Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOUHNAL 1)K L'UNION DES DEUX MI51ÎH. 229
p:urquoi donc s'en remettre simplement à la France et
à l'Angleterre du soin de préparer les moyens de neu-
tralisation du canal? Est-ce que l'Autriche, l'Italie, la
Russie, la Grèce, l'Espagne, le Portugal, la Hollande,
et tant d'autres puissances intéressées au commerce de
la mer des Indes, n'ont pas aussi quelque mot à dire sur
ce nouveau Bosphore? La Compagnie, plus prévoyante,
s'est appelée universelle, parce qu'elle a réuni des ca-
pitaux de toutes les nations dont elle savait que les in-
térêts se groupaient autour de son œuvre. Ce n'est donc
pas à deux ambassadeurs seulement que la Porte devait
communiquer sa note, mais à tous ceux que l'œuvre
regarde de près ou de loin, c'est-à-dire à toutes les puis-
sances, y compris l'Amérique. »
» Cette dernière observation frappera certainement le
public par sa justesse. Du reste, les autres faits consi-
gnés dans la brochure ont une incontestable autorité,
et nous aimons à espérer que la diplomatie française
s'en emparera le jour où elle sera obligée de repousser
les exigences turques appuyées par lord Palmerston et
lord Jonh Russell. » CHARLES GAUMER.
Siècle.
L'Angleterre et l'isthme de Suez.
« La célèbre note turque relative aux conditions que
le sultan voudrait imposer à la poursuite des travaux
et à l'achèvement de l'ouverture de l'isthme de Suez a
paru pendant que nous étions en pleine fièvre électo-
rale. Nous y attachâmes peu d'importance et nous
nous bornâmes à la reproduire sans commentaire.
"Depuis lors, M. Ferdinand de Lesseps a démontré que
cette note était le résultat d'une intrigue antérieure au
voyage du sultan en Egypte, et que sa tardive publi-
cation était le résultat d'une autre intrigue.
» Depuis lors aussi, un journal spécial, l'Isthme de
Suez, a pris la peine de réfuter un à un tous les points
de cette malheureuse note. Entre autres documents, il
a publié une très-remarquable lettre d'un officier dis-
tingué de notre marine, M. Auguste Garbeiron, qui
ayant habité longtemps Constantinople, vu de près
les hommes et les choses de ce pays que l'on peut ap-
peler la tprre classique de l'intrigue, n'a pas eu de
peine à établir que le sultan actuel s'était de tout
temps montré favorable au percement de l'isthme de
Suez. La conclusion de cette lettre se devine ; si aujour.
d'hui Abdul-Aziz est moins favorable à cette grande
entreprise, ce n'est pas à lui, c'est à ses ministres et
à leurs accointances avec l'ambassade anglaise qu'il
faut s'en prendre.
» Nous n'avons pas l'intention de revenir sur tout ce
qui a été dit à ce sujet, mais nous emparant des cu-
rieuses révélations contenues dans la lettre de M. Au-
guste Garbeiron, il nous sera bien permis de considé-
rer dans leur ensemble les oppositions manifestes ou
latentes que le gouvernement anglais a de tout temps
dirigées contre l'entreprise internationale du perce-
ment de l'isthme de Suez et d'en dire sincèrement no-
tre avis.
» Depuis le jour où M. Ferdinand de Lesseps annonça
l'intention de constituer la Société dont il est le chef,
il s'est formé en Angleterre deux courants, l'un con-
traire, l'autre favorable à cette gigantesque entreprise.
La nation anglaise tout entière, par ses meetings, par
ses chambres de commerce, par ses municipalités, a
acclamé l'œuvre qui devait ouvrir à l'Europe, et plus
particulièrement à la marine britannique, la route des
Indes. Le gouvernement anglais, au contraire, obéis-
sant aux vieilles et déplorables traditions de l'antago-
nisme anglo-français, a mis en avant toutes les taqui-
neries de sa diplomatie pour paralyser l'œuvre dont la
France avait pris l'initiative.
D Le sentiment public, chez nous, se révolta contre
cette regrettable tactique. Nous ne comprenons pas,
nous autres Français, la guerre sourde à coups d'é-
pingle, et notre caractère est antipathique à ces hypo-
crisies diplomatiques qui permettent de dire à la fois
oui et non, de caresser d'une main et de déchirer de
l'autre, de dire tout haut le contraire de ce que l'on
dit tout bas.
» Les représentations de la France furent entendues,
et il était temps. Nous qui avions fait la guerre de
Crimée pour défendre l'intégrité de l'empire ottoman,
pour barrer à la Russie la route de Constantinople,
nous qui avions pris Sébastopol, nous n'étions plus
rien à Constantinople. Il y avait bien un sultan, un
divan, des ministres, mais le vrai souverain de la Tur-
quie était ce terrible lord Stratfford de Redcliffe qui
n'avait qu'une science, qu'un talent, qu'une force, la
haine de la France ! l'horreur du nom français !
» Comment nos représentants à Constantinople avaient-
ils laissé l'influence française s'amoindrir et l'influence
anglaise gagner tant de terrain ? Ce n'est pas ici le
lieu de le dire ; mais l'auteur de la lettre dont nous
parlions plus haut, M. le capitaine de frégate Auguste
Garbeiron, prépare un livre, plein de faits nouveaux,
sur la Turquie, et c'est dire que nous aurons occasion
de revenir sur ce sujet. Pour le moment nous consta-
tons un fait. Lord Stratfford agissait si ouvertement en
maître à Constantinople, que le gouvernement dut le
rappeler. Sir Henry Bulwer, esprit fin et délié, nature
souple et ondoyante, fut chargé de remplacer le re-
doutable lord.
» On joue différemment, mais c'est toujours le même
air ; et l'intrigue qui a produit la note turque long-
temps avant le départ du sultan pour l'Egypte, l'autre
intrigue qui a eu pour effet la publication de cette
note, sans date, juste après le retour du sultan dans la
capitale pour faire croire que le sultan et le vice-roi
n'avaient pu s'entendre sur la question de Suez, tandis
qu'au contraire leurs vues à cet égard sont en parfaite
harmonie, ces intrigues, disons-nous, et le peu d'in-
fluence que nous exerçons à Constantinople, sont là
pour prouver aux moins clairvoyants que sir Henry
Bulwer continue avec succès son illustre prédécesseur.
» Quoi qu'il eu soit, la note a été piteusement désa-
vouée; aucune des objections qu'elle mettait en avant
n'était d'ailleurs de nature à soutenir la discussion, et
le désaveu de cette note mort-née peut être considéré
comme un échec pour la politique anglaise à Constan-
p:urquoi donc s'en remettre simplement à la France et
à l'Angleterre du soin de préparer les moyens de neu-
tralisation du canal? Est-ce que l'Autriche, l'Italie, la
Russie, la Grèce, l'Espagne, le Portugal, la Hollande,
et tant d'autres puissances intéressées au commerce de
la mer des Indes, n'ont pas aussi quelque mot à dire sur
ce nouveau Bosphore? La Compagnie, plus prévoyante,
s'est appelée universelle, parce qu'elle a réuni des ca-
pitaux de toutes les nations dont elle savait que les in-
térêts se groupaient autour de son œuvre. Ce n'est donc
pas à deux ambassadeurs seulement que la Porte devait
communiquer sa note, mais à tous ceux que l'œuvre
regarde de près ou de loin, c'est-à-dire à toutes les puis-
sances, y compris l'Amérique. »
» Cette dernière observation frappera certainement le
public par sa justesse. Du reste, les autres faits consi-
gnés dans la brochure ont une incontestable autorité,
et nous aimons à espérer que la diplomatie française
s'en emparera le jour où elle sera obligée de repousser
les exigences turques appuyées par lord Palmerston et
lord Jonh Russell. » CHARLES GAUMER.
Siècle.
L'Angleterre et l'isthme de Suez.
« La célèbre note turque relative aux conditions que
le sultan voudrait imposer à la poursuite des travaux
et à l'achèvement de l'ouverture de l'isthme de Suez a
paru pendant que nous étions en pleine fièvre électo-
rale. Nous y attachâmes peu d'importance et nous
nous bornâmes à la reproduire sans commentaire.
"Depuis lors, M. Ferdinand de Lesseps a démontré que
cette note était le résultat d'une intrigue antérieure au
voyage du sultan en Egypte, et que sa tardive publi-
cation était le résultat d'une autre intrigue.
» Depuis lors aussi, un journal spécial, l'Isthme de
Suez, a pris la peine de réfuter un à un tous les points
de cette malheureuse note. Entre autres documents, il
a publié une très-remarquable lettre d'un officier dis-
tingué de notre marine, M. Auguste Garbeiron, qui
ayant habité longtemps Constantinople, vu de près
les hommes et les choses de ce pays que l'on peut ap-
peler la tprre classique de l'intrigue, n'a pas eu de
peine à établir que le sultan actuel s'était de tout
temps montré favorable au percement de l'isthme de
Suez. La conclusion de cette lettre se devine ; si aujour.
d'hui Abdul-Aziz est moins favorable à cette grande
entreprise, ce n'est pas à lui, c'est à ses ministres et
à leurs accointances avec l'ambassade anglaise qu'il
faut s'en prendre.
» Nous n'avons pas l'intention de revenir sur tout ce
qui a été dit à ce sujet, mais nous emparant des cu-
rieuses révélations contenues dans la lettre de M. Au-
guste Garbeiron, il nous sera bien permis de considé-
rer dans leur ensemble les oppositions manifestes ou
latentes que le gouvernement anglais a de tout temps
dirigées contre l'entreprise internationale du perce-
ment de l'isthme de Suez et d'en dire sincèrement no-
tre avis.
» Depuis le jour où M. Ferdinand de Lesseps annonça
l'intention de constituer la Société dont il est le chef,
il s'est formé en Angleterre deux courants, l'un con-
traire, l'autre favorable à cette gigantesque entreprise.
La nation anglaise tout entière, par ses meetings, par
ses chambres de commerce, par ses municipalités, a
acclamé l'œuvre qui devait ouvrir à l'Europe, et plus
particulièrement à la marine britannique, la route des
Indes. Le gouvernement anglais, au contraire, obéis-
sant aux vieilles et déplorables traditions de l'antago-
nisme anglo-français, a mis en avant toutes les taqui-
neries de sa diplomatie pour paralyser l'œuvre dont la
France avait pris l'initiative.
D Le sentiment public, chez nous, se révolta contre
cette regrettable tactique. Nous ne comprenons pas,
nous autres Français, la guerre sourde à coups d'é-
pingle, et notre caractère est antipathique à ces hypo-
crisies diplomatiques qui permettent de dire à la fois
oui et non, de caresser d'une main et de déchirer de
l'autre, de dire tout haut le contraire de ce que l'on
dit tout bas.
» Les représentations de la France furent entendues,
et il était temps. Nous qui avions fait la guerre de
Crimée pour défendre l'intégrité de l'empire ottoman,
pour barrer à la Russie la route de Constantinople,
nous qui avions pris Sébastopol, nous n'étions plus
rien à Constantinople. Il y avait bien un sultan, un
divan, des ministres, mais le vrai souverain de la Tur-
quie était ce terrible lord Stratfford de Redcliffe qui
n'avait qu'une science, qu'un talent, qu'une force, la
haine de la France ! l'horreur du nom français !
» Comment nos représentants à Constantinople avaient-
ils laissé l'influence française s'amoindrir et l'influence
anglaise gagner tant de terrain ? Ce n'est pas ici le
lieu de le dire ; mais l'auteur de la lettre dont nous
parlions plus haut, M. le capitaine de frégate Auguste
Garbeiron, prépare un livre, plein de faits nouveaux,
sur la Turquie, et c'est dire que nous aurons occasion
de revenir sur ce sujet. Pour le moment nous consta-
tons un fait. Lord Stratfford agissait si ouvertement en
maître à Constantinople, que le gouvernement dut le
rappeler. Sir Henry Bulwer, esprit fin et délié, nature
souple et ondoyante, fut chargé de remplacer le re-
doutable lord.
» On joue différemment, mais c'est toujours le même
air ; et l'intrigue qui a produit la note turque long-
temps avant le départ du sultan pour l'Egypte, l'autre
intrigue qui a eu pour effet la publication de cette
note, sans date, juste après le retour du sultan dans la
capitale pour faire croire que le sultan et le vice-roi
n'avaient pu s'entendre sur la question de Suez, tandis
qu'au contraire leurs vues à cet égard sont en parfaite
harmonie, ces intrigues, disons-nous, et le peu d'in-
fluence que nous exerçons à Constantinople, sont là
pour prouver aux moins clairvoyants que sir Henry
Bulwer continue avec succès son illustre prédécesseur.
» Quoi qu'il eu soit, la note a été piteusement désa-
vouée; aucune des objections qu'elle mettait en avant
n'était d'ailleurs de nature à soutenir la discussion, et
le désaveu de cette note mort-née peut être considéré
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