Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
198 L'ISTHME DE SUEZ,
d'inaugurer sur le territoire du sultan. Elle s'est con-
tentée d'entrer dans certains arrangements préliminaires
avec le défunt pacha d'Égypte, Saïd-Pacha, en les lais-
sant dans cet état informe et incomplet. Pendant ce
temps-là le gouvernement turc a plus d'une fois indi-
qué que ces opérations ne pouvaient être validées sans
sa sanction, et il a signifié que son consentement
ne pourrait être obtenu sur les bases existantes. La
Compagnie Lesseps, toutefois, n'a pas pris garde à ces
avertissements, et la Sublime Porte vient de faire con-
naître aux gouvernements de Francs et d'Angleterre
les seules conditions auxquelles les travaux du canal
de Suez peuvent désormais être poursuivis. L'affaire
est arrivée maintenant à une issue claire et définitive;
et si nous sommes heureux que de la visite du sultan
en Égypte soit résultée cette assertion de ses droits,
nous nous réjouissons encore plus qu'ils aient été exer-
cés dans l'intérêt de l'humanité, en mettant fin au sys-
tème du travail forcé ou, en d'autres termes, d'esclavage
actif par lequel la Compagnie Lesseps a signalé son
entreprise.
» La dépêche d'Aali-Pacha fonde le refus du sultan
à sanctionner cet ouvrage sur trois motifs distincts.
1° Le projet tel qu'il est paraît réclamer une sorte d'in-
dépendance pour le cours d'eau traversant le pays dans
lequel la Compagnie exécute le contrat, ou tout au
moins il tend à ravir sur le canal sa suprême juridiction
au souverain du pays que baigne le canal. 2° Le projet ré-
clame une sorte de souveraineté territoriale sur ses rives
et les terrains attenants, plaçant ainsi une sorte de sou-
veraineté par actions entre les provinces turques de la
Syrie et de l'Égypte. 3° Enfin, le canal doit être exé-
cuté par un système de travail forcé que la Porte est
résolue d'interrompre. Le sultan a donc déterminé
qu'il ne sera permis à la Compagnie de continuer ses
opérations qu'après l'abandon de ces trois classes de
prétentions. On calcule que le système de travail forcé
absorbe et réduit à l'état d'esclavage non moins de
soixante mille personnes. Vingt mille hommes sont
continuellement sur les travaux. Ils sont relevés cha-
que mois par vingt mille autres et obligés de se retirer
chez eux à leurs frais, et souvent à de grandes dis-
tances. On calcule que non moins de quarante mille
hommes sont continuellement en route ou en prépara-
tion afin d'aller prendre part au travail. Ceci n'est
rien moins qu'un système d'esclavage, système con-
servé en opposition directe avec les ordres du pacha
d'Egypte, qui a interdit le système du travail forcé
aussi nettement que le sultan lui-même. Comment
donc, demande la Porte avec une force irrésistible,
pourrait-elle prêter sa sanction, dans une province de
son empire , à des faits de violence systématique
qu'elle ne permettrait pas à ses propres fonctionnaires
de commettre dans le reste de ses territoires.
» Tandis que la Porte fait de l'abandon péremptoire
de ce système une condition de la poursuite de l'en-
treprise par la Compagnie Lesseps, elle requiert aussi
que le canal, dès qu'il sera navigable, soit neutralisé
comme le Bosphore et les Dardanelles, et sa naviga-
tion placée sous l'autorité municipale du sultan. Les
bords et les territoires attenants doivent être aussi
clairement distingués comme faisant de la même ma-
nière qu'autrefois partie du territoire ottoman. Ainsi
sont arrêtées d'un seul coup les prétentions politiques
de la Compagnie Lesseps. Le sultan, toutefois, avec
une générosité admirable, offre à la Compagnie une
alternative à ces conditions. Si elle préfère abandonner
son projet, le gouvernement turc, conjointement avec
l'administration égyptienne , achètera l'intérêt des
actionnaires, rendant à la Compagnie les sommes
qu'elle a dépensées, et entreprendra lui-même de com-
pléter le travail, en supposant qu'il soit exécutable.
» Si la Compagnie Lesseps est une simple entreprise
commerciale, elle saisira probablement cette occasion
d'un .remboursement que ne lui fournira jamais l'achè-
vement du projet. Mais nous soupçonnons que tout
à fait en dehors des intérêts collectifs de la Compagnie
elle-même, trop d'intérêts individuels sont attachès à
la maintenir pour rendre probable une proposition pres-
sante de cette alternative aux victimes déjà souffrantes
de la chimère (bubble) Lesseps. Les Français non plus,
nous le soupçonnons, ne seront pas disposés à retirer
le coin qu'ils ont si adroitement introduit dans les pro-
vinces que cette nation a si longtemps désiré acquérir.
Si la Compagnie toutefois ne peut continuer le canal
comme elle l'entend, elle préférera probablement abdi-
quer les prétentions territoriales absolues qu'elle a
jusqu'ici voulu associer à son entreprise plutôt que
d'abdiquer sa tentative d'introduire par là l'influence
française dans les provinces turques d'Égypte et de
Syrie. »
Manchester Guardian. — Ce journal est dans la
presse des provinces ce qu'est le Morning Post dans
la presse de Londres, l'agent actif, le confident dé-
voué de la politique personnelle de lord Palmerston,
qui n'est pas toujours, il s'en faut, celle de ses col-
lègues. Nous reproduirons donc également dans son
entier, pour la pleine instruction du lecteur, l'article
de ce journal, et on connaîtra alors parfaitement tout
Ce que l'intrigue anglaise se promettait du guet-
apens qu'elle avait ourdi.
« Jusqu'ici la presse française a fait très-peu d'atten-
tion à une publication que l'on pouvait croire devoir
exciter son animadversion et son courroux. Nous igno-
rons si ce silence a été inspiré par un mot d'ordre offi-
ciel prescrivant une indifférence magnanime ou par une
réserve politique jusqu'à ce qu'un mode d'action ait été
résolu ; mais toute prévision raisonnable serait trompée
si nous ne voyions bientôt éclater quelque misérable
manifestation de cette ancienne jalousie avec laquelle
nos voisins regardent la suprématie de l'Angleterre en
Orient.
» Un coup sévère et inattendu, mais pleinement mé-
rité, a été frappé sur l'ambition et la vanité d'une forte
partie du public français politique et commercial. A
l'aide de démonstrations cérémonieuses, réceptions, rap.
ports et autres tours, le projet d'un canal entre la Mé-
d'inaugurer sur le territoire du sultan. Elle s'est con-
tentée d'entrer dans certains arrangements préliminaires
avec le défunt pacha d'Égypte, Saïd-Pacha, en les lais-
sant dans cet état informe et incomplet. Pendant ce
temps-là le gouvernement turc a plus d'une fois indi-
qué que ces opérations ne pouvaient être validées sans
sa sanction, et il a signifié que son consentement
ne pourrait être obtenu sur les bases existantes. La
Compagnie Lesseps, toutefois, n'a pas pris garde à ces
avertissements, et la Sublime Porte vient de faire con-
naître aux gouvernements de Francs et d'Angleterre
les seules conditions auxquelles les travaux du canal
de Suez peuvent désormais être poursuivis. L'affaire
est arrivée maintenant à une issue claire et définitive;
et si nous sommes heureux que de la visite du sultan
en Égypte soit résultée cette assertion de ses droits,
nous nous réjouissons encore plus qu'ils aient été exer-
cés dans l'intérêt de l'humanité, en mettant fin au sys-
tème du travail forcé ou, en d'autres termes, d'esclavage
actif par lequel la Compagnie Lesseps a signalé son
entreprise.
» La dépêche d'Aali-Pacha fonde le refus du sultan
à sanctionner cet ouvrage sur trois motifs distincts.
1° Le projet tel qu'il est paraît réclamer une sorte d'in-
dépendance pour le cours d'eau traversant le pays dans
lequel la Compagnie exécute le contrat, ou tout au
moins il tend à ravir sur le canal sa suprême juridiction
au souverain du pays que baigne le canal. 2° Le projet ré-
clame une sorte de souveraineté territoriale sur ses rives
et les terrains attenants, plaçant ainsi une sorte de sou-
veraineté par actions entre les provinces turques de la
Syrie et de l'Égypte. 3° Enfin, le canal doit être exé-
cuté par un système de travail forcé que la Porte est
résolue d'interrompre. Le sultan a donc déterminé
qu'il ne sera permis à la Compagnie de continuer ses
opérations qu'après l'abandon de ces trois classes de
prétentions. On calcule que le système de travail forcé
absorbe et réduit à l'état d'esclavage non moins de
soixante mille personnes. Vingt mille hommes sont
continuellement sur les travaux. Ils sont relevés cha-
que mois par vingt mille autres et obligés de se retirer
chez eux à leurs frais, et souvent à de grandes dis-
tances. On calcule que non moins de quarante mille
hommes sont continuellement en route ou en prépara-
tion afin d'aller prendre part au travail. Ceci n'est
rien moins qu'un système d'esclavage, système con-
servé en opposition directe avec les ordres du pacha
d'Egypte, qui a interdit le système du travail forcé
aussi nettement que le sultan lui-même. Comment
donc, demande la Porte avec une force irrésistible,
pourrait-elle prêter sa sanction, dans une province de
son empire , à des faits de violence systématique
qu'elle ne permettrait pas à ses propres fonctionnaires
de commettre dans le reste de ses territoires.
» Tandis que la Porte fait de l'abandon péremptoire
de ce système une condition de la poursuite de l'en-
treprise par la Compagnie Lesseps, elle requiert aussi
que le canal, dès qu'il sera navigable, soit neutralisé
comme le Bosphore et les Dardanelles, et sa naviga-
tion placée sous l'autorité municipale du sultan. Les
bords et les territoires attenants doivent être aussi
clairement distingués comme faisant de la même ma-
nière qu'autrefois partie du territoire ottoman. Ainsi
sont arrêtées d'un seul coup les prétentions politiques
de la Compagnie Lesseps. Le sultan, toutefois, avec
une générosité admirable, offre à la Compagnie une
alternative à ces conditions. Si elle préfère abandonner
son projet, le gouvernement turc, conjointement avec
l'administration égyptienne , achètera l'intérêt des
actionnaires, rendant à la Compagnie les sommes
qu'elle a dépensées, et entreprendra lui-même de com-
pléter le travail, en supposant qu'il soit exécutable.
» Si la Compagnie Lesseps est une simple entreprise
commerciale, elle saisira probablement cette occasion
d'un .remboursement que ne lui fournira jamais l'achè-
vement du projet. Mais nous soupçonnons que tout
à fait en dehors des intérêts collectifs de la Compagnie
elle-même, trop d'intérêts individuels sont attachès à
la maintenir pour rendre probable une proposition pres-
sante de cette alternative aux victimes déjà souffrantes
de la chimère (bubble) Lesseps. Les Français non plus,
nous le soupçonnons, ne seront pas disposés à retirer
le coin qu'ils ont si adroitement introduit dans les pro-
vinces que cette nation a si longtemps désiré acquérir.
Si la Compagnie toutefois ne peut continuer le canal
comme elle l'entend, elle préférera probablement abdi-
quer les prétentions territoriales absolues qu'elle a
jusqu'ici voulu associer à son entreprise plutôt que
d'abdiquer sa tentative d'introduire par là l'influence
française dans les provinces turques d'Égypte et de
Syrie. »
Manchester Guardian. — Ce journal est dans la
presse des provinces ce qu'est le Morning Post dans
la presse de Londres, l'agent actif, le confident dé-
voué de la politique personnelle de lord Palmerston,
qui n'est pas toujours, il s'en faut, celle de ses col-
lègues. Nous reproduirons donc également dans son
entier, pour la pleine instruction du lecteur, l'article
de ce journal, et on connaîtra alors parfaitement tout
Ce que l'intrigue anglaise se promettait du guet-
apens qu'elle avait ourdi.
« Jusqu'ici la presse française a fait très-peu d'atten-
tion à une publication que l'on pouvait croire devoir
exciter son animadversion et son courroux. Nous igno-
rons si ce silence a été inspiré par un mot d'ordre offi-
ciel prescrivant une indifférence magnanime ou par une
réserve politique jusqu'à ce qu'un mode d'action ait été
résolu ; mais toute prévision raisonnable serait trompée
si nous ne voyions bientôt éclater quelque misérable
manifestation de cette ancienne jalousie avec laquelle
nos voisins regardent la suprématie de l'Angleterre en
Orient.
» Un coup sévère et inattendu, mais pleinement mé-
rité, a été frappé sur l'ambition et la vanité d'une forte
partie du public français politique et commercial. A
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