Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 191
le projet français, elle ne semble céder qu'au senti-
ment contraire, déplaire à la France et la desservir,
détruire dans l'Orient son influence et y ruiner jus-
qu'à sa considération. Est-ce de l'équité? Est-ce de la
bienveillance? Et ne reste-t-il pas prouvé que cette
équité que la Porte invoque et dont elle prétend si
singulièrement donner l'exemple a deux poids et deux
mesures, selon qu'il s'agit de l'Angleterre ou de la
France ?
ERNEST DESPLACES.
CHRONIQUE DE L'ISTHME
Nous empruntons les nouvelles suivantes à la
Correspondance parisienne Havas Bullier dont les in-
formations, on le sait, sont puisées à de bonnes
sources :
» Alexandrie, 20 mai.
» C'est bien à tort, je vous assure, que l'on re-
réprésente le vice-roi comme hostile à l'achèvement
du canal de Suez ou seulement comme disposé à y
apporter des entraves. Le vice-roi veut le canal et
désire le voir ouvert le plus promptement possible.
C'est pour cela qu'il a provoqué lui-même la note
qui parait avoir causé une certaine sensation en
France. Dès les premiers jours de son avènement
au trône, Son Altesse s'est préoccupée de faire régler
toutes les difficultés de nature à empêcher de don-
ner aux travaux toute l'impulsion qu'il veut leur
donner. Son Altesse désire franchement que le canal
s'achève promptement. Elle tient à sortir du provi-
soire où la mauvaise volonté de l'Angleterre retient
jusqu'à ce jour l'entreprise. Vous pouvez donc être
complétement rassuré sur les intentions bienveillan-
tes de Son Altesse. On me rapporte qu'elle a dit ces
jours-ci devant une réunion nombreuse : « Je veux
étonner le monde; le canal sera fini avant peu,
quoi qu'il arrive. L'affaire des corvées n'a aucun
rapport avec le percement de l'Isthme. J'ai voulu
simplement prévenir le peuple égyptien que mon
avènement mettrait fin au travail gratuit. »
Nos propres renseignements sur les intentions
et les sentiments du vice-roi nous rendent ce récit
tout à fait croyable, et voilà comment se vérifie l'as-
sertion plus que hardie de lord Palmerston affirmant
que le vice-roi était d'accord avec le sultan pour
anéantir le travail sur le canal de Suez.
Quant au sultan lui-même, son entente avec lord
Palmerston est-elle aussi complète que Sa Seigneurie
voudrait le faire croire? Nous en doutons, rien qu'à
consulter les correspondances du Times, depuis
qu'Abdul-Aziz s'est embarqué pour retourner à
Constantinople. Ces correspondances périodiques et
régulières par chaque paquebot sont sous les dates
du 30 avril, du 7 et du 16 mai. Elles retracent les
principales circonstances de ce voyage de retour.
Elles expriment toutes les trois une passion bien
naturelle et une admiration fervente pour Aali-Pa-
cha et surtout pour Fuad-Pacha instruments de sir
Henry Bulwer dans l'exécution du guet-apens qui est
parti le 3 avril avec le sultan pour Alexandrie.
Fuad, selon ces correspondances, était le maître de
son maitre. Il était sur le point d'arriver au premier
poste de l'empire. Tout allait pour le mieux. Cepen-
dant une première circonstance inquiétait quelque
peu le correspondant sur les dispositions personnel-
les du sultan. Dès le 30 avril, il signalait que Sa
Hautesse, parmi tous les membres officiels qu'elle
avait reçus à son passage à Smyrne, « avait choisi
le comte Bentivoglio , consul général de France et
parent de M. le comte Walewski, pour objet de sa
condescendance spéciale, qu'elle lui avait montré la
civilité la plus marquée et que même elle lui avait
fait don d'un cheval provenant des écuries impé-
riales. » Ces attentions et cette faveur ne plaisent
pas au correspondant et il ne manque pas de leur
chercher et de leur donner une expression défa-
vorable; mais ces efforts mêmes prouvent que l'in-
cident n'a pas été vu de bon œil dans la diplomatie
anglaise.
Dans sa lettre suivante, le correspondant est déjà
plus inquiet sur la solidité de ses favoris. Le sultan
est revenu avec des idées de réforme très-pronon-
cées. Le correspondant craint qu'il ne les pousse
trop loin. Mais il compte sur Aali et sur Fuad pour
calmer ces ardeurs. La seule réforme urgente, c'est
d'empêcher les ouvriers égyptiens de travailler à
l'achèvement du canal.
Dans la troisième et dernière lettre publiée le
28 mai par le Times, les inquiétudes sont encore
plus vives et plus explicites. « On craint, dit le
correspondant, et l'on craint non sans raison, que
par l'inconstance de la faveur impériale et les in-
trigues qui sont toujours actives pour abattre un
homme aussitôt qu'il est arrivé à une dangereuse
éminence, le prestige de Fuad auprès du sultan ne
soit que de courte durée. On argue à la suite de
cette supposition que le sultan lui-même est jaloux
du pouvoir individuel de tout ministre, et l'on cite
de nombreux exemples de la disgrace et du renvoi
soudain de personnages de la maison impériale dont
la faveur et la position semblaient être d'une nature
durable. »
On voit que le sultan lui-même est ici sacrifié au
« prestige de ') Fuad. Mais l'Angleterre sait comment on
dompte les sultans et comment on leur impose ses
propres créatures. Aussi le correspondant s'empresse-
t-il d'ajouter :«Fuad n'est pas un homme d'Etat qui
doive sa situation à des faveurs de cour ; il s'est élevé
par la faveur publique; » — ce qui en anglais veut
dire la faveur anglaise;—et pour le placer aussi haut
le projet français, elle ne semble céder qu'au senti-
ment contraire, déplaire à la France et la desservir,
détruire dans l'Orient son influence et y ruiner jus-
qu'à sa considération. Est-ce de l'équité? Est-ce de la
bienveillance? Et ne reste-t-il pas prouvé que cette
équité que la Porte invoque et dont elle prétend si
singulièrement donner l'exemple a deux poids et deux
mesures, selon qu'il s'agit de l'Angleterre ou de la
France ?
ERNEST DESPLACES.
CHRONIQUE DE L'ISTHME
Nous empruntons les nouvelles suivantes à la
Correspondance parisienne Havas Bullier dont les in-
formations, on le sait, sont puisées à de bonnes
sources :
» Alexandrie, 20 mai.
» C'est bien à tort, je vous assure, que l'on re-
réprésente le vice-roi comme hostile à l'achèvement
du canal de Suez ou seulement comme disposé à y
apporter des entraves. Le vice-roi veut le canal et
désire le voir ouvert le plus promptement possible.
C'est pour cela qu'il a provoqué lui-même la note
qui parait avoir causé une certaine sensation en
France. Dès les premiers jours de son avènement
au trône, Son Altesse s'est préoccupée de faire régler
toutes les difficultés de nature à empêcher de don-
ner aux travaux toute l'impulsion qu'il veut leur
donner. Son Altesse désire franchement que le canal
s'achève promptement. Elle tient à sortir du provi-
soire où la mauvaise volonté de l'Angleterre retient
jusqu'à ce jour l'entreprise. Vous pouvez donc être
complétement rassuré sur les intentions bienveillan-
tes de Son Altesse. On me rapporte qu'elle a dit ces
jours-ci devant une réunion nombreuse : « Je veux
étonner le monde; le canal sera fini avant peu,
quoi qu'il arrive. L'affaire des corvées n'a aucun
rapport avec le percement de l'Isthme. J'ai voulu
simplement prévenir le peuple égyptien que mon
avènement mettrait fin au travail gratuit. »
Nos propres renseignements sur les intentions
et les sentiments du vice-roi nous rendent ce récit
tout à fait croyable, et voilà comment se vérifie l'as-
sertion plus que hardie de lord Palmerston affirmant
que le vice-roi était d'accord avec le sultan pour
anéantir le travail sur le canal de Suez.
Quant au sultan lui-même, son entente avec lord
Palmerston est-elle aussi complète que Sa Seigneurie
voudrait le faire croire? Nous en doutons, rien qu'à
consulter les correspondances du Times, depuis
qu'Abdul-Aziz s'est embarqué pour retourner à
Constantinople. Ces correspondances périodiques et
régulières par chaque paquebot sont sous les dates
du 30 avril, du 7 et du 16 mai. Elles retracent les
principales circonstances de ce voyage de retour.
Elles expriment toutes les trois une passion bien
naturelle et une admiration fervente pour Aali-Pa-
cha et surtout pour Fuad-Pacha instruments de sir
Henry Bulwer dans l'exécution du guet-apens qui est
parti le 3 avril avec le sultan pour Alexandrie.
Fuad, selon ces correspondances, était le maître de
son maitre. Il était sur le point d'arriver au premier
poste de l'empire. Tout allait pour le mieux. Cepen-
dant une première circonstance inquiétait quelque
peu le correspondant sur les dispositions personnel-
les du sultan. Dès le 30 avril, il signalait que Sa
Hautesse, parmi tous les membres officiels qu'elle
avait reçus à son passage à Smyrne, « avait choisi
le comte Bentivoglio , consul général de France et
parent de M. le comte Walewski, pour objet de sa
condescendance spéciale, qu'elle lui avait montré la
civilité la plus marquée et que même elle lui avait
fait don d'un cheval provenant des écuries impé-
riales. » Ces attentions et cette faveur ne plaisent
pas au correspondant et il ne manque pas de leur
chercher et de leur donner une expression défa-
vorable; mais ces efforts mêmes prouvent que l'in-
cident n'a pas été vu de bon œil dans la diplomatie
anglaise.
Dans sa lettre suivante, le correspondant est déjà
plus inquiet sur la solidité de ses favoris. Le sultan
est revenu avec des idées de réforme très-pronon-
cées. Le correspondant craint qu'il ne les pousse
trop loin. Mais il compte sur Aali et sur Fuad pour
calmer ces ardeurs. La seule réforme urgente, c'est
d'empêcher les ouvriers égyptiens de travailler à
l'achèvement du canal.
Dans la troisième et dernière lettre publiée le
28 mai par le Times, les inquiétudes sont encore
plus vives et plus explicites. « On craint, dit le
correspondant, et l'on craint non sans raison, que
par l'inconstance de la faveur impériale et les in-
trigues qui sont toujours actives pour abattre un
homme aussitôt qu'il est arrivé à une dangereuse
éminence, le prestige de Fuad auprès du sultan ne
soit que de courte durée. On argue à la suite de
cette supposition que le sultan lui-même est jaloux
du pouvoir individuel de tout ministre, et l'on cite
de nombreux exemples de la disgrace et du renvoi
soudain de personnages de la maison impériale dont
la faveur et la position semblaient être d'une nature
durable. »
On voit que le sultan lui-même est ici sacrifié au
« prestige de ') Fuad. Mais l'Angleterre sait comment on
dompte les sultans et comment on leur impose ses
propres créatures. Aussi le correspondant s'empresse-
t-il d'ajouter :«Fuad n'est pas un homme d'Etat qui
doive sa situation à des faveurs de cour ; il s'est élevé
par la faveur publique; » — ce qui en anglais veut
dire la faveur anglaise;—et pour le placer aussi haut
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