Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1863 15 mai 1863
Description : 1863/05/15 (A8,N166). 1863/05/15 (A8,N166).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203245w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
Vol
pour toujours l'entreprise la plus gigantesque des
temps modernes, la plus digne de nous, la plus con-
forme à nos intértês comme à notre grandeur poli-
tique.
» D'où vient le coup qu'on nous porte? Est-ce de
l'Angleterre, est-ce de la Russie? Les journaux de
Londres nous avaient dit que l'ambassadeur anglais à
Constantinople avait accompagné le sultan jusqu'à la
dernière heure, jusqu'à bord du vaisseau qui devait le
conduire en Egypte, et que c'était pour le dissuader
de son voyage. Ces paroles cachaient donc un piège ?
L'obséquiosité de l'envoyé anglais n'avait donc d'autre
but que de confirmer le sultan dans des intentions
qu'on avait fait naître, dans des projets qu'on avait
inspirés, et qui devaient tout particulièrement le flatter.
Quoi de plus séduisant, en effet, que de faire acte de
souveraineté dans un pays séparé violemment de l'em-
pire par un aventurier heureux, et qu'on voudrait
pouvoir ramener sous la domination complète de la
Turquie.
» C'est bien joué de la part de l'Angleterre, mais
c'est un coup qui peut lui devenir fatal si la France,
s'élevant soudain à la hauteur de sa mission tradition-
nelle en Orient, jette le gant à son insidieuse rivale et
l'abat d'un coup de massue. Jamais une occasion pa-
reille ne se sera présentée, jamais il ne s'en représentera
plus.
» Nous avons perdu à Constantinople, cela est évident,
tout le terrain que nous avions gagné à Saint-Péters-
bourg. Il s'agit de reprendre ce que nous avons perdu,
notre influence sur le Divan ; nous le pouvons sans
que l'Angleterre puisse trouver le prétexte de tirer en
faveur de son odieuse politique un seul coup de canon.
» L'Autriche n'a pas d'autres intérêts que les nôtres
en Egypte, le canal de Suez doit lui tenir à cœur
presque à l'égal de nous-mêmes. Unissons-nous à elle,
appelons à nous la Turquie, affranchissons la Pologne,
rétablissons l'indépendance du sultan, et c'en est fait à
jamais de l'influence anglaise à Constantinople.
» Abandonner le canal de Suez, c'est abdiquer, c'est
mettre en danger la prospérité de notre colonie afri-
caine, c'est arrêter le développement incalculable de
tout le Midi, notamment de ce Marseille, dont le canal
de Suez allait faire une des premières métropoles com-
merciales du monde ; c'est couper l'artère par où la vie
commerciale, industrielle, politique de la France devait
s'étendre bientôt jusqu'aux contrées les plus lointaines
de l'Inde, faisant fructifier ainsi les sacrifices immen-
ses de nos expéditions de Chine et de Cochinchine,
devait enfin établir sur des bases impérissables nos
prétentions légitimes de faire de la Méditerranée un lac
français.
» L'Allemagne sera nôtre dans cette entreprise, car
elle sent le besoin d'une marine pour une industrie et
un commerce qui se développent depuis des années
dans des proportions dont les plus belles époques de
son histoire, si riche pourtant sous ce rapport, n'offrent
rien d'approchant. Or, le canal de Suez est à Trieste, à
l'Autriche, à l'Allemagne, ce qu'il est à Marseille, à la
France.
Le Salut public (de Lyon) dit de son côté :
« Le gouvernement ottoman vient d'adresser à ses
représentants à Paris et à Londres, au sujet du canal
de Suez, une dépêche qui est appelée à avoir un grand
retentissement, et qui nous semble de nature à com-
pliquer la question d'Orient.
» Il est impossible de ne pas voir dans cette dépêche
l'influence britannique représentée à Constantinople par
sir Bulwer, influence qui cherche à s'exercer au détri-
ment de la France.
» Nous espérons qu'en une aussi grave occurrence,
le gouvernement français restera fidèle à l'esprit conci-
liant, mais énergique, qui a guidé jusqu'ici sa politique.»
Le Courrier de la Gironde (Bordeaux) résume et
examine dans ses principaux détails la notification de
la Turquie, et il y ajoute pour conclusion :
« Qui eût pu prévoir ces réclamations tardives de la
Turquie, et qui ne voit pas que la question est grave,
que le dénoûment n'en sera pas aussi aisé que parait
le supposer le gouvernement turc? Mais, d'un autre
côté, quelque habile que soit le détour, qui ne recon-
naît pas ici la main de l'Angleterre toujours jalouse de
la prospérité et de la grandeur de la France? D
Le Courrier de Marseille voit clairement dans tout
CJt imbroglio l'intervention de lord Palmerston, et la
pensée de faire servir le sultan à confisquer le canal à la
France et au monde pour le livrer à l'Angleterre.
La Gazette du Midi (Marseille) a d'abord connu la
note par l'analyse qu'en a publiée la Gazette de Trieste.
Un tel acte, suivant notre confrère, serait « un acte
d'arrogance incroyable. Personne, en France, ne
pourra et ne voudra l'admettre; mais puisqu'un jour-
nal étranger a cru devoir livrer ces renseignements
à la publicité, il devient indispensable qu'ils reçoivent
un démenti officiel. »
Bientôt après, l'incrédulité de la Gazette du Midi est
dissipée par la connaissance du texte même de la
pièce. La Gazette du Midi reprend alors la parole en
ces termes :
* Nous attendons avec une légitime impatience la
réponse de M. Drouyn de Lhuys à cette orgueilleuse
sommation. Le percement de l'isthme de Suez n'est pas
une œuvre exclusivement française, mais elle intéresse
surtout notre pays qui en attend le développement de
son commerce et l'accroissement de sa prospérité. A
ce titre, l'entreprise de M. de Lesseps mérite le patro-
nage déclaré du gouvernement français. Nous aimons
à croire qu'il sera une compensation suffisante aux em-
bûches de l'Angleterre. »
Pour le Courrier du Gard, le rôle du gouvernement
de l'Empereur, dans cette affaire, est tout tracé et arrêté.
« Tenez pour certain, lui écrit son correspondant
de Paris, que le gouvernement français prendra les
mesures nécessaires pour sauvegarder tous les inté-
rêts engagés dans cette immense entreprise, et le prin-
cipal de tous ces intérêts, le sien même. »
L'Aigle, de Toulouse, s'exprime comme suit :
Vol
pour toujours l'entreprise la plus gigantesque des
temps modernes, la plus digne de nous, la plus con-
forme à nos intértês comme à notre grandeur poli-
tique.
» D'où vient le coup qu'on nous porte? Est-ce de
l'Angleterre, est-ce de la Russie? Les journaux de
Londres nous avaient dit que l'ambassadeur anglais à
Constantinople avait accompagné le sultan jusqu'à la
dernière heure, jusqu'à bord du vaisseau qui devait le
conduire en Egypte, et que c'était pour le dissuader
de son voyage. Ces paroles cachaient donc un piège ?
L'obséquiosité de l'envoyé anglais n'avait donc d'autre
but que de confirmer le sultan dans des intentions
qu'on avait fait naître, dans des projets qu'on avait
inspirés, et qui devaient tout particulièrement le flatter.
Quoi de plus séduisant, en effet, que de faire acte de
souveraineté dans un pays séparé violemment de l'em-
pire par un aventurier heureux, et qu'on voudrait
pouvoir ramener sous la domination complète de la
Turquie.
» C'est bien joué de la part de l'Angleterre, mais
c'est un coup qui peut lui devenir fatal si la France,
s'élevant soudain à la hauteur de sa mission tradition-
nelle en Orient, jette le gant à son insidieuse rivale et
l'abat d'un coup de massue. Jamais une occasion pa-
reille ne se sera présentée, jamais il ne s'en représentera
plus.
» Nous avons perdu à Constantinople, cela est évident,
tout le terrain que nous avions gagné à Saint-Péters-
bourg. Il s'agit de reprendre ce que nous avons perdu,
notre influence sur le Divan ; nous le pouvons sans
que l'Angleterre puisse trouver le prétexte de tirer en
faveur de son odieuse politique un seul coup de canon.
» L'Autriche n'a pas d'autres intérêts que les nôtres
en Egypte, le canal de Suez doit lui tenir à cœur
presque à l'égal de nous-mêmes. Unissons-nous à elle,
appelons à nous la Turquie, affranchissons la Pologne,
rétablissons l'indépendance du sultan, et c'en est fait à
jamais de l'influence anglaise à Constantinople.
» Abandonner le canal de Suez, c'est abdiquer, c'est
mettre en danger la prospérité de notre colonie afri-
caine, c'est arrêter le développement incalculable de
tout le Midi, notamment de ce Marseille, dont le canal
de Suez allait faire une des premières métropoles com-
merciales du monde ; c'est couper l'artère par où la vie
commerciale, industrielle, politique de la France devait
s'étendre bientôt jusqu'aux contrées les plus lointaines
de l'Inde, faisant fructifier ainsi les sacrifices immen-
ses de nos expéditions de Chine et de Cochinchine,
devait enfin établir sur des bases impérissables nos
prétentions légitimes de faire de la Méditerranée un lac
français.
» L'Allemagne sera nôtre dans cette entreprise, car
elle sent le besoin d'une marine pour une industrie et
un commerce qui se développent depuis des années
dans des proportions dont les plus belles époques de
son histoire, si riche pourtant sous ce rapport, n'offrent
rien d'approchant. Or, le canal de Suez est à Trieste, à
l'Autriche, à l'Allemagne, ce qu'il est à Marseille, à la
France.
Le Salut public (de Lyon) dit de son côté :
« Le gouvernement ottoman vient d'adresser à ses
représentants à Paris et à Londres, au sujet du canal
de Suez, une dépêche qui est appelée à avoir un grand
retentissement, et qui nous semble de nature à com-
pliquer la question d'Orient.
» Il est impossible de ne pas voir dans cette dépêche
l'influence britannique représentée à Constantinople par
sir Bulwer, influence qui cherche à s'exercer au détri-
ment de la France.
» Nous espérons qu'en une aussi grave occurrence,
le gouvernement français restera fidèle à l'esprit conci-
liant, mais énergique, qui a guidé jusqu'ici sa politique.»
Le Courrier de la Gironde (Bordeaux) résume et
examine dans ses principaux détails la notification de
la Turquie, et il y ajoute pour conclusion :
« Qui eût pu prévoir ces réclamations tardives de la
Turquie, et qui ne voit pas que la question est grave,
que le dénoûment n'en sera pas aussi aisé que parait
le supposer le gouvernement turc? Mais, d'un autre
côté, quelque habile que soit le détour, qui ne recon-
naît pas ici la main de l'Angleterre toujours jalouse de
la prospérité et de la grandeur de la France? D
Le Courrier de Marseille voit clairement dans tout
CJt imbroglio l'intervention de lord Palmerston, et la
pensée de faire servir le sultan à confisquer le canal à la
France et au monde pour le livrer à l'Angleterre.
La Gazette du Midi (Marseille) a d'abord connu la
note par l'analyse qu'en a publiée la Gazette de Trieste.
Un tel acte, suivant notre confrère, serait « un acte
d'arrogance incroyable. Personne, en France, ne
pourra et ne voudra l'admettre; mais puisqu'un jour-
nal étranger a cru devoir livrer ces renseignements
à la publicité, il devient indispensable qu'ils reçoivent
un démenti officiel. »
Bientôt après, l'incrédulité de la Gazette du Midi est
dissipée par la connaissance du texte même de la
pièce. La Gazette du Midi reprend alors la parole en
ces termes :
* Nous attendons avec une légitime impatience la
réponse de M. Drouyn de Lhuys à cette orgueilleuse
sommation. Le percement de l'isthme de Suez n'est pas
une œuvre exclusivement française, mais elle intéresse
surtout notre pays qui en attend le développement de
son commerce et l'accroissement de sa prospérité. A
ce titre, l'entreprise de M. de Lesseps mérite le patro-
nage déclaré du gouvernement français. Nous aimons
à croire qu'il sera une compensation suffisante aux em-
bûches de l'Angleterre. »
Pour le Courrier du Gard, le rôle du gouvernement
de l'Empereur, dans cette affaire, est tout tracé et arrêté.
« Tenez pour certain, lui écrit son correspondant
de Paris, que le gouvernement français prendra les
mesures nécessaires pour sauvegarder tous les inté-
rêts engagés dans cette immense entreprise, et le prin-
cipal de tous ces intérêts, le sien même. »
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