Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
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J^ISTSME DE SUEZ.
tout en partageant beaucoup des erreurs de leurs
confrères, — car il est difficile de croire quelle est,
sur cette affaire, l'universalité et la profondeur de
l'ignorance en Angleterre; — les journaux libéraux
se sentent mal à l'aise en face de ces finesses ou de
ces hardiesses de lord Palmerton. Nous allons ana-
lyser leurs réflexions le plus exactement possible.
Examiner.- Ce journal penche à penser qu'il y a du
bon. dans la dépêche ottomane; mais il n'en regrette
pas moins la notification de cette pièce. Il déplore
que l'affaire n'ait pas été laissée à elle-même pour
mourir de sa mort naturelle, et il reconnaît en même
temps que le gouvernement français ne pouvait l'a-
bandonner aux passions de lord Palmerston sans
encourir une grande impopularité. «Quoi qu'il advienne
du canal, les choses en l'état où on les a mises ou-
vrent une perspective de profondes animosités et de
sérieux ressentiments. » L'Examiner même, tout en
trouvant raisonnables les exigences du sultan sur la
prohibition du travail obligatoire et sur les conces- *
sions des terrains, élève des objections, et ceci est
assez curieux, sur les difficultés de neutraliser le
canal. Il est vrai qu'il suppose que ces difficultés
viendront de la France ; mais il devrait savoir qu'il
n'en est rien, et c'est un usage assez anglais de prêter
aux autres les pensées peu louables qu'on entretient
soi-même. L'Examiner, de plus, voit dans la note
turque un acte d'intervention directe de la Porte dans
l'administration intérieure de l'Egypte. Il voit là, et
avec raison, un grand danger. Il conclut enfin en ces
termes :
« Nous espérons, pour le bien de l'avenir aussi bien que
du présent, qu'il ne sera point fait du canal de Suez
une source de querelle durable entre la France et l'An-
gleterre. Devons-nous être trop soucieux de conserver le
monopole des mers indiennes à nos vaisseaux de guerre?
Devons-nous montrer un excès de zèle pour soumettre
le pacha d'Egypte non pas seulement à la suzeraineté
de la Porte, mais aussi à sa souveraineté. Nous ne pré-
tendons pas résoudre dogmatiquement ces questions et
d'autres qu'elles engendrent ; mais il faut les discuter,
y réfléchir, les peser mûrement dans toute leur portée
et leurs résultats avant de leur permettre de s'élever
comme une source de brouille et de rivalité entre notre
pays et la France. »
La Saturday Review développe à peu près les mêmes
propositions. Elle est aussi d'avis que la neutralité du
canal n'est pas trop désirable. Quant au travail obli-
gatoire, ses paroles sont dignes d'être recueillies :
« Pour rendre justice, dit l'écrivain, aux entrepreneurs
français, ils paient un salaire à leurs ouvriers, et il est
difficile de douter que ces dépenses n'accroissent la
prospérité générale. Mais les marchés du travail oriental
sont imparfaitement organisés ; les paysans d'Egypte
ne comprennent guère qu'ils devraient répondre à une
, demande de travail rémunérateur. Leur gouvernement
lui-même a été longtemps dans l'habitude de contraindre
leurs services, et il n'a pas mis une attention excessive
à pourvoir au paiement de leur travail. Rien n'est plus
naturel que de voir des contractants étrangers adopter
le système qu'ils trouvent en vigueur..
Cette déclaration n'est pas la seule preuve de sin-
cérité que la Saturday Review donne dans son article;
mais elle insiste principalement sur les graves incon-
vénients de créer pour cette question un antagonisme
très-fâcheux entre l'Angleterre et la France, et voici
sa conclusion très-sensée :
« Si l'entreprise est réellement impraticable, il est
malheureux que l'expérience soit interrompue par des
empêchements artificiels ou arbitraires ; car toute la
France et la moitié de l'Europe regarderont l'interven-
tion du sultan comme un aveu que le projet est exé-
cutable. Le gouvernement anglais aurait peut-être agi
plus sagement, s'il avait assez encouragé l'entreprise
pour acquérir le droit de demander des garanties con-
tre l'agrandissement territorial de la France. »
Nous ferons seulement observer à notre honorable
confrère que sa crainte de l'éventualité de notre
agrandissement territorial par le canal est une chi-
mère tout anglaise et que dissipe la simple lecture
de l'acte de concession. La Compagnie de Suez est
universelle, et le jour où elle ferait un acte de natio-
nalité exclusive, "son droit aurait cessé d'exister.
L'acte de concession est formel sur ce point.
Morning Advertiser.-Nous n'avons pas l'article tex-
tuel de ce journal, mais le Constitutionnel, dans sa
chronique du stock-exchange, en contient une analyse
très-complète et que nous lui empruntons :
« Le Morning Advertiser entre au vif de la question.
Hier, ce journal, dont on ne peut méconnaître le pa-
triotisme exclusif, discutait la question avec tine im-
partialité et une hauteur de raison assez rares dans ses
colonnes. Il se demandait où la Turquie prendrait les
fonds pour indemniser la Compagnie et compléter ce
gigantesque travail, lorsque le Trésor ottoman avait
peine à équilibrer son budget et à parer aux plus pres-
sés de ses besoins avec les ressources fournies par les
emprunts de 1862 et 1863. Il montrait la Porte traver-
sant une période de transition difficile, substituant
l'ordre au désordre, l'économie au gaspillage, et s'effor-
çant de remplacer des rouages administratifs défectueux
au plus haut point par les bonnes méthodes et le con-
trôle des États bien gouvernés. Or, cette tâche, suivant
le Morning Advertiser, est assez ardue, assez pleine d'ob-
stacles matériels à surmonter et de difficultés morales
à vaincre pour que les ministres d'Abdul-Aziz ne s'en
détournent point. S'ils veulent donner cours à l'acti-
vité toute nouvelle dont ils semblent possédés, ce n'est
point en entravant la grande Compagnie française,
mais en provoquant la formation d'entreprises du même
genre, en appelant l'industrie et les capitaux étrangers
là où l'industrie et le capital nationaux sont impuis-
sants parce qu'ils n'existent pas.
J^ISTSME DE SUEZ.
tout en partageant beaucoup des erreurs de leurs
confrères, — car il est difficile de croire quelle est,
sur cette affaire, l'universalité et la profondeur de
l'ignorance en Angleterre; — les journaux libéraux
se sentent mal à l'aise en face de ces finesses ou de
ces hardiesses de lord Palmerton. Nous allons ana-
lyser leurs réflexions le plus exactement possible.
Examiner.- Ce journal penche à penser qu'il y a du
bon. dans la dépêche ottomane; mais il n'en regrette
pas moins la notification de cette pièce. Il déplore
que l'affaire n'ait pas été laissée à elle-même pour
mourir de sa mort naturelle, et il reconnaît en même
temps que le gouvernement français ne pouvait l'a-
bandonner aux passions de lord Palmerston sans
encourir une grande impopularité. «Quoi qu'il advienne
du canal, les choses en l'état où on les a mises ou-
vrent une perspective de profondes animosités et de
sérieux ressentiments. » L'Examiner même, tout en
trouvant raisonnables les exigences du sultan sur la
prohibition du travail obligatoire et sur les conces- *
sions des terrains, élève des objections, et ceci est
assez curieux, sur les difficultés de neutraliser le
canal. Il est vrai qu'il suppose que ces difficultés
viendront de la France ; mais il devrait savoir qu'il
n'en est rien, et c'est un usage assez anglais de prêter
aux autres les pensées peu louables qu'on entretient
soi-même. L'Examiner, de plus, voit dans la note
turque un acte d'intervention directe de la Porte dans
l'administration intérieure de l'Egypte. Il voit là, et
avec raison, un grand danger. Il conclut enfin en ces
termes :
« Nous espérons, pour le bien de l'avenir aussi bien que
du présent, qu'il ne sera point fait du canal de Suez
une source de querelle durable entre la France et l'An-
gleterre. Devons-nous être trop soucieux de conserver le
monopole des mers indiennes à nos vaisseaux de guerre?
Devons-nous montrer un excès de zèle pour soumettre
le pacha d'Egypte non pas seulement à la suzeraineté
de la Porte, mais aussi à sa souveraineté. Nous ne pré-
tendons pas résoudre dogmatiquement ces questions et
d'autres qu'elles engendrent ; mais il faut les discuter,
y réfléchir, les peser mûrement dans toute leur portée
et leurs résultats avant de leur permettre de s'élever
comme une source de brouille et de rivalité entre notre
pays et la France. »
La Saturday Review développe à peu près les mêmes
propositions. Elle est aussi d'avis que la neutralité du
canal n'est pas trop désirable. Quant au travail obli-
gatoire, ses paroles sont dignes d'être recueillies :
« Pour rendre justice, dit l'écrivain, aux entrepreneurs
français, ils paient un salaire à leurs ouvriers, et il est
difficile de douter que ces dépenses n'accroissent la
prospérité générale. Mais les marchés du travail oriental
sont imparfaitement organisés ; les paysans d'Egypte
ne comprennent guère qu'ils devraient répondre à une
, demande de travail rémunérateur. Leur gouvernement
lui-même a été longtemps dans l'habitude de contraindre
leurs services, et il n'a pas mis une attention excessive
à pourvoir au paiement de leur travail. Rien n'est plus
naturel que de voir des contractants étrangers adopter
le système qu'ils trouvent en vigueur..
Cette déclaration n'est pas la seule preuve de sin-
cérité que la Saturday Review donne dans son article;
mais elle insiste principalement sur les graves incon-
vénients de créer pour cette question un antagonisme
très-fâcheux entre l'Angleterre et la France, et voici
sa conclusion très-sensée :
« Si l'entreprise est réellement impraticable, il est
malheureux que l'expérience soit interrompue par des
empêchements artificiels ou arbitraires ; car toute la
France et la moitié de l'Europe regarderont l'interven-
tion du sultan comme un aveu que le projet est exé-
cutable. Le gouvernement anglais aurait peut-être agi
plus sagement, s'il avait assez encouragé l'entreprise
pour acquérir le droit de demander des garanties con-
tre l'agrandissement territorial de la France. »
Nous ferons seulement observer à notre honorable
confrère que sa crainte de l'éventualité de notre
agrandissement territorial par le canal est une chi-
mère tout anglaise et que dissipe la simple lecture
de l'acte de concession. La Compagnie de Suez est
universelle, et le jour où elle ferait un acte de natio-
nalité exclusive, "son droit aurait cessé d'exister.
L'acte de concession est formel sur ce point.
Morning Advertiser.-Nous n'avons pas l'article tex-
tuel de ce journal, mais le Constitutionnel, dans sa
chronique du stock-exchange, en contient une analyse
très-complète et que nous lui empruntons :
« Le Morning Advertiser entre au vif de la question.
Hier, ce journal, dont on ne peut méconnaître le pa-
triotisme exclusif, discutait la question avec tine im-
partialité et une hauteur de raison assez rares dans ses
colonnes. Il se demandait où la Turquie prendrait les
fonds pour indemniser la Compagnie et compléter ce
gigantesque travail, lorsque le Trésor ottoman avait
peine à équilibrer son budget et à parer aux plus pres-
sés de ses besoins avec les ressources fournies par les
emprunts de 1862 et 1863. Il montrait la Porte traver-
sant une période de transition difficile, substituant
l'ordre au désordre, l'économie au gaspillage, et s'effor-
çant de remplacer des rouages administratifs défectueux
au plus haut point par les bonnes méthodes et le con-
trôle des États bien gouvernés. Or, cette tâche, suivant
le Morning Advertiser, est assez ardue, assez pleine d'ob-
stacles matériels à surmonter et de difficultés morales
à vaincre pour que les ministres d'Abdul-Aziz ne s'en
détournent point. S'ils veulent donner cours à l'acti-
vité toute nouvelle dont ils semblent possédés, ce n'est
point en entravant la grande Compagnie française,
mais en provoquant la formation d'entreprises du même
genre, en appelant l'industrie et les capitaux étrangers
là où l'industrie et le capital nationaux sont impuis-
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