Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1863 15 mai 1863
Description : 1863/05/15 (A8,N166). 1863/05/15 (A8,N166).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203245w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
165
traîné dans la boue, et que nous nous sommes con-
duits d'une manière égoïste et basse relativement à
cette question. »
On sait que dans les usages du parlement britanni-
que, toute motion présentée par un membre doit, pour
être prise en considération, être secondée par un de
ses collègues.
M. Milner Gibson, aujourd'hui ministre du com-
merce dans le cabinet Palmerston, fut le second de
M. Rœbuck dans cette motion ainsi motivée, et il se
leva après lui pour l'appuyer.
M. Disraëli, à cette époque chancelier de l'Echi-
quier et chef (leader) du parti ministériel à la Cham-
bre des communes, fut contraint, pour échapper au
vote de la motion, de nier que l'influence de la diplo-
matie anglaise eût été employée dans le but indiqué
par M. Rœbuck.
Un autre membre du cabinet actuel, M. Gladstone,
en ce moment chancelier de l'Echiquier, le ministre
le plus éminent, selon nous, de ce cabinet par le carac-
tère et le talent, prononça un admirable discours à
l'appui de la motion. Nous nous contenterons d'en
extraire ce simple passage :
« Ce que l'on vous demande, c'est que vous met-
tiez fin à ce système coupable dont je regrette que
mon noble ami lord Palmerston ait été le principal
auteur, système d'intervention arbitraire et non provo-
quée pour empêcher que le canal ne soit exécuté, sous
prétexte qu'il est inutile ou chimérique ; mais en réalité
par des motifs bien plus mauvais, puisqu'ils ne vont
à rien moins qu'à mettre l'Angleterre en lutte avec
le monde, et à nous commettre dans un conflit où nous
aurons nécessairement le dessous (Ecoutez! écoutez!)»
Un troisième membre de ce même cabinet, ministre
des affaires étrangères, c'est-à-dire chef actuel de
sir Henry Bulwer, et par les instructions ou sous la
sanction duquel ce diplomate agit si violemment à
Constantinople, à propos de la même affaire, et sur le
divan et sur la personne même du sultan, lord John
Russell, alors membre delà Chambre des communes,
aujourd'hui comte Russell, membre de la Chambre
des pairs, approuvait les flétrissures infligées par
MM. Rœbuck et Gladstone au système de lord Pal-
merston, recommandait à la Chambre le vote de la
motion, refusait de croi e aux dénégations ministé-
rielles et enfin motivait par le discours suivant, la
manifestation de justice et de loyauté qu'il récla-
mait de l'assemblée.
Après avoir lu ce discours, on se demandera quelle
est la consistance des hommes d'Etat les plus « hon-
nêtes » de l'Angleterre, ou bien on supposera que
sir Henry Bulwer croit pouvoir impunément agir
en dehors et en dépit de la politique et des ordres
du ministre dont il relève directement. Le champ est
ouvert aux conjectures. En tout cas, voici comment
le ministre actuel des affaires étrangères jugeait, en
1858, la conduite de son ambassadeur en 1863 :
ERNEST DESPLACES.
« LORD JOHN RTSSELL. — En dépit de ce que vient
de dire M. le chancelier de l'Échiquier (M. DISRAELI),
je ne puis pas croire que depuis plusieurs années l'in-
fluence et l'action de l'Angleterre n'aient pas été em-
ployées à détourner le sultan de donner son assenti-
ment au canal que l'on projette à travers l'isthme de
Suez. Cela a toujours été avoué par le noble vicomte
(LORD PALMERSTON), qui était tout récemment à la tête
du dernier cabinet, et cette assertion n'a pas été re-
poussée par le sous-secrétaire d'État actuel pour les
affaires étrangères. Nous pouvons donc considérer cette
assertion comme parfaitement certaine. En examinant
la question qui nous est soumise, je suis tout prêt à
repousser tout ensemble trois des arguments qui nous
ont été présentés ce soir. On a dit que le projet était
une spéculation chimérique et déshonnête; que les obs-
tac'es physiques à l'exécution du canal étaient à peu
près insurmontables ou tout du moins gigantesques, et
que le gouvernement turc avait un tel intérêt à empê-
cher l'exécution de ce travail, qu'il emploierait tous ses
efforts et toute son influence pour l'entraver autant
qu'il le pourrait.
D En admettant que tout cela soit vrai, je demande
si, parce que la spéculation est aventureuse, parce que
les obstacles sont insurmontables, et parce que le gou-
vernement turc s'y oppose pour des raisons qui lui sont
particulières, il s'ensuit que l'Angleterre doive em-
ployer aussi toute son influence et son action pour em-
pêcher le projet. On a bien dit, et l'on a répété sou-
vent que l'Angleterre devait, pour ses propres intérêts,
s'efforcer d'empêcher la construction du canal. Voyons
donc. Le dommage que nous pouvons éprouver doit
avoir lieu soit en temps de paix, soit en temps de
guerre. Je ne puis pas concevoir, pour le temps de paix,
qu'une nouvelle facilité de commerce, l'exécution d'une
grande route nouvelle entre les différentes parties du
monde, puisse être dommageable à l'Angleterre. Si l'on
m'objecte que certains ports de France et d'autres con-
trées continentales sont plus près de l'Egypte que l'An-
gleterre, et qu'ils auront de grands avantages commer-
ciaux par l'établissement du canal, je réponds que notre
principe, c'est de rendre le commerce aussi libre que
possible (Écoutez! écoutez !); c'est notre politique depuis
ces dernières années ; c'est une politique juste et géné-
reuse ; mais je crois en même temps que c'est la poli-
tique la plus utile pour l'Angleterre, de nous résigner
nous-mêmes à la concurrence qui doit accroître le com-
merce du globe, et j'ai la pleine confiance que l'An-
gleterre n'a pas le moins du monde à souffrir de cette
concurrence. (Écoutez!) Mais si des denrées de quelque
165
traîné dans la boue, et que nous nous sommes con-
duits d'une manière égoïste et basse relativement à
cette question. »
On sait que dans les usages du parlement britanni-
que, toute motion présentée par un membre doit, pour
être prise en considération, être secondée par un de
ses collègues.
M. Milner Gibson, aujourd'hui ministre du com-
merce dans le cabinet Palmerston, fut le second de
M. Rœbuck dans cette motion ainsi motivée, et il se
leva après lui pour l'appuyer.
M. Disraëli, à cette époque chancelier de l'Echi-
quier et chef (leader) du parti ministériel à la Cham-
bre des communes, fut contraint, pour échapper au
vote de la motion, de nier que l'influence de la diplo-
matie anglaise eût été employée dans le but indiqué
par M. Rœbuck.
Un autre membre du cabinet actuel, M. Gladstone,
en ce moment chancelier de l'Echiquier, le ministre
le plus éminent, selon nous, de ce cabinet par le carac-
tère et le talent, prononça un admirable discours à
l'appui de la motion. Nous nous contenterons d'en
extraire ce simple passage :
« Ce que l'on vous demande, c'est que vous met-
tiez fin à ce système coupable dont je regrette que
mon noble ami lord Palmerston ait été le principal
auteur, système d'intervention arbitraire et non provo-
quée pour empêcher que le canal ne soit exécuté, sous
prétexte qu'il est inutile ou chimérique ; mais en réalité
par des motifs bien plus mauvais, puisqu'ils ne vont
à rien moins qu'à mettre l'Angleterre en lutte avec
le monde, et à nous commettre dans un conflit où nous
aurons nécessairement le dessous (Ecoutez! écoutez!)»
Un troisième membre de ce même cabinet, ministre
des affaires étrangères, c'est-à-dire chef actuel de
sir Henry Bulwer, et par les instructions ou sous la
sanction duquel ce diplomate agit si violemment à
Constantinople, à propos de la même affaire, et sur le
divan et sur la personne même du sultan, lord John
Russell, alors membre delà Chambre des communes,
aujourd'hui comte Russell, membre de la Chambre
des pairs, approuvait les flétrissures infligées par
MM. Rœbuck et Gladstone au système de lord Pal-
merston, recommandait à la Chambre le vote de la
motion, refusait de croi e aux dénégations ministé-
rielles et enfin motivait par le discours suivant, la
manifestation de justice et de loyauté qu'il récla-
mait de l'assemblée.
Après avoir lu ce discours, on se demandera quelle
est la consistance des hommes d'Etat les plus « hon-
nêtes » de l'Angleterre, ou bien on supposera que
sir Henry Bulwer croit pouvoir impunément agir
en dehors et en dépit de la politique et des ordres
du ministre dont il relève directement. Le champ est
ouvert aux conjectures. En tout cas, voici comment
le ministre actuel des affaires étrangères jugeait, en
1858, la conduite de son ambassadeur en 1863 :
ERNEST DESPLACES.
« LORD JOHN RTSSELL. — En dépit de ce que vient
de dire M. le chancelier de l'Échiquier (M. DISRAELI),
je ne puis pas croire que depuis plusieurs années l'in-
fluence et l'action de l'Angleterre n'aient pas été em-
ployées à détourner le sultan de donner son assenti-
ment au canal que l'on projette à travers l'isthme de
Suez. Cela a toujours été avoué par le noble vicomte
(LORD PALMERSTON), qui était tout récemment à la tête
du dernier cabinet, et cette assertion n'a pas été re-
poussée par le sous-secrétaire d'État actuel pour les
affaires étrangères. Nous pouvons donc considérer cette
assertion comme parfaitement certaine. En examinant
la question qui nous est soumise, je suis tout prêt à
repousser tout ensemble trois des arguments qui nous
ont été présentés ce soir. On a dit que le projet était
une spéculation chimérique et déshonnête; que les obs-
tac'es physiques à l'exécution du canal étaient à peu
près insurmontables ou tout du moins gigantesques, et
que le gouvernement turc avait un tel intérêt à empê-
cher l'exécution de ce travail, qu'il emploierait tous ses
efforts et toute son influence pour l'entraver autant
qu'il le pourrait.
D En admettant que tout cela soit vrai, je demande
si, parce que la spéculation est aventureuse, parce que
les obstacles sont insurmontables, et parce que le gou-
vernement turc s'y oppose pour des raisons qui lui sont
particulières, il s'ensuit que l'Angleterre doive em-
ployer aussi toute son influence et son action pour em-
pêcher le projet. On a bien dit, et l'on a répété sou-
vent que l'Angleterre devait, pour ses propres intérêts,
s'efforcer d'empêcher la construction du canal. Voyons
donc. Le dommage que nous pouvons éprouver doit
avoir lieu soit en temps de paix, soit en temps de
guerre. Je ne puis pas concevoir, pour le temps de paix,
qu'une nouvelle facilité de commerce, l'exécution d'une
grande route nouvelle entre les différentes parties du
monde, puisse être dommageable à l'Angleterre. Si l'on
m'objecte que certains ports de France et d'autres con-
trées continentales sont plus près de l'Egypte que l'An-
gleterre, et qu'ils auront de grands avantages commer-
ciaux par l'établissement du canal, je réponds que notre
principe, c'est de rendre le commerce aussi libre que
possible (Écoutez! écoutez !); c'est notre politique depuis
ces dernières années ; c'est une politique juste et géné-
reuse ; mais je crois en même temps que c'est la poli-
tique la plus utile pour l'Angleterre, de nous résigner
nous-mêmes à la concurrence qui doit accroître le com-
merce du globe, et j'ai la pleine confiance que l'An-
gleterre n'a pas le moins du monde à souffrir de cette
concurrence. (Écoutez!) Mais si des denrées de quelque
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 21/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203245w/f21.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203245w/f21.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203245w/f21.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203245w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203245w
Facebook
Twitter