Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
234 L'ISTHME DE SUEZ.
la propriété et la jouissance lui ont été reconnues par
l'acte de concession.
» Ainsi, il sera permis à un gouvernement de laisser
les capitaux du monde entier s'engager dans une œu-
vre réputée impossible, et lorsque, à force de persévé-
rance, de foi robuste et de sacrifices, le désert est
dompté, que l'impossibilité prétendue disparaît, que
les difficultés s'effacent une à une et que le travail
obstiné a rendu le triomphe certain, c'est à ce moment
précis qu'un gouvernement vient dire aux intérêts en-
gagés dans cette œuvre gigantesque :
a Maintenant que vous avez essuyé tous les ris-
« ques, vaincu toutes les difficultés, surmonté tous les
» obstacles, réglons lescomptes. Je vous ai laissé aller
» tant qu'il n'y a eu que des chances de perte à cou-
D rir, pendant huit ans; aujourd'hui que le succès est
» assuré, je vous arrête. Et comme je pourrais vous
» ruiner en mettant obstacle aux travaux, vous devez
« vous estimer heureux que je consente à vous rem-
« bourser les dépenses faites,—sans plus 1 »
» Que cette doctrine effrontée de la spoliation soit
émise par un gouvernement en Europe, c'est déjà mons-
trueux. Mais qu'un autre gouvernement se présente
pour la faire prévaloir, c'est le comble de l'audace.
* La complicité de l'Angleterre dans la Note turque
du 6 avril est manifeste. Elle résulte des paroles elles-
mêmes prononcées le 15 mai par lord Palmerslon à la
Chambre des communes:
» Le gouvernement de la reine approuve entièrement
» la détermination (relative au canal de Suez), et il a
» assuré le sultan qu'il recevra, ainsi que le pacha,
» l'appui le :plus énergique et le plus actif de l'Angle-
» terre pour donner force à ce qui est évidemment une
« loi convenable à tout l'empire. »
» C'est, comme on le voit, le couronnement et la con-
clusion de l'intrigue anglaise dont nous avons déroulé
les manœuvres. Le3 moyens importent peu en telles
affaires, c'est la fin qui est tout. La fin, c'est la dépos-
session de la Compagnie du canal de Suez. 1
» Les prétextes dont on cherche à colorer cette dé-
possession sont dérisoires, et ne valent pas la peine
qu'un les réfute.
» Le principe de la neutralité du canal, qui le contes-
te ? Avons-nom dans l'isthme un seul point réservé où
flotte notre drapeau?
» Il existe en Egypte, comme en Angleterre et en
France, un service public obligatoire pour une certaine
catégorie d'individus. Seulement, ce régime des classes,
au lieu de s'appliquer au service naval, comme en An-
gleterre, ou bien à la guerre et à la marine, comme en
France, s'applique aux travaux publics en Egypte :
l'inscription, au lieu de se faire en vue de la mer et
jusqu'à épuisement de forces de l'inscrit, se fait en vue
du désert, et seulement pour un mois^par an.
» Ce n'est point là ce qu'on nomme la corvée, quoi
qu'en dise lord Palmerston ; et,^d'ailleurs, cela ne re-
garde point la Compagnie du canal de Suez, mais bien
le vice-roi d'Égypte chargé de fournir à la Compagnie
les quatre cinquièmes de travailleurs indigènes, aux
conditions où les travaux publics s'exécutent en
Égypte.
» Que la Turquie, et surtout l'Angleterre, puissent
intervenir dans l'administration intérieure de l'Égypte,
dont les traités ont garanti les libres pratiques, cela
est plus que douteux. Mais ce qui ne l'est pas, c'est
que le vice roi soit obligé de tenir les engagements
pris par lui vis-à-vis de la Compagnie, engagements
qu'il se déclare, d'ailleurs, disposé à exécuter.
» Reste la dernière objection, ou plutôt le dernier
prétexte. La Compagnie peut vouloir livrer à la colo-
nisation européenne les terrains de l'isthme qu'elle a
conquis sur le désert, ce qui déplaît à la souveraineté
de la Porte et menace la sécurité de l'Égypte.
» Il est vrai que la Compagnie a fondé deux villes à
l'entrée et dans l'intérieur de l'isthme : Port-Saïd et
Timsah ou lsmaïla. Des Européens y ont été installés,
et il en viendra d'autres évidemment, heureusement
pour les nécessités de la navigation et du commerce.
Mais n'y a-t-il donc pas d'étrangers au Caire et à
Alexandrie? La souveraineté de la Porte et l'indépen-
dance de l'Égypte s'en trouvent-elles atteintes?
» Quant aux terrains de colonisation proprement dits,
ils sont exclusivement livrés aux cultivateurs indigè-
nes, et par cette excellente raison que les colons euro-
péens ne pourraient pas s'y acclimater.
» La note turque du 6 avril n'est donc qu'une mau-
vaise chicane. C'est une querelle de Byzantin mêlé
d'Anglais. C'est à la France qu'il appartient d'en faire
justice.
» Rappelons, en finissant, un mot dit à Napoléon III
par un grand banquier :
u — Sire, en 1856, on ne connaissait à Constantinople
D que le Napoléon de France; on ne connaît aujour-
D d hui que le souverain d'Angleterre. »
» Cela explique le succès de l'intrigue anglaise, le
6 avril dernier.
» Prenons garde, si nous laissons sacrifier la Compa-
gnie de Suez, qu'il nous arrive à Alexandrie ce qui
nous est arrivé à Constantinople. » FR. DUCUING.
Le Moniteur industriel.
La misère en Irlande.
Après avoir constaté la manière dont est traité le
fellah sur les travaux de l'isthme, le Moniteur in-
dustriel compare en ces termes la condition du tra-
vailleur égyptien et celle du travailleur anglais et
surtout irlandais :
« Nous avons, dans notre dernier numéro, donné quel-
que idée de la situation des classes ouvrières en Angle-
terre par quelques extraits d'un discours parlementaire
qui n'ont pu être contredits ni dans la Chambre des
communes ni dans la presse. On y a vu jusqu'à l'orga-
nisation du trafic de la chair ouvrière, la vente et l'achat
des apprentis, et M. Dickens nous a aussi raconté les
la propriété et la jouissance lui ont été reconnues par
l'acte de concession.
» Ainsi, il sera permis à un gouvernement de laisser
les capitaux du monde entier s'engager dans une œu-
vre réputée impossible, et lorsque, à force de persévé-
rance, de foi robuste et de sacrifices, le désert est
dompté, que l'impossibilité prétendue disparaît, que
les difficultés s'effacent une à une et que le travail
obstiné a rendu le triomphe certain, c'est à ce moment
précis qu'un gouvernement vient dire aux intérêts en-
gagés dans cette œuvre gigantesque :
a Maintenant que vous avez essuyé tous les ris-
« ques, vaincu toutes les difficultés, surmonté tous les
» obstacles, réglons lescomptes. Je vous ai laissé aller
» tant qu'il n'y a eu que des chances de perte à cou-
D rir, pendant huit ans; aujourd'hui que le succès est
» assuré, je vous arrête. Et comme je pourrais vous
» ruiner en mettant obstacle aux travaux, vous devez
« vous estimer heureux que je consente à vous rem-
« bourser les dépenses faites,—sans plus 1 »
» Que cette doctrine effrontée de la spoliation soit
émise par un gouvernement en Europe, c'est déjà mons-
trueux. Mais qu'un autre gouvernement se présente
pour la faire prévaloir, c'est le comble de l'audace.
* La complicité de l'Angleterre dans la Note turque
du 6 avril est manifeste. Elle résulte des paroles elles-
mêmes prononcées le 15 mai par lord Palmerslon à la
Chambre des communes:
» Le gouvernement de la reine approuve entièrement
» la détermination (relative au canal de Suez), et il a
» assuré le sultan qu'il recevra, ainsi que le pacha,
» l'appui le :plus énergique et le plus actif de l'Angle-
» terre pour donner force à ce qui est évidemment une
« loi convenable à tout l'empire. »
» C'est, comme on le voit, le couronnement et la con-
clusion de l'intrigue anglaise dont nous avons déroulé
les manœuvres. Le3 moyens importent peu en telles
affaires, c'est la fin qui est tout. La fin, c'est la dépos-
session de la Compagnie du canal de Suez. 1
» Les prétextes dont on cherche à colorer cette dé-
possession sont dérisoires, et ne valent pas la peine
qu'un les réfute.
» Le principe de la neutralité du canal, qui le contes-
te ? Avons-nom dans l'isthme un seul point réservé où
flotte notre drapeau?
» Il existe en Egypte, comme en Angleterre et en
France, un service public obligatoire pour une certaine
catégorie d'individus. Seulement, ce régime des classes,
au lieu de s'appliquer au service naval, comme en An-
gleterre, ou bien à la guerre et à la marine, comme en
France, s'applique aux travaux publics en Egypte :
l'inscription, au lieu de se faire en vue de la mer et
jusqu'à épuisement de forces de l'inscrit, se fait en vue
du désert, et seulement pour un mois^par an.
» Ce n'est point là ce qu'on nomme la corvée, quoi
qu'en dise lord Palmerston ; et,^d'ailleurs, cela ne re-
garde point la Compagnie du canal de Suez, mais bien
le vice-roi d'Égypte chargé de fournir à la Compagnie
les quatre cinquièmes de travailleurs indigènes, aux
conditions où les travaux publics s'exécutent en
Égypte.
» Que la Turquie, et surtout l'Angleterre, puissent
intervenir dans l'administration intérieure de l'Égypte,
dont les traités ont garanti les libres pratiques, cela
est plus que douteux. Mais ce qui ne l'est pas, c'est
que le vice roi soit obligé de tenir les engagements
pris par lui vis-à-vis de la Compagnie, engagements
qu'il se déclare, d'ailleurs, disposé à exécuter.
» Reste la dernière objection, ou plutôt le dernier
prétexte. La Compagnie peut vouloir livrer à la colo-
nisation européenne les terrains de l'isthme qu'elle a
conquis sur le désert, ce qui déplaît à la souveraineté
de la Porte et menace la sécurité de l'Égypte.
» Il est vrai que la Compagnie a fondé deux villes à
l'entrée et dans l'intérieur de l'isthme : Port-Saïd et
Timsah ou lsmaïla. Des Européens y ont été installés,
et il en viendra d'autres évidemment, heureusement
pour les nécessités de la navigation et du commerce.
Mais n'y a-t-il donc pas d'étrangers au Caire et à
Alexandrie? La souveraineté de la Porte et l'indépen-
dance de l'Égypte s'en trouvent-elles atteintes?
» Quant aux terrains de colonisation proprement dits,
ils sont exclusivement livrés aux cultivateurs indigè-
nes, et par cette excellente raison que les colons euro-
péens ne pourraient pas s'y acclimater.
» La note turque du 6 avril n'est donc qu'une mau-
vaise chicane. C'est une querelle de Byzantin mêlé
d'Anglais. C'est à la France qu'il appartient d'en faire
justice.
» Rappelons, en finissant, un mot dit à Napoléon III
par un grand banquier :
u — Sire, en 1856, on ne connaissait à Constantinople
D que le Napoléon de France; on ne connaît aujour-
D d hui que le souverain d'Angleterre. »
» Cela explique le succès de l'intrigue anglaise, le
6 avril dernier.
» Prenons garde, si nous laissons sacrifier la Compa-
gnie de Suez, qu'il nous arrive à Alexandrie ce qui
nous est arrivé à Constantinople. » FR. DUCUING.
Le Moniteur industriel.
La misère en Irlande.
Après avoir constaté la manière dont est traité le
fellah sur les travaux de l'isthme, le Moniteur in-
dustriel compare en ces termes la condition du tra-
vailleur égyptien et celle du travailleur anglais et
surtout irlandais :
« Nous avons, dans notre dernier numéro, donné quel-
que idée de la situation des classes ouvrières en Angle-
terre par quelques extraits d'un discours parlementaire
qui n'ont pu être contredits ni dans la Chambre des
communes ni dans la presse. On y a vu jusqu'à l'orga-
nisation du trafic de la chair ouvrière, la vente et l'achat
des apprentis, et M. Dickens nous a aussi raconté les
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.89%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.89%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 26/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203247q/f26.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203247q/f26.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203247q/f26.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203247q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203247q
Facebook
Twitter