Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1863 01 mai 1863
Description : 1863/05/01 (A8,N165). 1863/05/01 (A8,N165).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203244g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.. 143
» En vous priant d'être mon mandataire, veuillez aussi,
monsieur le rédacteur, me permettre de vous, initier
aux intentions premières qui m'ont guidé pour donner
mon faible concours à la fondation de cette grande
œuvre.
» Après ma carrière militaire, rentré dans la vie privée,
n'ayant point d'ambition, n'entendant rien aux spécu-
lations financières, je n'ai été mû par aucun appât
d'intérêt pécuniaire. Je n'ai donc calculé que l'idée gran-
diose et morale de cette œuvre. Et malgré tous les
dénigrements et empêchements suscités par une puis-
sance jalouse, j'ai eu dès le commencement pleine et
entière conviction de sa réalisation. J'ai cru voir dans
M. de Lesseps l'homme conduit et soutenu par Dieu
pour coopérer à son nouvel avènement sur cette terre,
et pour les bases de la grande unité de croyance reli-
gieuse qui doit, dans un temps qu'il ne nous sera
certainement pas donné de voir, unir tous les peuples
de l'univers, la Providence se servant pour arriver à
ce noble but du moyen d'échanger facilement de bons
rapports commerciaux, lesquels, avec le temps, de-
viendront toujours plus intimes et plus fraternels. En
voyant surtout tant d'hommes éminents par la science
et le génie, concourir avec tant d'ensemble à cet im-
mense travail, qu'ils semblent ne former qu'un cœur et
qu'un esprit, ma confiance pleine et entière est tous
les jours plus affermie; car pour l'homme dont le senti-
ment est, par la divine grâce d'en haut, quelque peu
ouvert et éclairé spirituellement, cette preuve morale est
la plus convaincante. J'ose donc me dire fier et heu-
reux d'avoir inscrit un des premiers mon nom et celui
de mes enfants, lors de la formation de la Compagnie,
et, depuis, de m'être procuré quelques actions au porteur,
que je compte plus tard rendre nominatives, afin qu'elles
restent un héritage de famille pour mes descendants.
» Veuillez agréer, monsieur le rédacteur, avec ma
vive reconnaissance, mes sentiments de profonde et
sympathique estime pour votre loyal caractère per-
sonnel.
» DE MALHERBE,
» Commandant en retraite. »
« Monsieur le rédacteur en chef,
» On a si souvent parlé de montagnes de sables
transportés par les vents, et capables, en une seule
bourrasque, d'obstruer assez le canal de Suez pour y
interrompre le transit, que je crois devoir vous faire
part du fait suivant, dont je garantis la parfaite exac-
titude, et que vous pouvez, si vous le jugez utile, por-
ter à la connaissance des lecteurs de votre estimable
journal.
- » M. Brunet, entrepreneur chargé des travaux du
canal de l'Isle (Vaucluse), s'est trouvé dans l'obliga-
tion de creuser trois fois un tronçon de 12 ou 1,500 mè-
tres, dans la traversée du territoire de la commune de
Robion. Cette partie du canal a été deux fois comblée
par le sable avant qu'on y introduisît l'eau.
» Depuis que l'eau y est introduite-voici déjà long
temps — on ne s'est pas aperçu que ce point du canal
s'encombrât plus que les autres; il a donc suffi de rem-
plir d'eau la rigole pour que les sables — provenant
d'une petite rivière et amoncelés en dunes — n'y tom-
bassent plus, et cependant ces dunes existent toujours
sur les mêmes points.
» N'en pourrait-on pas conclure qu'il en sera de
même pour le canal de Suez? J'estime qu'il n'y a pas
de raison pour supposer le contraire, le jeu de J'air
transportant des sables étant nécessairement le même
dans la plaine de Suez et la vallée du Rhône, et de-
vant y produire les mêmes effets sur les canaux pleins
d'eau.
» La chute du sable ne semble guère probable d'ail-
leurs que là où les berges, assez élevées, peuvent éta-
blir des contre-courants, ou chocs de retour, dans l'air
en mouvement. Mais bien minime sera toujours la
quantité tombant dans le canal même, attendu que le
sable, transporté par l'air arrêté dans son mouvement
et revenant sur lui-même en contre-courant, se dépo-
sera, en grande partie, contre et sur la berge située
au vent. Quant aux endroits du canal dont les berges
ne formeront pas obstacle au courant, il n'y a nulle
raison pour que le sable y tombe plus qu'ailleurs.
» Il ne s'agit, bien entendu, que des premières an-
nées; car, avant peu, les alentours des berges du ca-
nal de Suez seront couverts de végétation à des dis-
tances suffisantes du canal pour arrêter ces terribles
sables de la plaine de Suez, que des imaginations par
trop vives et craintives voient s'abattre dessus en nua-
ges opaques , l'ensevelissant sous leurs avalanches,
comme une autre Pompéi ou un autre Herculanum.
» Un avenir très-prochain montrera clairement à
tous que ces craintes ne sont aucunement fondées, et
que l'entretien du canal, en état, ne demandera que les
soins ordinaires aux canaux ; et peut-être moins en-
core, attendu qu'il ne pleut pas dans la plaine de Suez.
Or, ce sont les pluies, bien plus que les vents, qui en-
traînent dans les canaux sables, terres et détritus de
toutes sortes, qui les encombrent, exhaussant rapide-
ment le plafond, si l'on n'y met ordre.
» Il semble donc qu'on peut conclure en toute as-
surance que les sables mouvants ne sont aucunement
à redouter, au point de vue de l'encombrement possible
du canal, et que le transit n'y sera jamais brusquement
interrompu par la plus forte bourrasque.
» Veuillez agréer, etc. J'
» E. C. BÉLÉGUIC,
M Capitaine de frégate.
» Toulon, 24 avril 1863. »
AVIS.
Les personnes dont l'abonnement expire à
la fin de ce mois, sont priées de le renouveler
de suite, si elles ne veulent éprouver de re
tard dans l'envoi do Journal.
» En vous priant d'être mon mandataire, veuillez aussi,
monsieur le rédacteur, me permettre de vous, initier
aux intentions premières qui m'ont guidé pour donner
mon faible concours à la fondation de cette grande
œuvre.
» Après ma carrière militaire, rentré dans la vie privée,
n'ayant point d'ambition, n'entendant rien aux spécu-
lations financières, je n'ai été mû par aucun appât
d'intérêt pécuniaire. Je n'ai donc calculé que l'idée gran-
diose et morale de cette œuvre. Et malgré tous les
dénigrements et empêchements suscités par une puis-
sance jalouse, j'ai eu dès le commencement pleine et
entière conviction de sa réalisation. J'ai cru voir dans
M. de Lesseps l'homme conduit et soutenu par Dieu
pour coopérer à son nouvel avènement sur cette terre,
et pour les bases de la grande unité de croyance reli-
gieuse qui doit, dans un temps qu'il ne nous sera
certainement pas donné de voir, unir tous les peuples
de l'univers, la Providence se servant pour arriver à
ce noble but du moyen d'échanger facilement de bons
rapports commerciaux, lesquels, avec le temps, de-
viendront toujours plus intimes et plus fraternels. En
voyant surtout tant d'hommes éminents par la science
et le génie, concourir avec tant d'ensemble à cet im-
mense travail, qu'ils semblent ne former qu'un cœur et
qu'un esprit, ma confiance pleine et entière est tous
les jours plus affermie; car pour l'homme dont le senti-
ment est, par la divine grâce d'en haut, quelque peu
ouvert et éclairé spirituellement, cette preuve morale est
la plus convaincante. J'ose donc me dire fier et heu-
reux d'avoir inscrit un des premiers mon nom et celui
de mes enfants, lors de la formation de la Compagnie,
et, depuis, de m'être procuré quelques actions au porteur,
que je compte plus tard rendre nominatives, afin qu'elles
restent un héritage de famille pour mes descendants.
» Veuillez agréer, monsieur le rédacteur, avec ma
vive reconnaissance, mes sentiments de profonde et
sympathique estime pour votre loyal caractère per-
sonnel.
» DE MALHERBE,
» Commandant en retraite. »
« Monsieur le rédacteur en chef,
» On a si souvent parlé de montagnes de sables
transportés par les vents, et capables, en une seule
bourrasque, d'obstruer assez le canal de Suez pour y
interrompre le transit, que je crois devoir vous faire
part du fait suivant, dont je garantis la parfaite exac-
titude, et que vous pouvez, si vous le jugez utile, por-
ter à la connaissance des lecteurs de votre estimable
journal.
- » M. Brunet, entrepreneur chargé des travaux du
canal de l'Isle (Vaucluse), s'est trouvé dans l'obliga-
tion de creuser trois fois un tronçon de 12 ou 1,500 mè-
tres, dans la traversée du territoire de la commune de
Robion. Cette partie du canal a été deux fois comblée
par le sable avant qu'on y introduisît l'eau.
» Depuis que l'eau y est introduite-voici déjà long
temps — on ne s'est pas aperçu que ce point du canal
s'encombrât plus que les autres; il a donc suffi de rem-
plir d'eau la rigole pour que les sables — provenant
d'une petite rivière et amoncelés en dunes — n'y tom-
bassent plus, et cependant ces dunes existent toujours
sur les mêmes points.
» N'en pourrait-on pas conclure qu'il en sera de
même pour le canal de Suez? J'estime qu'il n'y a pas
de raison pour supposer le contraire, le jeu de J'air
transportant des sables étant nécessairement le même
dans la plaine de Suez et la vallée du Rhône, et de-
vant y produire les mêmes effets sur les canaux pleins
d'eau.
» La chute du sable ne semble guère probable d'ail-
leurs que là où les berges, assez élevées, peuvent éta-
blir des contre-courants, ou chocs de retour, dans l'air
en mouvement. Mais bien minime sera toujours la
quantité tombant dans le canal même, attendu que le
sable, transporté par l'air arrêté dans son mouvement
et revenant sur lui-même en contre-courant, se dépo-
sera, en grande partie, contre et sur la berge située
au vent. Quant aux endroits du canal dont les berges
ne formeront pas obstacle au courant, il n'y a nulle
raison pour que le sable y tombe plus qu'ailleurs.
» Il ne s'agit, bien entendu, que des premières an-
nées; car, avant peu, les alentours des berges du ca-
nal de Suez seront couverts de végétation à des dis-
tances suffisantes du canal pour arrêter ces terribles
sables de la plaine de Suez, que des imaginations par
trop vives et craintives voient s'abattre dessus en nua-
ges opaques , l'ensevelissant sous leurs avalanches,
comme une autre Pompéi ou un autre Herculanum.
» Un avenir très-prochain montrera clairement à
tous que ces craintes ne sont aucunement fondées, et
que l'entretien du canal, en état, ne demandera que les
soins ordinaires aux canaux ; et peut-être moins en-
core, attendu qu'il ne pleut pas dans la plaine de Suez.
Or, ce sont les pluies, bien plus que les vents, qui en-
traînent dans les canaux sables, terres et détritus de
toutes sortes, qui les encombrent, exhaussant rapide-
ment le plafond, si l'on n'y met ordre.
» Il semble donc qu'on peut conclure en toute as-
surance que les sables mouvants ne sont aucunement
à redouter, au point de vue de l'encombrement possible
du canal, et que le transit n'y sera jamais brusquement
interrompu par la plus forte bourrasque.
» Veuillez agréer, etc. J'
» E. C. BÉLÉGUIC,
M Capitaine de frégate.
» Toulon, 24 avril 1863. »
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