Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1863 01 mai 1863
Description : 1863/05/01 (A8,N165). 1863/05/01 (A8,N165).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203244g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. >133
et aux diverses phases très-variées et très-contradic-
toires de son attitude, ce \oile peut être aisément
pénétré et qu'il est devenu assez transparent. Nous
aurons, pour atteindre notre but, à recueillir et à
citer plusieurs extraits de la presse d'outre-Manche;
mais ils ont assez d'intérêt et sont assez instructifs,
nous pourrions dire assez indiscrets, pour qu'ils mé-
ritent à tous les points de vue d'être connus et ap-
préciés par le public français.
Avant tout, nous allons essayer d'en préciser et
d'en résumer les déductions.
Depuis le voyage de sir Henry Bulwer en Egypte
et sa visite personnelle aux travaux du canal de
Suez, l'opposition officielle , quoique souterraine, qui
persiste encore en Angleterre dans quelques régions
contre ce grand ouvrage, aurait senti le besoin de
lui susciter sous main et par la reprise de ses
intrigues passées, quelque entrave nouvelle ; cela ré-
sulte d'un récit du Manchester Guardian, qu'on lira
plus bas.
L'ambassadeur anglais ayant trouvé en Égypte
Mohammed-Saïd, alors régnant, peu disposé à prêter
l'oreille à ses insinuations contre la Compagnie, on
aurait jugé qu'il n'y avait plus d'autre parti à
prendre que de porter à Constantinople , où l'on se
croyait plus puissant, le siège de ces tentatives se-
crètes. La mort du dernier vice-roi survint dans
cette situation, et l'on pensa qu'un changement de
règne était une occasion d'autant plus favorable pour
agir avec ardeur, que le prince appelé à gouverner
l'Egypte montrait envers la Porte la déférence la
plus respectueuse, dont toutefois on méconnaissait
l'esprit.
C'est ce plan que décelait déjà le Times, dans son
article du 16 mars, par ces deux phrases, alors un
peu sibyllines, mais aujourd'hui parfaitement claires:
« L'empereur ottoman est le souverain de l'Egypte,
» et Ismaïl-Pacha n'est que son représentant, quoique
» avec une dignité héréditaire et un pouvoir presque
» illimité. Le combat des influences en Égypte se
)) livre quelquefois à Constantinople, et les vues du
» vice-roi peuvent recevoir une impulsion de la po-
» litique de la capitale. »
Cependant, au voyage du vice-roi Ismaïl à Constan-
tinople, contre la fermeté et la loyauté duquel avaient
échoué les espérances anglaises, succéda le projet
du voyage du sultan en Egypte. Ici l'attitude de la
diplomatie et de la presse anglaises devient extrê-
mement complexe.
La diplomatie anglaise fait répandre et laisse croire
au public qu'elle est très-opposée, presque hostile, au
voyage du sultan. Le correspondant du Times à
Constantinople, à côté de sir Henry Bulwer, accrédite
cette version. Il affirme dans ses lettres que les re-
présentations de son ambassadeur ont été repoussées
et dédaignées, et, pour donner plus de valeur à
son assertion, il atteste que le sultan est poussé
et affermi dans son projet par l'ambassadeur de
France.
Nous croyons pouvoir dire que cette affirmation
plusieurs fois répétée était d'une inexactitude com-
plète.
Le Times allait plus loin. Dans une correspondance
dont nous avons donné un extrait le 1er avril, il com-
battait ce voyage presque avec colère. « Une sembla-
ble idée témoignait d'un manque absolu de sagesse :
elle était pleine de dangers ; elle devait contribuer à
la ruine des finances de l'empire ; l'absence du sultan
risquait de provoquer une révolution à Constantino-
ple; le sultan ne consentait à écouter ni les conseils
de ses ministres ni « ceux des membres du corps di-
plomatique favorables aux intérêts du sultan, » c'est-
à-dire. les conseils de l'ambassadeur d'Angleterre.
Au milieu de ces petits orages, les préparatifs du
départ de Sa Hautesse s'accomplissaient. Sir Henry
Bulwer multipliait auprès d'elle ses visites et ses avis.
De quelle nature étaient-ils ? Étaient-ils pour, étaient-
ils contre le départ? La question serait moins im-
portante si de sa solution ne dépendait la révélation
possible d'une duplicité.
Quoi qu'il en soit, le jour du départ se lève; le
sultan s'embarque à travers le cortége dont il est en-
vironné ; on est tout étonné de voir le caïque de pa-
rade de l'ambassade britannique fendre la presse, se
diriger vers le yacht impérial, où monte, contraire-
ment à tous les usages et toutes les convenances
diplomatiques, sir Henry Bulwer, accompagné de
deux attachés. Il contraint, en quelque sorte, Sa
Hautesse à le recevoir encore, il la retient avec lui
pendant une demi-heure, et ne la laisse partir qu'a-
près avoir essayé de la pénétrer jusqu'au dernier
moment de ses inspirations ; faut-il dire de ses ins-
tructions?
C'est, comme on le verra plus loin, le correspon-
dant du Times qui nous apprend, non sans quelque
confusion, cet étrange épisode.
Cette circonstance a-t-elle subitement changé les
dispositions d'esprit du correspondant? Nous ne le
savons. Mais dans cette seconde lettre, il est tout en-
tier à l'enthousiasme et à la description des pompes
qu'il a sous les yeux; tous ses noirs pronostics se
sont dissipés. Il ne parle plus ni de ruine ni de ré-
volution ; seulement, il ajoute que, préalablement au
départ, le conseil des ministres aurait pris certaines
délibérations peu favorables au canal de Suez; que, en
conséquence, des « instructions » auraient été trans-
mises en Egypte, et que le sultan s'était déterminé
ou résigné à ne point visiter les travaux du canal.
Lorsque toute l'intrigue était ainsi ourdie, il y eût
et aux diverses phases très-variées et très-contradic-
toires de son attitude, ce \oile peut être aisément
pénétré et qu'il est devenu assez transparent. Nous
aurons, pour atteindre notre but, à recueillir et à
citer plusieurs extraits de la presse d'outre-Manche;
mais ils ont assez d'intérêt et sont assez instructifs,
nous pourrions dire assez indiscrets, pour qu'ils mé-
ritent à tous les points de vue d'être connus et ap-
préciés par le public français.
Avant tout, nous allons essayer d'en préciser et
d'en résumer les déductions.
Depuis le voyage de sir Henry Bulwer en Egypte
et sa visite personnelle aux travaux du canal de
Suez, l'opposition officielle , quoique souterraine, qui
persiste encore en Angleterre dans quelques régions
contre ce grand ouvrage, aurait senti le besoin de
lui susciter sous main et par la reprise de ses
intrigues passées, quelque entrave nouvelle ; cela ré-
sulte d'un récit du Manchester Guardian, qu'on lira
plus bas.
L'ambassadeur anglais ayant trouvé en Égypte
Mohammed-Saïd, alors régnant, peu disposé à prêter
l'oreille à ses insinuations contre la Compagnie, on
aurait jugé qu'il n'y avait plus d'autre parti à
prendre que de porter à Constantinople , où l'on se
croyait plus puissant, le siège de ces tentatives se-
crètes. La mort du dernier vice-roi survint dans
cette situation, et l'on pensa qu'un changement de
règne était une occasion d'autant plus favorable pour
agir avec ardeur, que le prince appelé à gouverner
l'Egypte montrait envers la Porte la déférence la
plus respectueuse, dont toutefois on méconnaissait
l'esprit.
C'est ce plan que décelait déjà le Times, dans son
article du 16 mars, par ces deux phrases, alors un
peu sibyllines, mais aujourd'hui parfaitement claires:
« L'empereur ottoman est le souverain de l'Egypte,
» et Ismaïl-Pacha n'est que son représentant, quoique
» avec une dignité héréditaire et un pouvoir presque
» illimité. Le combat des influences en Égypte se
)) livre quelquefois à Constantinople, et les vues du
» vice-roi peuvent recevoir une impulsion de la po-
» litique de la capitale. »
Cependant, au voyage du vice-roi Ismaïl à Constan-
tinople, contre la fermeté et la loyauté duquel avaient
échoué les espérances anglaises, succéda le projet
du voyage du sultan en Egypte. Ici l'attitude de la
diplomatie et de la presse anglaises devient extrê-
mement complexe.
La diplomatie anglaise fait répandre et laisse croire
au public qu'elle est très-opposée, presque hostile, au
voyage du sultan. Le correspondant du Times à
Constantinople, à côté de sir Henry Bulwer, accrédite
cette version. Il affirme dans ses lettres que les re-
présentations de son ambassadeur ont été repoussées
et dédaignées, et, pour donner plus de valeur à
son assertion, il atteste que le sultan est poussé
et affermi dans son projet par l'ambassadeur de
France.
Nous croyons pouvoir dire que cette affirmation
plusieurs fois répétée était d'une inexactitude com-
plète.
Le Times allait plus loin. Dans une correspondance
dont nous avons donné un extrait le 1er avril, il com-
battait ce voyage presque avec colère. « Une sembla-
ble idée témoignait d'un manque absolu de sagesse :
elle était pleine de dangers ; elle devait contribuer à
la ruine des finances de l'empire ; l'absence du sultan
risquait de provoquer une révolution à Constantino-
ple; le sultan ne consentait à écouter ni les conseils
de ses ministres ni « ceux des membres du corps di-
plomatique favorables aux intérêts du sultan, » c'est-
à-dire. les conseils de l'ambassadeur d'Angleterre.
Au milieu de ces petits orages, les préparatifs du
départ de Sa Hautesse s'accomplissaient. Sir Henry
Bulwer multipliait auprès d'elle ses visites et ses avis.
De quelle nature étaient-ils ? Étaient-ils pour, étaient-
ils contre le départ? La question serait moins im-
portante si de sa solution ne dépendait la révélation
possible d'une duplicité.
Quoi qu'il en soit, le jour du départ se lève; le
sultan s'embarque à travers le cortége dont il est en-
vironné ; on est tout étonné de voir le caïque de pa-
rade de l'ambassade britannique fendre la presse, se
diriger vers le yacht impérial, où monte, contraire-
ment à tous les usages et toutes les convenances
diplomatiques, sir Henry Bulwer, accompagné de
deux attachés. Il contraint, en quelque sorte, Sa
Hautesse à le recevoir encore, il la retient avec lui
pendant une demi-heure, et ne la laisse partir qu'a-
près avoir essayé de la pénétrer jusqu'au dernier
moment de ses inspirations ; faut-il dire de ses ins-
tructions?
C'est, comme on le verra plus loin, le correspon-
dant du Times qui nous apprend, non sans quelque
confusion, cet étrange épisode.
Cette circonstance a-t-elle subitement changé les
dispositions d'esprit du correspondant? Nous ne le
savons. Mais dans cette seconde lettre, il est tout en-
tier à l'enthousiasme et à la description des pompes
qu'il a sous les yeux; tous ses noirs pronostics se
sont dissipés. Il ne parle plus ni de ruine ni de ré-
volution ; seulement, il ajoute que, préalablement au
départ, le conseil des ministres aurait pris certaines
délibérations peu favorables au canal de Suez; que, en
conséquence, des « instructions » auraient été trans-
mises en Egypte, et que le sultan s'était déterminé
ou résigné à ne point visiter les travaux du canal.
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