Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
200 L'ISTHME DE SUEZ.
vons pas de raison de supposer que cette espérance soit
justifiée. La dépêche porte des marques d'avoir été pré-
parée avec grande délibération et avec une confiance
bien fondée, que le respect qu'elle réclame pour l'auto-
rité du sultan ne peut lui être refusé par aucun allié
sincère. Mais si les promoteurs du canal de Suez bor-
nent leurs désirs au simple objet d'exécuter ce que l'on
considère eomme un grand travail d'utilité publique et
profitable évidemment pour eux-mêmes, il n'y a pas
de raisons pour qu'ils soient découragés par la correc-
tion qui leur est infligée.Le gouvernement du sultan leur
offre des termes meilleurs qu'ils n'avaient le droit d'en
attendre, après avoir méconnu la condition fondamen-
tale de la nécessité d'obtenir sa sanction préalable. Il
leur rendra l'argent qu'ils ont dépensé en échange de
la renonciation de tous les droits qu'ils peuvent avoir
acquis, et ensuite, de concert avec le vice-roi, il
entreprendra la poursuite de l'ouvrage. Cette proposition
suffit pour écarter tout désappointement trop poignant,
si l'objet de l'entreprise est simplement celui qu'elle
s'est attribué, c'est-à-dire les intérêts du commerce et de
la civilisation. On ne peut tenir aucun compte public
de tout autre motif ultérieur qui serait caché ou dénié;
mais l'opinion impartiale de l'Europe honorera le gou-
vernement turc pour avoir maintenu ses prérogatives
avec la dignité qui lui convient et s'être loyalement in -
terposé entre les intérêts en conflit de ses alliés. »
Voici, de plus, comment le correspondant que le
Manchister Guardian entretient à Londres, et qui natu-
rellement est comme lui l'écho de la région officielle
où il va chercher ses inspirations, définit et qualifie,
la situation que l'envoi et la publication de la note
font à la France et au gouvernement français. Après
avoir rapidement indiqué les conditions impossibles
auxquelles les ministres turcs attachent la continua-
tion du canal, après avoir surtout insisté sur l'inter-
diction du travail obligatoire en Égypte, interdiction
dont il nous donne sans vergogne le secret en ajou-
tant qu'elle rendrait la poursuite des ouvrages inexécu-
table , le confident de lord Palmerston continue en
ces termes :
« Tout cela est une rebuffade très-mortifiante pour
M. de Lesseps et le gouvernement français, comme sou-
tenant un projet qui à leurs yeux a toujours été plus
politique que commercial, et cependant le gouverne-
ment français peut difficilement agir en cette question
contre le sultan avec quelque décence. Aussi ce coup
est regardé par les amis des Turcs ici comme un coup
de maître, et le sultan et ses habiles ministres Fuad et
Aali sont hautement glorifiés pour le courage et la dex-
térité avec lesquels ils ont manipulé l'affaire. Elle peut
avoir de très- sérieuses conséquences dans l'Orient, et
modifier profondément les relations entre la France et
la Porte. Sir Henry Bulwer doit bien rire de la déconfi-
ture du marquis de Moutier (l'ambassadeur de France),
et comme la principale affaire des ambassadeurs à
Constantinople est de comploter les uns contre les au-
tres, ceci peut être considéré par l'ambassade anglaise
comme une grande victoire. » -
Ce sontlà du moins des aveux clairs et qui peuvent se
passer de commentaires. Il paraît d'un autre côté que la
vive plaisanterie du Charivari asur latragi-comédie an-
glo-turque, a pénétré l'épiderme de nos voisins, et un
journal de Londres a essayé d'y opposer des représail-
lles de la même nature ; mais il nous semble manier
moins légèrement ces armes délicates, et nous
croyons que sa réponse est plutôt une confirmation
qu'une réfutation des interprétations malicieuses du
petit journal français. Nos lecteurs d'ailleurs en ju-
geront; car leur ayant soumis l'attaque, notre sincé-
rité nous prescrit de leur communiquer la défense.
Illustrated London News. — « S'il semble désira-
ble aux autorités françaises de détourner des élec-
tions l'opinion publique vers quelque sujet étran-
ger, une excellente occasion est offerte à ceux qui
cherchent des thèmes pour les journaux. Lea gouverne,
ments de France et d'Angleterre se comprennent trop
bien pour craindre qu'aucune discussion de la presse
puisse jeter du froid entre eux, et un petit senti-
ment anti-anglais pourrait être excité sans détriment
particulier pour les relations des deux pays. Le sultan
a virtuellement arrêté le canal de Suez. Qui peut en
être blâmé si ce n'est la perfide Angleterre, dont le
ministre hautain s'est toujours déclaré hostile à ce
projet, conçu pour le bien de l'humanité en général et
de M. de Lesseps en particulier? Quoique lord Stratford
de Redcliffe ne soit plus à Constantinople, son man-
teau est tombé sur les épaules de sir Henry Bulwer,
et cet artificieux diplomate ne s'est pas rendu pour
rien à bord du vaisseau du padishah, sous prétexte
de parler à Fuad-Pacha. Les dernières paroles du mal-
faisant Anglais insinuées dans l'oreille du sultan ont
été : « Écrasez de Lesseps. »
» Nous avons triomphé, d'après les organes des cou-
peurs de l'isthme. Mais on doit admettre que nous
avons triomphé de la manière la plus gracieuse, et
que nous avons si bien déguisé la subtilité de nos
projets que personne n'eût découvert notre interven-
tion si une pénétration surnaturelle n'avait percé
nos mauvais desseins. Le sultan, notre complice, a agi
avec tant de droiture apparente, tant de dignité et de
franchise que le monde ne peut voir en lui qu'un sou-
verain connaissant ses devoirs envers une partie de ses
États, et les remplissant d'une façon ouverte et patrio-
tique. Il faut le microscope oxyhydrogène, avec un
verre grossissant en plus, pour découvrir l'agence se-
crète par laquelle Sa Majesté a été mise en mouvement.
Il est vrai que l'ambassadeur anglais a prétendu ne
point voir la nécessité de la coûteuse expédition du
sultan en Égypte; bien plus, dans la bassesse d'une
noire hypocrisie, il a affecté de croire que Sa Majesté
ferait bien de rester à Stamboul jusqu'à l'arrangement
des questions sérieuses qui intéressaient ses provinces
européennes. Mais c'était là la perfidie bien connue
de la nation anglaise, qui ne dit jamais ce qu'elle
pense. Sir Bulwer avait résolu de faire partir le sultan,
et il savait bien dans quelle pensée Sa Majesté par-
tait. La grossière et criarde presse d'Angleterre peut
vons pas de raison de supposer que cette espérance soit
justifiée. La dépêche porte des marques d'avoir été pré-
parée avec grande délibération et avec une confiance
bien fondée, que le respect qu'elle réclame pour l'auto-
rité du sultan ne peut lui être refusé par aucun allié
sincère. Mais si les promoteurs du canal de Suez bor-
nent leurs désirs au simple objet d'exécuter ce que l'on
considère eomme un grand travail d'utilité publique et
profitable évidemment pour eux-mêmes, il n'y a pas
de raisons pour qu'ils soient découragés par la correc-
tion qui leur est infligée.Le gouvernement du sultan leur
offre des termes meilleurs qu'ils n'avaient le droit d'en
attendre, après avoir méconnu la condition fondamen-
tale de la nécessité d'obtenir sa sanction préalable. Il
leur rendra l'argent qu'ils ont dépensé en échange de
la renonciation de tous les droits qu'ils peuvent avoir
acquis, et ensuite, de concert avec le vice-roi, il
entreprendra la poursuite de l'ouvrage. Cette proposition
suffit pour écarter tout désappointement trop poignant,
si l'objet de l'entreprise est simplement celui qu'elle
s'est attribué, c'est-à-dire les intérêts du commerce et de
la civilisation. On ne peut tenir aucun compte public
de tout autre motif ultérieur qui serait caché ou dénié;
mais l'opinion impartiale de l'Europe honorera le gou-
vernement turc pour avoir maintenu ses prérogatives
avec la dignité qui lui convient et s'être loyalement in -
terposé entre les intérêts en conflit de ses alliés. »
Voici, de plus, comment le correspondant que le
Manchister Guardian entretient à Londres, et qui natu-
rellement est comme lui l'écho de la région officielle
où il va chercher ses inspirations, définit et qualifie,
la situation que l'envoi et la publication de la note
font à la France et au gouvernement français. Après
avoir rapidement indiqué les conditions impossibles
auxquelles les ministres turcs attachent la continua-
tion du canal, après avoir surtout insisté sur l'inter-
diction du travail obligatoire en Égypte, interdiction
dont il nous donne sans vergogne le secret en ajou-
tant qu'elle rendrait la poursuite des ouvrages inexécu-
table , le confident de lord Palmerston continue en
ces termes :
« Tout cela est une rebuffade très-mortifiante pour
M. de Lesseps et le gouvernement français, comme sou-
tenant un projet qui à leurs yeux a toujours été plus
politique que commercial, et cependant le gouverne-
ment français peut difficilement agir en cette question
contre le sultan avec quelque décence. Aussi ce coup
est regardé par les amis des Turcs ici comme un coup
de maître, et le sultan et ses habiles ministres Fuad et
Aali sont hautement glorifiés pour le courage et la dex-
térité avec lesquels ils ont manipulé l'affaire. Elle peut
avoir de très- sérieuses conséquences dans l'Orient, et
modifier profondément les relations entre la France et
la Porte. Sir Henry Bulwer doit bien rire de la déconfi-
ture du marquis de Moutier (l'ambassadeur de France),
et comme la principale affaire des ambassadeurs à
Constantinople est de comploter les uns contre les au-
tres, ceci peut être considéré par l'ambassade anglaise
comme une grande victoire. » -
Ce sontlà du moins des aveux clairs et qui peuvent se
passer de commentaires. Il paraît d'un autre côté que la
vive plaisanterie du Charivari asur latragi-comédie an-
glo-turque, a pénétré l'épiderme de nos voisins, et un
journal de Londres a essayé d'y opposer des représail-
lles de la même nature ; mais il nous semble manier
moins légèrement ces armes délicates, et nous
croyons que sa réponse est plutôt une confirmation
qu'une réfutation des interprétations malicieuses du
petit journal français. Nos lecteurs d'ailleurs en ju-
geront; car leur ayant soumis l'attaque, notre sincé-
rité nous prescrit de leur communiquer la défense.
Illustrated London News. — « S'il semble désira-
ble aux autorités françaises de détourner des élec-
tions l'opinion publique vers quelque sujet étran-
ger, une excellente occasion est offerte à ceux qui
cherchent des thèmes pour les journaux. Lea gouverne,
ments de France et d'Angleterre se comprennent trop
bien pour craindre qu'aucune discussion de la presse
puisse jeter du froid entre eux, et un petit senti-
ment anti-anglais pourrait être excité sans détriment
particulier pour les relations des deux pays. Le sultan
a virtuellement arrêté le canal de Suez. Qui peut en
être blâmé si ce n'est la perfide Angleterre, dont le
ministre hautain s'est toujours déclaré hostile à ce
projet, conçu pour le bien de l'humanité en général et
de M. de Lesseps en particulier? Quoique lord Stratford
de Redcliffe ne soit plus à Constantinople, son man-
teau est tombé sur les épaules de sir Henry Bulwer,
et cet artificieux diplomate ne s'est pas rendu pour
rien à bord du vaisseau du padishah, sous prétexte
de parler à Fuad-Pacha. Les dernières paroles du mal-
faisant Anglais insinuées dans l'oreille du sultan ont
été : « Écrasez de Lesseps. »
» Nous avons triomphé, d'après les organes des cou-
peurs de l'isthme. Mais on doit admettre que nous
avons triomphé de la manière la plus gracieuse, et
que nous avons si bien déguisé la subtilité de nos
projets que personne n'eût découvert notre interven-
tion si une pénétration surnaturelle n'avait percé
nos mauvais desseins. Le sultan, notre complice, a agi
avec tant de droiture apparente, tant de dignité et de
franchise que le monde ne peut voir en lui qu'un sou-
verain connaissant ses devoirs envers une partie de ses
États, et les remplissant d'une façon ouverte et patrio-
tique. Il faut le microscope oxyhydrogène, avec un
verre grossissant en plus, pour découvrir l'agence se-
crète par laquelle Sa Majesté a été mise en mouvement.
Il est vrai que l'ambassadeur anglais a prétendu ne
point voir la nécessité de la coûteuse expédition du
sultan en Égypte; bien plus, dans la bassesse d'une
noire hypocrisie, il a affecté de croire que Sa Majesté
ferait bien de rester à Stamboul jusqu'à l'arrangement
des questions sérieuses qui intéressaient ses provinces
européennes. Mais c'était là la perfidie bien connue
de la nation anglaise, qui ne dit jamais ce qu'elle
pense. Sir Bulwer avait résolu de faire partir le sultan,
et il savait bien dans quelle pensée Sa Majesté par-
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