Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mai 1863 15 mai 1863
Description : 1863/05/15 (A8,N166). 1863/05/15 (A8,N166).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203245w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
151
Egypte, rentrant dans sa capitale sous l'influence de
nouvelles idées et de nouveaux exemples, ne pensât
à secouer plus ou moins le joug que l'on fait peser
sur lui ? La diplomatie anglaise ne saurait-elle trou-
ver aucun moyen de couvrir ou de dissimuler l'avor-
tement que venait de subir une si belle conjuration?
Ce moyen, il a été trouvé. Ce moyen, c'est la publi-
cation de la note ottomane, et sa publication sans
date. La date, en effet, eût tout trahi ; mais, grâce
à sa suppression habile et à une publicité secourable,
on a espéré faire croire au public, et l'on y est un
instant parvenu, que la note avant le voyage, que
la note avant l'échec était, au contraire, la note après
le voyage, la note après l'échec, c'est-à-dire la note
destinée à relever et réparer l'échec. En même temps,
on compromettait publiquement les complices, on pou-
vait espérer lier la Porte dans les voies où on l'avait
engagée ; et, après tout, une note rendue publique
se rétracte ou simplement s'abandonne avec moins
de facilité et plus de répugnance qu'une note restée
confidentielle et ensevelie dans les arcanes des ca-
binets.
Cependant la note du 6 avril, nous insistons sur la
date, et il faut que désormais elle reste marquée par
sa date, la note existe, elle n'est pas retirée. Elle est
seulement le programme de la conjuration , suivie
de la déconfiture de cette conjuration ; elle est
le programme manqué du voyage du sultan et non
le résultat produit par ce voyage. Quelle est
l'impression reçue à Constantinople des incidents de
cet épisode historique ?Nous ne le savons pas encore.
Quels effets y feront la publication soudaine et impré-
vue, nous le croyons, du texte officiel de la note,
l'immense et universelle impopularité qu'elle a sus-
citée en France contre la Turquie, la clameur d'indi-
gnation qu'elle y a soulevée, les reproches d'ingra-
titude que l'on entend partout proférer ? C'est ce que
nous apprendrons plus tard. Dans tous les cas, Abdul-
Aziz et le Divan ne pourront point ignorer à quel
point ils se sont aliéné l'opinion et l'estime françaises ;
le bruit des reproches proférés arrivera jusqu'à leurs
oreilles. Ils entendront demander si c'est pour subir
de telles offenses que la France a versé pour la dé-
fense de l'intégrité de la Turquie des flots de sang et
des flots d'or ; ils entendront ces voix qui s'écrient
pour regretter le large secours que nos financiers
viennent de prêter au Trésor ottoman délaissé par
l'Angleterre. L'écho même ira jusqu'à eux de ces
paroles irritées qui proposent d'exclure du marché
français les valeurs ottomanes en représailles de la
proscription de l'isthme de Suez. Car le public va
droit au fond des choses : il ne se laisse point prendre
aux habiletés ou aux subtilités des formes , et dans
toutes les objections qu'accumule la note du 6 avril
il ne voit et ne comprend qu'un but, celui d'empêcher
ou d'entraver l'achèvement du canal des deux mers.
Il sait que la Turquie ne peut pas l'exécuter et que
l'Angleterre ne le veut pas. Et que la Turquie et l'An-
gleterre ne s'y méprennent point : ce ne sont pas ici des
ébullitions superficielles ni l'ardeur de quelques es-
prits isolés; c'est la grande voix de l'opinion qui
s'élève, qui s'exprime, comme nous le prouverons
tout à l'heure par l'organe des hommes les plus mo-
dérés et les plus considérables, qui saisit toutes les
armes depuis celle du ridicule jusqu'à celle de la
colère, et l'opinion, en France, est une puissance ir-
résistible. - •■-•■M»..-- V w
La Turquie s'obstinera-t-elle dans ses inacceptables
prétentions qui n'aboutiraient pas et ne peuvent pas
aboutir? Sera-t-elle assez assujettie à l'Angleterre
pour jouer jusqu'au bout ce jeu dangereux qui la
menace de l'animadversion de notre pays et de
l'Europe? Voudra-t-elle subir les périls d'une ef-
frayante responsabilité dont l'Angleterre, cachée
derrière elle, recueillerait seule tous les bénéfices à
ses dépens? Voudra-t-elle donner une suprême sanc-
tion à cette idée, déjà trop répandue dans le monde,
qu'elle n'est que l'immuable obstacle à tout mouve-
ment et à tout progrès? Nous aimons à en douter;
car alors la fatalité s'appesantirait sur elle, et le
malade serait le moribond. On ne peut pas longtemps
occuper à notre époque une des plus belles parties du
monde pour l'annuler, la stériliser, y maintenir et y
propager le désert.
Attendons. N'aidons pas à la manœuvre anglaise
que nous indiquions tout à l'heure, en précipitant
notre jugement. Il y a loin, par les événements, du
6 avril au 15 mai, et nous ne voudrions point préju-
ger défavorablement les modifications qu'ils ont pu
amener dans les dispositions de la Porte. Quant à la
note du 6 avril, si elle y persistait, à part les condi-
tions qu'elle peut désirer pour assurer la neutralité
du canal et le libre passage à tous les pavillons, con-
ditions qui ne trouvent pas une seule opinion dissi-
dente, et dont le principe, d'ailleurs, est formellement
stipulé sous peine résolutoire dans l'acte de conces-
sion, nous nous faisons fort de démontrer que les exi-
gences qu'elle y manifeste aboutiraient d'abord à une
spoliation, et ensuite à l'ajournement indéfini et à
la ruine de l'œuvre dont l'accomplissement est le vœu
du monde entier; que ces exigences sont, les unes la
violation manifeste du traité de 1840, déterminant la
situation respective de l'Egypte et de la Turquie
sous la garantie des grandes puissances, et que les
autres sont une violation non moins formelle du droit
internationa, des antiques capitulations et des con-
ventions plus récentes de paix et de commerce con-
clues entre la Porte et les divers gouvernements des
deux mondes.
Quant à la Compagnie, son rôle, ce nous semble,
151
Egypte, rentrant dans sa capitale sous l'influence de
nouvelles idées et de nouveaux exemples, ne pensât
à secouer plus ou moins le joug que l'on fait peser
sur lui ? La diplomatie anglaise ne saurait-elle trou-
ver aucun moyen de couvrir ou de dissimuler l'avor-
tement que venait de subir une si belle conjuration?
Ce moyen, il a été trouvé. Ce moyen, c'est la publi-
cation de la note ottomane, et sa publication sans
date. La date, en effet, eût tout trahi ; mais, grâce
à sa suppression habile et à une publicité secourable,
on a espéré faire croire au public, et l'on y est un
instant parvenu, que la note avant le voyage, que
la note avant l'échec était, au contraire, la note après
le voyage, la note après l'échec, c'est-à-dire la note
destinée à relever et réparer l'échec. En même temps,
on compromettait publiquement les complices, on pou-
vait espérer lier la Porte dans les voies où on l'avait
engagée ; et, après tout, une note rendue publique
se rétracte ou simplement s'abandonne avec moins
de facilité et plus de répugnance qu'une note restée
confidentielle et ensevelie dans les arcanes des ca-
binets.
Cependant la note du 6 avril, nous insistons sur la
date, et il faut que désormais elle reste marquée par
sa date, la note existe, elle n'est pas retirée. Elle est
seulement le programme de la conjuration , suivie
de la déconfiture de cette conjuration ; elle est
le programme manqué du voyage du sultan et non
le résultat produit par ce voyage. Quelle est
l'impression reçue à Constantinople des incidents de
cet épisode historique ?Nous ne le savons pas encore.
Quels effets y feront la publication soudaine et impré-
vue, nous le croyons, du texte officiel de la note,
l'immense et universelle impopularité qu'elle a sus-
citée en France contre la Turquie, la clameur d'indi-
gnation qu'elle y a soulevée, les reproches d'ingra-
titude que l'on entend partout proférer ? C'est ce que
nous apprendrons plus tard. Dans tous les cas, Abdul-
Aziz et le Divan ne pourront point ignorer à quel
point ils se sont aliéné l'opinion et l'estime françaises ;
le bruit des reproches proférés arrivera jusqu'à leurs
oreilles. Ils entendront demander si c'est pour subir
de telles offenses que la France a versé pour la dé-
fense de l'intégrité de la Turquie des flots de sang et
des flots d'or ; ils entendront ces voix qui s'écrient
pour regretter le large secours que nos financiers
viennent de prêter au Trésor ottoman délaissé par
l'Angleterre. L'écho même ira jusqu'à eux de ces
paroles irritées qui proposent d'exclure du marché
français les valeurs ottomanes en représailles de la
proscription de l'isthme de Suez. Car le public va
droit au fond des choses : il ne se laisse point prendre
aux habiletés ou aux subtilités des formes , et dans
toutes les objections qu'accumule la note du 6 avril
il ne voit et ne comprend qu'un but, celui d'empêcher
ou d'entraver l'achèvement du canal des deux mers.
Il sait que la Turquie ne peut pas l'exécuter et que
l'Angleterre ne le veut pas. Et que la Turquie et l'An-
gleterre ne s'y méprennent point : ce ne sont pas ici des
ébullitions superficielles ni l'ardeur de quelques es-
prits isolés; c'est la grande voix de l'opinion qui
s'élève, qui s'exprime, comme nous le prouverons
tout à l'heure par l'organe des hommes les plus mo-
dérés et les plus considérables, qui saisit toutes les
armes depuis celle du ridicule jusqu'à celle de la
colère, et l'opinion, en France, est une puissance ir-
résistible. - •■-•■M»..-- V w
La Turquie s'obstinera-t-elle dans ses inacceptables
prétentions qui n'aboutiraient pas et ne peuvent pas
aboutir? Sera-t-elle assez assujettie à l'Angleterre
pour jouer jusqu'au bout ce jeu dangereux qui la
menace de l'animadversion de notre pays et de
l'Europe? Voudra-t-elle subir les périls d'une ef-
frayante responsabilité dont l'Angleterre, cachée
derrière elle, recueillerait seule tous les bénéfices à
ses dépens? Voudra-t-elle donner une suprême sanc-
tion à cette idée, déjà trop répandue dans le monde,
qu'elle n'est que l'immuable obstacle à tout mouve-
ment et à tout progrès? Nous aimons à en douter;
car alors la fatalité s'appesantirait sur elle, et le
malade serait le moribond. On ne peut pas longtemps
occuper à notre époque une des plus belles parties du
monde pour l'annuler, la stériliser, y maintenir et y
propager le désert.
Attendons. N'aidons pas à la manœuvre anglaise
que nous indiquions tout à l'heure, en précipitant
notre jugement. Il y a loin, par les événements, du
6 avril au 15 mai, et nous ne voudrions point préju-
ger défavorablement les modifications qu'ils ont pu
amener dans les dispositions de la Porte. Quant à la
note du 6 avril, si elle y persistait, à part les condi-
tions qu'elle peut désirer pour assurer la neutralité
du canal et le libre passage à tous les pavillons, con-
ditions qui ne trouvent pas une seule opinion dissi-
dente, et dont le principe, d'ailleurs, est formellement
stipulé sous peine résolutoire dans l'acte de conces-
sion, nous nous faisons fort de démontrer que les exi-
gences qu'elle y manifeste aboutiraient d'abord à une
spoliation, et ensuite à l'ajournement indéfini et à
la ruine de l'œuvre dont l'accomplissement est le vœu
du monde entier; que ces exigences sont, les unes la
violation manifeste du traité de 1840, déterminant la
situation respective de l'Egypte et de la Turquie
sous la garantie des grandes puissances, et que les
autres sont une violation non moins formelle du droit
internationa, des antiques capitulations et des con-
ventions plus récentes de paix et de commerce con-
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deux mondes.
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