Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1863 01 mai 1863
Description : 1863/05/01 (A8,N165). 1863/05/01 (A8,N165).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203244g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 141
naissant d'autre famille que celle de Méhémet-Ali, et
disposée à croire qu'il n'y avait rien de plus haut qu'elle
sur la terre. Pachas après pachas ont été installés, et
le consentement de Constantinople a été si nécessaire-
ment donné à l'investiture, que le peuple oubliait qu'il
avait un maître réel sur les bords du Bosphore, et qu'Ibra-
him-Pacha et Saïd-Pacha ne brillaient que d'un éclat
emprunté. Si le dessein du sultan était de dissiper ces
idées, il ne pouvait mieux faire que de se présenter en
personne au milieu de ce peuple. Quoiqu'il se soit teny.
complétement dans le cercle strict de ses droits, et soit
venu seulement comme hôte du vice-roi. déclarant avec
soin qu'il ne voulait exercer aucune espèce de pouvoir,
cependant, l'impression des esprits dans la société égyp-
tienne, soit franque, soit indigène, a été remarquable.
Les Européens regardaient le sultan comme un souve-
rain purement nominal, incapable, quand même il l'eût
voulu, d'intervenir en quoi que ce fût en Egypte, tan-
dis que les Égyptiens eux-mêmes pensaient à lui sim-
plement avec le vague respect que les hommes ressen-
tent pour toute gr&ndeur avec laquelle ils n'ont rien à
démêler. En débarquant en Egypte, et en forçant ainsi
les descendants du grand rival de son père à se tenir
devant lui les mains jointes et les yeux baissés, le sul-
tan a remporté une grande victoire morale qui main-
tiendra merveilleusement son importance parmi les
Orientaux.
» Mais nous ne ressentons que peu d'intérêt pour la
simple admiration ou la crainte inspirée à une race orien.
tale. Quelque effet que Abdul-Aziz ait pu produire sur
l'Egypte, l'Égypte, s'il est sage, en fera beaucoup plus sur
lui. Il aura pu y voir beaucoup de choses inconnues autour
de sa propre capitale. Un chemin de fer est un spectacle
qui peut bien exciter dans le souverain de tant de mil-
lions d'hommes, une salutaire émulation. Les chemins
de fer ne font que commencer sur un ou deux points
de la Turquie, et la lenteur de leurs progrès est pour
la plus grande partie causée par l'apathie qu'un mau-
vais gouvernement infuse parmi ses sujets. L'activité
générale qu'il a pu découvrir parmi les principales cités
de l'Egypte ne sera pas non plus sans effet pour éveil.
1er son esprit. Depuis les magnifiques steamers de l'An-
gleterre jusqu'aux projets hardis, quoique probable-
ment illusoires, de la Compagnie du canal de Suez, le
sultan a été environné en Egypte par les signes d'un
esprit d'entreprise qui ne peut manquer de lui inspirer
des idées pour l'amélioration de ses propres États. »
Si c'est à l'influence de la civilisation française que
l'Egypte doit la situation florissante dont le Times
trace le tableau véridique, et si, d'un autre côté,
l'influence anglaise, que notre confrère a souvent
avoué être prédominante à Constantinople, n'a fait
que laisser la Turquie dans l'état de misère et de
stérilité où il la dépeint, il faut reconnaître que l'in-
fluence française est à la fois plus généreuse et plus
féconde pour les gouvernements auxquels elle s'allie
que ne l'est l'influence anglaise. La passion n'est pas
toujours adroite.
Mais le Times se trompe. La France n'a jamais
cherché à dominer en Egypte, et c'est justement ce
qui a fait sa popularité dans ce pays. La France,
depuis quarante ans, n'a cessé d'être l'amie désinté-
ressée de l'Egypte. Elle l'a soutenue ; elle l'a aidée à
s'organiser, à se développer, à utiliser les immenses
ressources qu'elle contenait dans son sein ; elle n'a
jamais cherché à l'affaiblir, à la troubler, à l'humi-
lier. L'Egypte sait que la France ne pense nullement
à la conquérir et qu'elle est, au contraire, la meil-
leure protectrice de son indépendance. Au fond. de
l'âme, elle sait fort bien qu'on ne lui porte pas les
mêmes sentiments en Angleterre, et elle ne peut pas
ignorer que, depuis 1840, il n'est pas une occasion
que la politique anglaise ait négligée pour lui susciter
des embarras, et surtout,pour mettre le gouverne-
ment du Caire en collision avec le gouvernement de
Constantinople.
Pour tous les hommes qui savent pénétrer le fond
des choses, l'article que nous venons de reproduire
n'est qu'une nouvelle tentative du même genre. Il
tend, presque d'un bout à l'autre, à surexciter les
susceptibilités du vice-roi, à provoquer les inquié-
tudes de l'Egypte, à rompre les liens d'attachement
mutuel qui se sont formés entre le suzerain et le
vassal, et, au total, on ne sait qui il doit blesser le
plus ou de la dignité du chef du gouvernement égyp-
tien, ou de la loyauté de son hôte impérial.
Nous n'avons pas. besoin de faire remarquer en
finissant combien il en coûte peu au Times de passer
du blanc au noir, et nous avons déjà signalé toute
la distance qui sépare son opinion du 25 mars et son
opinion du 22 avril. A laquelle de ces deux époques
était-il sincère, à moins que ce ne soit ni dans l'une
ni dans l'autre ? ce qui n'est pas totalement impro-
bable, d'après les événements.
ERNEST DESPLACES.
DÉCEPTION.
La Gazette d'Augsbourg, qu'on ne soupçonnera cer-
tes pas de partialité ni contre l'Angleterre ni pour le
canal de Suez, nous fournit à son tour son rensei-
gnement et sa révélation sur le résultat le plus net
de toute cette affaire.
« Le sultan, dit-elle, a quitté l'Égypte sans avoir
visité les travaux du canal de Suez.-C'est une vic-
toire de l'influence anglaise. Mais elle pourrait coû-
ter cher à sir Henry Bulwer, qui a déployé dans cette
affaire une telle violence que le sultan a conçu à son
égard une répugnance invincible. »
Malgré notre incrédulité passée, nous ne pouvons dou-
ter aujourd'hui, après ce que nous a appris le corres-
pondant du Times sur ce sujet et ce que nous confirme
la Gazette d'Augsbourg, que la diplomatie anglaise n'ait -
naissant d'autre famille que celle de Méhémet-Ali, et
disposée à croire qu'il n'y avait rien de plus haut qu'elle
sur la terre. Pachas après pachas ont été installés, et
le consentement de Constantinople a été si nécessaire-
ment donné à l'investiture, que le peuple oubliait qu'il
avait un maître réel sur les bords du Bosphore, et qu'Ibra-
him-Pacha et Saïd-Pacha ne brillaient que d'un éclat
emprunté. Si le dessein du sultan était de dissiper ces
idées, il ne pouvait mieux faire que de se présenter en
personne au milieu de ce peuple. Quoiqu'il se soit teny.
complétement dans le cercle strict de ses droits, et soit
venu seulement comme hôte du vice-roi. déclarant avec
soin qu'il ne voulait exercer aucune espèce de pouvoir,
cependant, l'impression des esprits dans la société égyp-
tienne, soit franque, soit indigène, a été remarquable.
Les Européens regardaient le sultan comme un souve-
rain purement nominal, incapable, quand même il l'eût
voulu, d'intervenir en quoi que ce fût en Egypte, tan-
dis que les Égyptiens eux-mêmes pensaient à lui sim-
plement avec le vague respect que les hommes ressen-
tent pour toute gr&ndeur avec laquelle ils n'ont rien à
démêler. En débarquant en Egypte, et en forçant ainsi
les descendants du grand rival de son père à se tenir
devant lui les mains jointes et les yeux baissés, le sul-
tan a remporté une grande victoire morale qui main-
tiendra merveilleusement son importance parmi les
Orientaux.
» Mais nous ne ressentons que peu d'intérêt pour la
simple admiration ou la crainte inspirée à une race orien.
tale. Quelque effet que Abdul-Aziz ait pu produire sur
l'Egypte, l'Égypte, s'il est sage, en fera beaucoup plus sur
lui. Il aura pu y voir beaucoup de choses inconnues autour
de sa propre capitale. Un chemin de fer est un spectacle
qui peut bien exciter dans le souverain de tant de mil-
lions d'hommes, une salutaire émulation. Les chemins
de fer ne font que commencer sur un ou deux points
de la Turquie, et la lenteur de leurs progrès est pour
la plus grande partie causée par l'apathie qu'un mau-
vais gouvernement infuse parmi ses sujets. L'activité
générale qu'il a pu découvrir parmi les principales cités
de l'Egypte ne sera pas non plus sans effet pour éveil.
1er son esprit. Depuis les magnifiques steamers de l'An-
gleterre jusqu'aux projets hardis, quoique probable-
ment illusoires, de la Compagnie du canal de Suez, le
sultan a été environné en Egypte par les signes d'un
esprit d'entreprise qui ne peut manquer de lui inspirer
des idées pour l'amélioration de ses propres États. »
Si c'est à l'influence de la civilisation française que
l'Egypte doit la situation florissante dont le Times
trace le tableau véridique, et si, d'un autre côté,
l'influence anglaise, que notre confrère a souvent
avoué être prédominante à Constantinople, n'a fait
que laisser la Turquie dans l'état de misère et de
stérilité où il la dépeint, il faut reconnaître que l'in-
fluence française est à la fois plus généreuse et plus
féconde pour les gouvernements auxquels elle s'allie
que ne l'est l'influence anglaise. La passion n'est pas
toujours adroite.
Mais le Times se trompe. La France n'a jamais
cherché à dominer en Egypte, et c'est justement ce
qui a fait sa popularité dans ce pays. La France,
depuis quarante ans, n'a cessé d'être l'amie désinté-
ressée de l'Egypte. Elle l'a soutenue ; elle l'a aidée à
s'organiser, à se développer, à utiliser les immenses
ressources qu'elle contenait dans son sein ; elle n'a
jamais cherché à l'affaiblir, à la troubler, à l'humi-
lier. L'Egypte sait que la France ne pense nullement
à la conquérir et qu'elle est, au contraire, la meil-
leure protectrice de son indépendance. Au fond. de
l'âme, elle sait fort bien qu'on ne lui porte pas les
mêmes sentiments en Angleterre, et elle ne peut pas
ignorer que, depuis 1840, il n'est pas une occasion
que la politique anglaise ait négligée pour lui susciter
des embarras, et surtout,pour mettre le gouverne-
ment du Caire en collision avec le gouvernement de
Constantinople.
Pour tous les hommes qui savent pénétrer le fond
des choses, l'article que nous venons de reproduire
n'est qu'une nouvelle tentative du même genre. Il
tend, presque d'un bout à l'autre, à surexciter les
susceptibilités du vice-roi, à provoquer les inquié-
tudes de l'Egypte, à rompre les liens d'attachement
mutuel qui se sont formés entre le suzerain et le
vassal, et, au total, on ne sait qui il doit blesser le
plus ou de la dignité du chef du gouvernement égyp-
tien, ou de la loyauté de son hôte impérial.
Nous n'avons pas. besoin de faire remarquer en
finissant combien il en coûte peu au Times de passer
du blanc au noir, et nous avons déjà signalé toute
la distance qui sépare son opinion du 25 mars et son
opinion du 22 avril. A laquelle de ces deux époques
était-il sincère, à moins que ce ne soit ni dans l'une
ni dans l'autre ? ce qui n'est pas totalement impro-
bable, d'après les événements.
ERNEST DESPLACES.
DÉCEPTION.
La Gazette d'Augsbourg, qu'on ne soupçonnera cer-
tes pas de partialité ni contre l'Angleterre ni pour le
canal de Suez, nous fournit à son tour son rensei-
gnement et sa révélation sur le résultat le plus net
de toute cette affaire.
« Le sultan, dit-elle, a quitté l'Égypte sans avoir
visité les travaux du canal de Suez.-C'est une vic-
toire de l'influence anglaise. Mais elle pourrait coû-
ter cher à sir Henry Bulwer, qui a déployé dans cette
affaire une telle violence que le sultan a conçu à son
égard une répugnance invincible. »
Malgré notre incrédulité passée, nous ne pouvons dou-
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