Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1863 01 mai 1863
Description : 1863/05/01 (A8,N165). 1863/05/01 (A8,N165).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203244g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
.140 , VtSTttME DÈ SIÎE2,
quie visite l'Egypte autrement qu'en conquérant. C'est
la première fois depuis plus d'un siècle qu'un sultan
a quitté Constantinople ou son voisinage, et il est dans
Stamboul de vieux Turcs qui, à ce que j'apprends, ont
célébré cet événement en faisant leur testament, con-
vaincus que la fin du monde était prochaine, puisque
des choses aussi inouïes arrivaient. Si la visite du pre-
mier sultan voyageur ne fait qu'ébrécher cette vieille
et absurde superstition que le maître d'un vaste em.
pire doit rester enfermé dans l'ignorance du monde
comme une odalisque dans son harem, ce serait déjà
un bien immense.
» Mais ce voyage témoigne aussi d'an esprit de confiance
dans la loi et l'ordre qui n'est pas sans valeur. Le temps
est passé où le café égyptien aurait été sérieusement
désagréable à tout « commandeur des croyants * qui en
aurait goûté (1).
D Cette visite inspire encore une autre 'réflexion. Sir
Henry BuFwer, ambassadeur de Sa Majesté Britannique
près la Porte, a fait un tour en Egypte l'hiver dernier,
et il a vu, comme chacun peut le voir avec la moitié
d'un œil, l'immense influence que les Français gagnent
dans le pays. Il est retourné à Constantinople, et les
premières nouvelles que nous recevons dès son retour
est que le sultan arrive ici; verbum sap. Le roi est une
bonne carte, mais il est provocant de savoir que votre
adversaire tient l'as. »
Rappelons que le Manchester Guardian est un des
organes favoris de lord Palmerston, et qu'il est très-
avant dans ses confidences habituelles. Il n'a pas or-
dinairement de correspondance avec l'Egypte, et il
indique que celle-ci lui vient d'un donneur d'avis
accidentel. Or il est remarquable que cette apprécia-
tion du voyage du sultan présenté comme ayant
pour objet un coup à porter à l'influence française,
c'est-à-dire au canal de Suez, sous l'inspiration de
sir Henry Bulwer, était envoyée d'Alexandrie à ce
journal à la même époque où le Times venait de s'ap-
pliquer à faire croire à la France et à l'Europe que ce
même voyage contrariait beaucoup l'ambassadeur
anglais, et qu'il s'y opposait de toutes ses forces,
verbum sap., comme dit le Manchester Guardian.
ERNEST DESPLACES.
AVANT ET APRÈS.
Nous avons vu par quelles prévisions funèbres le
Times accueillait le voyage du sultan avant son exé-
cution. Nous avons à faire connaître maintenant
l'opinion toute contraire qu'il en exprime après le
retour. Voici donc sinon ce qu'il en pensait au
moins ce qu'il en écrivait le 22 avril :
(1) Ceci nous parait être une allusion plus ou moins spirituelle
au mode par lequel les vieux despotes orientaux se débarrassaient
des hommes puissants qui leur portaient ombrage, en empoisonnant
le café qu'il est d'usage d'offrir dans les réceptions. E. D.
« Quelles que soient les complications des affaires
européennes, l'homme politique qui a le temps de
tourner son attention vers l'état de l'empire turc trou-
vera de l'intérêt dans l'étrange épisode d'histoire orien-
tale qu'ont présenté ces semaines dernières. Pour la
première fois depuis que ses ancêtres ont conquis l'E-
gypte, le sultan a visité cette contrée, en qualité d'hôte
d'Ismaïl-Pacha. Le suzerain de cette ancienne terre a
vu les changements que les lumières et l'énergie peu-
vent effectuer sur les régions les plus négligées du
globe. D'un pays qui, en dépit de grandes ressources
naturelles, est encore parmi les plus misérables de
l'Europe; des rives du Bosphore, éloignées seulement
d'une journée de plaines en friches et de vallées à peu
près désertes, le sultan s'est rendu en Egypte, pour
voir ce qui avait été fait dans des régions qu'il gou-
verne nominalement. L'idée d'un tel voyage fait beau-
coup d'honneur au sultan Abdul-Aziz. Le sultan précé-
dent, en une ou deux occasions, avait visité quelques-
unes des îles de l'archipel ; mais se transporter dans
une province lointaine, se mettre en face de son gou-
verneur héréditaire, et affirmer ses droits où pendant
tant d'années une autre famille paraissait régner su-
prêmement, requérait quelque chose de plus que l'é-
nergie appartenant d'ordinaire à un sultan ottoman.
» Depuis que la famille de Méhemet-Ali s'est élevée
en Egypte, une sorte de rivalité n'a pas cessé d'exister
entre le Caire et Constantinople. La première de ces
villes représentait l'acceptation bienveillante et em-
pressée de la civilisation européenne, et l'autre un ac
quiescement lent et avare à cette même civilisation.
Les vice-rois d'Egypte, souverains par la puissance, in-
dépendants en tout, excepté de nom, ont désiré se faire
des amis parmi les nations civilisées de l'Occident, et
ils ont particulièrement recherché l'amitié des puissants
et ambitieux Français. Il est bien connu à quel point
ceux-ci ont réussi. Pendant un quart de siècle, la France
a été le modèle de l'éducation égyptienne, et au moyen
d'un petit nombre d'aventuriers habiles, elle a pu
mouler à son image l'Etat égyptien. Toutes les amélio-
rations franques que les Turcs ont été forcés d'adopter
peuvent être vues sur les bords du Nil plus vigoureu-
sement développées. Un homme tel que le dernier sultan
aurait probablement reculé devant un contact avec une
énergie et nous pouvons presque dire une civilisation
supérieure à celle à laquelle il était accoutumé chez
lui; mais son frère, plus actif, a pensé qu'il lui était,
plus avantageux de voir et de s'enquérir par lui-même.
Avec une résolution peu ordinaire dans sa famille, il a
résolu d'égaler l'activité de la famille égyptienne ; et
comme le défunt pacha d'Egypte visita l'Europe l'an-
née dernière, et fut le bienvenu partout où il se pré-
senta, de même le sultan pense ne pouvoir mieux sou-
tenir son haut rang qu'en donnant des signes d'une
activité semblable et en visitant d'abord la plus fertile
province de son empire.
» Sa Hautesse n'a pas lieu de se repentir de sa réso-
lution. Comme mesure politique, sa visite en Egypte
parait avoir tout à fait réussi. Conformément à tous les
récits, le sultan aurait étonné et terrifié les Égyptiens
par sa présence. Une génération s'était élevée, ne con-
quie visite l'Egypte autrement qu'en conquérant. C'est
la première fois depuis plus d'un siècle qu'un sultan
a quitté Constantinople ou son voisinage, et il est dans
Stamboul de vieux Turcs qui, à ce que j'apprends, ont
célébré cet événement en faisant leur testament, con-
vaincus que la fin du monde était prochaine, puisque
des choses aussi inouïes arrivaient. Si la visite du pre-
mier sultan voyageur ne fait qu'ébrécher cette vieille
et absurde superstition que le maître d'un vaste em.
pire doit rester enfermé dans l'ignorance du monde
comme une odalisque dans son harem, ce serait déjà
un bien immense.
» Mais ce voyage témoigne aussi d'an esprit de confiance
dans la loi et l'ordre qui n'est pas sans valeur. Le temps
est passé où le café égyptien aurait été sérieusement
désagréable à tout « commandeur des croyants * qui en
aurait goûté (1).
D Cette visite inspire encore une autre 'réflexion. Sir
Henry BuFwer, ambassadeur de Sa Majesté Britannique
près la Porte, a fait un tour en Egypte l'hiver dernier,
et il a vu, comme chacun peut le voir avec la moitié
d'un œil, l'immense influence que les Français gagnent
dans le pays. Il est retourné à Constantinople, et les
premières nouvelles que nous recevons dès son retour
est que le sultan arrive ici; verbum sap. Le roi est une
bonne carte, mais il est provocant de savoir que votre
adversaire tient l'as. »
Rappelons que le Manchester Guardian est un des
organes favoris de lord Palmerston, et qu'il est très-
avant dans ses confidences habituelles. Il n'a pas or-
dinairement de correspondance avec l'Egypte, et il
indique que celle-ci lui vient d'un donneur d'avis
accidentel. Or il est remarquable que cette apprécia-
tion du voyage du sultan présenté comme ayant
pour objet un coup à porter à l'influence française,
c'est-à-dire au canal de Suez, sous l'inspiration de
sir Henry Bulwer, était envoyée d'Alexandrie à ce
journal à la même époque où le Times venait de s'ap-
pliquer à faire croire à la France et à l'Europe que ce
même voyage contrariait beaucoup l'ambassadeur
anglais, et qu'il s'y opposait de toutes ses forces,
verbum sap., comme dit le Manchester Guardian.
ERNEST DESPLACES.
AVANT ET APRÈS.
Nous avons vu par quelles prévisions funèbres le
Times accueillait le voyage du sultan avant son exé-
cution. Nous avons à faire connaître maintenant
l'opinion toute contraire qu'il en exprime après le
retour. Voici donc sinon ce qu'il en pensait au
moins ce qu'il en écrivait le 22 avril :
(1) Ceci nous parait être une allusion plus ou moins spirituelle
au mode par lequel les vieux despotes orientaux se débarrassaient
des hommes puissants qui leur portaient ombrage, en empoisonnant
le café qu'il est d'usage d'offrir dans les réceptions. E. D.
« Quelles que soient les complications des affaires
européennes, l'homme politique qui a le temps de
tourner son attention vers l'état de l'empire turc trou-
vera de l'intérêt dans l'étrange épisode d'histoire orien-
tale qu'ont présenté ces semaines dernières. Pour la
première fois depuis que ses ancêtres ont conquis l'E-
gypte, le sultan a visité cette contrée, en qualité d'hôte
d'Ismaïl-Pacha. Le suzerain de cette ancienne terre a
vu les changements que les lumières et l'énergie peu-
vent effectuer sur les régions les plus négligées du
globe. D'un pays qui, en dépit de grandes ressources
naturelles, est encore parmi les plus misérables de
l'Europe; des rives du Bosphore, éloignées seulement
d'une journée de plaines en friches et de vallées à peu
près désertes, le sultan s'est rendu en Egypte, pour
voir ce qui avait été fait dans des régions qu'il gou-
verne nominalement. L'idée d'un tel voyage fait beau-
coup d'honneur au sultan Abdul-Aziz. Le sultan précé-
dent, en une ou deux occasions, avait visité quelques-
unes des îles de l'archipel ; mais se transporter dans
une province lointaine, se mettre en face de son gou-
verneur héréditaire, et affirmer ses droits où pendant
tant d'années une autre famille paraissait régner su-
prêmement, requérait quelque chose de plus que l'é-
nergie appartenant d'ordinaire à un sultan ottoman.
» Depuis que la famille de Méhemet-Ali s'est élevée
en Egypte, une sorte de rivalité n'a pas cessé d'exister
entre le Caire et Constantinople. La première de ces
villes représentait l'acceptation bienveillante et em-
pressée de la civilisation européenne, et l'autre un ac
quiescement lent et avare à cette même civilisation.
Les vice-rois d'Egypte, souverains par la puissance, in-
dépendants en tout, excepté de nom, ont désiré se faire
des amis parmi les nations civilisées de l'Occident, et
ils ont particulièrement recherché l'amitié des puissants
et ambitieux Français. Il est bien connu à quel point
ceux-ci ont réussi. Pendant un quart de siècle, la France
a été le modèle de l'éducation égyptienne, et au moyen
d'un petit nombre d'aventuriers habiles, elle a pu
mouler à son image l'Etat égyptien. Toutes les amélio-
rations franques que les Turcs ont été forcés d'adopter
peuvent être vues sur les bords du Nil plus vigoureu-
sement développées. Un homme tel que le dernier sultan
aurait probablement reculé devant un contact avec une
énergie et nous pouvons presque dire une civilisation
supérieure à celle à laquelle il était accoutumé chez
lui; mais son frère, plus actif, a pensé qu'il lui était,
plus avantageux de voir et de s'enquérir par lui-même.
Avec une résolution peu ordinaire dans sa famille, il a
résolu d'égaler l'activité de la famille égyptienne ; et
comme le défunt pacha d'Egypte visita l'Europe l'an-
née dernière, et fut le bienvenu partout où il se pré-
senta, de même le sultan pense ne pouvoir mieux sou-
tenir son haut rang qu'en donnant des signes d'une
activité semblable et en visitant d'abord la plus fertile
province de son empire.
» Sa Hautesse n'a pas lieu de se repentir de sa réso-
lution. Comme mesure politique, sa visite en Egypte
parait avoir tout à fait réussi. Conformément à tous les
récits, le sultan aurait étonné et terrifié les Égyptiens
par sa présence. Une génération s'était élevée, ne con-
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