Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
230 L'ISTHME DE SUEZ,
tinople. Si nous y revenons aujourd'hui, ce n'est pas
pour jouir puérilement de ce triomphe ; notre but est
plus sérieux et plus élevé. Nous voudrions que notre
voix eût assez de retentissement pour arriver jusqu'aux
oreilles des hommes d'État, des chefs de l'aristocratie
anglaise qui, au lieu de s'attacher à combler l'abîme
que de longs siècles de haines et de guerres cruelles
ont creusé entre les deux grands peuples de l'Occident,
semblent s'attacher à le rendre de plus en plus pro-
fond et infranchissable.
» Le dissentiment qui, dès l'origine, à propos de la
question de Suez, s'est manifesté entre la nation an-
glaise et le gouvernement anglais n'est pas le seul.
Que l'on jette un coup d'œil sur toutes les affaires qui
ont ému dans ces derniers temps les deux pays, et l'on
verra qu'en toutes choses la nation anglaise a des as-
pirations contraires à celles de son gouvernement.
L'Angleterre regarde vers l'avenir, l'aristocratie an-
glaise a les yeux tournés vers le passé ; là où le peu-
ple anglais voudrait faire prévaloir ses instincts les
plus généreux, le gouvernement suit une politique
égoïste. Rappelons-nous les frémissements de l'Angle-
terre à la veille de la guerre d'Italie, ses vœux en-
thousiastes pour l'indépendance et l'unité de la Pénin-
sule, pendant que le gouvernement anglais, impassi-
ble, ne sacrifiait ni un homme ni un écu, négociait
avec l'Autriche et la Prusse sur les moyens à employer
pour arrêter la marche victorieuse de notre armée.
» C'est cet esprit mesquin et jaloux qui règne à
Constantinople et qui saisit toute occasion de paraly-
ser la grande entreprise à laquelle M. Ferdinand de
Lesseps a attaché glorieusement son nom.
» Que le gouvernement anglais se le tienne désor-
mais pour dit : la France peut bien se laisser vaincre
ici ou là sur le terrain des intrigues et des influences
diplomatiques, mais elle se redresserait de toute sa hau-
teur le jour où l'on voudrait sérieusement entraver une
œuvre aussi nécessaire à la paix et aux relations paci-
fiques du monde que l'est le percement de l'isthme
de Suez.
» Au lieu d'user ses forces dans ces luttes mesquines,
l'aristocratie anglaise ferait bien mieux de songer aux
moyens de prévenir la révolution dont elle est mena-
cée. L'aristocratie anglaise n'a pas eu encore sa nuit
du 4 août. Qu'elle regarde autour d'elle ! La marée mon-
tante des principes de 1189 marque chaque jour un
degré de plus à l'étiage des révolutions. Le moment ap-
proche où l'Angleterre, fière d'avoir conquis la liberté,
se demandera pourquoi l'égalité lui fait défaut, et ce
moment sera décisif pour les destinées de l'aristocratie
britannique.
» Au lieu de susciter des tracasseries à nos natio-
naux et de se créer des périls imaginaires, que le gou-
vernement anglais porte les yeux sur les incontestables
dangers et les véritables écueils qui le menacent.
Louis JOURDAA.»
Union.
La dépêche tUJ'que ct le cal/al de SIle:.
« Pour plus d'exactitude, il ne faudrait pas dire : la
dépêche turque, mais la dépêche anglaise signée par
le ministre turc. Depuis dix ans, le gouvernement an-
glais traverse de son mieux la grande entreprise à
laquelle M. de Lesseps restera glorieusement attaché,
mais la dépêche d'Aali est son coup le plus audacieux.
L'égoïsme britannique devient une passion monstrueuse;
ce n'est pas une rivalité entre deux puissances, c'est le
moi qui entend se placer en dehors de l'intérêt univer-
sel, en dehors de la civilisation elle-même. Le canal de
Suez doit considérablement abréger la route entre
l'Europe et les Indes et la Chine et l'Australie ; il rap-
proche l'Occident et l'extrême Orient ; il porte avec lui
ce qu'il y a de plus important et de plus décisif pour
l'avenir du monde. L'Angleterre craint que ses intérêts
n'en souffrent ; elle n'en est pas sûre, elle le craint
seulement ; armée de ce doute, elle se dresse en enne-
mie de l'œuvre commencée. Ses susceptibilités ombra-
geuses s'accroissent de l'idée que la France est là, un
peu plus que d'autres nations. Il est bien certain que
les sympathies françaises restent vivement déclarées
en faveur de l'entreprise, et que toute opposition à ce
projet prend un caractère hostile à notre influence.
Aussi que dirons-nous du gouvernement turc, qui s'est
prêté avec tant de complaisance à ce coup d'État di-
plomatique? Le sultan Abdul-Aziz a oublié ou peut-
être n'a jamais su que nos armes, il y a quelques an-
nées, ont empêché l'écroulement de l'empire ottoman;
il ignore peut-être que notre marché financier rend
des services à la Turquie. Un chef d'empire qui a tant
besoin d'être protégé, ne devrait pas tenir à étonner le
monde par la grandeur de son ingratitude, et un « ci-
» vilisateur » comme lui ne devrait pas se tourner contre
une grande œuvre de civilisation dans ses propres
Etats.
» La dépêche turque ne porte aucune date ; en voici
l'histoire., On se souvient du voyage du sultan en
Egypte, le mois d'avril dernier. L'Angleterre avait
voulu faire de ce voyage une vraie campagne contre
le canal de Suez. L'ambassadeur britannique, sir Henry
Bulwer, adroit, actif et hardi, s'était assuré du con-
cours de Fuad-Pacha, si connu par son dévouement
aux intérêts anglais. La fameuse dépêche avait été si-
gnée par Aali, le 6 avril ; le sultan, parti de Constan-
tinople le 4, arrivait le 1 à Alexandrie. La dépêche a
été publiée sans date, parce que sir Henry Bulwer met-
tait du prix à la faire considérer, en Europe, comme
le fruit même du voyage d'Abdul-Aziz, quoiqu'elle
n'eût été que le fruit de ses triomphants efforts per-
sonnels. L'ambassadeur anglais, audacieux jusqu'au
mépris de l'étiquette, posant un pied dominateur dans
le yacht impérial, au moment du départ, avait fait au
sultan un thème qui ne s'est pas trouvé d'accord avec
la vérité des faits et des lieux ; Abdul-Aziz n'a rien dit
en Egypte de ce qu'on attendait de sa docilité. Bien
plus, il avait quitté sa capitale lie rêvant que canons
rayés et frégates cuirassées ; il est rentré ne rêvant
que chemins de fer et canaux. Mais si une partie du
tinople. Si nous y revenons aujourd'hui, ce n'est pas
pour jouir puérilement de ce triomphe ; notre but est
plus sérieux et plus élevé. Nous voudrions que notre
voix eût assez de retentissement pour arriver jusqu'aux
oreilles des hommes d'État, des chefs de l'aristocratie
anglaise qui, au lieu de s'attacher à combler l'abîme
que de longs siècles de haines et de guerres cruelles
ont creusé entre les deux grands peuples de l'Occident,
semblent s'attacher à le rendre de plus en plus pro-
fond et infranchissable.
» Le dissentiment qui, dès l'origine, à propos de la
question de Suez, s'est manifesté entre la nation an-
glaise et le gouvernement anglais n'est pas le seul.
Que l'on jette un coup d'œil sur toutes les affaires qui
ont ému dans ces derniers temps les deux pays, et l'on
verra qu'en toutes choses la nation anglaise a des as-
pirations contraires à celles de son gouvernement.
L'Angleterre regarde vers l'avenir, l'aristocratie an-
glaise a les yeux tournés vers le passé ; là où le peu-
ple anglais voudrait faire prévaloir ses instincts les
plus généreux, le gouvernement suit une politique
égoïste. Rappelons-nous les frémissements de l'Angle-
terre à la veille de la guerre d'Italie, ses vœux en-
thousiastes pour l'indépendance et l'unité de la Pénin-
sule, pendant que le gouvernement anglais, impassi-
ble, ne sacrifiait ni un homme ni un écu, négociait
avec l'Autriche et la Prusse sur les moyens à employer
pour arrêter la marche victorieuse de notre armée.
» C'est cet esprit mesquin et jaloux qui règne à
Constantinople et qui saisit toute occasion de paraly-
ser la grande entreprise à laquelle M. Ferdinand de
Lesseps a attaché glorieusement son nom.
» Que le gouvernement anglais se le tienne désor-
mais pour dit : la France peut bien se laisser vaincre
ici ou là sur le terrain des intrigues et des influences
diplomatiques, mais elle se redresserait de toute sa hau-
teur le jour où l'on voudrait sérieusement entraver une
œuvre aussi nécessaire à la paix et aux relations paci-
fiques du monde que l'est le percement de l'isthme
de Suez.
» Au lieu d'user ses forces dans ces luttes mesquines,
l'aristocratie anglaise ferait bien mieux de songer aux
moyens de prévenir la révolution dont elle est mena-
cée. L'aristocratie anglaise n'a pas eu encore sa nuit
du 4 août. Qu'elle regarde autour d'elle ! La marée mon-
tante des principes de 1189 marque chaque jour un
degré de plus à l'étiage des révolutions. Le moment ap-
proche où l'Angleterre, fière d'avoir conquis la liberté,
se demandera pourquoi l'égalité lui fait défaut, et ce
moment sera décisif pour les destinées de l'aristocratie
britannique.
» Au lieu de susciter des tracasseries à nos natio-
naux et de se créer des périls imaginaires, que le gou-
vernement anglais porte les yeux sur les incontestables
dangers et les véritables écueils qui le menacent.
Louis JOURDAA.»
Union.
La dépêche tUJ'que ct le cal/al de SIle:.
« Pour plus d'exactitude, il ne faudrait pas dire : la
dépêche turque, mais la dépêche anglaise signée par
le ministre turc. Depuis dix ans, le gouvernement an-
glais traverse de son mieux la grande entreprise à
laquelle M. de Lesseps restera glorieusement attaché,
mais la dépêche d'Aali est son coup le plus audacieux.
L'égoïsme britannique devient une passion monstrueuse;
ce n'est pas une rivalité entre deux puissances, c'est le
moi qui entend se placer en dehors de l'intérêt univer-
sel, en dehors de la civilisation elle-même. Le canal de
Suez doit considérablement abréger la route entre
l'Europe et les Indes et la Chine et l'Australie ; il rap-
proche l'Occident et l'extrême Orient ; il porte avec lui
ce qu'il y a de plus important et de plus décisif pour
l'avenir du monde. L'Angleterre craint que ses intérêts
n'en souffrent ; elle n'en est pas sûre, elle le craint
seulement ; armée de ce doute, elle se dresse en enne-
mie de l'œuvre commencée. Ses susceptibilités ombra-
geuses s'accroissent de l'idée que la France est là, un
peu plus que d'autres nations. Il est bien certain que
les sympathies françaises restent vivement déclarées
en faveur de l'entreprise, et que toute opposition à ce
projet prend un caractère hostile à notre influence.
Aussi que dirons-nous du gouvernement turc, qui s'est
prêté avec tant de complaisance à ce coup d'État di-
plomatique? Le sultan Abdul-Aziz a oublié ou peut-
être n'a jamais su que nos armes, il y a quelques an-
nées, ont empêché l'écroulement de l'empire ottoman;
il ignore peut-être que notre marché financier rend
des services à la Turquie. Un chef d'empire qui a tant
besoin d'être protégé, ne devrait pas tenir à étonner le
monde par la grandeur de son ingratitude, et un « ci-
» vilisateur » comme lui ne devrait pas se tourner contre
une grande œuvre de civilisation dans ses propres
Etats.
» La dépêche turque ne porte aucune date ; en voici
l'histoire., On se souvient du voyage du sultan en
Egypte, le mois d'avril dernier. L'Angleterre avait
voulu faire de ce voyage une vraie campagne contre
le canal de Suez. L'ambassadeur britannique, sir Henry
Bulwer, adroit, actif et hardi, s'était assuré du con-
cours de Fuad-Pacha, si connu par son dévouement
aux intérêts anglais. La fameuse dépêche avait été si-
gnée par Aali, le 6 avril ; le sultan, parti de Constan-
tinople le 4, arrivait le 1 à Alexandrie. La dépêche a
été publiée sans date, parce que sir Henry Bulwer met-
tait du prix à la faire considérer, en Europe, comme
le fruit même du voyage d'Abdul-Aziz, quoiqu'elle
n'eût été que le fruit de ses triomphants efforts per-
sonnels. L'ambassadeur anglais, audacieux jusqu'au
mépris de l'étiquette, posant un pied dominateur dans
le yacht impérial, au moment du départ, avait fait au
sultan un thème qui ne s'est pas trouvé d'accord avec
la vérité des faits et des lieux ; Abdul-Aziz n'a rien dit
en Egypte de ce qu'on attendait de sa docilité. Bien
plus, il avait quitté sa capitale lie rêvant que canons
rayés et frégates cuirassées ; il est rentré ne rêvant
que chemins de fer et canaux. Mais si une partie du
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