Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
178 L'ISTHME DE SUEZ,
le secours d'aucun pilote, et il était à peine signalé
par les deux coups de canon convenus que vingt et
un coups de canon ont annoncé son entrée définitive
dans le port.
: » Il était trop tard pour qu'il pût être donné suite
à la manifestation préparée, et les consuls généraux
de France et d'Italie, avec M. de Lesseps, ont été
seuls admis, à cette heure avancée, à l'honneur de
présenter leurs hommages à Leurs Altesses, qui ont
voulu passer la nuit à bord malgré une mer très-
houleuse.
» Ce matin, un avis publié par les soins de la
commission de réception annonçait que Leurs Al-
tesses Impériales ne débarqueraient officiellement
qu'à 3 heures de l'après-midi.
» Cependant, S. A. le prince Napoléon se faisait
conduire, dès 9 heures du matin, au palais de Raz-
el-Tin pour y saluer S. A. le vice-roi, qui l'attendait
entouré de ses plus hauts dignitaires. A son retour
à bord, c'est-à-dire vers 10 heures, la princesse Clo-
tilde, sous la conduite de LL. EExc. Nubar-Pacha
et Murad-Pacha, mettait pied à terre, à son tour,
et allait visiter les princesses égyptiennes, dans leur
harem, à Raz-el-Tin, où elle a accepté à déjeuner.
Cette entrevue, dont on comprendra qu'il nous soit
impossible de donner les détails, n'a pas duré moins
de deux heures (1). Pendant toutes ces allées et ve-
nues, les vaisseaux en rade et les forts ne cessaient
d'échanger des salves d'artillerie.
» Enfin, les deux cortéges français et italien, con-
voqués à leurs consulats respectifs, se sont mis en
marche pour assister au débarquement de Leurs Al-
tesses. La double flottille de canots partant, l'une de
l'arsenal, et l'autre de Raz-el-Tin, est venue conver-
ger vers le yacht impérial, où les députations des
deux colonies, leurs consuls en tête, ont été seules
admises.
(1) Nous empruntons sur ce sujet à la correspondance de l'In-
dépendance belge les détails intéressants qui suivent : E. D.
« La princesse fut reçue aux abords du harem par la femme du
premier médecin d'Ismail-Paclia, qui l'introduisit et lui servit d'in-
terprète. La princesse avait demandé à être reçue par les femmes
du vice-roi à l'orientale. On sait que le harem d'Ismaïl-Pacha est
composé d'un assez grand nombre de femmes, mais que trois sur-
tout sont considérées comme les favorites et tiennent dans le palais
fermé le rang supérieur. Bains, parfums, café, pipes, dîner, danses,
musique, luxe de costumes et de service, rien ne fut ménagé. Mais
ce qui parut avoir surtout impressionné la princesse, fut l'accueil
empressé des femmes d'Ismail-Pacha. Elle fut frappée de l'ordre
qui règle tous les détails de la vie intérieure des princesses, des
oins intelligents dont les enfants sont l'objet ; elle parut surtout
étonnée de trouver, dans le sérail du vice-roi, ces indices du culte
de la famille qu'on s'attend si peu à rencontrer dans les palais de
Orient, et qui est un des traits particuliers de la vie et du carac-
IL're du vice-roi. »
» Aussitôt que l'ordre a été établi, Leurs Altesses
Impériales se sont présentées sur le pont pour y re-
cevoir les salutations et les félicitations du consul
général, M. Tastu, et des officiers de la marine
française. Ce premier moment passé, le prince Napo-
léon, ayant toujours la princesse Clotilde à ses côtés,
a daigné écouter le discours suivant qui lui a été
lu par M. Jules Bleton, premier député de la nation:
« Altesse,
» La colonie française d'Alexandrie, que j'ai l'hon-
» neur de représenter en qualité de premier député
» de la nation, me charge d'être auprès de vous,
» Monseigneur, l'interprète des sentiments d'allé-
» gresse que lui inspire votre heureuse arrivée
» parmi nous.
» Si la Méditerranée nous sépare de la France, sur
» cette terre d'adoption, nous n'en avons pas moins
1) les yeux toujours tournés vers la patrie absente,
» et nos cœurs battent toujours à l'unisson avec
» ceux de nos frères de là-bas.
) C'est ainsi, Monseigneur, que nous avons suivi
» avec un patriotique intérêt les débats récents qui
» vous ont fourni l'occasion d'élever la voix en fa-
» veur d'une héroïque nationalité foulée aux pieds.
)) — Avant la Pologne, l'Italie avait déjà fait vibrer
» votre mâle éloquence. — Adversaire impitoyable
» de l'injustice et de l'oppression, vous êtes le plus
» sûr défenseur de la faiblesse opprimée.
y Votre voyage parmi nous, Monseigneur, n'est
» heureusement motivé par rien de semblable. Uni-
» quement inspiré par votre noble passion pour l'é-
» tude et par le désir de contempler, à votre tour,
» les imposants monuments d'une civilisation éteinte,
» il vous permettra de constater, en même temps,
» la sécurité profonde dont nous jouissons dans ce
» beau pays, sous un prince éclairé et libéral, qui met
» sa gloire à concilier le bien-être de ses sujets avec
» la protection de la colonie européenne confiée à sa
» loyauté.
» Votre patriotisme de Français et de prince trou-
» vera d'autres sujets de satisfaction encore, au
» spectacle de la grande œuvre internationale que
« poursuit ici un des nôtres, M. de Lesseps, et votre
» auguste visite sera la plus belle récompense de
» ses efforts pour mener à bonne fin sa tâche huma-
» nitaire. ;
» Mais il ne doit pas oublier, le courageux pion-
» nier de l'avenir, et vous vous souviendrez, Prince,
» avec un orgueil plus légitime encore que le nôtre,
» que ce grand résultat, ainsi que tous ceux qui
» l'ont précédé et qui le suivront encore, est, avant
» tout, l'œuvre du grand homme dont votre Al-
» tesse porte elle-même si dignement le nom, et qui
» débarquait sur cette même plage, il y a soixante
le secours d'aucun pilote, et il était à peine signalé
par les deux coups de canon convenus que vingt et
un coups de canon ont annoncé son entrée définitive
dans le port.
: » Il était trop tard pour qu'il pût être donné suite
à la manifestation préparée, et les consuls généraux
de France et d'Italie, avec M. de Lesseps, ont été
seuls admis, à cette heure avancée, à l'honneur de
présenter leurs hommages à Leurs Altesses, qui ont
voulu passer la nuit à bord malgré une mer très-
houleuse.
» Ce matin, un avis publié par les soins de la
commission de réception annonçait que Leurs Al-
tesses Impériales ne débarqueraient officiellement
qu'à 3 heures de l'après-midi.
» Cependant, S. A. le prince Napoléon se faisait
conduire, dès 9 heures du matin, au palais de Raz-
el-Tin pour y saluer S. A. le vice-roi, qui l'attendait
entouré de ses plus hauts dignitaires. A son retour
à bord, c'est-à-dire vers 10 heures, la princesse Clo-
tilde, sous la conduite de LL. EExc. Nubar-Pacha
et Murad-Pacha, mettait pied à terre, à son tour,
et allait visiter les princesses égyptiennes, dans leur
harem, à Raz-el-Tin, où elle a accepté à déjeuner.
Cette entrevue, dont on comprendra qu'il nous soit
impossible de donner les détails, n'a pas duré moins
de deux heures (1). Pendant toutes ces allées et ve-
nues, les vaisseaux en rade et les forts ne cessaient
d'échanger des salves d'artillerie.
» Enfin, les deux cortéges français et italien, con-
voqués à leurs consulats respectifs, se sont mis en
marche pour assister au débarquement de Leurs Al-
tesses. La double flottille de canots partant, l'une de
l'arsenal, et l'autre de Raz-el-Tin, est venue conver-
ger vers le yacht impérial, où les députations des
deux colonies, leurs consuls en tête, ont été seules
admises.
(1) Nous empruntons sur ce sujet à la correspondance de l'In-
dépendance belge les détails intéressants qui suivent : E. D.
« La princesse fut reçue aux abords du harem par la femme du
premier médecin d'Ismail-Paclia, qui l'introduisit et lui servit d'in-
terprète. La princesse avait demandé à être reçue par les femmes
du vice-roi à l'orientale. On sait que le harem d'Ismaïl-Pacha est
composé d'un assez grand nombre de femmes, mais que trois sur-
tout sont considérées comme les favorites et tiennent dans le palais
fermé le rang supérieur. Bains, parfums, café, pipes, dîner, danses,
musique, luxe de costumes et de service, rien ne fut ménagé. Mais
ce qui parut avoir surtout impressionné la princesse, fut l'accueil
empressé des femmes d'Ismail-Pacha. Elle fut frappée de l'ordre
qui règle tous les détails de la vie intérieure des princesses, des
oins intelligents dont les enfants sont l'objet ; elle parut surtout
étonnée de trouver, dans le sérail du vice-roi, ces indices du culte
de la famille qu'on s'attend si peu à rencontrer dans les palais de
Orient, et qui est un des traits particuliers de la vie et du carac-
IL're du vice-roi. »
» Aussitôt que l'ordre a été établi, Leurs Altesses
Impériales se sont présentées sur le pont pour y re-
cevoir les salutations et les félicitations du consul
général, M. Tastu, et des officiers de la marine
française. Ce premier moment passé, le prince Napo-
léon, ayant toujours la princesse Clotilde à ses côtés,
a daigné écouter le discours suivant qui lui a été
lu par M. Jules Bleton, premier député de la nation:
« Altesse,
» La colonie française d'Alexandrie, que j'ai l'hon-
» neur de représenter en qualité de premier député
» de la nation, me charge d'être auprès de vous,
» Monseigneur, l'interprète des sentiments d'allé-
» gresse que lui inspire votre heureuse arrivée
» parmi nous.
» Si la Méditerranée nous sépare de la France, sur
» cette terre d'adoption, nous n'en avons pas moins
1) les yeux toujours tournés vers la patrie absente,
» et nos cœurs battent toujours à l'unisson avec
» ceux de nos frères de là-bas.
) C'est ainsi, Monseigneur, que nous avons suivi
» avec un patriotique intérêt les débats récents qui
» vous ont fourni l'occasion d'élever la voix en fa-
» veur d'une héroïque nationalité foulée aux pieds.
)) — Avant la Pologne, l'Italie avait déjà fait vibrer
» votre mâle éloquence. — Adversaire impitoyable
» de l'injustice et de l'oppression, vous êtes le plus
» sûr défenseur de la faiblesse opprimée.
y Votre voyage parmi nous, Monseigneur, n'est
» heureusement motivé par rien de semblable. Uni-
» quement inspiré par votre noble passion pour l'é-
» tude et par le désir de contempler, à votre tour,
» les imposants monuments d'une civilisation éteinte,
» il vous permettra de constater, en même temps,
» la sécurité profonde dont nous jouissons dans ce
» beau pays, sous un prince éclairé et libéral, qui met
» sa gloire à concilier le bien-être de ses sujets avec
» la protection de la colonie européenne confiée à sa
» loyauté.
» Votre patriotisme de Français et de prince trou-
» vera d'autres sujets de satisfaction encore, au
» spectacle de la grande œuvre internationale que
« poursuit ici un des nôtres, M. de Lesseps, et votre
» auguste visite sera la plus belle récompense de
» ses efforts pour mener à bonne fin sa tâche huma-
» nitaire. ;
» Mais il ne doit pas oublier, le courageux pion-
» nier de l'avenir, et vous vous souviendrez, Prince,
» avec un orgueil plus légitime encore que le nôtre,
» que ce grand résultat, ainsi que tous ceux qui
» l'ont précédé et qui le suivront encore, est, avant
» tout, l'œuvre du grand homme dont votre Al-
» tesse porte elle-même si dignement le nom, et qui
» débarquait sur cette même plage, il y a soixante
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