Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 195
LE CONSTITUTIONNEL ET LA NOTE TURQUE.
Le Constitutionnel du 16 mai a publié sur la note
urque et sur le sort qui l'attend, une discussion
grave et détaillée où les divers points de la ques-
tions sont successivement abordés, et qui par la po-
sition de ce journal ne peut pas manquer d'éveiller
plus d'une réflexion en Turquie et même en Angle-
terre. Nous nous faisons un devoir de reproduire tex-
tuellement cet article.
E. D.
Le canal de Suez.
« L'indiscrétion qu'on a commise en livrant à la publi-
cité la dépêche relative au canal de Suez est déplorable,
surtout pour le gouvernement turc. Elle est déplorable
parce qu'elle a révélé une nouvelle ingérence étrangère
dans la politique extérieure de la Turquie, et parce
qu'en rendant public cet acte de faiblesse du Divan,
elle permet de prêter au gouvernement ottoman des
sentiments d'ingratitude envers la France, au moment
où celle-ci vient de lui donner une preuve de bon vou-
loir en souscrivant son emprunt de 150 millions.
» Ce n'est pas la première fois que la Porte Ottomane
a de puissants motifs de se louer de nous. En échange
de continuels bons offices et par égard pour une alliance
cimentée non-seulement de notre argent, mais de noire
sang, c'est bien le moins sans doute qu'on attende d'elle
de bons procédés.
» Montrerait-on qu'on a le sentiment de ce devoir si
l'on épousait les passions d'une politique étrangère
contre une œuvre de civilisation et de progrès due à
l'initiative française, et qui n'offre certes que des avan-
tages pour la Turquie elle-même?
» Nous cherchons en vain dans la dépêche turque des
objections assez fortes pour motiver cette attitude.
Nous n'y voyons que des prétextes. Il y en a deux prin-
cipaux: les contingents d'ouvriers indigènes que le
gouvernement égyptien met au service de la Compagnie
de Suez; les terres désertes sur lesquelles un droit de
jouissance est accordé à la même Compagnie, lorsqu'elle
es rend à la culture au moyen d'irrigations.
» D'où vient cette excessive sollicitude pour des ouvriers
qui sont bien traités, bien payés en échange d'un tra-
vail très-court et très-modéré ? Pourquoi ces déclama-
tions subites contre un régime de travail qui remonte
à l'origine des temps, qui a été employé sans aucun
scrupule par les Anglais pour la construction du chemin
de fer de Suez, et tout récemment pour sa réparation ?
) Et comment cette réclamation se produit-elle à pro-
pos des contingents employés au canal de Suez, alors
que la tâche qui est confiée à ces contingents n'a aucun
des caractères de la corvée?
» Nous n'avons pas à défendre le système de la corvée.
Ce système qui consiste, comme on l'a vingt fois répété,
en un travail gratuit, d'une durée illimitée, n'est pas
celui qu'emploie le canal de Suez. Seulement, nous
cherchons ce décret dont parle la dépêche et qui pro-
noncerait l'abolition de la corvée. Nous savons bien
que le vice-roi d'Egypte, en s'adressant aux consuls, a
prononcé quelques mots contre le régime de la corvée.
Mais nous ne voyons pas que ce témoignage de senti-
ments libéraux ait pu recevoir son application, puisqu'au
moment même où nous écrivons, ce régime préside à
certaines opérations de la Compagnie péninsulaire et
orientale anglaise, qui, à Suez, emploie au chargement
et au déchargement de ses navires des manœuvres
égyptiens travaillant gratuitement pour elle. Que le
décret existe ou n'existe pas , il est évident qu'il ne
pourrait s'appliquer à la Compagnie, puisque, dans la
même séance de réception où le nouveau vice-roi, Is-
maïl-Pacha, a reçu les consuls, il a déclaré formellement
que ce qu'il disait de la corvée ne s'appliquait pas au canal de
Suez.
» En effet, les travaux de ce canal n'ont rien de com-
mun avec le travail gratuit, et, dans l'intérêt de l'hu-
manité , la Turquie a certes bien assez à faire en s'oc-
cupant d'améliorer le sort des chrétiens de l'empire,
notamment en Syrie, sans montrer une sollicitude su-
perflue pour les sujets égyptiens qui n'ont point à se
plaindre.
» Il y a plus : nous pouvons lui certifier, abstraction
faite du canal de Suez, qu'il est impossible de suppri-
mer le travail obligatoire en Égypte, à moins qu'on ne
suppose quelque part le dessein d'arriver à la ruine de
ce pays. Supprimer le travail obligatoire en Egypte, ce
serait refuser au gouvernement égyptien le seul moyen
qu'il possède de faire réparer les canaux du Nil et de
maintenir les cultures. Or, la Turquie ne peut désirer
ce résultat, car on sait bien que ce n'est pas à elle que
pourraient profiter la décadence et la perte de l'E-
gypte.
» La question de territoire est-elle plus sérieuse?
» Quoi, la Turquie voudrait empêcher que le désert
fût transformé en pays cultivé; qu'une population pai-
sible et industrieuse s'y établit et augmentât, par son
travail, la prospérité de l'Egypte? Elle préférerait la
stérilité, le vagabondage des tribus pillardes? Ce n'est
pas admissible. Le croissant n'est plus un emblème de
dévastation et de barbarie. Les derniers sultans ont
annoncé à l'Europe une autre politique.
1) Mais la dépêche affirme que l'industrie européenne,
introduite sur les terres qu'arrosera le canal d'eau
douce, peut compromettre sa suzeraineté. Elle croit
qu'aucun gouvernement ne souffrirait que des étran-
gers vinssent bâtir des villes, créer des cultures sur
des terres désertes comprises dans les limites de l'em-
pire. Elle se trompe à cet égard. Le gouvernement des
États-Unis trouve-t-il mauvais que des Allemands et
des Irlandais, même avant d'être naturalisés sujets
américains, fondent des villes et défrichent de vastes
espaces de terrain sur le sol de la république? Non
sans doute. Tout ce qu'il leur demande, c'est d'obser-
ver les lois au pays et d'obéir à ceux qui sont char-
gés de les faire exécuter : cela sans préjudice des droits
de propriété que chacun exerce dans toute leur éten-
due sur les biens légitimement acquis.
» Devrait-il résulter même quelques soins nouveaux,
LE CONSTITUTIONNEL ET LA NOTE TURQUE.
Le Constitutionnel du 16 mai a publié sur la note
urque et sur le sort qui l'attend, une discussion
grave et détaillée où les divers points de la ques-
tions sont successivement abordés, et qui par la po-
sition de ce journal ne peut pas manquer d'éveiller
plus d'une réflexion en Turquie et même en Angle-
terre. Nous nous faisons un devoir de reproduire tex-
tuellement cet article.
E. D.
Le canal de Suez.
« L'indiscrétion qu'on a commise en livrant à la publi-
cité la dépêche relative au canal de Suez est déplorable,
surtout pour le gouvernement turc. Elle est déplorable
parce qu'elle a révélé une nouvelle ingérence étrangère
dans la politique extérieure de la Turquie, et parce
qu'en rendant public cet acte de faiblesse du Divan,
elle permet de prêter au gouvernement ottoman des
sentiments d'ingratitude envers la France, au moment
où celle-ci vient de lui donner une preuve de bon vou-
loir en souscrivant son emprunt de 150 millions.
» Ce n'est pas la première fois que la Porte Ottomane
a de puissants motifs de se louer de nous. En échange
de continuels bons offices et par égard pour une alliance
cimentée non-seulement de notre argent, mais de noire
sang, c'est bien le moins sans doute qu'on attende d'elle
de bons procédés.
» Montrerait-on qu'on a le sentiment de ce devoir si
l'on épousait les passions d'une politique étrangère
contre une œuvre de civilisation et de progrès due à
l'initiative française, et qui n'offre certes que des avan-
tages pour la Turquie elle-même?
» Nous cherchons en vain dans la dépêche turque des
objections assez fortes pour motiver cette attitude.
Nous n'y voyons que des prétextes. Il y en a deux prin-
cipaux: les contingents d'ouvriers indigènes que le
gouvernement égyptien met au service de la Compagnie
de Suez; les terres désertes sur lesquelles un droit de
jouissance est accordé à la même Compagnie, lorsqu'elle
es rend à la culture au moyen d'irrigations.
» D'où vient cette excessive sollicitude pour des ouvriers
qui sont bien traités, bien payés en échange d'un tra-
vail très-court et très-modéré ? Pourquoi ces déclama-
tions subites contre un régime de travail qui remonte
à l'origine des temps, qui a été employé sans aucun
scrupule par les Anglais pour la construction du chemin
de fer de Suez, et tout récemment pour sa réparation ?
) Et comment cette réclamation se produit-elle à pro-
pos des contingents employés au canal de Suez, alors
que la tâche qui est confiée à ces contingents n'a aucun
des caractères de la corvée?
» Nous n'avons pas à défendre le système de la corvée.
Ce système qui consiste, comme on l'a vingt fois répété,
en un travail gratuit, d'une durée illimitée, n'est pas
celui qu'emploie le canal de Suez. Seulement, nous
cherchons ce décret dont parle la dépêche et qui pro-
noncerait l'abolition de la corvée. Nous savons bien
que le vice-roi d'Egypte, en s'adressant aux consuls, a
prononcé quelques mots contre le régime de la corvée.
Mais nous ne voyons pas que ce témoignage de senti-
ments libéraux ait pu recevoir son application, puisqu'au
moment même où nous écrivons, ce régime préside à
certaines opérations de la Compagnie péninsulaire et
orientale anglaise, qui, à Suez, emploie au chargement
et au déchargement de ses navires des manœuvres
égyptiens travaillant gratuitement pour elle. Que le
décret existe ou n'existe pas , il est évident qu'il ne
pourrait s'appliquer à la Compagnie, puisque, dans la
même séance de réception où le nouveau vice-roi, Is-
maïl-Pacha, a reçu les consuls, il a déclaré formellement
que ce qu'il disait de la corvée ne s'appliquait pas au canal de
Suez.
» En effet, les travaux de ce canal n'ont rien de com-
mun avec le travail gratuit, et, dans l'intérêt de l'hu-
manité , la Turquie a certes bien assez à faire en s'oc-
cupant d'améliorer le sort des chrétiens de l'empire,
notamment en Syrie, sans montrer une sollicitude su-
perflue pour les sujets égyptiens qui n'ont point à se
plaindre.
» Il y a plus : nous pouvons lui certifier, abstraction
faite du canal de Suez, qu'il est impossible de suppri-
mer le travail obligatoire en Égypte, à moins qu'on ne
suppose quelque part le dessein d'arriver à la ruine de
ce pays. Supprimer le travail obligatoire en Egypte, ce
serait refuser au gouvernement égyptien le seul moyen
qu'il possède de faire réparer les canaux du Nil et de
maintenir les cultures. Or, la Turquie ne peut désirer
ce résultat, car on sait bien que ce n'est pas à elle que
pourraient profiter la décadence et la perte de l'E-
gypte.
» La question de territoire est-elle plus sérieuse?
» Quoi, la Turquie voudrait empêcher que le désert
fût transformé en pays cultivé; qu'une population pai-
sible et industrieuse s'y établit et augmentât, par son
travail, la prospérité de l'Egypte? Elle préférerait la
stérilité, le vagabondage des tribus pillardes? Ce n'est
pas admissible. Le croissant n'est plus un emblème de
dévastation et de barbarie. Les derniers sultans ont
annoncé à l'Europe une autre politique.
1) Mais la dépêche affirme que l'industrie européenne,
introduite sur les terres qu'arrosera le canal d'eau
douce, peut compromettre sa suzeraineté. Elle croit
qu'aucun gouvernement ne souffrirait que des étran-
gers vinssent bâtir des villes, créer des cultures sur
des terres désertes comprises dans les limites de l'em-
pire. Elle se trompe à cet égard. Le gouvernement des
États-Unis trouve-t-il mauvais que des Allemands et
des Irlandais, même avant d'être naturalisés sujets
américains, fondent des villes et défrichent de vastes
espaces de terrain sur le sol de la république? Non
sans doute. Tout ce qu'il leur demande, c'est d'obser-
ver les lois au pays et d'obéir à ceux qui sont char-
gés de les faire exécuter : cela sans préjudice des droits
de propriété que chacun exerce dans toute leur éten-
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