Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1863 01 avril 1863
Description : 1863/04/01 (A8,N163). 1863/04/01 (A8,N163).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203242n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
110
L'ISTHME DE SUEZ,
était de pourvoir aux besoins et à l'alimentation de l'ar-
mée de travailleurs destinée à être employée à une
œuvre aussi vaste, de se procurer les moyens de trans-
port capables de pourvoir à ces approvisionnements de
toute espèce, surtout de faire parvenir l'eau douce dans
le désert, et dès lors, avec le canal maritime, il fallait
creuser un canal dérivé du Nil, qui mît l'intérieur de
l'Egypte et ses ressources en communication avec tous
les points de l'isthme.
» Ce second i canal avait une autre destination non
moins importante. Il devait arroser et féconder les
terres concédées sur la ligne à la Compagnie, et dont
la fertilité naturelle n'attendait, pour être rendue à la
production, que les bienfaits de l'eau du Nil.
» Ainsi donc l'entreprise avait deux objets essentiels :
le creusement d'un canal maritime mettant les deux
mers en communication ; le creusement d'un canal
d'eau douce réservé à parer aux diverses nécessités que
nous venons de décrire.
» A quel degré d'avancement se trouve aujourd'hui
ce double travail ?
» Sur une étendue de 7ô kilomètres, ou sur la moitié
du parcours total du canal maritime, une première
communication est ouverte de Port-Saïd, entrée du ca-
nal sur la Méditerranée, à Timsah, centre de l'isthme.
Cette communication sans doute ne peut pas encore
servir aux navires, mais elle sert déjà pour les trans-
ports, pour toutes les relations entre tous les points de
la ligne, entre Port-Saïd et Timsah.
» Dans ce parcours se trouve le seuil d'El-Guisr, qui
est le point culminant de l'isthme, à une hauteur qui
va jusqu'à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Un travail admirable a été exécuté sur ce point. La
tranchée a été ouverte dans toute son étendue, sans
autre difficulté que celle dû mouvement des terres à
déplacer. On avait prédit que, dans cette partie, l'en-
treprise rencontrerait soit des bancs de rochers, soit des
sables coulants qui devaient eptraver désastreusement
le travail. Aujourd'hui, l'expérience a constaté que ces
craintes étaient des chimères. Le seuil d'El-Guisr est
percé, et désormais le plus grand obstacle opposé par
la nature au percement de l'isthme a cessé d'exister.
» A l'heure qu'il est, le canal maritime est poussé
jusqu'au seuil du Sérapéum, à plusieurs kilomètres au-
delà do. Thnsah: et aprèS lè percement de ce seuil, l
d'uu i travail beaucoup plus facile et beaucoup moins f
considérable quâ celui du'seuil d'El-Guisr, le canal ma-
ritime n'aura plus qu'à traverser, en une distance "de
24 à 25 kilomètres, la plaine de Suez, pour aboutir à là
mer Rouge; car les lacs Amers, d'une longueur de 40
kilomètres, qui séparent la plaine de Suez et le Séra- ";
péum, sont en moyenne4* à 5 mètres au-dessous du ni-
veau de la mer. (
» On peut donc: s'attendre pour une époque assez
prochaine à la jonction dçs deux mers par le canal
maritime. Mais cette jonction est sur le point de s'opé-
rer bien plus prochainement encore par une autre com-
binaison dont nous allons parler.
» D'après les informations qui nous sont transmises,
le canal d'eau douce arriverait à Suez dans le courant
du mois de juin prochain.
» Le canal d'eau douce dès à présent met en commu-
nication Alexandrie, le Caire et tout l'intérieur de
l'Egypte avec le centre de l'isthme à Timsah. Alexan-
drie et le Caire communiquent entre eux par le canal
Mabmoudié et le Nil.
» Le Caire communique avec Zagazig par le Nil et
le canal de Moës ou de Moïse, qui est l'ancienne branche
tanitique.
» A Zagazig, ce canal se prolonge tout le long du
domaine de l'Ouady, propriété de la Compagnie, et il
aboutit à l'entrée de la vallée de Gessen, au point que
l'on appelle Raz-el-Ouady.
D Ce dernier canal avait été un peu négligé avant
que la Compagnie n'en devint propriétaire. Elle l'a fait
rectifier, nettoyer, perfectionner, et il donne un passage
facile aux plus grosses barques du Nil.
» A Raz-el-Ouady commence le canal d'eau douce
entièrement exécuté par la Compagnie. Il a une lar-
geur de 15 mètres à la ligne d'eau, une profondeur de
lm,50, une longueur de 35 à 40 kilomètres. 11 arrose
la vallée de Gessen, et déjà ses rives sont bordées
de cultures qui se développent avec tant de rapidité
que dans le mois de septembre dernier les terres en
culture ne s'élevaient, qu'à 717 feddans (le feddan est
d'environ un demi-hectare), et que dans le mois de
janvier suivant elles se montaient à plus de 2,500 fed'
dans.
D Chaque jour les populations voisines, et surtout
celles du désert, viennent solliciter de nouvelles lo-
cations.
D Un fait qui nous est transmis par un témoin ocu-
laire servira à donner une idée de la facilité des trans-
ports opérés par cette communication fluviale d'Alexan-
drie et du Caire à Timsah. L'eau douce est déjà au
centre du désert, mais la Compagnie veut encore la
faire arriver de ce centre à Port-Saïd, et pour cela elle
a fait avec un entrepreneur un contrat par lequel celui-
ci s'engage à élever l'eau douce de Timsah sur le seuil
d'El-Guisr, et de la faire descendre par une conduite en
fonte sur toute la ligne placée au nord entre Timsah
et Port-Saïd. Cette opération marche rapidement. Des
navires ont porté d'Europe les forts tuyaux en fonte
nécessaires à l'opération. Les barques du Mahmoudié
et du Nil ont à leur tour chargé ces tuyaux à Alexan-
drie. Elles les ont portés à Timsah par la ligne d'eau
I continue. Le voyage s'est exécuté sans le plus léger
obstacle, et arrivées à Timsah à midi, ces grosses bar-
ques avaient opéré leur déchargement et mettaient à
la voile pour retourner à Alexandrie le même jour à
6 heures du soir.
D Ainsi, par la partie déjà exécutée du canal maritime
et livrée à la navigation des barques, Timsah est en
pleine communication avec Port-Saïd et la Méditerra-
née, tandis que de l'autre côté il peut recevoir et reçoit
les cargaisons qui lui sont expédiées d'Alexandrie et
du Caire.
» Mais, comme nous l'avons dit, ce n'est pas là le
but final du canal d'eau douce. Il doit traverser et
féconder tout le désert depuis Raz-el-Ouady, c'est-à-
dire depuis l'entrée de la vallée de Gessen à l'ouest de
L'ISTHME DE SUEZ,
était de pourvoir aux besoins et à l'alimentation de l'ar-
mée de travailleurs destinée à être employée à une
œuvre aussi vaste, de se procurer les moyens de trans-
port capables de pourvoir à ces approvisionnements de
toute espèce, surtout de faire parvenir l'eau douce dans
le désert, et dès lors, avec le canal maritime, il fallait
creuser un canal dérivé du Nil, qui mît l'intérieur de
l'Egypte et ses ressources en communication avec tous
les points de l'isthme.
» Ce second i canal avait une autre destination non
moins importante. Il devait arroser et féconder les
terres concédées sur la ligne à la Compagnie, et dont
la fertilité naturelle n'attendait, pour être rendue à la
production, que les bienfaits de l'eau du Nil.
» Ainsi donc l'entreprise avait deux objets essentiels :
le creusement d'un canal maritime mettant les deux
mers en communication ; le creusement d'un canal
d'eau douce réservé à parer aux diverses nécessités que
nous venons de décrire.
» A quel degré d'avancement se trouve aujourd'hui
ce double travail ?
» Sur une étendue de 7ô kilomètres, ou sur la moitié
du parcours total du canal maritime, une première
communication est ouverte de Port-Saïd, entrée du ca-
nal sur la Méditerranée, à Timsah, centre de l'isthme.
Cette communication sans doute ne peut pas encore
servir aux navires, mais elle sert déjà pour les trans-
ports, pour toutes les relations entre tous les points de
la ligne, entre Port-Saïd et Timsah.
» Dans ce parcours se trouve le seuil d'El-Guisr, qui
est le point culminant de l'isthme, à une hauteur qui
va jusqu'à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Un travail admirable a été exécuté sur ce point. La
tranchée a été ouverte dans toute son étendue, sans
autre difficulté que celle dû mouvement des terres à
déplacer. On avait prédit que, dans cette partie, l'en-
treprise rencontrerait soit des bancs de rochers, soit des
sables coulants qui devaient eptraver désastreusement
le travail. Aujourd'hui, l'expérience a constaté que ces
craintes étaient des chimères. Le seuil d'El-Guisr est
percé, et désormais le plus grand obstacle opposé par
la nature au percement de l'isthme a cessé d'exister.
» A l'heure qu'il est, le canal maritime est poussé
jusqu'au seuil du Sérapéum, à plusieurs kilomètres au-
delà do. Thnsah: et aprèS lè percement de ce seuil, l
d'uu i travail beaucoup plus facile et beaucoup moins f
considérable quâ celui du'seuil d'El-Guisr, le canal ma-
ritime n'aura plus qu'à traverser, en une distance "de
24 à 25 kilomètres, la plaine de Suez, pour aboutir à là
mer Rouge; car les lacs Amers, d'une longueur de 40
kilomètres, qui séparent la plaine de Suez et le Séra- ";
péum, sont en moyenne4* à 5 mètres au-dessous du ni-
veau de la mer. (
» On peut donc: s'attendre pour une époque assez
prochaine à la jonction dçs deux mers par le canal
maritime. Mais cette jonction est sur le point de s'opé-
rer bien plus prochainement encore par une autre com-
binaison dont nous allons parler.
» D'après les informations qui nous sont transmises,
le canal d'eau douce arriverait à Suez dans le courant
du mois de juin prochain.
» Le canal d'eau douce dès à présent met en commu-
nication Alexandrie, le Caire et tout l'intérieur de
l'Egypte avec le centre de l'isthme à Timsah. Alexan-
drie et le Caire communiquent entre eux par le canal
Mabmoudié et le Nil.
» Le Caire communique avec Zagazig par le Nil et
le canal de Moës ou de Moïse, qui est l'ancienne branche
tanitique.
» A Zagazig, ce canal se prolonge tout le long du
domaine de l'Ouady, propriété de la Compagnie, et il
aboutit à l'entrée de la vallée de Gessen, au point que
l'on appelle Raz-el-Ouady.
D Ce dernier canal avait été un peu négligé avant
que la Compagnie n'en devint propriétaire. Elle l'a fait
rectifier, nettoyer, perfectionner, et il donne un passage
facile aux plus grosses barques du Nil.
» A Raz-el-Ouady commence le canal d'eau douce
entièrement exécuté par la Compagnie. Il a une lar-
geur de 15 mètres à la ligne d'eau, une profondeur de
lm,50, une longueur de 35 à 40 kilomètres. 11 arrose
la vallée de Gessen, et déjà ses rives sont bordées
de cultures qui se développent avec tant de rapidité
que dans le mois de septembre dernier les terres en
culture ne s'élevaient, qu'à 717 feddans (le feddan est
d'environ un demi-hectare), et que dans le mois de
janvier suivant elles se montaient à plus de 2,500 fed'
dans.
D Chaque jour les populations voisines, et surtout
celles du désert, viennent solliciter de nouvelles lo-
cations.
D Un fait qui nous est transmis par un témoin ocu-
laire servira à donner une idée de la facilité des trans-
ports opérés par cette communication fluviale d'Alexan-
drie et du Caire à Timsah. L'eau douce est déjà au
centre du désert, mais la Compagnie veut encore la
faire arriver de ce centre à Port-Saïd, et pour cela elle
a fait avec un entrepreneur un contrat par lequel celui-
ci s'engage à élever l'eau douce de Timsah sur le seuil
d'El-Guisr, et de la faire descendre par une conduite en
fonte sur toute la ligne placée au nord entre Timsah
et Port-Saïd. Cette opération marche rapidement. Des
navires ont porté d'Europe les forts tuyaux en fonte
nécessaires à l'opération. Les barques du Mahmoudié
et du Nil ont à leur tour chargé ces tuyaux à Alexan-
drie. Elles les ont portés à Timsah par la ligne d'eau
I continue. Le voyage s'est exécuté sans le plus léger
obstacle, et arrivées à Timsah à midi, ces grosses bar-
ques avaient opéré leur déchargement et mettaient à
la voile pour retourner à Alexandrie le même jour à
6 heures du soir.
D Ainsi, par la partie déjà exécutée du canal maritime
et livrée à la navigation des barques, Timsah est en
pleine communication avec Port-Saïd et la Méditerra-
née, tandis que de l'autre côté il peut recevoir et reçoit
les cargaisons qui lui sont expédiées d'Alexandrie et
du Caire.
» Mais, comme nous l'avons dit, ce n'est pas là le
but final du canal d'eau douce. Il doit traverser et
féconder tout le désert depuis Raz-el-Ouady, c'est-à-
dire depuis l'entrée de la vallée de Gessen à l'ouest de
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