Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
238 L'ISTHME DE SUEZ,
On peut considérer ce tableau comme représentant
le climat du lac Menzaleh et des lacs Ballah.
J'aurais désiré mettre ici en regard un tableau des
observations faites au Seuil, comme représentation du
climat des pays secs du désert, ainsi que je l'ai fait
l'année dernière; mais l'importance des travaux au
Seuil, les nécessités d'un service actif, la maladie du
médecin et du pharmacien, ont interrompu les obser-
vations; toutefois de notables différences ont été cons-
tatées. A Port-Saïd et au Seuil, le matin, l'air se trouve
à peu près chargé d'une humidité égale; mais à mesure
que le soleil monte, l'écart devient très-sensible. Tandis
qu'à Port-Saïd la différence est de 8 à 12 degrés, au
Seuil elle va jusqu'à 30 et 40 degrés. La température
offre aussi de grandes différences : au Seuil il fait plus
froid l'hiver qu'à Port-Saïd. Cette année, il y a eu, le
14 janvier, de la glace à Toussoum et au Zebel-Ma-
riam : c'est une exception. Des Arabes qui habitent ce
désert, ne se souviennent pas d'avoir vu de la glace.
L'air est vif dans le désert, le froid semble plus in-
tense; par contre, l'été, la chaleur, bien que tempérée
par la brise du nord, est plus élevée sur le Seuil. Quant
à la pluie, il en tombe moins qu'à Port-Saïd ; on peut
dire qu'elle est rare.
Le climat a-t-il de l'influence sur la santé? Evidem-
ment oui, mais il en a beaucoup moins qu'en France :
l'hiver est en France la saison des plus graves maladies,
des pneumonies surtout ; cette seule maladie emporte
double de personnes de plus que l'hépatite et la dys-
senterie en Egypte pendant l'été. L'insolation, par suite
la méningite, est aussi une maladie de cette saison,
mais il est facile de s'en garantir. Je ne cesserai de le
répéter, le climat n'est que la cause prédisposante des
maladies ; la dyssenterie, l'hépatite, reconnaissent
comme causes déterminantes des causes autres que le
climat : on éviterait ces maladies en étant sobre et
en prenant quelques précautions.
Dans l'isthme comme en Egypte,' la santé de l'Euro-
péen qui vit régulièrement est excellente ; mais il n'est
pas fait pour se livrer à des travaux manuels, comme
l'Arabe, au grand soleil. 11 peut être gouvernant, ad-
ministrateur, négociant, comptable, etc., etc., mais il
ne sera jamais cultivateur ou terrassier; l'été, il doit
travailler à l'ombre. Aussi la Compagnie ne doit pas ou-
blier, dans son intérêt, que la terre en Egypte appar-
tient aux fellahs et aux Arabes seuls, et que seuls ils
peuvent la cultiver.
Maladies.
4,320 malades ont été traités et soignés tant dans les
maisons de santé et les ambulances qu'à domicile, sans
compter les consultations dont on a usé largement,
Les médecins sont les premiers à engager les individus
à les avertir ou à venir les trouver aussitôt qu'ils res-
sentent la moindre indisposition : c'est de la médecine
préventive, et chacun en a compris l'importance.
A part les cas particuliers de fièvre typhoïde et de
pneumonie dont nous avons parlé, les maladies sont
toujours les mêmes et reconnaissent les mêmes causes.
Les affections du tube intestinal, diarrhées, dyssente-
ries, embarras gastriques, fièvres gastriques, sont les
plus fréquentes; viennent ensuite l'ophthalmie, les affec-
tions rhumatismales, quelques bronchites, et enfin l'hé-
patite, les autres maladies ne sont en quelque sorte
qu'accidentelles. L'hépatite et la dyssenterie sont les
seules maladies redoutables. Chez les Égyptiens elles
sont mortelles : il n'est pas possible de les astreindre à
suivre un régime. Chez les Européens, elles sont géné-
ralement très-graves et une des causes principales de
la mortalité. Ces deux maladies, sauf de rares excep-
tions, comme cela m'est arrivé personnellement, s'an-
noncent par des symptômes précurseurs, qui permettent
de combattre la maladie à son début et de s'en rendre
maître : généralement elles reconnaissent comme cause
déterminante des fatigues physiques ou morales, des im-
prudences ou des excès, et surtout l'usage des liqueurs
alcooliques et d'une nourriture trop abondante. Il est
rare de voir une attaque sérieuse de dyssenterie ou
d'hépatite sur des personnes sobres et dont le moral
n'est pas affecté. Lorsque la maladie se déclare, il est
facile par le traitement, et si le malade veut écouter,
d'arriver à une prompte guérison.
L'ophthalmie, les diarrhées et les embarras gastriques
m'ont semblé cette année moins fréquents et moins
persistants. Nous avons attribué ce résultat aux amé-
liorations dans l'alimentation et les habitations, dans la
qualité de l'eau surtout, et à ce que les individus pren-
nent plus de précautions.
Il est certain que le tube intestinal a dû, cette année,
se trouver dans de meilleures conditions que l'année
dernière ; or l'ophthalmie a très-souvent son point de dé-
part dans l'état des voies digestives.
Du reste, les causes prédisposantes et déterminantes
des maladies qui sont les plus fréquentes dans l'isthme
sont aujourd'hui bien connues ; on pourrait facilement
et avec un peu de bonne volonté garantir sa propre
santé. Un fait acquis, c'est que parmi les personnes qui
mènent une vie régulière, la maladie grave est rare.
Population et mortalité.
La population qui se trouve employée aux travaux de
l'isthme ou sur les terres qui appartiennent à la Com-
pagnie, se divise comme il suit :
Arabes des contingents, 240,000 hommes dans l'année,
par mois 20,000
Arabes sédentaires, ouvriers 4,200
Européens 2,000
Arabes et Européens employés aux travaux de
l'isthme. 26,200
Population de l'Ouady et de la vallée. 10,000
Total de la population au service de la Com-
pagnie, hommes, femmes et enfants C2,J!'0
Le service de santé a surveillé et soigné toute cette
population.
La mortalité générale a été de 360 : presque 1 pour 100.
En Europe dans les campagnes, elle est de 2.50 pour 100.
en France, elle est de 2.38 pour 100.
On peut considérer ce tableau comme représentant
le climat du lac Menzaleh et des lacs Ballah.
J'aurais désiré mettre ici en regard un tableau des
observations faites au Seuil, comme représentation du
climat des pays secs du désert, ainsi que je l'ai fait
l'année dernière; mais l'importance des travaux au
Seuil, les nécessités d'un service actif, la maladie du
médecin et du pharmacien, ont interrompu les obser-
vations; toutefois de notables différences ont été cons-
tatées. A Port-Saïd et au Seuil, le matin, l'air se trouve
à peu près chargé d'une humidité égale; mais à mesure
que le soleil monte, l'écart devient très-sensible. Tandis
qu'à Port-Saïd la différence est de 8 à 12 degrés, au
Seuil elle va jusqu'à 30 et 40 degrés. La température
offre aussi de grandes différences : au Seuil il fait plus
froid l'hiver qu'à Port-Saïd. Cette année, il y a eu, le
14 janvier, de la glace à Toussoum et au Zebel-Ma-
riam : c'est une exception. Des Arabes qui habitent ce
désert, ne se souviennent pas d'avoir vu de la glace.
L'air est vif dans le désert, le froid semble plus in-
tense; par contre, l'été, la chaleur, bien que tempérée
par la brise du nord, est plus élevée sur le Seuil. Quant
à la pluie, il en tombe moins qu'à Port-Saïd ; on peut
dire qu'elle est rare.
Le climat a-t-il de l'influence sur la santé? Evidem-
ment oui, mais il en a beaucoup moins qu'en France :
l'hiver est en France la saison des plus graves maladies,
des pneumonies surtout ; cette seule maladie emporte
double de personnes de plus que l'hépatite et la dys-
senterie en Egypte pendant l'été. L'insolation, par suite
la méningite, est aussi une maladie de cette saison,
mais il est facile de s'en garantir. Je ne cesserai de le
répéter, le climat n'est que la cause prédisposante des
maladies ; la dyssenterie, l'hépatite, reconnaissent
comme causes déterminantes des causes autres que le
climat : on éviterait ces maladies en étant sobre et
en prenant quelques précautions.
Dans l'isthme comme en Egypte,' la santé de l'Euro-
péen qui vit régulièrement est excellente ; mais il n'est
pas fait pour se livrer à des travaux manuels, comme
l'Arabe, au grand soleil. 11 peut être gouvernant, ad-
ministrateur, négociant, comptable, etc., etc., mais il
ne sera jamais cultivateur ou terrassier; l'été, il doit
travailler à l'ombre. Aussi la Compagnie ne doit pas ou-
blier, dans son intérêt, que la terre en Egypte appar-
tient aux fellahs et aux Arabes seuls, et que seuls ils
peuvent la cultiver.
Maladies.
4,320 malades ont été traités et soignés tant dans les
maisons de santé et les ambulances qu'à domicile, sans
compter les consultations dont on a usé largement,
Les médecins sont les premiers à engager les individus
à les avertir ou à venir les trouver aussitôt qu'ils res-
sentent la moindre indisposition : c'est de la médecine
préventive, et chacun en a compris l'importance.
A part les cas particuliers de fièvre typhoïde et de
pneumonie dont nous avons parlé, les maladies sont
toujours les mêmes et reconnaissent les mêmes causes.
Les affections du tube intestinal, diarrhées, dyssente-
ries, embarras gastriques, fièvres gastriques, sont les
plus fréquentes; viennent ensuite l'ophthalmie, les affec-
tions rhumatismales, quelques bronchites, et enfin l'hé-
patite, les autres maladies ne sont en quelque sorte
qu'accidentelles. L'hépatite et la dyssenterie sont les
seules maladies redoutables. Chez les Égyptiens elles
sont mortelles : il n'est pas possible de les astreindre à
suivre un régime. Chez les Européens, elles sont géné-
ralement très-graves et une des causes principales de
la mortalité. Ces deux maladies, sauf de rares excep-
tions, comme cela m'est arrivé personnellement, s'an-
noncent par des symptômes précurseurs, qui permettent
de combattre la maladie à son début et de s'en rendre
maître : généralement elles reconnaissent comme cause
déterminante des fatigues physiques ou morales, des im-
prudences ou des excès, et surtout l'usage des liqueurs
alcooliques et d'une nourriture trop abondante. Il est
rare de voir une attaque sérieuse de dyssenterie ou
d'hépatite sur des personnes sobres et dont le moral
n'est pas affecté. Lorsque la maladie se déclare, il est
facile par le traitement, et si le malade veut écouter,
d'arriver à une prompte guérison.
L'ophthalmie, les diarrhées et les embarras gastriques
m'ont semblé cette année moins fréquents et moins
persistants. Nous avons attribué ce résultat aux amé-
liorations dans l'alimentation et les habitations, dans la
qualité de l'eau surtout, et à ce que les individus pren-
nent plus de précautions.
Il est certain que le tube intestinal a dû, cette année,
se trouver dans de meilleures conditions que l'année
dernière ; or l'ophthalmie a très-souvent son point de dé-
part dans l'état des voies digestives.
Du reste, les causes prédisposantes et déterminantes
des maladies qui sont les plus fréquentes dans l'isthme
sont aujourd'hui bien connues ; on pourrait facilement
et avec un peu de bonne volonté garantir sa propre
santé. Un fait acquis, c'est que parmi les personnes qui
mènent une vie régulière, la maladie grave est rare.
Population et mortalité.
La population qui se trouve employée aux travaux de
l'isthme ou sur les terres qui appartiennent à la Com-
pagnie, se divise comme il suit :
Arabes des contingents, 240,000 hommes dans l'année,
par mois 20,000
Arabes sédentaires, ouvriers 4,200
Européens 2,000
Arabes et Européens employés aux travaux de
l'isthme. 26,200
Population de l'Ouady et de la vallée. 10,000
Total de la population au service de la Com-
pagnie, hommes, femmes et enfants C2,J!'0
Le service de santé a surveillé et soigné toute cette
population.
La mortalité générale a été de 360 : presque 1 pour 100.
En Europe dans les campagnes, elle est de 2.50 pour 100.
en France, elle est de 2.38 pour 100.
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