Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 197
passe journellement aux Etats-Unis ; en Algérie où des
compagnies anglaises et suisses ont la concession d'é-
tendues considérables de terres à la condition de se
soumettre aux lois du pays.
» Que reste-t-il donc de la dépêche turque? Rien
que le souvenir d'un acte regrettable de condescen-
dance obtenu par l'importunité étrangère, et d'autant
plus imprudent qu'il ne peut pas avoir les résultats
qu'ont recherchés les adversaires du canal.
» L. BONIFACE. »
REVUE DE LA PRESSE ET DE L'OPINION.
Nous avons, dans notre dernier numéro, indiqué et
analysé les premiers éclats du soulèvement général
qu'avait excité, en France, le complot combiné entre
quelques ministres turcs et l'ambassade anglaise de
Constantinople contre le canal de Suez. Nous cous
sommes engagé à placer sous les yeux du public,
l'état ultérieur de ce mouvement dans la presse pé-
riodique et dans l'opinion publique. A cet effet, les
matériaux surabondent entre nos mains. Nous allons
nous efforcer de les condenser autant que possible,
en les divisant, comme nous l'avons déjà fait, sous
ces deux titres : Revue de la presse, Revue de l'opinion.
BEVUE DE LA PRESSE.
Nous n'avons pas seulement aujourd'hui à consta-
ter la suite des vigoureuses manifestations de la
presse française, nous avons aussi à y joindre un
examen de la presse anglaise, et des protestations
qui commencent à nous parvenir de la presse conti-
nentale.
Presse anglaise.
Toute la partie de la presse inspirée par lord Pal-
merston s'est emparée avec enthousiasme de la note
turque. Elle jette des cris de triomphe. Elle proclame
que la France a été humiliée, que son influence en
Orient a reçu un violent échec, et que la suprématie
anglaise y brille de tout son ascendant. Naturelle-
ment, elle prétend que la note est le résultat du
voyage du sultan, et non le programme manqué et
déconfit de ce voyage. Toutefois, les esprits plus cal-
mes ne prennent pas les choses sur ce ton de lyrisme.
Le Times se tient dans réserve absolue : il n'a
pas encore trouvé l'opportunité de souffler mot sur
cet épisode, et nous avons vainement cherché, dans
ses colonnes, la publication si bruyamment faite ail-
leurs de la note ottomane. Les journaux tories gar-
dent l'attitude de l'observation et les journaux radi-
caux, entre autres YExaminer, la Saturday Review et
le Morning Advertiser, expriment des inquiétudes sé-
rieuses sur les conséquences de cette levée de bou-
cliers.
Nous voulons donner, avec une certaine étendue,
les extraits les plus notables de la presse anglaise.
Les journaux de lord Palmerston feront connaître la
déraison, la violence, les erreurs de toute sorte qu'ils
travaillent à propager sur cette affaire parmi leurs
concitoyens. Malgré les conclusions décisives de
M. Hawkshaw, ingénieur anglais de premier ordre,
désigné par leur premier ministre lui-même, pour
aller inspecter les travaux du canal et donner son
avis sur leur possibilité, ils ont encore le triste
courage de soutenir, à la face du monde, que l'entre-
prise est une chimère et une duperie. En cela, ils ne
font de tort qu'à eux-mêmes et ils ne compromettent
que leur considération. Mais, en même temps, ils
semblent ne rien négliger pour envenimer les pré-
jugés de l'autre côté du détroit et pour surexciter en
France toutes les susceptibilités nationales. C'est par
eux que nous allons commencer nos citations : il faut
que nos lecteurs puissent juger complétement de la
dignité, de la bonne foi et du sentiment de justice
qu'ils apportent dans cette querelle.
Morning Post.- Nous n'avons pas besoin de rappe-
ler que ce journal reçoit directement les inspirations
de lord Palmerston. Nous croyons donc utile de
reproduire son article tout entier. Le voici :
c Le gouvernement turc vient de prendre une mesure
hardie et résolue qui est une revendication à la fois
des droits de l'humanité et de ceux de sa propre sou-
veraineté. Depuis ses débuts jusqu'à ce moment, le
projet gigantesque du canal de Suez a été mis en mou-
vement d'une façon irrégulière et contraire aux for-
mes. Une grande compagnie par actions a été formée
en France dans le but de creuser ce canal de la Mé-
diterranée au golfe de Suez. Le rêve d'une résurrection
de l'ascendant français dans les mers orientales, ajouté
à la chance des facilités offertes par ce projet pour
quelque empiétement sur les provinces d'Égypte ou
de Syrie, l'ont rendu extrêmement populaire dans un
pays livré aux entreprises par actions, et qui n'exerce
pas une critique aussi sérieuse que la nôtre en ce qui
concerne leur rémunérativité ultérieure. En un mot, M. de
Lesseps a été soutenu autant par le peuple français
que par le gouvernement français. Ce zèle a conduit la
compagnie et ceux qui s'y sont associés aux indiscré-
tions les plus énormes. Du commencement à la fin,
les opérations n'ont été basées sur aucun titre légal.
Pour une compagnie chargée dans un pays étranger
d'un vaste travail technique et politique il était indis-
pensable d'obtenir la sanction du gouvernement de ce
pays. Le sultan de la Turquie est incontestablement
et a toujours été le souverain de l'Egypte, qui est un
pachalik de son empire, différant principalement des
autres pachaliks par cette circonstance personnelle que
l'emploi de pacha a été institué dans la famille de Mo-
hamed-Ali. Cette vice-royauté héréditaire ne constitue
point l'indépendance politique ; il est inutile de le dé-
montrer. Cependant la Compagnie Lesseps a agi avec
l'incroyable insouciance de négliger d'obtenir la sanction
souveraine à la grande innovation qu'elle se propose
passe journellement aux Etats-Unis ; en Algérie où des
compagnies anglaises et suisses ont la concession d'é-
tendues considérables de terres à la condition de se
soumettre aux lois du pays.
» Que reste-t-il donc de la dépêche turque? Rien
que le souvenir d'un acte regrettable de condescen-
dance obtenu par l'importunité étrangère, et d'autant
plus imprudent qu'il ne peut pas avoir les résultats
qu'ont recherchés les adversaires du canal.
» L. BONIFACE. »
REVUE DE LA PRESSE ET DE L'OPINION.
Nous avons, dans notre dernier numéro, indiqué et
analysé les premiers éclats du soulèvement général
qu'avait excité, en France, le complot combiné entre
quelques ministres turcs et l'ambassade anglaise de
Constantinople contre le canal de Suez. Nous cous
sommes engagé à placer sous les yeux du public,
l'état ultérieur de ce mouvement dans la presse pé-
riodique et dans l'opinion publique. A cet effet, les
matériaux surabondent entre nos mains. Nous allons
nous efforcer de les condenser autant que possible,
en les divisant, comme nous l'avons déjà fait, sous
ces deux titres : Revue de la presse, Revue de l'opinion.
BEVUE DE LA PRESSE.
Nous n'avons pas seulement aujourd'hui à consta-
ter la suite des vigoureuses manifestations de la
presse française, nous avons aussi à y joindre un
examen de la presse anglaise, et des protestations
qui commencent à nous parvenir de la presse conti-
nentale.
Presse anglaise.
Toute la partie de la presse inspirée par lord Pal-
merston s'est emparée avec enthousiasme de la note
turque. Elle jette des cris de triomphe. Elle proclame
que la France a été humiliée, que son influence en
Orient a reçu un violent échec, et que la suprématie
anglaise y brille de tout son ascendant. Naturelle-
ment, elle prétend que la note est le résultat du
voyage du sultan, et non le programme manqué et
déconfit de ce voyage. Toutefois, les esprits plus cal-
mes ne prennent pas les choses sur ce ton de lyrisme.
Le Times se tient dans réserve absolue : il n'a
pas encore trouvé l'opportunité de souffler mot sur
cet épisode, et nous avons vainement cherché, dans
ses colonnes, la publication si bruyamment faite ail-
leurs de la note ottomane. Les journaux tories gar-
dent l'attitude de l'observation et les journaux radi-
caux, entre autres YExaminer, la Saturday Review et
le Morning Advertiser, expriment des inquiétudes sé-
rieuses sur les conséquences de cette levée de bou-
cliers.
Nous voulons donner, avec une certaine étendue,
les extraits les plus notables de la presse anglaise.
Les journaux de lord Palmerston feront connaître la
déraison, la violence, les erreurs de toute sorte qu'ils
travaillent à propager sur cette affaire parmi leurs
concitoyens. Malgré les conclusions décisives de
M. Hawkshaw, ingénieur anglais de premier ordre,
désigné par leur premier ministre lui-même, pour
aller inspecter les travaux du canal et donner son
avis sur leur possibilité, ils ont encore le triste
courage de soutenir, à la face du monde, que l'entre-
prise est une chimère et une duperie. En cela, ils ne
font de tort qu'à eux-mêmes et ils ne compromettent
que leur considération. Mais, en même temps, ils
semblent ne rien négliger pour envenimer les pré-
jugés de l'autre côté du détroit et pour surexciter en
France toutes les susceptibilités nationales. C'est par
eux que nous allons commencer nos citations : il faut
que nos lecteurs puissent juger complétement de la
dignité, de la bonne foi et du sentiment de justice
qu'ils apportent dans cette querelle.
Morning Post.- Nous n'avons pas besoin de rappe-
ler que ce journal reçoit directement les inspirations
de lord Palmerston. Nous croyons donc utile de
reproduire son article tout entier. Le voici :
c Le gouvernement turc vient de prendre une mesure
hardie et résolue qui est une revendication à la fois
des droits de l'humanité et de ceux de sa propre sou-
veraineté. Depuis ses débuts jusqu'à ce moment, le
projet gigantesque du canal de Suez a été mis en mou-
vement d'une façon irrégulière et contraire aux for-
mes. Une grande compagnie par actions a été formée
en France dans le but de creuser ce canal de la Mé-
diterranée au golfe de Suez. Le rêve d'une résurrection
de l'ascendant français dans les mers orientales, ajouté
à la chance des facilités offertes par ce projet pour
quelque empiétement sur les provinces d'Égypte ou
de Syrie, l'ont rendu extrêmement populaire dans un
pays livré aux entreprises par actions, et qui n'exerce
pas une critique aussi sérieuse que la nôtre en ce qui
concerne leur rémunérativité ultérieure. En un mot, M. de
Lesseps a été soutenu autant par le peuple français
que par le gouvernement français. Ce zèle a conduit la
compagnie et ceux qui s'y sont associés aux indiscré-
tions les plus énormes. Du commencement à la fin,
les opérations n'ont été basées sur aucun titre légal.
Pour une compagnie chargée dans un pays étranger
d'un vaste travail technique et politique il était indis-
pensable d'obtenir la sanction du gouvernement de ce
pays. Le sultan de la Turquie est incontestablement
et a toujours été le souverain de l'Egypte, qui est un
pachalik de son empire, différant principalement des
autres pachaliks par cette circonstance personnelle que
l'emploi de pacha a été institué dans la famille de Mo-
hamed-Ali. Cette vice-royauté héréditaire ne constitue
point l'indépendance politique ; il est inutile de le dé-
montrer. Cependant la Compagnie Lesseps a agi avec
l'incroyable insouciance de négliger d'obtenir la sanction
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