Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
na -. L'ISTHME DK SUEZ.
BÙCÎ, Les vingt mille fellahs par mois, qui arrivent nu
canal, ont une besogne limitée: ils ne sont retenus
que vingt jours, sont exactement payés, mieux nourris
que chez eux, jamais soumis à des châtiments corpo-
rels, et des ambulances gratuites sont établies à leur
usage. La mortalité est moindre parmi les travailleurs
de l'isthme de Suez que dans le reste de l'Egypte. Ils
rentrent chez eux avec un petit pécule, avec des idées
d'équité qui les relèvent à leurs propres yeux et aux-
quelles ils ne sont pas accoutumés, avec des habitudes
de discipline et d'ordre dont l'impression ne demeure
pas inutile à leur vie.
» Voilà ce qu'est en réalité le travail forcé de l'isthme
de Suez. Nous souhaitons que rien de plus pesant ne se
rencontre dans les travaux publics de la Turquie et de
l'indoustan, et même parmi les apprentis des indus-
triels de l'Angleterre.
Ce qui parait le plus énorme à la dépêche turque,
c'est, la concession des terrains qui environnent les ca-
naux. « Nous pensons, dit-elle, qu'il n'y a pas un gou-
» vernement, ayant quelque sentiment de son indépen-
» dance et de ses devoirs, qui puisse souscrire à une
» transaction de cette nature. » Que de choses s'offri-
raient ici à notre esprit 1 La dépêche turque s'imagine-
t elle que les sultans ont toujours été les maîtres dans
toutes les parties de leur empire, comme les rois de
France ou d'Espagne l'étaient dans leurs Etats, comme
les souverains actuels de l'Europe sont maîtres chez
eux? Ne sait-elle pas que, de tout temps, la souverai-
neté ottomane n'a été que nominale sur beaucoup de
points? Le padischah se contentait de prérogatives et
de tributs, et tout était dit. C'est ce caractère incomplet
de la souveraineté ottomane qui a rendu si facile la
perte successive de tant de provinces. Mais nous n'a-
vons pas besoin de nous placer dans cet ordre d'idées,
et les faits seuls suffisent pour répondre.
» Qu'est-ce que c'est que la Compagnie universelle
du canal maritime de Suez? C'est une association égyp-
tienne ; son siège social est à Alexandrie. Les conces-
sions dont la dépêche fait tant de bruit, que sont-elles?
Sont-ce des droits de propriété ? Pas du tout. La pro-
priété n'existe pas dans l'empire ottoman: on n'y con-
naît que « la jouissance. » La Compagnie du canal de
Suez « jouit. des terrains pendant la durée de la con-
cession, qui est de quatre-vingt-dix-neuf ans. Passé ce
terme, terrains et canaux rentrent dans la possession
du gouvernement égyptien. Cela ne ressemble pas à
une invasion, pas plus que la jouissance des terrains
concédés à des compagnies anglaises pour le chemin
de fer de Kustendjé et de Smyrne. Port-Saïd et Timsali
ne sont que des centres de travailleurs ; on n'y connaît
d'occupation étrangère, Ismaïl vient de faire de l'isthme
de Suez une province égyptienne avec un gouverne-
ment spécial. Dans tous les pays d'Europe, en Algérie,
en Amérique, des compagnies venues du dehors re-
çoivent des concessions : l'indépendance du pouvoir n'en
est pas atteinte.
Les susceptibilités de la Sublime Porte pour des
concessions faites dans ce pays d'Egypte, qui ne con-
nut que la suzeraineté du sulî.ji, gont d'un genre
tout nouveau ; nous les trouvons bien autrement « in.
adinissib es * que les clauses ainsi qualifiées par la
dépêche, ces clauses dont la convenance et l'équité de-
meurent inattaquables. Les prétextes auxquels on s'ef-
force de donner la couleur de griefs, tombent devant
l'examen, et ce que l'impertinence turque appelle un
« projet de contrat » est un contrat régulier, définitif,
exécuté fidèlement et complètement.
» Nous pourrions nous étendre plus encore, si nous
voulions peindre, dans leurs petits et misérables dé-
tails, les oppositions secrètement persévérantes et les
intrigues britanniques ! C'est au nom de l'indépendance
du sultan que l'Angleterre entend justifier son attitude,
et, par tous ses actes, elle s'efforce de lui imposer des
décisions ! elle prêche le respect des droits de celui
dont elle prétend faire l'instrument de sa politique.
L'Angleterre voudrait faire du sultan un je ne sais quoi
qui régnerait et ne gouvernerait pas, et dont elle se-
rait le tout-puissant premier ministre : nous sommes
bien forcé d'avouer que, depuis quelque temps, elle
n'y réussit pas mal.
» L'épreuve est la marque même des grandes choses ;
notre siècle n'aura rien vu de plus grand que le perce-
ment de l'isthme de Suez, d'où sortiront pour le mon je
de nouvelles destinées ; l'œuvre devait être laborieuse
et agitée. L'entreprise est si belle que nul hommage
ne lui a manqué. Lorsque le descendant de nos rois
cherchait en Egypte les traces glorieuses de la France
et de son ancêtre saint Louis, il voulut se rendre aux
lieux mêmes où s'ouvre la voie qui unira les deux mers:
« Messieurs, disait-il en débarquant àPort-SaïJ, ce n'est
» pas seulement un actionnaire, c'est un Français qui
» vient visiter vos travaux. » Et l'auguste voyageur
s'enquérait de l'entreprise avec cet intérêt vif et pro-
fond que lui inspire toute grande pensée de civilisation.
L'entreprise du canal de Suez est de celles qui ne re-
doutent pas la discussion ; la dépêche ottomane tour-
nera à son profit. La barbarie turque et l'égoïsme an-
glais voijt de compagnie, mais la civilisation et la
France marchent ensemble, et le canal de Suez s'a-
chèvera. » POUJOUI.AT.
Opinion nationale.
Une intrigue anglaise.
« Le 19 mai 1855 (1), le pacha d'Egypte signait un acte
qui autorisait M. Ferdinand de Lesseps à entreprendre
la coupure de l'isthme de Suez. Cette entreprise était dé-
clarée d'utilité publique.
» Grand émoi en Angleterre. Lord Palmerston s'em-
pressa de déclarer au Parlement que « le projet de canal
D n'avait rien de sérieux ni de raisonnable , et que ce
» n'était autre chose qu'un complot pour livrer sous ce
» couvert l'Egypte à la France, etc. »
» C'est sur ces entrefaites que la souscription aux ac-
(l) C'est une erreur de date qui s'est glissée aussi dans notre
dernier numéro. Le premier acte de concession est du 30 novembre
1854. Le second acte, l'acte définitif est da 5 janvier 1856. E. D.
BÙCÎ, Les vingt mille fellahs par mois, qui arrivent nu
canal, ont une besogne limitée: ils ne sont retenus
que vingt jours, sont exactement payés, mieux nourris
que chez eux, jamais soumis à des châtiments corpo-
rels, et des ambulances gratuites sont établies à leur
usage. La mortalité est moindre parmi les travailleurs
de l'isthme de Suez que dans le reste de l'Egypte. Ils
rentrent chez eux avec un petit pécule, avec des idées
d'équité qui les relèvent à leurs propres yeux et aux-
quelles ils ne sont pas accoutumés, avec des habitudes
de discipline et d'ordre dont l'impression ne demeure
pas inutile à leur vie.
» Voilà ce qu'est en réalité le travail forcé de l'isthme
de Suez. Nous souhaitons que rien de plus pesant ne se
rencontre dans les travaux publics de la Turquie et de
l'indoustan, et même parmi les apprentis des indus-
triels de l'Angleterre.
Ce qui parait le plus énorme à la dépêche turque,
c'est, la concession des terrains qui environnent les ca-
naux. « Nous pensons, dit-elle, qu'il n'y a pas un gou-
» vernement, ayant quelque sentiment de son indépen-
» dance et de ses devoirs, qui puisse souscrire à une
» transaction de cette nature. » Que de choses s'offri-
raient ici à notre esprit 1 La dépêche turque s'imagine-
t elle que les sultans ont toujours été les maîtres dans
toutes les parties de leur empire, comme les rois de
France ou d'Espagne l'étaient dans leurs Etats, comme
les souverains actuels de l'Europe sont maîtres chez
eux? Ne sait-elle pas que, de tout temps, la souverai-
neté ottomane n'a été que nominale sur beaucoup de
points? Le padischah se contentait de prérogatives et
de tributs, et tout était dit. C'est ce caractère incomplet
de la souveraineté ottomane qui a rendu si facile la
perte successive de tant de provinces. Mais nous n'a-
vons pas besoin de nous placer dans cet ordre d'idées,
et les faits seuls suffisent pour répondre.
» Qu'est-ce que c'est que la Compagnie universelle
du canal maritime de Suez? C'est une association égyp-
tienne ; son siège social est à Alexandrie. Les conces-
sions dont la dépêche fait tant de bruit, que sont-elles?
Sont-ce des droits de propriété ? Pas du tout. La pro-
priété n'existe pas dans l'empire ottoman: on n'y con-
naît que « la jouissance. » La Compagnie du canal de
Suez « jouit. des terrains pendant la durée de la con-
cession, qui est de quatre-vingt-dix-neuf ans. Passé ce
terme, terrains et canaux rentrent dans la possession
du gouvernement égyptien. Cela ne ressemble pas à
une invasion, pas plus que la jouissance des terrains
concédés à des compagnies anglaises pour le chemin
de fer de Kustendjé et de Smyrne. Port-Saïd et Timsali
ne sont que des centres de travailleurs ; on n'y connaît
de Suez une province égyptienne avec un gouverne-
ment spécial. Dans tous les pays d'Europe, en Algérie,
en Amérique, des compagnies venues du dehors re-
çoivent des concessions : l'indépendance du pouvoir n'en
est pas atteinte.
Les susceptibilités de la Sublime Porte pour des
concessions faites dans ce pays d'Egypte, qui ne con-
nut que la suzeraineté du sulî.ji, gont d'un genre
tout nouveau ; nous les trouvons bien autrement « in.
adinissib es * que les clauses ainsi qualifiées par la
dépêche, ces clauses dont la convenance et l'équité de-
meurent inattaquables. Les prétextes auxquels on s'ef-
force de donner la couleur de griefs, tombent devant
l'examen, et ce que l'impertinence turque appelle un
« projet de contrat » est un contrat régulier, définitif,
exécuté fidèlement et complètement.
» Nous pourrions nous étendre plus encore, si nous
voulions peindre, dans leurs petits et misérables dé-
tails, les oppositions secrètement persévérantes et les
intrigues britanniques ! C'est au nom de l'indépendance
du sultan que l'Angleterre entend justifier son attitude,
et, par tous ses actes, elle s'efforce de lui imposer des
décisions ! elle prêche le respect des droits de celui
dont elle prétend faire l'instrument de sa politique.
L'Angleterre voudrait faire du sultan un je ne sais quoi
qui régnerait et ne gouvernerait pas, et dont elle se-
rait le tout-puissant premier ministre : nous sommes
bien forcé d'avouer que, depuis quelque temps, elle
n'y réussit pas mal.
» L'épreuve est la marque même des grandes choses ;
notre siècle n'aura rien vu de plus grand que le perce-
ment de l'isthme de Suez, d'où sortiront pour le mon je
de nouvelles destinées ; l'œuvre devait être laborieuse
et agitée. L'entreprise est si belle que nul hommage
ne lui a manqué. Lorsque le descendant de nos rois
cherchait en Egypte les traces glorieuses de la France
et de son ancêtre saint Louis, il voulut se rendre aux
lieux mêmes où s'ouvre la voie qui unira les deux mers:
« Messieurs, disait-il en débarquant àPort-SaïJ, ce n'est
» pas seulement un actionnaire, c'est un Français qui
» vient visiter vos travaux. » Et l'auguste voyageur
s'enquérait de l'entreprise avec cet intérêt vif et pro-
fond que lui inspire toute grande pensée de civilisation.
L'entreprise du canal de Suez est de celles qui ne re-
doutent pas la discussion ; la dépêche ottomane tour-
nera à son profit. La barbarie turque et l'égoïsme an-
glais voijt de compagnie, mais la civilisation et la
France marchent ensemble, et le canal de Suez s'a-
chèvera. » POUJOUI.AT.
Opinion nationale.
Une intrigue anglaise.
« Le 19 mai 1855 (1), le pacha d'Egypte signait un acte
qui autorisait M. Ferdinand de Lesseps à entreprendre
la coupure de l'isthme de Suez. Cette entreprise était dé-
clarée d'utilité publique.
» Grand émoi en Angleterre. Lord Palmerston s'em-
pressa de déclarer au Parlement que « le projet de canal
D n'avait rien de sérieux ni de raisonnable , et que ce
» n'était autre chose qu'un complot pour livrer sous ce
» couvert l'Egypte à la France, etc. »
» C'est sur ces entrefaites que la souscription aux ac-
(l) C'est une erreur de date qui s'est glissée aussi dans notre
dernier numéro. Le premier acte de concession est du 30 novembre
1854. Le second acte, l'acte définitif est da 5 janvier 1856. E. D.
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