Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1863 01 mai 1863
Description : 1863/05/01 (A8,N165). 1863/05/01 (A8,N165).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203244g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
138 L'ISTHME "DE SUEZ,
» Telle est la politique de l'Angleterre, et c'est certai-
ne ment une politique légitime. Nous nous servons du
passage à travers l'Égypte, ce qui est pour nous d'une
grande convenance, mais nous donnons autant que
nous prenons. Notre commerce est une source de pro-
fits féconds pour le pays, et c'est ce que le vice roi
vient de nous déclarer. Il a reconnu la mission que la
Compagnie péninsulaire et orientale lui envoyait comme
une ambassade de laquelle il devait très-naturellement
recevoir des félicitations, tout en lui promettant son
patronage en retour. Il s'est étendu sur les avantages
que le trafic en question a conférés à son pays, et il
s'est engagé à faire tout son possible pour le secon-
der (1).
» C'est un curieux état de chose ; mais aussi long-
temps que les plus grands intérêts de l'Égypte con-
sisteront à expédier des cargaisons d'Anglais d'un point
de son territoire à un autre, il n'y a pas de raison
pour que les deux pays ne puissent se proclamer amis
intimes l'un de l'autre. D
juste ; mais il ne faudrait pas qu'elle voulût tirer de cet
intérêt un droit d'intervention dans les affaires intérieures de l'É-
gypte ou dans l'indépendance de son gouvernement, quant à la
libre disposition de son territoire sous la suzeraineté de la Porte.
L'Égypte est un fragment de la route vers les Indes comme la
France en est un autre fragment. Si Alexandrie conduit à Suez,
et si Suez est une station pour Bombay, l'Angleterre a besoin de
passer par Boulogne ou Calais pour aller à Marseille, et c'est de
Marseille que ses steamers partent pour Alexandrie. L'Angleterre
n'a pas plus de droits sur la route d'Alexandrie à Suez qu'elle
n'en a sur la route de Calais à Marseille, et il serait tout aussi
criant et tout aussi violent, sinon aussi dangereux, qu'elle pré-
tendît à un droit de suprématie ou d'immixtion par contrainte sur
la route égyptienne que sur la route française. Elle a sur l'une
et sur l'autre le droit commun que donnent l'amitié réciproque,
les bonnes relations internationales, la liberté commerciale et le
consentement mutuel ; rien de moins, mais rien de plus. E. D.
(1) Le gouvernement égyptien, sans se les exagérer autant que
le Times, reconnaît les avantages que son pays a retirés des com-
munications que, par l'Égypte, l'Angleterre a établies entre ses ports
et ceux de l'Inde, quoique l'Angleterre ne les ait établies qu'avec
répugnance, à son corps défendant, comme le prouve la longue per-
sécution subie par le lieutenant Waghorn, le créateur de cette route.
Mais c'est justement parce qu'il a reconnu les avantages d'un trafic
qui se borne, au total, au transport des malles, des passagers et de
quelques marchandises entre l'Orient et l'Occident, que le gouverne-
ment égyptien aspire à un avenir et à un progrès bien plus magni-
liqucs en assurant à son peuple, par la jonction des deux mers, le
passage de tout le commerce qui se fait dès à présent et qui est
destiné à une si large progression entre les deux parties du monde ;
et comme, dès lors, l'Égypte ouvre à l'Angleterre deux routes au lieu
d'une : une par terre, une par mer ; l'une coûteuse et sujette à plus
d'une difficulté, l'autre à la fois plus économique et plus commode,
il nous semble, pour nous servir des expressions du Times, que c'est
une raison de plus pour que les deux pays puissent « se proclamer
» amis intimes l'un de l'autre. » Mais, que le Times veuille bien y
penser, l'amitié n'est ni la dépendance ni le monopole. E. D.
PRESSION ANGLAISE A CONSTANTINOPLE.
Pendant que, par la publication de l'article ci-
dessus, — 17 mars, — le Times disposait les voies
auprès de l'opinion de son pays, l'ambassade anglaise
près la Porte agissait sans relâche sur le sultan et
ses ministres. Le 25 mars, les dates ont ici leur si-
gnification, dans une lettre dont notre dernier nu-
méro contenait les principaux extraits, le correspon-
dant du Times à Constantinople lui annonçait les
démarches actives et insistantes de sir Henry Bul-
wer auprès d'Abdul-Aziz sous prétexte ou à propos
de son projet de voyage en Egypte. « Je suis in-
formé, disait il, que l'ambassadeur britannique a in-
diqué au sultan avec force et insistance les mauvaises
conséquences que pouvait amener ce voyage et qu'il
en a avec énergie conseillé l'ajournement. » Mais,
toujours selon la version britannique, l'ambassadeur
de France était d'un autre avis, les mauvais con-
seils de l'ambassadeur de France prévalaient, et le
correspondant n'avait plus d'autre ressource que de
peindre en traits effrayants les catastrophes dont cet
éloignement menaçait l'empire et la capitale.
Cependant, après quelques délais dont le mystère
n'est pas encore expliqué, le sultan va se mettre en
route, et, après avoir décrit sur un tout autre ton les
pompes de ce départ, le correspondant transmet à
son journal les nouvelles suivantes :
(Correspondance ordinaire du TIMES.)
« Constantinople, 9 avril.
D A trois heures de l'après-midi, le sultan descendit
l'escalier du palais, s'embarqua dans son caïque de pa-
rade et se dirigea vers son yacht au milieu des éclats
du canon, tonnant des batteries de terre et des vais-
seaux en rade. Son air exprimait un sentiment de bon-
heur, et l'on dit que sa joie de briser ainsi ses liens
et de quitter sa capitale pour la première fois, avait
quelque chose de l'allégresse et de l'exultation de l'en-
fant, manifestation étonnante dans un Oriental et dans
le maître d'un vaste empire. Tout était prêt pour le
départ, lorsque, à travers des centaines d'embarcations
plus humbles qui couvraient les eaux, apparut le caïque
officiel de l'ambassade britannique cinglant à toutes
rames vers le yacht impérial, à bord duquel monta
l'ambassadeur anglais, accompagné de deux attachés.
» Cet événement causa quelque surprise ; car on sa-
vait qu'une semaine auparavant, sir Henry Bulwer avait
eu du sultan une audience particulière, et cet incident
fut immédiatement commenté par les oisifs et les nou-
vellistes de la multitude. Il devint le sujet des plus
folles conjectures, quant à l'objet de cette visite inat-
tendue et à l'importance qu'elle semblait présager.
» Il paraît que ce procédé a excité une certaine
somme de vexation parmi les autres membres du corps
diplomatique et a été représenté comme une tentative
» Telle est la politique de l'Angleterre, et c'est certai-
ne ment une politique légitime. Nous nous servons du
passage à travers l'Égypte, ce qui est pour nous d'une
grande convenance, mais nous donnons autant que
nous prenons. Notre commerce est une source de pro-
fits féconds pour le pays, et c'est ce que le vice roi
vient de nous déclarer. Il a reconnu la mission que la
Compagnie péninsulaire et orientale lui envoyait comme
une ambassade de laquelle il devait très-naturellement
recevoir des félicitations, tout en lui promettant son
patronage en retour. Il s'est étendu sur les avantages
que le trafic en question a conférés à son pays, et il
s'est engagé à faire tout son possible pour le secon-
der (1).
» C'est un curieux état de chose ; mais aussi long-
temps que les plus grands intérêts de l'Égypte con-
sisteront à expédier des cargaisons d'Anglais d'un point
de son territoire à un autre, il n'y a pas de raison
pour que les deux pays ne puissent se proclamer amis
intimes l'un de l'autre. D
juste ; mais il ne faudrait pas qu'elle voulût tirer de cet
intérêt un droit d'intervention dans les affaires intérieures de l'É-
gypte ou dans l'indépendance de son gouvernement, quant à la
libre disposition de son territoire sous la suzeraineté de la Porte.
L'Égypte est un fragment de la route vers les Indes comme la
France en est un autre fragment. Si Alexandrie conduit à Suez,
et si Suez est une station pour Bombay, l'Angleterre a besoin de
passer par Boulogne ou Calais pour aller à Marseille, et c'est de
Marseille que ses steamers partent pour Alexandrie. L'Angleterre
n'a pas plus de droits sur la route d'Alexandrie à Suez qu'elle
n'en a sur la route de Calais à Marseille, et il serait tout aussi
criant et tout aussi violent, sinon aussi dangereux, qu'elle pré-
tendît à un droit de suprématie ou d'immixtion par contrainte sur
la route égyptienne que sur la route française. Elle a sur l'une
et sur l'autre le droit commun que donnent l'amitié réciproque,
les bonnes relations internationales, la liberté commerciale et le
consentement mutuel ; rien de moins, mais rien de plus. E. D.
(1) Le gouvernement égyptien, sans se les exagérer autant que
le Times, reconnaît les avantages que son pays a retirés des com-
munications que, par l'Égypte, l'Angleterre a établies entre ses ports
et ceux de l'Inde, quoique l'Angleterre ne les ait établies qu'avec
répugnance, à son corps défendant, comme le prouve la longue per-
sécution subie par le lieutenant Waghorn, le créateur de cette route.
Mais c'est justement parce qu'il a reconnu les avantages d'un trafic
qui se borne, au total, au transport des malles, des passagers et de
quelques marchandises entre l'Orient et l'Occident, que le gouverne-
ment égyptien aspire à un avenir et à un progrès bien plus magni-
liqucs en assurant à son peuple, par la jonction des deux mers, le
passage de tout le commerce qui se fait dès à présent et qui est
destiné à une si large progression entre les deux parties du monde ;
et comme, dès lors, l'Égypte ouvre à l'Angleterre deux routes au lieu
d'une : une par terre, une par mer ; l'une coûteuse et sujette à plus
d'une difficulté, l'autre à la fois plus économique et plus commode,
il nous semble, pour nous servir des expressions du Times, que c'est
une raison de plus pour que les deux pays puissent « se proclamer
» amis intimes l'un de l'autre. » Mais, que le Times veuille bien y
penser, l'amitié n'est ni la dépendance ni le monopole. E. D.
PRESSION ANGLAISE A CONSTANTINOPLE.
Pendant que, par la publication de l'article ci-
dessus, — 17 mars, — le Times disposait les voies
auprès de l'opinion de son pays, l'ambassade anglaise
près la Porte agissait sans relâche sur le sultan et
ses ministres. Le 25 mars, les dates ont ici leur si-
gnification, dans une lettre dont notre dernier nu-
méro contenait les principaux extraits, le correspon-
dant du Times à Constantinople lui annonçait les
démarches actives et insistantes de sir Henry Bul-
wer auprès d'Abdul-Aziz sous prétexte ou à propos
de son projet de voyage en Egypte. « Je suis in-
formé, disait il, que l'ambassadeur britannique a in-
diqué au sultan avec force et insistance les mauvaises
conséquences que pouvait amener ce voyage et qu'il
en a avec énergie conseillé l'ajournement. » Mais,
toujours selon la version britannique, l'ambassadeur
de France était d'un autre avis, les mauvais con-
seils de l'ambassadeur de France prévalaient, et le
correspondant n'avait plus d'autre ressource que de
peindre en traits effrayants les catastrophes dont cet
éloignement menaçait l'empire et la capitale.
Cependant, après quelques délais dont le mystère
n'est pas encore expliqué, le sultan va se mettre en
route, et, après avoir décrit sur un tout autre ton les
pompes de ce départ, le correspondant transmet à
son journal les nouvelles suivantes :
(Correspondance ordinaire du TIMES.)
« Constantinople, 9 avril.
D A trois heures de l'après-midi, le sultan descendit
l'escalier du palais, s'embarqua dans son caïque de pa-
rade et se dirigea vers son yacht au milieu des éclats
du canon, tonnant des batteries de terre et des vais-
seaux en rade. Son air exprimait un sentiment de bon-
heur, et l'on dit que sa joie de briser ainsi ses liens
et de quitter sa capitale pour la première fois, avait
quelque chose de l'allégresse et de l'exultation de l'en-
fant, manifestation étonnante dans un Oriental et dans
le maître d'un vaste empire. Tout était prêt pour le
départ, lorsque, à travers des centaines d'embarcations
plus humbles qui couvraient les eaux, apparut le caïque
officiel de l'ambassade britannique cinglant à toutes
rames vers le yacht impérial, à bord duquel monta
l'ambassadeur anglais, accompagné de deux attachés.
» Cet événement causa quelque surprise ; car on sa-
vait qu'une semaine auparavant, sir Henry Bulwer avait
eu du sultan une audience particulière, et cet incident
fut immédiatement commenté par les oisifs et les nou-
vellistes de la multitude. Il devint le sujet des plus
folles conjectures, quant à l'objet de cette visite inat-
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