Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. J87
tration intérieure de l'Egypte, et que le mode de
travail employé au canal est une question d'admi-
nistration intérieure. Il lui a donc fallu imaginer une
petite coalition entre le sultan et le vice-roi pour la
prohibition de ce qu'il appelle le travail forcé, et,
avec sa bonne foi qui est proverbiale dans le monde,
il a prétendu que récemment le vice-roi avait pro-
noncé l'abolition du genre de travail employé par la
Compagnie universelle. C'est le contraire de la vé-
rité. Le vice-roi, en effet, a bien parlé à son avène-
ment de son intention de supprimer les corvées, mais
il a explicitement déclaré qu'il ne rangeait point
dans cette catégorie le système adopté pour le canal.
Il y avait en effet de véritables corvées en Egypte, où
une portion de la propriété est encore féodalement
organisée ; mais elles sont très-distinctes de ces levées
d'ouvriers sans lesquelles, comme le dit lord Scott,
rien ne serait possible en Orient.
Non, S. A. Ismaïl n'a jamais pu et n'a jamais eu la
pensée de renoncer à ce qui fait la force et la pros-
périté de l'Egypte. Le jour où, pour nous servir de
l'expression de lord Macaulay, cette institution serait
brusquement anéantie sans en avoir longuement pré-
paré le remplacement par l'éducation et le progrès
du peuple égyptien, le pays serait livré à la désolation
et à la ruine ; les canaux se combleraient, le bienfait
des irrigations serait tari, l'Egypte serait replongée
dans l'immobilité, et les alentours du Caire ressem-
bleraient bientôt à ces campagnes environnant Cons-
tantinople, dont le Times dernièrement nous retraçait
un ti triste tableau. Quant à la Compagnie, le con-
trat du 20 juillet 1856 est sa loi et sa garantie, et,
dans tous les cas, si comme l'avance très-faussement
lord Palmerston, le travail obligatoire était sup-
primé en Égypte depuis une époque très-récente,
c'est-à-dire depuis l'avènement de S. A. Ismaïl, le
contrat qui assure au canal ses travailleurs est d'une
date antérieure. Il est de 1856, et envers un contrat
public et synallagmatique, aux termes du droit natio-
nal comme du droit international, aucune loi ne
peut avoir un effet rétroactif.
Au surplus, que veut la Turquie ? Entend-elle obli-
ger l'Égypte à supprimer dès à présent et à jamais
ses levées de travailleurs ? Alors, comme on le lui a
objecté, elle qui propose de se charger de faire le
canal de Suez, comment le fera-t-elle? Comment
arrivera-t-elle à la fin, si elle commence par s'inter-
dire le moyen ? Ne veut-elle donc pas le canal, et sa
promesse n'est-elle qu'un procédé pour duper ou en-
dormir le monde, afin qu'il lui permette de spolier la
Compagnie? Nous n'avons pas à insister là-dessus. Il
n'est personne qui n'ait compris cette phraséologie
transparente. Mais enfin la Turquie voudra-t-elle
s'expliquer catégoriquement? Osera-t-elle proposer
nettement au gouvernement égyptien de s'abdiquer
en quelque sorte lui-même, en s'enlevant toute fa-
culté et toute possibilité de continuer la régénéra'
tion égyptienne? Au lieu de faire du désert un
delta, proposera-t-elle à l'Égypte de faire du delta
un désert? Voilà la question telle qu'elle doit être
posée. Que ce soit là l'arrière-pensée de lord Pal-
merston, nous le comprenons. L'anarchie et la misère
en Égypte favoriseraient singulièrement ses vues sur
ce pays, et sa philanthropie aurait un beau prétexte
de s'en emparer par amour de l'humanité. Mais ni
l'Egypte ni la Turquie ne peuvent accepter d'aussi
vertueuses combinaisons, et quand même la Turquie
et l'Angleterre le voudraient, l'Egypte, la France
et l'Europe le défendraient.
ERNEST DESPLACES.
DEUX POIDS ET DEUX MESURES.
La Turquie, dans sa note du 6 avril, adresse un
appel à l'équité et à la bienveillance de la France ;
elle aurait même pu y ajouter un appel à sa géné-
rosité; car nous croyons que, sous ce triple rapport,
elle n'a que des hommages à rendre à notre pays.
Mais de quelle réciprocité le paie-t-elle?
Parlons donc de la bienveillance et de l'équité de
la Turquie envers la France.
La France, pour le salut de l'empire ottoman,
prodiguait son sang et ses trésors au moment où
S. A. le vice-roi d'Egypte accordait à un Français la
concession d'une entreprise d'une utilité universelle,
conçue dans l'intérêt de toutes les nations, à l'exé-
cution de laquelle toutes les nations étaient appelées,
le percement de l'isthme de Suez.
Dès que cette résolution lui est communiquée, la Porte
reconnaît que c'est une entreprise également utile au
monde en général et à son empire en particulier.
Mais la diplomatie anglaise se met immédiatement
en travers de ces bonnes dispositions. Le gouverne-
ment de la reine, isolé de tous les gouvernements eu-
ropéens, prétend découvrir, dans ce projet, une mul-
titude d'inconvénients politiques et autres. Dès lors
la Porte s'arrête, modifie son attitude, et passe de
l'approbation à l'inertie.
Nous ne faisons ici que traduire exactement le lan-
gage tenu, il y a quelques années, dans un article
semi-officiel du Journal de Constantinople, article que
nous avons souvent cité.
Dans cet article, au nom de la Porte, cette feuille
déclarait que le canal de Suez était une œuvre d'un
incontestable avantage pour tous ; qu'elle était l'ob-
jet des aspirations de tous ; qu'il faudrait « l'orgueil in-
sensé d'un Titan » pour essayerde la combattre ; que le
gouvernement turc ne se sentait point cette hardiesse :
seulement, que des difficultés diplomatiques, c'est-
à-dire des résistances anglaises s'étaient manifestées
tration intérieure de l'Egypte, et que le mode de
travail employé au canal est une question d'admi-
nistration intérieure. Il lui a donc fallu imaginer une
petite coalition entre le sultan et le vice-roi pour la
prohibition de ce qu'il appelle le travail forcé, et,
avec sa bonne foi qui est proverbiale dans le monde,
il a prétendu que récemment le vice-roi avait pro-
noncé l'abolition du genre de travail employé par la
Compagnie universelle. C'est le contraire de la vé-
rité. Le vice-roi, en effet, a bien parlé à son avène-
ment de son intention de supprimer les corvées, mais
il a explicitement déclaré qu'il ne rangeait point
dans cette catégorie le système adopté pour le canal.
Il y avait en effet de véritables corvées en Egypte, où
une portion de la propriété est encore féodalement
organisée ; mais elles sont très-distinctes de ces levées
d'ouvriers sans lesquelles, comme le dit lord Scott,
rien ne serait possible en Orient.
Non, S. A. Ismaïl n'a jamais pu et n'a jamais eu la
pensée de renoncer à ce qui fait la force et la pros-
périté de l'Egypte. Le jour où, pour nous servir de
l'expression de lord Macaulay, cette institution serait
brusquement anéantie sans en avoir longuement pré-
paré le remplacement par l'éducation et le progrès
du peuple égyptien, le pays serait livré à la désolation
et à la ruine ; les canaux se combleraient, le bienfait
des irrigations serait tari, l'Egypte serait replongée
dans l'immobilité, et les alentours du Caire ressem-
bleraient bientôt à ces campagnes environnant Cons-
tantinople, dont le Times dernièrement nous retraçait
un ti triste tableau. Quant à la Compagnie, le con-
trat du 20 juillet 1856 est sa loi et sa garantie, et,
dans tous les cas, si comme l'avance très-faussement
lord Palmerston, le travail obligatoire était sup-
primé en Égypte depuis une époque très-récente,
c'est-à-dire depuis l'avènement de S. A. Ismaïl, le
contrat qui assure au canal ses travailleurs est d'une
date antérieure. Il est de 1856, et envers un contrat
public et synallagmatique, aux termes du droit natio-
nal comme du droit international, aucune loi ne
peut avoir un effet rétroactif.
Au surplus, que veut la Turquie ? Entend-elle obli-
ger l'Égypte à supprimer dès à présent et à jamais
ses levées de travailleurs ? Alors, comme on le lui a
objecté, elle qui propose de se charger de faire le
canal de Suez, comment le fera-t-elle? Comment
arrivera-t-elle à la fin, si elle commence par s'inter-
dire le moyen ? Ne veut-elle donc pas le canal, et sa
promesse n'est-elle qu'un procédé pour duper ou en-
dormir le monde, afin qu'il lui permette de spolier la
Compagnie? Nous n'avons pas à insister là-dessus. Il
n'est personne qui n'ait compris cette phraséologie
transparente. Mais enfin la Turquie voudra-t-elle
s'expliquer catégoriquement? Osera-t-elle proposer
nettement au gouvernement égyptien de s'abdiquer
en quelque sorte lui-même, en s'enlevant toute fa-
culté et toute possibilité de continuer la régénéra'
tion égyptienne? Au lieu de faire du désert un
delta, proposera-t-elle à l'Égypte de faire du delta
un désert? Voilà la question telle qu'elle doit être
posée. Que ce soit là l'arrière-pensée de lord Pal-
merston, nous le comprenons. L'anarchie et la misère
en Égypte favoriseraient singulièrement ses vues sur
ce pays, et sa philanthropie aurait un beau prétexte
de s'en emparer par amour de l'humanité. Mais ni
l'Egypte ni la Turquie ne peuvent accepter d'aussi
vertueuses combinaisons, et quand même la Turquie
et l'Angleterre le voudraient, l'Egypte, la France
et l'Europe le défendraient.
ERNEST DESPLACES.
DEUX POIDS ET DEUX MESURES.
La Turquie, dans sa note du 6 avril, adresse un
appel à l'équité et à la bienveillance de la France ;
elle aurait même pu y ajouter un appel à sa géné-
rosité; car nous croyons que, sous ce triple rapport,
elle n'a que des hommages à rendre à notre pays.
Mais de quelle réciprocité le paie-t-elle?
Parlons donc de la bienveillance et de l'équité de
la Turquie envers la France.
La France, pour le salut de l'empire ottoman,
prodiguait son sang et ses trésors au moment où
S. A. le vice-roi d'Egypte accordait à un Français la
concession d'une entreprise d'une utilité universelle,
conçue dans l'intérêt de toutes les nations, à l'exé-
cution de laquelle toutes les nations étaient appelées,
le percement de l'isthme de Suez.
Dès que cette résolution lui est communiquée, la Porte
reconnaît que c'est une entreprise également utile au
monde en général et à son empire en particulier.
Mais la diplomatie anglaise se met immédiatement
en travers de ces bonnes dispositions. Le gouverne-
ment de la reine, isolé de tous les gouvernements eu-
ropéens, prétend découvrir, dans ce projet, une mul-
titude d'inconvénients politiques et autres. Dès lors
la Porte s'arrête, modifie son attitude, et passe de
l'approbation à l'inertie.
Nous ne faisons ici que traduire exactement le lan-
gage tenu, il y a quelques années, dans un article
semi-officiel du Journal de Constantinople, article que
nous avons souvent cité.
Dans cet article, au nom de la Porte, cette feuille
déclarait que le canal de Suez était une œuvre d'un
incontestable avantage pour tous ; qu'elle était l'ob-
jet des aspirations de tous ; qu'il faudrait « l'orgueil in-
sensé d'un Titan » pour essayerde la combattre ; que le
gouvernement turc ne se sentait point cette hardiesse :
seulement, que des difficultés diplomatiques, c'est-
à-dire des résistances anglaises s'étaient manifestées
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