Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1863 15 mai 1863
Description : 1863/05/15 (A8,N166). 1863/05/15 (A8,N166).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203245w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
166
L'ISTHME DE SUEZ,
genre que ce soit peuvent être exportées par la France,
la Suisse et l'Italie, et peuvent être données dans l'Inde
aux sujets de la reine à plus bas prix que les denrées
anglaises de même qualité ou de qualité inférieure, de
quel droit le pouvoir exécutif en Angleterre viendrait-
il priver les sujets de la reine des avantages qui pour-
raient leur être offerts de cette façon?
» Mais ce n'est pas dans la paix, dit-on, qu'il y a le
plus de danger : le danger le plus formidable qu'on
redoute est en cas de guerre.
« Il me semble que toute la question est de savoir si
l'Angleterre conservera ou ne conservera pas la domi-
nation des mers, dans le cas où par malheur la guerre
viendrait à éclater. Si l'Angleterre doit cesser de domi-
ner les mers, il n'y a pas le moindre doute que l'on
enverrait des troupes par l'Égypte, si l'on avait le pro-
jet d'envahir les Indes. Mais est-ce que les troupes ne
pourraient pas être transportées en chemin de fer?
(Écoutez!) N'est-ce pas un mode de passage dont nous
nous sommes servis l'année dernière? et est-il indis-
pensable de faire un canal par l'isthme pour faire trans-
porter des troupes à travers l'Égypte ? (Ecoutez ! écou-
tez!) Si cependant nous gardons la possession des mers,
tout danger s'évanouit, et nous n'y serions pas plus ex-
posés avec un canal que nous ne le sommes dans les
conditions actuelles. (Ecoutez! écoutez 1) Je puis rappe-
ler à la Chambre que les bouches du Nil et les envi-
rons d'Alexandrie sont des lieux où la bravoure anglaise
a fait ses preuves, et de tels résultats' ne doivent pas
nous porter à craindre beaucoup l'avenir. J'apprécie
très-haut la force de l'argument qu'a exposé le très-ho-
norable représentant de l'Université d'Oxford (M. GLAD-
STONE); l'opposition faite à ce projet est de nature à en-
tretenir l'opinion, trop répandue sur le continent de
l'Europe, que, poussés par nos intérêts égoïstes et notre
jalousie commerciale, nous sommes prêts à sacrifier ou
à entraver le commerce de toutes les autres nations. Je
crois que cette accusation n'est pas juste ; mais je ne
voudrais pas qu'elle pût devenir exacte, et j'ai la con-
fiance que la Chambre acceptera la motion de l'hono-
rable et docte membre, et en l'adoptant, nous montre-
rons que, pour ce sujet du moins, nous sommes prêts
à nous entendre avec le reste du monde, et que nous
ne cherchons pas à satisfaire des vues égoïstes. »
CHRONIQUE DE L'ISTHME
Nos nouvelles d'Égypte ne vont pas au-delà des
premiers jours de mai. A cette époque, les esprits
étaient tous occupés de la prochaine arrivée du
prince Napoléon. Le vice-roi, d'accord avec M. F. de
Lesseps, avait tout préparé pour offrir au prince une
hospitalité digne de l'un et de l'autre. A cette occa-
sion, Son Altesse avait fait don à M. de Lesseps de
quinze dromadaires dont ce dernier avait l'intention
de gratifier à son tour la Compagnie après qu'ils
auraient servi à l'emploi auquel ils sont destinés
dans les intentions du vice-roi.
Tout était à la fois tranquille et actif sur la ligne,
du canal. Les travaux partout se poursuivaient avec
ardeur et sans interruption. Les contingents se
succédaient et se partageaient entre la tranchée du
seuil du Sérapéum et les travaux du canal d'eau
douce, avançant toujours vers Suez.
Nous pensons que nos lecteurs nous sauront bon
gré de leur communiquer les détails que nous adresse
notre correspondant sur cette partie de l'isthme dans
une lettre datée de Dgebel-Chebrewet, le 25 avril.
« Me voici en pleins lacs Amers, campé au pied
de Dgebel-Geneffé, près d'un pic nommé Chebrewet.
C'est de là que je vous écris ces quelques lignes, que
je vous prie de regarder plutôt comme des notes
que comme une correspondance. Accompagné d'un
visiteur qui se rend à Suez par le désert, j'ai fait
ma route en barque jusqu'aux lacs Amers, non
loin de la montagne qui, au sud, me barre la vue
de la tente où je trace ces mots. Comprenez-vous?
venir en barque aux lacs Amers ; naviguer le long
de ces monts, qui, depuis des siècles, sont plongés
dans la solitude, et dont les échos étonnés se réveil-
lent aux chants joyeux des raïs arabes ! Et puis son-
gez donc! l'eau douce aux lacs Amers, à 500 mètres
des bancs de sel, s'étendant à perte de vue dans une
vallée toujours humide ! Autour de moi une plaine
charmante, une chaîne de montagnes dominant le
bassin des lacs et qui s'élève sur un sol ferme qu'il
faut attaquer avec la pioche; un campement riant et
agréablement situé; au centre, l'ambulance, et de
tous côtés des tentes, et encore des tentes !
.) Un peu en avant vers Suez est celle du chef de
section, comme pour donner le signal du départ et
aussi pour exercer sur tous les détails des travaux
une surveillance plus vigilante. De l'autre côté, et
comme à l'arrière-garde, les magasins approvision-
nés pour toute la campagne qui va s'ouvrir.
» Partis d'Ismaïlia à midi, nous devions aller
prendre le canal à la jonction, à Nefiche. Déjà une
première fois je vous ai dit ce que j'avais éprouvé
lorsque je vins à Ismaïlia par le canal de Zagazig;
je vous ai dit quelles avaient été ma surprise
et mon admiration à la vue de ces berges soli-
des et pouvant résister à l'action des vents du
désert; je m'extasiais sur la beauté de ces résultats.
Mais aujourd'hui je ne sais véritablement comment
vous dépeindre tout ce que j'ai éprouvé durant cette
traversée de quatre heures.D'abord c'est la superbe pro-
priété de Bir-Abou-Ballah, conquise sur le désert, avec
ses vastes plaines vertes et ses champs de luzerne.
Ici, des Arabes se rendant sur les travaux côtoient
la rive en chantant, et suivent pendant quelques mi-
L'ISTHME DE SUEZ,
genre que ce soit peuvent être exportées par la France,
la Suisse et l'Italie, et peuvent être données dans l'Inde
aux sujets de la reine à plus bas prix que les denrées
anglaises de même qualité ou de qualité inférieure, de
quel droit le pouvoir exécutif en Angleterre viendrait-
il priver les sujets de la reine des avantages qui pour-
raient leur être offerts de cette façon?
» Mais ce n'est pas dans la paix, dit-on, qu'il y a le
plus de danger : le danger le plus formidable qu'on
redoute est en cas de guerre.
« Il me semble que toute la question est de savoir si
l'Angleterre conservera ou ne conservera pas la domi-
nation des mers, dans le cas où par malheur la guerre
viendrait à éclater. Si l'Angleterre doit cesser de domi-
ner les mers, il n'y a pas le moindre doute que l'on
enverrait des troupes par l'Égypte, si l'on avait le pro-
jet d'envahir les Indes. Mais est-ce que les troupes ne
pourraient pas être transportées en chemin de fer?
(Écoutez!) N'est-ce pas un mode de passage dont nous
nous sommes servis l'année dernière? et est-il indis-
pensable de faire un canal par l'isthme pour faire trans-
porter des troupes à travers l'Égypte ? (Ecoutez ! écou-
tez!) Si cependant nous gardons la possession des mers,
tout danger s'évanouit, et nous n'y serions pas plus ex-
posés avec un canal que nous ne le sommes dans les
conditions actuelles. (Ecoutez! écoutez 1) Je puis rappe-
ler à la Chambre que les bouches du Nil et les envi-
rons d'Alexandrie sont des lieux où la bravoure anglaise
a fait ses preuves, et de tels résultats' ne doivent pas
nous porter à craindre beaucoup l'avenir. J'apprécie
très-haut la force de l'argument qu'a exposé le très-ho-
norable représentant de l'Université d'Oxford (M. GLAD-
STONE); l'opposition faite à ce projet est de nature à en-
tretenir l'opinion, trop répandue sur le continent de
l'Europe, que, poussés par nos intérêts égoïstes et notre
jalousie commerciale, nous sommes prêts à sacrifier ou
à entraver le commerce de toutes les autres nations. Je
crois que cette accusation n'est pas juste ; mais je ne
voudrais pas qu'elle pût devenir exacte, et j'ai la con-
fiance que la Chambre acceptera la motion de l'hono-
rable et docte membre, et en l'adoptant, nous montre-
rons que, pour ce sujet du moins, nous sommes prêts
à nous entendre avec le reste du monde, et que nous
ne cherchons pas à satisfaire des vues égoïstes. »
CHRONIQUE DE L'ISTHME
Nos nouvelles d'Égypte ne vont pas au-delà des
premiers jours de mai. A cette époque, les esprits
étaient tous occupés de la prochaine arrivée du
prince Napoléon. Le vice-roi, d'accord avec M. F. de
Lesseps, avait tout préparé pour offrir au prince une
hospitalité digne de l'un et de l'autre. A cette occa-
sion, Son Altesse avait fait don à M. de Lesseps de
quinze dromadaires dont ce dernier avait l'intention
de gratifier à son tour la Compagnie après qu'ils
auraient servi à l'emploi auquel ils sont destinés
dans les intentions du vice-roi.
Tout était à la fois tranquille et actif sur la ligne,
du canal. Les travaux partout se poursuivaient avec
ardeur et sans interruption. Les contingents se
succédaient et se partageaient entre la tranchée du
seuil du Sérapéum et les travaux du canal d'eau
douce, avançant toujours vers Suez.
Nous pensons que nos lecteurs nous sauront bon
gré de leur communiquer les détails que nous adresse
notre correspondant sur cette partie de l'isthme dans
une lettre datée de Dgebel-Chebrewet, le 25 avril.
« Me voici en pleins lacs Amers, campé au pied
de Dgebel-Geneffé, près d'un pic nommé Chebrewet.
C'est de là que je vous écris ces quelques lignes, que
je vous prie de regarder plutôt comme des notes
que comme une correspondance. Accompagné d'un
visiteur qui se rend à Suez par le désert, j'ai fait
ma route en barque jusqu'aux lacs Amers, non
loin de la montagne qui, au sud, me barre la vue
de la tente où je trace ces mots. Comprenez-vous?
venir en barque aux lacs Amers ; naviguer le long
de ces monts, qui, depuis des siècles, sont plongés
dans la solitude, et dont les échos étonnés se réveil-
lent aux chants joyeux des raïs arabes ! Et puis son-
gez donc! l'eau douce aux lacs Amers, à 500 mètres
des bancs de sel, s'étendant à perte de vue dans une
vallée toujours humide ! Autour de moi une plaine
charmante, une chaîne de montagnes dominant le
bassin des lacs et qui s'élève sur un sol ferme qu'il
faut attaquer avec la pioche; un campement riant et
agréablement situé; au centre, l'ambulance, et de
tous côtés des tentes, et encore des tentes !
.) Un peu en avant vers Suez est celle du chef de
section, comme pour donner le signal du départ et
aussi pour exercer sur tous les détails des travaux
une surveillance plus vigilante. De l'autre côté, et
comme à l'arrière-garde, les magasins approvision-
nés pour toute la campagne qui va s'ouvrir.
» Partis d'Ismaïlia à midi, nous devions aller
prendre le canal à la jonction, à Nefiche. Déjà une
première fois je vous ai dit ce que j'avais éprouvé
lorsque je vins à Ismaïlia par le canal de Zagazig;
je vous ai dit quelles avaient été ma surprise
et mon admiration à la vue de ces berges soli-
des et pouvant résister à l'action des vents du
désert; je m'extasiais sur la beauté de ces résultats.
Mais aujourd'hui je ne sais véritablement comment
vous dépeindre tout ce que j'ai éprouvé durant cette
traversée de quatre heures.D'abord c'est la superbe pro-
priété de Bir-Abou-Ballah, conquise sur le désert, avec
ses vastes plaines vertes et ses champs de luzerne.
Ici, des Arabes se rendant sur les travaux côtoient
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