Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
SUPPLÉMENT. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 185
prendre le fusil que la pioche,groupés sur les confins
de l'Egypte, et prêts à l'envahir au premier signal
qui leur serait donné par le gouvernement français
qui était derrière eux.
Dès que ces clameurs plus ou moins sincères eu-
rent acquis une certaine gravité, le vice-roi et M. de
Lesseps se mirent d'accord pour enlever tout prétexte
à ces appréhensions, pour calmer ces défiances, pour
désarmer et contenter l'Angleterre. Dans ce but
l'acte confirmatif de concession contint (art. 2) une
clause en vertu de laquelle « dans tous les cas, les
quatre cinquièmes au moins des ouvriers employés au
canal devaient être Égyptiens. »
En exécution de cette clause, M. de Lesseps, qui
renonçait au recrutement du travail libre en Europe
et le vice-roi qui lui demandait cette garantie pour
satisfaire l'Angleterre, signèrent un autre contrat par
lequel le gouvernement égyptien s'obligeait à fournir
à la Compagnie, selon les coutumes et usages de l'E-
gypte, les ouvriers indigènes nécessaires à l'accom-
plissement de ses travaux.
Ainsi donc, c'est l'Angleterre elle-même qui a
nécessité et en quelque sorte provoqué la situation
actuelle. Que veut-elle? le travail libre ou le travail
obligatoire9 le travail selon le mode européen ou se_
Ion le mode égyptien? Pourtant elle repousse suc-
cessivement l'un et l'autre. Quand il s'agit du recru-
tement libre, elle s'écrie que la France prépare une
armée d'invasion et qu'elle n'y peut consentir, que
l'Égypte est en péril, que l'intégrité de l'empire
ottoman est menacée. On se rend à ses raisons. On
renonce au travail libre, à l'appel des ouvriers euro-
péens; on adopte le système du travail égyptien.
L'Angleterre n'en est que plus indignée. C'est le tra-
vail forcé, c'est l'oppression, c'est l'esclavage. Le
travail européen c'est l'invasion, le travail égyptien
c'est la tyrannie; et la conclusion, la seule que l'An-
gleterre recherche réellement, c'est l'impossibilité du
travail.
Mais en même temps, tout en recourant au principe
consacré du travail obligatoire à la fois indispensable
et si fécond en Égypte pour toutes les grandes opé-
rations de travaux publics, le vice-roi et M. de Les-
seps en apercevaient les abus et s'entendaient pour les
combattre et les déraciner. La Compagnie s'engageait à
payer aux fellahs des salaires d'un tiers plus élevé que
les salaires analogues dans tout le reste de l'Égypte.
Elle devait leur assurer dans le désert l'abondance de
l'eau, l'abondance de la nourriture, des abris conve-
nables dans leur état de santé; pour les cas de ma-
ladies elle devait entretenir des hôpitaux et des
ambulances avec tout le personnel médical et tout le
matériel nécessaires pour traiter les malades à ses
frais. Outre ses soins gratuits elle devait payer à
chacun de ces malades la moitié de son salaire pen"
dant toute la période où il ne pourrait pas travailler,
et pour garantir l'observation de tous ces engage-
ments, la police des chantiers devait être faite par
les officiers et agents du gouvernement égyptien.
L'exécution fidèle de ces engagements changeait
d'une façon radicale le caractère qu'avait eu jusqu'a-
lors le travail obligatoire en Égypte. Elle lui conser-
vait toute son utilité et tous ses avantages généraux,
tandis qu'au lieu de ruiner le travailleur elle accrois-
sait son bien-être par la rétribution de son travail.
Elle améliorait ce travail lui-même en le mettant en
contact avec les méthodes européennes ; elle fortifiait
la santé de ces foules par toutes les précautions prises
pour leur alimentation, et en les familiarisant avec
ces soins médicaux et ces habitudes hygiéniques
presque inconnus dans leurs villages.
Toutes ces mesures n'ont-elles été qu'une lettre
morte comme le hatti-chériff de Gulhané, le hatti-
houmayoum de 1856, et tant d'autres réformes pro-
mulguées en Turquie sur le papier et qui sont restées
sur le papier. A cet égard nous pouvons hardiment
invoquer tous les rapports annuels relatifs à l'état de
la santé dans l'isthme publiés par le service médical de
la Compagnie. Ils constatent que sur les travaux la
mortalité est beaucoup moins considérable qu'en
Égypte et dans les ateliers les mieux tenus de l'Eu-
rope. Ils constatent la surveillance vigilante exercée
par le corps médical sur les conditions de l'hygiène,
sur la salubrité des aliments, sur la prévention et la
cure des maladies en si petit nombre que les hôpitaux
sont presque toujours vides. Toutefois, comme on
nous a habitué à toutes les incrédulités, on nous ob-
jectera peut-être que ces déclarations émanent des
agents de la Compagnie et qu'en cette qualité ils
peuvent être suspects. Invoquons donc des témoi-
gnages qui ne puissent pas l'être, c'est-à-dire les
témoignages anglais.
Tous les voyageurs anglais qui ont visité l'isthme
sont unanimes pour reconnaître l'ordre, la discipline,
le contentement et la bonne santé des travailleurs. On
se rappelle, et nous avons garanti l'authenticité de
ce récit, que sir Henry Bulwer se fondait précisément
sur les bons traitements dont les indigènes étaient
l'objet dans l'isthme, pour inspirer au défunt vice-
roi la crainte que la Compagnie ne fût parmi eux
plus populaire que lui-même. Certes, sir Henry Bul-
wer est un témoin dont, en cette occasion du moins,
on ne contestera pas l'impartialité. Mais il est un autre
personnage anglais d'une aussi haute autorité dont
nous possédons et dont nous pouvons produire le
certificat officiel. Ce personnage, .c'est lord Scott.
Le 16 mai de l'année dernière , l'inébranlable
M. Griffith renouvelait à la Chambre des communes
l'une de ses interpellations intermittentes sur l'emploi
du travail forcé dans les travaux du canal.
prendre le fusil que la pioche,groupés sur les confins
de l'Egypte, et prêts à l'envahir au premier signal
qui leur serait donné par le gouvernement français
qui était derrière eux.
Dès que ces clameurs plus ou moins sincères eu-
rent acquis une certaine gravité, le vice-roi et M. de
Lesseps se mirent d'accord pour enlever tout prétexte
à ces appréhensions, pour calmer ces défiances, pour
désarmer et contenter l'Angleterre. Dans ce but
l'acte confirmatif de concession contint (art. 2) une
clause en vertu de laquelle « dans tous les cas, les
quatre cinquièmes au moins des ouvriers employés au
canal devaient être Égyptiens. »
En exécution de cette clause, M. de Lesseps, qui
renonçait au recrutement du travail libre en Europe
et le vice-roi qui lui demandait cette garantie pour
satisfaire l'Angleterre, signèrent un autre contrat par
lequel le gouvernement égyptien s'obligeait à fournir
à la Compagnie, selon les coutumes et usages de l'E-
gypte, les ouvriers indigènes nécessaires à l'accom-
plissement de ses travaux.
Ainsi donc, c'est l'Angleterre elle-même qui a
nécessité et en quelque sorte provoqué la situation
actuelle. Que veut-elle? le travail libre ou le travail
obligatoire9 le travail selon le mode européen ou se_
Ion le mode égyptien? Pourtant elle repousse suc-
cessivement l'un et l'autre. Quand il s'agit du recru-
tement libre, elle s'écrie que la France prépare une
armée d'invasion et qu'elle n'y peut consentir, que
l'Égypte est en péril, que l'intégrité de l'empire
ottoman est menacée. On se rend à ses raisons. On
renonce au travail libre, à l'appel des ouvriers euro-
péens; on adopte le système du travail égyptien.
L'Angleterre n'en est que plus indignée. C'est le tra-
vail forcé, c'est l'oppression, c'est l'esclavage. Le
travail européen c'est l'invasion, le travail égyptien
c'est la tyrannie; et la conclusion, la seule que l'An-
gleterre recherche réellement, c'est l'impossibilité du
travail.
Mais en même temps, tout en recourant au principe
consacré du travail obligatoire à la fois indispensable
et si fécond en Égypte pour toutes les grandes opé-
rations de travaux publics, le vice-roi et M. de Les-
seps en apercevaient les abus et s'entendaient pour les
combattre et les déraciner. La Compagnie s'engageait à
payer aux fellahs des salaires d'un tiers plus élevé que
les salaires analogues dans tout le reste de l'Égypte.
Elle devait leur assurer dans le désert l'abondance de
l'eau, l'abondance de la nourriture, des abris conve-
nables dans leur état de santé; pour les cas de ma-
ladies elle devait entretenir des hôpitaux et des
ambulances avec tout le personnel médical et tout le
matériel nécessaires pour traiter les malades à ses
frais. Outre ses soins gratuits elle devait payer à
chacun de ces malades la moitié de son salaire pen"
dant toute la période où il ne pourrait pas travailler,
et pour garantir l'observation de tous ces engage-
ments, la police des chantiers devait être faite par
les officiers et agents du gouvernement égyptien.
L'exécution fidèle de ces engagements changeait
d'une façon radicale le caractère qu'avait eu jusqu'a-
lors le travail obligatoire en Égypte. Elle lui conser-
vait toute son utilité et tous ses avantages généraux,
tandis qu'au lieu de ruiner le travailleur elle accrois-
sait son bien-être par la rétribution de son travail.
Elle améliorait ce travail lui-même en le mettant en
contact avec les méthodes européennes ; elle fortifiait
la santé de ces foules par toutes les précautions prises
pour leur alimentation, et en les familiarisant avec
ces soins médicaux et ces habitudes hygiéniques
presque inconnus dans leurs villages.
Toutes ces mesures n'ont-elles été qu'une lettre
morte comme le hatti-chériff de Gulhané, le hatti-
houmayoum de 1856, et tant d'autres réformes pro-
mulguées en Turquie sur le papier et qui sont restées
sur le papier. A cet égard nous pouvons hardiment
invoquer tous les rapports annuels relatifs à l'état de
la santé dans l'isthme publiés par le service médical de
la Compagnie. Ils constatent que sur les travaux la
mortalité est beaucoup moins considérable qu'en
Égypte et dans les ateliers les mieux tenus de l'Eu-
rope. Ils constatent la surveillance vigilante exercée
par le corps médical sur les conditions de l'hygiène,
sur la salubrité des aliments, sur la prévention et la
cure des maladies en si petit nombre que les hôpitaux
sont presque toujours vides. Toutefois, comme on
nous a habitué à toutes les incrédulités, on nous ob-
jectera peut-être que ces déclarations émanent des
agents de la Compagnie et qu'en cette qualité ils
peuvent être suspects. Invoquons donc des témoi-
gnages qui ne puissent pas l'être, c'est-à-dire les
témoignages anglais.
Tous les voyageurs anglais qui ont visité l'isthme
sont unanimes pour reconnaître l'ordre, la discipline,
le contentement et la bonne santé des travailleurs. On
se rappelle, et nous avons garanti l'authenticité de
ce récit, que sir Henry Bulwer se fondait précisément
sur les bons traitements dont les indigènes étaient
l'objet dans l'isthme, pour inspirer au défunt vice-
roi la crainte que la Compagnie ne fût parmi eux
plus populaire que lui-même. Certes, sir Henry Bul-
wer est un témoin dont, en cette occasion du moins,
on ne contestera pas l'impartialité. Mais il est un autre
personnage anglais d'une aussi haute autorité dont
nous possédons et dont nous pouvons produire le
certificat officiel. Ce personnage, .c'est lord Scott.
Le 16 mai de l'année dernière , l'inébranlable
M. Griffith renouvelait à la Chambre des communes
l'une de ses interpellations intermittentes sur l'emploi
du travail forcé dans les travaux du canal.
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