Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1863 15 mars 1863
Description : 1863/03/15 (A8,N162). 1863/03/15 (A8,N162).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032417
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
93
un philosophe grec nommé Ergamènes. Ergamènes
avait-il fait partie de la collection très-intéressante de
sophistes que Philadelphe hébergeait dans son mu-
sée? on l'ignore. Mais, à peine ceint du diadème,
il avait énergiquement combattu les superstitions
de ses nègres. Sans discuter contre les prêtres du
pays, qui probablement n'entendaient rien à la dia-
lectique, il les avait fait tous massacrer et avait
fondé une religion nouvelle. On ne dit pas qu'elle
valût mieux que l'autre. Philadelphe contracta une
étroite alliance avec ce prince, qui dut mal finir, nous
en sommes convaincu.
» Un savant du xvnr siècle écrit naïvement à ce su-
jet que les naturels de Méroé expédiaient leurs mar-
chandises aux Alexandrins, et que ceux-ci, en retour,
importaient chez eux leur philosophie. Nous connaissons
maintenant une foule d'endroits où l'on fait d'excel-
lente philosophie, mais nous n'en savons aucun où on
l'échange contre des fourrures précieuses, des parfums,
de l'ivoire et de la poudre d'or. C'est une valeur très-
bonne assurément, mais qui n'a cours sur le marché
d'aucun pays.
» Quelques autres peuplades éthiopiennes étaient exces-
sivement sauvages. Philadelphe jugea à propos de les
soumettre, et probablement de les civiliser. A cet effet,
il leur envoya cinq cents cavaliers d'élite, tous capara-
çonnés de noir, ainsi que leurs chevaux. Grande fut la
terreur des Éthiopiens à la vue de ces fantômes appa-
raissant tout à coup au milieu des sables du désert. La
plupart s'enfuirent, le reste fut sabré. Tel fut le strata.
gème qu'inventa Philadelphe pour dissimuler le petit
nombre de ses troupes, dans un pays aride, sans eau,
sans culture, sans ressources, où il eût été impossible
de conduire et de faire vivre une grande armée.
» L'Éthiopie renfermait encore d'autres tribus ayant
des mœurs bizarres, sur lesquelles Ptolémée Philadelphe
essaya d'étendre sa domination. De ce nombre étaient
les Éléphantophages. A ceux-ci le roi d'Egypte n'envoya
ni cavaliers noirs ni philosophes; il leur dépêcha des
cuisiniers. Voici à quelle occasion :
» Ce prince avait entrepris d'abord de prouver aux Élé-
phantophages que les éléphants sont une mauvaise
nourriture ; qu'ils ne peuvent servir qu'à la guerre, en
ligne de bataille, pour porter des tours sur leurs dos, et,
quand on les y excite, rompre les phalanges ennemies.
Vains efforts. Les Éléphantophages assuraient, au con-
traire, ne rien connaître de préférable aux côtelettes et
au filet d'éléphant: nourriture saine, disaient-ils, savou-
reuse et surtout abondante. Sur ce, Philadelphe leur
dépêcha un de ses chefs de cuisine avec des aides et des
marmitons en îtu^Liie suffisant. Tout fut inutile : les
Éléphantophages s'en tinrent à la viande d'éléphant et
n'en voulurent pas démordre. 11 est vrai qu'ils auraient
pu demander à Philadelphe quels étaient les plus bar-
bares des peuples, de ceux qui mangent les éléphants ou
de ceux qui les emploient à s'entre-tuer.
D Nous consacrerons un dernier feuilleton à raconter
l'histoire de la navigation et du commerce des anciens
dans les mers orientales, et nous terminerons par
quelques détails sur la Compagnie internationale de
l'isthme de Suez et sur l'état présent de ses travaux.
(Le Siècle.) » FÉLIX DERIÉGE. »
LE DOMAINE IMPÉRIAL DES LANDES.
(Suite. — Voir notre numéro du 15 novembre.)
II.
CULTUBESJVGRICOLES.
« Tout le monde reconnaît aujourd'hui que la cul-
ture agricole ne doit être développée dans les iandes
qu'avec une extrême circonspection, et qu'elle doit,
dans les circonstances actuelles, rester essentiellement
subordonnée à la culture forestière. Aux conditions
physiques du sol qui suffiraient seules pour comman-
der une sage réserve à ce sujet, viennent se joindre
des conditions économiques qui, en augmentant d'an-
née en année la valeur du pin maritime et de ses pro-
duits, rendent de plus en plus saillant l'avantage de
cette dernière culture sur toutes les autres.
D Le pin maritime offre, en effet, le privilége de join-
dre une industrie réelle (production de l'essence de té-
rébenthine, du goudron, etc.) à l'exploitation du bois.
a Comme culture forestière, les pignadars peuvent
être exploités à soixante-dix ans et contiennent alors
150 arbres à l'hectare, qui valent moyennement au-
jourd'hui 14 francs l'un, soit 2,100 francs, tandis que
ces mêmes arbres ne valaient, il y a vingt ans, que 3
à 4 francs pièce. Comme culture industrielle, 1 hectare
de pins en rapport donne, chaque année, une barrique-
clialosse (340 litres) de gemme ou résine molle, et un
quintal métrique de galipot ou barras. La barrique de
résine, qui ne valait moyennement que 35 francs il y
a vingt ans, vaut aujourd'hui 230 francs. A la vérité,
ce prix est exceptionnel et provient de la cessation
des arrivages des résines d'Amérique, par suite de la
guerre ; mais, en faisant abstraction de cette circons-
tance, le prix de la barrique de résine ne peut pas
être coté à moins de 100 francs, ci. 100 »
» Le quintal de barras vaut. 15 »
» Total. 115 »
» A déduire pour frais d'exploitation et de
culture, 35 francs par barrique de gemme
et 5 francs par quintal de barras, ci. 40 »
» Produit net de la récolte de 1 hectare 75 »
» On le voit, le pin maritime est, pour la lande, une
culture d'une incomparable richesse, et le développe-
ment des pignadars doit être le principal but de tous
les efforts dans cette contrée.
» Est-ce à dire pour cela qu'il faille s'interdire de
chercher à vivifier les autres éléments de prospérité
du pays landais ? Est ce à dire que la seule culture
des pignadars suffirait pour assurer l'utilisation la plus
parfaite de ce sol? Non, assurément.
» Il a déjà été parlé des motifs qui doivent détermi-
93
un philosophe grec nommé Ergamènes. Ergamènes
avait-il fait partie de la collection très-intéressante de
sophistes que Philadelphe hébergeait dans son mu-
sée? on l'ignore. Mais, à peine ceint du diadème,
il avait énergiquement combattu les superstitions
de ses nègres. Sans discuter contre les prêtres du
pays, qui probablement n'entendaient rien à la dia-
lectique, il les avait fait tous massacrer et avait
fondé une religion nouvelle. On ne dit pas qu'elle
valût mieux que l'autre. Philadelphe contracta une
étroite alliance avec ce prince, qui dut mal finir, nous
en sommes convaincu.
» Un savant du xvnr siècle écrit naïvement à ce su-
jet que les naturels de Méroé expédiaient leurs mar-
chandises aux Alexandrins, et que ceux-ci, en retour,
importaient chez eux leur philosophie. Nous connaissons
maintenant une foule d'endroits où l'on fait d'excel-
lente philosophie, mais nous n'en savons aucun où on
l'échange contre des fourrures précieuses, des parfums,
de l'ivoire et de la poudre d'or. C'est une valeur très-
bonne assurément, mais qui n'a cours sur le marché
d'aucun pays.
» Quelques autres peuplades éthiopiennes étaient exces-
sivement sauvages. Philadelphe jugea à propos de les
soumettre, et probablement de les civiliser. A cet effet,
il leur envoya cinq cents cavaliers d'élite, tous capara-
çonnés de noir, ainsi que leurs chevaux. Grande fut la
terreur des Éthiopiens à la vue de ces fantômes appa-
raissant tout à coup au milieu des sables du désert. La
plupart s'enfuirent, le reste fut sabré. Tel fut le strata.
gème qu'inventa Philadelphe pour dissimuler le petit
nombre de ses troupes, dans un pays aride, sans eau,
sans culture, sans ressources, où il eût été impossible
de conduire et de faire vivre une grande armée.
» L'Éthiopie renfermait encore d'autres tribus ayant
des mœurs bizarres, sur lesquelles Ptolémée Philadelphe
essaya d'étendre sa domination. De ce nombre étaient
les Éléphantophages. A ceux-ci le roi d'Egypte n'envoya
ni cavaliers noirs ni philosophes; il leur dépêcha des
cuisiniers. Voici à quelle occasion :
» Ce prince avait entrepris d'abord de prouver aux Élé-
phantophages que les éléphants sont une mauvaise
nourriture ; qu'ils ne peuvent servir qu'à la guerre, en
ligne de bataille, pour porter des tours sur leurs dos, et,
quand on les y excite, rompre les phalanges ennemies.
Vains efforts. Les Éléphantophages assuraient, au con-
traire, ne rien connaître de préférable aux côtelettes et
au filet d'éléphant: nourriture saine, disaient-ils, savou-
reuse et surtout abondante. Sur ce, Philadelphe leur
dépêcha un de ses chefs de cuisine avec des aides et des
marmitons en îtu^Liie suffisant. Tout fut inutile : les
Éléphantophages s'en tinrent à la viande d'éléphant et
n'en voulurent pas démordre. 11 est vrai qu'ils auraient
pu demander à Philadelphe quels étaient les plus bar-
bares des peuples, de ceux qui mangent les éléphants ou
de ceux qui les emploient à s'entre-tuer.
D Nous consacrerons un dernier feuilleton à raconter
l'histoire de la navigation et du commerce des anciens
dans les mers orientales, et nous terminerons par
quelques détails sur la Compagnie internationale de
l'isthme de Suez et sur l'état présent de ses travaux.
(Le Siècle.) » FÉLIX DERIÉGE. »
LE DOMAINE IMPÉRIAL DES LANDES.
(Suite. — Voir notre numéro du 15 novembre.)
II.
CULTUBESJVGRICOLES.
« Tout le monde reconnaît aujourd'hui que la cul-
ture agricole ne doit être développée dans les iandes
qu'avec une extrême circonspection, et qu'elle doit,
dans les circonstances actuelles, rester essentiellement
subordonnée à la culture forestière. Aux conditions
physiques du sol qui suffiraient seules pour comman-
der une sage réserve à ce sujet, viennent se joindre
des conditions économiques qui, en augmentant d'an-
née en année la valeur du pin maritime et de ses pro-
duits, rendent de plus en plus saillant l'avantage de
cette dernière culture sur toutes les autres.
D Le pin maritime offre, en effet, le privilége de join-
dre une industrie réelle (production de l'essence de té-
rébenthine, du goudron, etc.) à l'exploitation du bois.
a Comme culture forestière, les pignadars peuvent
être exploités à soixante-dix ans et contiennent alors
150 arbres à l'hectare, qui valent moyennement au-
jourd'hui 14 francs l'un, soit 2,100 francs, tandis que
ces mêmes arbres ne valaient, il y a vingt ans, que 3
à 4 francs pièce. Comme culture industrielle, 1 hectare
de pins en rapport donne, chaque année, une barrique-
clialosse (340 litres) de gemme ou résine molle, et un
quintal métrique de galipot ou barras. La barrique de
résine, qui ne valait moyennement que 35 francs il y
a vingt ans, vaut aujourd'hui 230 francs. A la vérité,
ce prix est exceptionnel et provient de la cessation
des arrivages des résines d'Amérique, par suite de la
guerre ; mais, en faisant abstraction de cette circons-
tance, le prix de la barrique de résine ne peut pas
être coté à moins de 100 francs, ci. 100 »
» Le quintal de barras vaut. 15 »
» Total. 115 »
» A déduire pour frais d'exploitation et de
culture, 35 francs par barrique de gemme
et 5 francs par quintal de barras, ci. 40 »
» Produit net de la récolte de 1 hectare 75 »
» On le voit, le pin maritime est, pour la lande, une
culture d'une incomparable richesse, et le développe-
ment des pignadars doit être le principal but de tous
les efforts dans cette contrée.
» Est-ce à dire pour cela qu'il faille s'interdire de
chercher à vivifier les autres éléments de prospérité
du pays landais ? Est ce à dire que la seule culture
des pignadars suffirait pour assurer l'utilisation la plus
parfaite de ce sol? Non, assurément.
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