Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1863 01 mai 1863
Description : 1863/05/01 (A8,N165). 1863/05/01 (A8,N165).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203244g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE LTJNION DÉS DEUX MËËS. 139
de la part de notre ambassadeur pour gagner en quel-
que sorte une marche sur eux. Cela forme le sujet de
discussions et de commentaires très-vifs , spécialement
parmi les membres les moins considérables de ce corps,
auxquels, en l'absence d'une occupation plus sérieuse
et en revendication de leur grandeur endommagée,
cette affaire fournit une belle occasion de rompre la
paille sur l'étiquette diplomatique, sujet de> conversa-
tion le plus habituel et le plus, nauséabond dans la
société de Péra.
» On m'apprend que notre ambassadeur proteste
contre toute intention préconçue de voir le sultan ; qu'il
voulait seulement visiter Fuad-Pacha, qui était à bord
du yacht, et que le sultan, apprenant qu'il était présent,
a désiré le voir. Il eût été facile, à coup sûr, de prévoir
qu'il en devait être ainsi; mais je ne suis pas assez
versé dans le sujet pour déterminer le droit sur la ques-
tion. Sir Henry Bulwer resta à bord une demi-heure, et
aussitôt qu'il en fut parti, le Feizi-Géad, suivi de près
par la frégate Medjidié, portant les princes impériaux et
leur suite, et par les autres vaisseaux formant le cor-
tége impérial, sortit du port au milieu des acclamations
des équipages groupés sur les vergues et des assour-
dissantes détonations de l'artillerie.
» La nouvelle que l'on vient de recevoir ici de la vi-
site du prince Napoléon en Égypte, et qui vraisembla-
blement aura lieu durant le séjour du sultan dans cette
province, jette quelque lumière sur l'ardeur que l'am-
bassadeur français a montrée en faveur du voyage du
sultan (1). Il n'est pas douteux que l'objet en vue n'ait
rapport aux intérêts du canal de Suez (2). Il semble que,
en conséquence de l'opposition qu'on fait ici active-
ment à ce projet, et à laquelle le vice-roi, pendant sa
visite à cette capitale, aurait, à ce que l'on assure, si
vigoureusement participé (3), une certaine quantité de
compression touchant de près à l'intimidation aurait
été exercée sur le pacha par les agents français en
Egypte, et, malgré les instructions qui lui ont été
transmises d'ici, il montre des dispositions à se rendre,
par suite de l'alarme que lui inspire l'influence fran-
çaise. Ismaïl-Pacha, depuis son accession, n'a pas montré
cette fermeté de disposition et de décision ou cette ar-
deur pour les réformes dont il avait la réputation avant
de monter au pouvoir (4). On a dit souvent qu'on ne
pouvait se former d'un Turc une opinion certaine
(1) Cette assertion, nous l'avons dit, est complétement controuvée.
E. D.
[2] Dans cet aveu naïf, le correspondant trahit « l'objet en vue »
non pour l'ambassade française, mais pour l'agitation de la diplo-
matie britannique. E. D.
(3) Cette fiction peut être mise à côté de celle du rôle que le cor-
respondant fait jouer à notre ambassadeur. A Constantinople, le
vice-roi a été pour le canal de Suez ce qu'il a été et ce qu'il est
au Caire. On l'ignore à l'ambassade anglaise moins que partout
ailleurs. E. D.
(4) Ismail aurait toutes ces vertus aux yeux du correspondant, s'il
avait consenti à mettre « à la réforme » la belle entreprise do la
jonction des deux mers, garantie de la prospérité et de la sécurité
future de l'Egypte. E. D.
avant qu'il eût passé aux affaires, et la croyance
générale est que le cas d'Ismaïl peut être considéré
comme un exemple prouvant la justesse de cette
maxime. Toutes ces choses étant prises en considéra-
tion , il y a toute raison de croire que la France va
faire un grand effort pendant que le sultan est sur la
scène de la concession contestée, pour amener un dé-
noûment favorable de l'affaire (5) ; et quoique tout ce qui
y touche soit maintenant tenu dans le secret, le temps
approche rapidement où elle deviendra le thème de la
discussion publique et des négociations politiques.
» Malgré le mystère dont l'affaire a été enveloppée,
il a transpiré qu'immédiatement avant le départ du
sultan, un conseil spécial des ministres a été convoqué,
- auquel a été appelé le Soheik-ul-Islam. Sa présence à
ce conseil prouve d'une manière marquée l'importance
que la chose prend aux yeux du gouvernement turc.
Cette question a été proposée par le ministre des
affaires étrangères, à savoir : si les deux gouvernements
de France et d'Angleterre s'accordaient sur ce sujet,
serait-il convenable de sanctionner les procédés mainte-
nant adoptés? Et la décision unanime du conseil a été
que, dans aucune circonstance, le gouvernement ne
serait justifiable en ratifiant une concession qui, telle
qu'elle est aujourd'hui, ne peut être considérée que
comme désavantageuse et dangereuse aux intérêts de
la Turquie. La décision du conseil, avec des instructions
ultérieures, a été conséquemment transmise en Égypte ;
et l'on affirme que le sultan a résolu, sous le motif
que sa visite au vice-roi n'est qu'une visite d'amitié et
de bienveillance, et n'a aucun rapport avec les consi-
dérations politiques, de s'abstenir d'entrer dans la ques-
tion pendant son séjour, et de résister à toute sugges-
tion qui lui serait faite de visiter les travaux du cana
de Suez. »
Voilà l'intrigue mise dans toute sa nudité par un
témoin non suspect, par le correspondant du Times
lui-même , heureux et empressé de compromettre le
sultan et ses ministres dans l'opinion de l'Europe et
de la France. Nous savons maintenant ce qu'allait
faire sir Henry Bulwer dans ses audiences réitérées
et pourquoi il poursuivait le sultan jusque sur le na-
vire qui allait l'emporter.
ERNEST DESPLACES.
LES DEUX VERSIONS.
Après la version anglaise de Constantinople, la
version d'Alexandrie.
On lit dans le Manchester Guardian du 23 avril :
« Alexandrie, 11 avril.
» La visite d'Abdul-Aziz au plus puissant de ses
vassaux est pour plus d'une raison un événement re-
marquable. C'est la première fois qu'un sultan de Tur-
(5) Il est remarquable que lorsque la diplomatie anglaise prépare
un piège ou une intrigue, le Times ne manque jamais de commencer
par en accuser ceux contre lesquels elle les dirige. E. D.
de la part de notre ambassadeur pour gagner en quel-
que sorte une marche sur eux. Cela forme le sujet de
discussions et de commentaires très-vifs , spécialement
parmi les membres les moins considérables de ce corps,
auxquels, en l'absence d'une occupation plus sérieuse
et en revendication de leur grandeur endommagée,
cette affaire fournit une belle occasion de rompre la
paille sur l'étiquette diplomatique, sujet de> conversa-
tion le plus habituel et le plus, nauséabond dans la
société de Péra.
» On m'apprend que notre ambassadeur proteste
contre toute intention préconçue de voir le sultan ; qu'il
voulait seulement visiter Fuad-Pacha, qui était à bord
du yacht, et que le sultan, apprenant qu'il était présent,
a désiré le voir. Il eût été facile, à coup sûr, de prévoir
qu'il en devait être ainsi; mais je ne suis pas assez
versé dans le sujet pour déterminer le droit sur la ques-
tion. Sir Henry Bulwer resta à bord une demi-heure, et
aussitôt qu'il en fut parti, le Feizi-Géad, suivi de près
par la frégate Medjidié, portant les princes impériaux et
leur suite, et par les autres vaisseaux formant le cor-
tége impérial, sortit du port au milieu des acclamations
des équipages groupés sur les vergues et des assour-
dissantes détonations de l'artillerie.
» La nouvelle que l'on vient de recevoir ici de la vi-
site du prince Napoléon en Égypte, et qui vraisembla-
blement aura lieu durant le séjour du sultan dans cette
province, jette quelque lumière sur l'ardeur que l'am-
bassadeur français a montrée en faveur du voyage du
sultan (1). Il n'est pas douteux que l'objet en vue n'ait
rapport aux intérêts du canal de Suez (2). Il semble que,
en conséquence de l'opposition qu'on fait ici active-
ment à ce projet, et à laquelle le vice-roi, pendant sa
visite à cette capitale, aurait, à ce que l'on assure, si
vigoureusement participé (3), une certaine quantité de
compression touchant de près à l'intimidation aurait
été exercée sur le pacha par les agents français en
Egypte, et, malgré les instructions qui lui ont été
transmises d'ici, il montre des dispositions à se rendre,
par suite de l'alarme que lui inspire l'influence fran-
çaise. Ismaïl-Pacha, depuis son accession, n'a pas montré
cette fermeté de disposition et de décision ou cette ar-
deur pour les réformes dont il avait la réputation avant
de monter au pouvoir (4). On a dit souvent qu'on ne
pouvait se former d'un Turc une opinion certaine
(1) Cette assertion, nous l'avons dit, est complétement controuvée.
E. D.
[2] Dans cet aveu naïf, le correspondant trahit « l'objet en vue »
non pour l'ambassade française, mais pour l'agitation de la diplo-
matie britannique. E. D.
(3) Cette fiction peut être mise à côté de celle du rôle que le cor-
respondant fait jouer à notre ambassadeur. A Constantinople, le
vice-roi a été pour le canal de Suez ce qu'il a été et ce qu'il est
au Caire. On l'ignore à l'ambassade anglaise moins que partout
ailleurs. E. D.
(4) Ismail aurait toutes ces vertus aux yeux du correspondant, s'il
avait consenti à mettre « à la réforme » la belle entreprise do la
jonction des deux mers, garantie de la prospérité et de la sécurité
future de l'Egypte. E. D.
avant qu'il eût passé aux affaires, et la croyance
générale est que le cas d'Ismaïl peut être considéré
comme un exemple prouvant la justesse de cette
maxime. Toutes ces choses étant prises en considéra-
tion , il y a toute raison de croire que la France va
faire un grand effort pendant que le sultan est sur la
scène de la concession contestée, pour amener un dé-
noûment favorable de l'affaire (5) ; et quoique tout ce qui
y touche soit maintenant tenu dans le secret, le temps
approche rapidement où elle deviendra le thème de la
discussion publique et des négociations politiques.
» Malgré le mystère dont l'affaire a été enveloppée,
il a transpiré qu'immédiatement avant le départ du
sultan, un conseil spécial des ministres a été convoqué,
- auquel a été appelé le Soheik-ul-Islam. Sa présence à
ce conseil prouve d'une manière marquée l'importance
que la chose prend aux yeux du gouvernement turc.
Cette question a été proposée par le ministre des
affaires étrangères, à savoir : si les deux gouvernements
de France et d'Angleterre s'accordaient sur ce sujet,
serait-il convenable de sanctionner les procédés mainte-
nant adoptés? Et la décision unanime du conseil a été
que, dans aucune circonstance, le gouvernement ne
serait justifiable en ratifiant une concession qui, telle
qu'elle est aujourd'hui, ne peut être considérée que
comme désavantageuse et dangereuse aux intérêts de
la Turquie. La décision du conseil, avec des instructions
ultérieures, a été conséquemment transmise en Égypte ;
et l'on affirme que le sultan a résolu, sous le motif
que sa visite au vice-roi n'est qu'une visite d'amitié et
de bienveillance, et n'a aucun rapport avec les consi-
dérations politiques, de s'abstenir d'entrer dans la ques-
tion pendant son séjour, et de résister à toute sugges-
tion qui lui serait faite de visiter les travaux du cana
de Suez. »
Voilà l'intrigue mise dans toute sa nudité par un
témoin non suspect, par le correspondant du Times
lui-même , heureux et empressé de compromettre le
sultan et ses ministres dans l'opinion de l'Europe et
de la France. Nous savons maintenant ce qu'allait
faire sir Henry Bulwer dans ses audiences réitérées
et pourquoi il poursuivait le sultan jusque sur le na-
vire qui allait l'emporter.
ERNEST DESPLACES.
LES DEUX VERSIONS.
Après la version anglaise de Constantinople, la
version d'Alexandrie.
On lit dans le Manchester Guardian du 23 avril :
« Alexandrie, 11 avril.
» La visite d'Abdul-Aziz au plus puissant de ses
vassaux est pour plus d'une raison un événement re-
marquable. C'est la première fois qu'un sultan de Tur-
(5) Il est remarquable que lorsque la diplomatie anglaise prépare
un piège ou une intrigue, le Times ne manque jamais de commencer
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