Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
206 L'ISTHME DE SUEZ,
ses alliés dans toutes les guerres, dans lesquelles sans
la France l'Angleterre était impuissante : en Crimée,
incapable de rien entreprendre ; en Chine, ses canons
seraient restés dans la fange sans notre secours, et
comment a-t-elle agi en Italie et au Mexique? Ce n'est
pas d'une pareille nation qu'on peut être l'allié : il n'y
a pas à compter sur elle; sa politique est de nous mettre
en avant et de rester derrière pour trahir. A son égard,
notre politique est donc très-regrettable.
» Les ministres anglais doivent le prestige de leur na-
tion plus à leur tactique de se vanter toujours et aux
anglomanes qu'à leur puissance, car l'Angleterre n'est
en réalité qu'une petite île malsaine à l'extrémité de
l'Europe, destinée à l'anéantissement, si ses ministres
ne sont pas plus sages. Evidemment , avec cette pré-
tention d'anéantir, pour avoir la suprématie des mers,
ils s'exposeront à une coalition. Nous en éviterons une
deuxième, je l'espère, et, je le répète, concentrons toutes
nos forces pour créer une marine susceptible de pro-
téger notre commerce, soutenir nos finances et de nous
faire respecter de nos envieux voisins. Les premiers
nous avons eu des vaisseaux en fer. Cette renaissance
de la marine nous mettait sur le pied de l'égalité, nous
étions supérieurs à l'Angleterre ; maintenant c'est elle
qui nous dépasse ; c'est pourquoi elle attaque l'isthme
de Suez.
» Il est vraiment incroyable qu'en France on ne soit
pas encore convaincu, malgré tous les avertissements,
que celui qui possède le trident des mers est le maître
du monde. Il faut absolument renoncer à toute conquête
sur le continent, les conquêtes morales étant les plus
sûres, et ne nous occuper que d'une forte et complète
constitution de notre marine. Mais nous dépensons 12
ou 15 millions par an pour sa construction, et les An-
glais 300 millions: aussi doivent-ils se réjouir de notre
incurie. A la première guerre avec nos très chers voi-
sins et alliés, qu'arrivera-t-il? Ils nous débarrasseront
de toutes nos colonies et de l'isthme de Suez.
» C'est cette supériorité que nous laissons prendre à la
marine, anglaise qui donne tant de morgue à M. Pal-
merston. Si nous n'avons pas d'invasions à faire
craindre comme lui, occupons-nous sans perdre de temps
de notre marine et ne commettons plus les fautes d'au-
trefois.
» Le percement de l'isthme de Suez est la plus grande
œuvre qui ait jamais été entreprise (le nom de M. de
Lesseps est désormais des plus célèbres); les plus grands
sacrifices sont faits , les plus grands obstacles sont
vaincus, et personne au monde ne peut l'arrêter, parce
que c'est l'œuvre qui appartient à toutes les nations.
» Cette question est donc de la plus haute importance.
Si M. Palmerston ose soutenir avec énergie (comme il le
dit à M. Griffith), le sultan dans ses prétentions , la
France, sans doute, exprimera aussi sa volonté. Si la
France avait dit : Cela se fera ! l'énergie du vieux Pal-
merston aurait été contenue. L'Empereur je l'espère,
dira avec la France : Je veux !
» Nous ne sommes plus au temps où on sacrifiait les
plus hauts intérêts de la France , comme autrefois la
Compagnie française des Indes orientales.
» Recevez, monsieur le rédacteur, l'assurance de ma
plus haute considération.
» DE GRAY,
» Ancien officier supérieur de cavalerie. »
Après ces manifestations des vétérans de l'armée,
partagées, nous pouvons le dire par leurs camara-
des sous les drapeaux , voici une expression non
moins vive des sentiments de la classe moyenne et
industrielle.
M. BEAUCOURT, GRAVEUR.
Au rédacteur,
« Paris, 20 mai 1863.
» Monsieur.
» Admirateur de toute grande et belle chose, mais
surtout de tout ce qui tend à la civilisation et à opérer
le rapprochement fraternel des hommes, vous devez
penser que c'est à ce point de vue que j'ai compris le
percement de l'isthme de Suez, J'ai donc été un des pre-
miers souscripteurs de cette magnifique entreprise.
» A cette époque, je n'avais pas souscrit assez d'ac
tions pour me donner droit d'entrée aux assemblées
d'actionnaires, mais je suivais depuis avec le plus vif
intérêt dans votre estimable journal, auquel je suis
abonné, la marche régulière et progressive des travaux
qui promettaient le plus beau et le plus complet résul-
tat, tout en souriant de pitié et de mépris aux tenta-
tives sans cesse renouvelées de notre loyale et désintéres-
sée amie (nommée à si juste titre la perfide Albion)
pour empêcher la réalisation de cette œuvre admirable.
» Mais aujourd'hui, en présence de cette inqualifiable
note de la Porte Ottomane, en présence de cette intri-
gue basse, ignoble, déloyale, de l'Angleterre, se cachant
honteusement derrière cette ombre de sultan, intrigue
que vous dévoilez et flétrissez si bien, j'ai éprouvé la
même indignation que tous les cœurs honnêtes ont
ressentie, etj'ai cru devoir faire nn pas en avant en fa-
veur de l'entreprise. Au lieu donc d'être effrayé de cette
note, j'ai profité de ce que j'avais quelques fonds dis-
ponibles pour faire l'acquisition et compléter au delà
la quantité d'actions qu'il faut pour assister aux assem-
blées. Je pourrai du moins me joindre de vive voix à
mes coactionnaires pour approuver ou accorder, s'il est
nécessaire, à notre digne et honorable président, les
pouvoirs les plus étendus et les plus énergiques en fa-
veur de l'oeuvre universelle à laquelle il a attaché son
nom et prodigué son infatigable dévouement.
» On doit (nous dit-on avec beaucoup de politesse
dans cette misérable note) nous rembourser: si toute-
fois nous voulons bien abandonner l'entreprise. Mais de
deux choses l'une : ou nous sommes dans notre droit, et
alors nous continuerons notre œuvre jusqu'à la fin, ou
bien, si nous sommes là contrairement à toute volonté
on doit nous chasser comme des intrus, et par cela
même sans remboursement. Le piège est trop grossier.
» Nous rembourser, dit-on. Mais avec quoi? Avec l'ar-
ses alliés dans toutes les guerres, dans lesquelles sans
la France l'Angleterre était impuissante : en Crimée,
incapable de rien entreprendre ; en Chine, ses canons
seraient restés dans la fange sans notre secours, et
comment a-t-elle agi en Italie et au Mexique? Ce n'est
pas d'une pareille nation qu'on peut être l'allié : il n'y
a pas à compter sur elle; sa politique est de nous mettre
en avant et de rester derrière pour trahir. A son égard,
notre politique est donc très-regrettable.
» Les ministres anglais doivent le prestige de leur na-
tion plus à leur tactique de se vanter toujours et aux
anglomanes qu'à leur puissance, car l'Angleterre n'est
en réalité qu'une petite île malsaine à l'extrémité de
l'Europe, destinée à l'anéantissement, si ses ministres
ne sont pas plus sages. Evidemment , avec cette pré-
tention d'anéantir, pour avoir la suprématie des mers,
ils s'exposeront à une coalition. Nous en éviterons une
deuxième, je l'espère, et, je le répète, concentrons toutes
nos forces pour créer une marine susceptible de pro-
téger notre commerce, soutenir nos finances et de nous
faire respecter de nos envieux voisins. Les premiers
nous avons eu des vaisseaux en fer. Cette renaissance
de la marine nous mettait sur le pied de l'égalité, nous
étions supérieurs à l'Angleterre ; maintenant c'est elle
qui nous dépasse ; c'est pourquoi elle attaque l'isthme
de Suez.
» Il est vraiment incroyable qu'en France on ne soit
pas encore convaincu, malgré tous les avertissements,
que celui qui possède le trident des mers est le maître
du monde. Il faut absolument renoncer à toute conquête
sur le continent, les conquêtes morales étant les plus
sûres, et ne nous occuper que d'une forte et complète
constitution de notre marine. Mais nous dépensons 12
ou 15 millions par an pour sa construction, et les An-
glais 300 millions: aussi doivent-ils se réjouir de notre
incurie. A la première guerre avec nos très chers voi-
sins et alliés, qu'arrivera-t-il? Ils nous débarrasseront
de toutes nos colonies et de l'isthme de Suez.
» C'est cette supériorité que nous laissons prendre à la
marine, anglaise qui donne tant de morgue à M. Pal-
merston. Si nous n'avons pas d'invasions à faire
craindre comme lui, occupons-nous sans perdre de temps
de notre marine et ne commettons plus les fautes d'au-
trefois.
» Le percement de l'isthme de Suez est la plus grande
œuvre qui ait jamais été entreprise (le nom de M. de
Lesseps est désormais des plus célèbres); les plus grands
sacrifices sont faits , les plus grands obstacles sont
vaincus, et personne au monde ne peut l'arrêter, parce
que c'est l'œuvre qui appartient à toutes les nations.
» Cette question est donc de la plus haute importance.
Si M. Palmerston ose soutenir avec énergie (comme il le
dit à M. Griffith), le sultan dans ses prétentions , la
France, sans doute, exprimera aussi sa volonté. Si la
France avait dit : Cela se fera ! l'énergie du vieux Pal-
merston aurait été contenue. L'Empereur je l'espère,
dira avec la France : Je veux !
» Nous ne sommes plus au temps où on sacrifiait les
plus hauts intérêts de la France , comme autrefois la
Compagnie française des Indes orientales.
» Recevez, monsieur le rédacteur, l'assurance de ma
plus haute considération.
» DE GRAY,
» Ancien officier supérieur de cavalerie. »
Après ces manifestations des vétérans de l'armée,
partagées, nous pouvons le dire par leurs camara-
des sous les drapeaux , voici une expression non
moins vive des sentiments de la classe moyenne et
industrielle.
M. BEAUCOURT, GRAVEUR.
Au rédacteur,
« Paris, 20 mai 1863.
» Monsieur.
» Admirateur de toute grande et belle chose, mais
surtout de tout ce qui tend à la civilisation et à opérer
le rapprochement fraternel des hommes, vous devez
penser que c'est à ce point de vue que j'ai compris le
percement de l'isthme de Suez, J'ai donc été un des pre-
miers souscripteurs de cette magnifique entreprise.
» A cette époque, je n'avais pas souscrit assez d'ac
tions pour me donner droit d'entrée aux assemblées
d'actionnaires, mais je suivais depuis avec le plus vif
intérêt dans votre estimable journal, auquel je suis
abonné, la marche régulière et progressive des travaux
qui promettaient le plus beau et le plus complet résul-
tat, tout en souriant de pitié et de mépris aux tenta-
tives sans cesse renouvelées de notre loyale et désintéres-
sée amie (nommée à si juste titre la perfide Albion)
pour empêcher la réalisation de cette œuvre admirable.
» Mais aujourd'hui, en présence de cette inqualifiable
note de la Porte Ottomane, en présence de cette intri-
gue basse, ignoble, déloyale, de l'Angleterre, se cachant
honteusement derrière cette ombre de sultan, intrigue
que vous dévoilez et flétrissez si bien, j'ai éprouvé la
même indignation que tous les cœurs honnêtes ont
ressentie, etj'ai cru devoir faire nn pas en avant en fa-
veur de l'entreprise. Au lieu donc d'être effrayé de cette
note, j'ai profité de ce que j'avais quelques fonds dis-
ponibles pour faire l'acquisition et compléter au delà
la quantité d'actions qu'il faut pour assister aux assem-
blées. Je pourrai du moins me joindre de vive voix à
mes coactionnaires pour approuver ou accorder, s'il est
nécessaire, à notre digne et honorable président, les
pouvoirs les plus étendus et les plus énergiques en fa-
veur de l'oeuvre universelle à laquelle il a attaché son
nom et prodigué son infatigable dévouement.
» On doit (nous dit-on avec beaucoup de politesse
dans cette misérable note) nous rembourser: si toute-
fois nous voulons bien abandonner l'entreprise. Mais de
deux choses l'une : ou nous sommes dans notre droit, et
alors nous continuerons notre œuvre jusqu'à la fin, ou
bien, si nous sommes là contrairement à toute volonté
on doit nous chasser comme des intrus, et par cela
même sans remboursement. Le piège est trop grossier.
» Nous rembourser, dit-on. Mais avec quoi? Avec l'ar-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 30/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62032469/f30.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62032469/f30.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62032469/f30.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62032469
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62032469
Facebook
Twitter