Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1863 15 mai 1863
Description : 1863/05/15 (A8,N166). 1863/05/15 (A8,N166).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203245w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
163
c'est à nos alliés que nous le devons; ce sont eux
qui nous ont devancés, et qui, il y a trente ans,
étaient animés, silencieusement il est vrai, mais
énergiquement, du même intérêt, j'allais dire de la
même passion, qui maintenant agite le monde en-
tier. C'est un hommage qu'il faut rendre à cette
puissante activité, à ce génie hardi qui a tant con-
tribué à la grandeur de l'Angleterre ; c'est lui qui a
vu, qui a préparé cette grande révolution, et qui a
montré par des entreprises décisives l'avantage qui
devait résulter des communications directes avec
l'extrême Orient, en abrégeant de moitié la distance
qui nous en sépare.
» Je sais bien que le génie de l'empereur Napoléon
avait vu, lui aussi, et bien avant, ces destinées de
notre siècle, puisque c'est lui qui, en 1798, jetait les
fondements de la canalisation de l'isthme de Suez.
Mais l'idée d'une grande révolution commerciale est
restée pendant quarante ans dans les spéculations
de quelques rares esprits qui n'avaient pas en eux,
malgré leur science et leur autorité, la puissance
pratique d'exécution nécessaire à ce grand dessein.
» Ce fut vers 1830 que le génie anglais fut frappé
des immenses bénéfices qui devaient résulter pour le
commerce, d'un transit à travers l'Égypte. Peu d'an-
nées après, un homme qui mérite, comme M. Ferdi-
nand de Lesseps, la reconnaissance du monde, un
officier de marine, M. Waghorn, donna le signal d'un
mouvement décisif qui, depuis vingt-cinq ans, n'a
fait que s'étendre et grandir, et qui désormais a ac-
quis une puissance irrésistible.
» C'est alors que par ordre du gouvernement anglais,
et avec des sacrifices devant lesquels il n'a pas hésité,
il a été fait une complète et minutieuse exploration
de la mer Rouge. Près de 2 millions ont été dépensés
pour dresser une admirable carte marine, qui est un
chef-d'œuvre de soins et d'exactitude.
» Mais pendant ces explorations savantes et lorsque
d'anciens préjugés faisaient encore douter de la possi-
bilité de l'entreprise de M. Waghorn, le gouvernement
anglais essayait par des efforts continus d'ouvrir
de nouvelles communications. C'est ainsi qu'il con-
çut l'idée d'un chemin de fer faisant communiquer la
Méditerranée avec le golfe Persique par une ligne
directe ; il explorait les côtes de Syrie et l'Euphrate,
qui, à cette époque, lui semblaient préférables au
transit égyptien. On dira peut-être que ce travail
incessant de l'Angleterre et l'entreprise de M. Wa-
ghorn n'avaient d'autre but que d'établir un service
postal et de voyageurs dans l'intérêt particulier de
la Compagnie des Indes. Sans doute, l'établissement
d'une ligne de vapeurs continue, de Londres à Bombay,
n'eut pas d'abord un autre résultat; mais nous allons
montrer tout à l'heure que le gouvernement anglais,
dès le principe, conçut et voulut autre chose.
< » En 1834, notre consul à Alexandrie écrivait à notre
ministre des affaires étrangères, que l'Angleterre se
montrait hautement favorable au pacha d'Egypte
Méhémet-Ali, à cause, disait notre consul, que les
relations de l'Angleterre avec ce pays, et celles que
prépare l'ouverture d'un chemin de fer, lui font dé-
sirer comme nous, et encore plus que nous, la fixa-
tion des destinées de l'Egypte.
» Plus tard, en 1838, en prévision de perspectives qui
deviennent une de ses plus ardentes préoccupations,
l'Angleterre prend possession de la ville d'Aden, le
meilleur port et le plus important de la mer Rouge.
Cet événement est signalé en ces termes au ministre
des affaires étrangères de France: « Le gouvernement
» anglais veut rétablir l'ancienne route commerciale
» entre l'Europe et les Indes. »
» A cette même époque, un officier de la marine fran-
çais e écrit de Moka à notre consul général à Alexan-
drie pour lui signaler la même pensée et les mêmes
projets. Il annonce même que la ville d'Aden ne suf-
fisant pas à l'Angleterre , elle pense à occuper l'île
de Périm. Ainsi elle s'établit de plus en plus dans la
mer Rouge et prépare une voie de grande communi-
cation entre l'Europe et l'Asie.
Í) C'est seulement alors que la pensée de l'intérêt
commercial de la France et du monde entier dans
ces parages, commence à entrer dans les préoccu-
pations de nos correspondances consulaires ; c'est
l'exemple de l'Angleterre qui en est la raison et l'ins-
piration. Témoin de son action incessante, le consul
général dZ Alexandrie signale les rapports des voya-
geurs qui indiquent les bénéfices probables que
trouveraient nos négociants avec l'Afrique centrale,
par l'intermédiaire de l'Abyssinie, si favorablement
disposée à se mettre en rapport avec la France.
» Mais c'est surtout en 1840 que la volonté de l'An-
gleterre devient manifeste, et son ambassadeur à
Constantinople, lord Ponsomby, y dit hautement que
l'Angleterre aspire à une grande route commer-
ciale
» En 1841, après le traité des quatre puissances,
qui avait si complétement changé la situation du
pacha d'Egypte, la question du transit du commerce
du monde à travers le territoire égyptien fait un
nouveau pas. Elle commence a être pressentie par
tous les intérêts et par toutes les puissances ; elle
entre, par le fait de l'Angleterre, dans les préoccu-
pations publiques.
» Les réclamations du commerce contre toute en-
trave administrative gênante et arbitraire, devin-
rent si vives, que Méhémet-Ali en fut alarmé à cause
de la prépondérance excessive qu'avait alors l'An-
gleterre. Irrité d'ailleurs par les humiliations qu'il
venait de subir, il feignit de voir dans les commu-
163
c'est à nos alliés que nous le devons; ce sont eux
qui nous ont devancés, et qui, il y a trente ans,
étaient animés, silencieusement il est vrai, mais
énergiquement, du même intérêt, j'allais dire de la
même passion, qui maintenant agite le monde en-
tier. C'est un hommage qu'il faut rendre à cette
puissante activité, à ce génie hardi qui a tant con-
tribué à la grandeur de l'Angleterre ; c'est lui qui a
vu, qui a préparé cette grande révolution, et qui a
montré par des entreprises décisives l'avantage qui
devait résulter des communications directes avec
l'extrême Orient, en abrégeant de moitié la distance
qui nous en sépare.
» Je sais bien que le génie de l'empereur Napoléon
avait vu, lui aussi, et bien avant, ces destinées de
notre siècle, puisque c'est lui qui, en 1798, jetait les
fondements de la canalisation de l'isthme de Suez.
Mais l'idée d'une grande révolution commerciale est
restée pendant quarante ans dans les spéculations
de quelques rares esprits qui n'avaient pas en eux,
malgré leur science et leur autorité, la puissance
pratique d'exécution nécessaire à ce grand dessein.
» Ce fut vers 1830 que le génie anglais fut frappé
des immenses bénéfices qui devaient résulter pour le
commerce, d'un transit à travers l'Égypte. Peu d'an-
nées après, un homme qui mérite, comme M. Ferdi-
nand de Lesseps, la reconnaissance du monde, un
officier de marine, M. Waghorn, donna le signal d'un
mouvement décisif qui, depuis vingt-cinq ans, n'a
fait que s'étendre et grandir, et qui désormais a ac-
quis une puissance irrésistible.
» C'est alors que par ordre du gouvernement anglais,
et avec des sacrifices devant lesquels il n'a pas hésité,
il a été fait une complète et minutieuse exploration
de la mer Rouge. Près de 2 millions ont été dépensés
pour dresser une admirable carte marine, qui est un
chef-d'œuvre de soins et d'exactitude.
» Mais pendant ces explorations savantes et lorsque
d'anciens préjugés faisaient encore douter de la possi-
bilité de l'entreprise de M. Waghorn, le gouvernement
anglais essayait par des efforts continus d'ouvrir
de nouvelles communications. C'est ainsi qu'il con-
çut l'idée d'un chemin de fer faisant communiquer la
Méditerranée avec le golfe Persique par une ligne
directe ; il explorait les côtes de Syrie et l'Euphrate,
qui, à cette époque, lui semblaient préférables au
transit égyptien. On dira peut-être que ce travail
incessant de l'Angleterre et l'entreprise de M. Wa-
ghorn n'avaient d'autre but que d'établir un service
postal et de voyageurs dans l'intérêt particulier de
la Compagnie des Indes. Sans doute, l'établissement
d'une ligne de vapeurs continue, de Londres à Bombay,
n'eut pas d'abord un autre résultat; mais nous allons
montrer tout à l'heure que le gouvernement anglais,
dès le principe, conçut et voulut autre chose.
< » En 1834, notre consul à Alexandrie écrivait à notre
ministre des affaires étrangères, que l'Angleterre se
montrait hautement favorable au pacha d'Egypte
Méhémet-Ali, à cause, disait notre consul, que les
relations de l'Angleterre avec ce pays, et celles que
prépare l'ouverture d'un chemin de fer, lui font dé-
sirer comme nous, et encore plus que nous, la fixa-
tion des destinées de l'Egypte.
» Plus tard, en 1838, en prévision de perspectives qui
deviennent une de ses plus ardentes préoccupations,
l'Angleterre prend possession de la ville d'Aden, le
meilleur port et le plus important de la mer Rouge.
Cet événement est signalé en ces termes au ministre
des affaires étrangères de France: « Le gouvernement
» anglais veut rétablir l'ancienne route commerciale
» entre l'Europe et les Indes. »
» A cette même époque, un officier de la marine fran-
çais e écrit de Moka à notre consul général à Alexan-
drie pour lui signaler la même pensée et les mêmes
projets. Il annonce même que la ville d'Aden ne suf-
fisant pas à l'Angleterre , elle pense à occuper l'île
de Périm. Ainsi elle s'établit de plus en plus dans la
mer Rouge et prépare une voie de grande communi-
cation entre l'Europe et l'Asie.
Í) C'est seulement alors que la pensée de l'intérêt
commercial de la France et du monde entier dans
ces parages, commence à entrer dans les préoccu-
pations de nos correspondances consulaires ; c'est
l'exemple de l'Angleterre qui en est la raison et l'ins-
piration. Témoin de son action incessante, le consul
général dZ Alexandrie signale les rapports des voya-
geurs qui indiquent les bénéfices probables que
trouveraient nos négociants avec l'Afrique centrale,
par l'intermédiaire de l'Abyssinie, si favorablement
disposée à se mettre en rapport avec la France.
» Mais c'est surtout en 1840 que la volonté de l'An-
gleterre devient manifeste, et son ambassadeur à
Constantinople, lord Ponsomby, y dit hautement que
l'Angleterre aspire à une grande route commer-
ciale
» En 1841, après le traité des quatre puissances,
qui avait si complétement changé la situation du
pacha d'Egypte, la question du transit du commerce
du monde à travers le territoire égyptien fait un
nouveau pas. Elle commence a être pressentie par
tous les intérêts et par toutes les puissances ; elle
entre, par le fait de l'Angleterre, dans les préoccu-
pations publiques.
» Les réclamations du commerce contre toute en-
trave administrative gênante et arbitraire, devin-
rent si vives, que Méhémet-Ali en fut alarmé à cause
de la prépondérance excessive qu'avait alors l'An-
gleterre. Irrité d'ailleurs par les humiliations qu'il
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