller rejoindre Suez n'était pas seulement
une route intérieure, que c'était aussi une grande
route de transit, une route internationale pouvant
donner lieu à des complications politiques engageant
sa souveraineté politique, et que dès lors il n'y pou-
vait être procédé sans son autorisation.
C'était, on le voit, la même question que celle du
canal maritime, avec cette seule différence que dans
le premier cas il s'agissait d'opérer la jonction des
deux mers^par une voieTerrée, tandis que dans le se-
cond il s'agit de l'effectuer par une voie d'eau.
Les Anglais résistèrent. Ils soutinrent que le droit
de l'Egypte était absolu, qu'elle était maîtresse d'éta-
blir sur son territoire tous les ouvrages qu'il lui
convenait. Soutenu et encouragé par eux, Abbas-
Paclia passa outre à l'opposition ottomane, et enfin
pour sauvegarder sa prétention et en même temps
pour ne pas trop déplaire à son alliée britannique, la
Porte donna son autorisation.
Plus tard, lorsque, par le chemin de fer du Caire à
Suez, Mohammed-Saïd compléta cette route interna-
tionale, personne ne s'aperçut que l'autorisation de la
Porte n'avait pas même été demandée.
"Mais lorsque le percement de l'isthme fut résolu,
çais n'aurait pas quelques explications à réclamer
sur ces étranges coïncidences, et s'il n'était pas dans
les règles les plus simples de la loyauté diploma-
tique, surtout envers un allié ayant rendu tant de
services, que la Porte, sur ce programme du voyage
du sultan, avertît ou consultât la France avant le
voyage et non après le voyage. Assurément ce n'était
point là un bon procédé ni de la part de la Turquie,
ni de la part de l'Angleterre, et il était certes de
nature à susciter de notre part envers l'une et en-
vers l'autre un de ces soupçons que M. Gladstone
recommande si judicieusement d'éviter.
Revenons cependant à la note elle-même.
Par les actes de 1841, l'Egypte a été constituée
en gouvernement héréditaire dans la famille de
Méhémet-Ali, sous la suzeraineté de la Porte. Cette
constitution attribuait au gouvernement vassal l'ad-
ministration intérieure du pays. Aucun doute ne peut
s'élever sur ce point. Plusieurs journaux anglais
eux-mêmes, l'Observer, le Morning Advertiser, la
Saturday Review, le constatent explicitement; les
faits le démontrent avec la dernière évidence. Le
vice-roi a la libre disposition de ses revenus finan-
ciers, le libre établissement, la libre distribution et
la libre perception de ses impôts intérieurs, à la
seule condition de payer annuellement à la Porte
un tribut déterminé. Il entretient à sa solde une
armée et une marine nationales, dont tous les grades
sont à sa nomination. Il nomme et il paie également
les fonctionnairés civils et judiciaires du pays. Il a
son gouvernement, son ministère, ses finances pro-
pres et distinctes. Tous les États étrangers ont au-
près de lui des agents accrédités. Il entreprend
de sa seule autorité les travaux publics qu'il croit
nécessaires à l'entretien et au bien du pays. Il
fait des lois pour le gouverner ; il crée proprio motu
les institutions et les organisations de tout ordre
qu'il juge avantageux à l'État. En un mot, il est le
pouvoir intérieur de l'Egypte, limité et soumis au
suzerain en ce qui touche aux questions des rela-
tions extérieures, dont l'unité, caractère et signe de
la suzeraineté, est le lien commun de tout l'empire.
Quant aux travaux d'utilité publique que le gou-
vernement vassal veut entreprendre ou faire entre-
prendre, insistons encore sur ce point, puisqu'il est
le nœud spécial de la question qui nous occupe, et
posons en bien nettement les termes. Depuis 1841,
de grands travaux de ce genre ont été constamment
exécutés en Égypte. Nous les avons indiqués dans
notre dernier numéro. Ils sont : le gigantesque bar.
rage du Nil, les fortifications d'Alexandrie, la for-
teresse de Saidieh, l'endiguement du Nil sur les
deux branches de Rosette et de Damiette, le déblai
des vastes ruines qui encombraient les abords du
Caire, la formation du grand réseau de navigation
et d'irrigation qui fait maintenant l'une des richesses
de l'Égypte, la construction de son réseau de chemins
de fer; entreprises qui, dans l'espace de vingt ans.
et sous quatre vice-rois successifs, ont ..employé des
armées entières d'ouvriers sous la loi du travail,
obligatoire.
Pour ces opérations le gouvernement égyptien
a agi en vertu de son droit personnel, en vertu
du droit qu'il tenait des traités, sans en référer à la:
Porte, et sans aucune objection ni observation de la
Porte.
Dans cette longue série d'actes, tous émanés de la
pure initiative égyptienne, la Turquie n'a élevé de ré-
clamations que pour un seul cas, et ce cas est tout à
fait digne de remarque. Abbas-Pacha, prédécesseur
de Mohammed-Saïd, s'était complétement livré à l'in-
fluence de l'Angleterre, qui en profita pour obtenir
de lui l'exécution d'un chemin de fer d'Alexandrie
au Caire, dont la prolongation jusqu'à Suez devait
réaliser la jonction des deux mers par cette voie fer-
rée que l'on nomme à Londres le chemin anglais.
Les ouvriers furent immédiatement mis à l'œuvre,
au moyen de la corvée, bien entendu. La Turquie
s'émut de cet état de chose. Elle fit des représenta-
tions, elle réclama au nom des droits de sa suze-
raineté. Sur quels arguments s'appuyait-elle? Elle
ne contestait pas le droit du vice-roi à exécuter sur
son territoire, en tant qu'utilité intérieure, tous
les ouvrages qu'il lui conviendrait d'ordonner, mais
elle prétendait que le chemin d'Alexandrie au Caire
destiné à aller rejoindre Suez n'était pas seulement
une route intérieure, que c'était aussi une grande
route de transit, une route internationale pouvant
donner lieu à des complications politiques engageant
sa souveraineté politique, et que dès lors il n'y pou-
vait être procédé sans son autorisation.
C'était, on le voit, la même question que celle du
canal maritime, avec cette seule différence que dans
le premier cas il s'agissait d'opérer la jonction des
deux mers^par une voieTerrée, tandis que dans le se-
cond il s'agit de l'effectuer par une voie d'eau.
Les Anglais résistèrent. Ils soutinrent que le droit
de l'Egypte était absolu, qu'elle était maîtresse d'éta-
blir sur son territoire tous les ouvrages qu'il lui
convenait. Soutenu et encouragé par eux, Abbas-
Paclia passa outre à l'opposition ottomane, et enfin
pour sauvegarder sa prétention et en même temps
pour ne pas trop déplaire à son alliée britannique, la
Porte donna son autorisation.
Plus tard, lorsque, par le chemin de fer du Caire à
Suez, Mohammed-Saïd compléta cette route interna-
tionale, personne ne s'aperçut que l'autorisation de la
Porte n'avait pas même été demandée.
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