Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1863 15 mars 1863
Description : 1863/03/15 (A8,N162). 1863/03/15 (A8,N162).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032417
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
92
L'ISTHME DE SUEZ,
l'isthme de Suez. Cette rigole est terminée jusqu'au
lac Timsah.
» Mais, comme station d'une voie navigable qui avait
Alexandrie pour entrepôt, et pour débouché la Méditer-
ranée tout entière, Clysma et son bassin parurent
bientôt insuffisants. Philadelphe jeta donc sur le bord
occidental du golfe Arabique les fondements d'un port
considérable. Il appela cette nouvelle ville Arsinoé
(Suez), du nom d'une de ses sœurs qu'il finit par épouser.
Malgré ces immenses travaux, le canal des Ptolémée
n'acquit jamais, au dire de saint Jérôme, toute l'impor-
tance qu'une position sans égale paraissait devoir lui
assurer. Les anciens ne connaissaient pas la boussole ;
toutes leurs expéditions maritimes, même les plus
lointaines, ils étaient obligés de les faire en cabotant
le long des côtes, et celles de la mer Rouge sont semées
d'écueils.
» Autant ce lac immense, d'une longueur de 560
lieues sur une largeur de 25 à 30, est profond et sûr
dans le chenal qui le traverse, autant il est d'un abord
difficile sur les deux côtes d'Égypte et d'Arabie. Des
bas-fonds, des rjocliers, des bancs de corail en défen-
dent partout les approches ; de plus, les vents du nord
y règnent presque sans interruption du commencement
de juin à la fin de septembre; les moussons alterna-
tives de la mer des Indes, qui en rasent le seuil vers
le détroit de Bab-el-Mandeb, offrent encore à la ma-
rine à voiles un obstacle souvent infranchissable. Voilà
pourquoi, au temps de saint Jérôme, des navires partis
à contre-vent se trouvaient heureux quand , après aix
mois de traversée, ils pouvaient atteindre leur port de
destination sans naufrage.
» Dans un article dirigé en 1856 contre le nouveau
canal de Suez, la Recue d'Edimbourg a longuement déve-
loppé le texte que nous venons d'emprunter à saint
Jérôme. Elle en a usé et abusé. Mais quel rapport peut-
il y avoir entre la marche d'une galère antique, à peu
près incapable de gouverner au large, et celle d'un
bâtiment moderne que son hélice mène droit à desti-
nation s'il est pourvu de vapeur, ou que les remor-
queurs d'une compagnie puissante peuvent y conduire,
non moins sûrement et à jour fixe, s'il n'est mû que
par des voiles. Fût-il même impossible d'établir sur la
mer Rouge un service de remorqueurs suffisant pour les
besoins du transit, les navires à voiles devraient-ils
renoncer pour cela à suivre la voie de l'isthme ?
Point du tout. Ils seraient obligés d'attendre, là comme
ailleurs, l'époque des moussons favorables, ce qui vau-
drait encore infiniment mieux que d'aller prendre le
détour du Cap, même en faisant, par jour et en toute
saison, les 150 milles que leur garantit le facétieux écri-
vain de la Revue d'Édimbourg.
» Mais Ptolémée Philadelphe, qui n'avait à mettre à
la disposition des marins de son temps ni hélice à va-
peur, ni remorqueurs, ni boussole, s'effraya des inter-
ruptions qu'occasionnaient les vents étésiens dans les
arrivages de la mer des Indes, et comme il avait à
pourvoir aux nécessités d'un commerce immense, il
résolut d'y suppléer au moyen des caravanes. En consé-
quence, il bâtit à l'extrémité orientale de la mer Rouge
une seconde ville, Bérénice, à laquelle il donna le nom
de sa mère. Bérénire fut jointe à Coptos dans la haute
Égypte, par une route où il fallut creuser des puits,
établir des citernes, bâtir des caravansérails à travers
d'immenses solitudes. Encore cette route ne fut-elle que
jalonnée pour ainsi dire : on n'y voyageait que la nuit,
au milieu des sables, et les yeux fixés sur les étoiles,
comme en pleine mer.
» L'été, à la faveur des vents du nord, on remontait
jusqu'à Coptos ; les caravanes s'y organisaient, et après
un voyage de douze nuits on arrivait à Bérénice, où l'on
s'embarquait tantôt avant, tantôt immédiatement après
le lever de la canicule, suivant qu'on voulait suivre les
côtes d'Asie ou celles d'Afrique, en profitant de la mous-
son. On trouva plus tard un autre port d'embarquement
plus commode et plus rapproché de Coptos, ce fut Myos-
Hormos, à égale distance d'Arsinoé et de Bérénice* Le
petit village de Keft, à 2 lieues au sud de Keneh, sur
le haut Nil, marque aujourd'hui l'emplacement de
Coptos ; le port de Myos-Hormos est le même que
Kosseïr, vis-à-vis de Djeddah en Arabie, et la route
tracée par Philadelphe a cela d'important, que les An-
glais prétendent y établir une voie ferrée pour faire
concurrence au canal de l'isthme de Suez.
» Telle est la force des traditions dans un pays comme
l'Égypte, que les Juifs, à partir du règne de Philadel-
phe , revinrent peu à peu sur cette terre de Gessen
arrosée par leurs ancêtres de tant de sueurs et de
larmes. Tout un quartier d'Alexandrie était peuplé d'is-
raéli+pa * ils co multiplièrpnt, aussi flans 1RS P.arripag'neS
de Ramsès. Un schisme ayant éclaté un siècle plus
tard dans Jérusalem, Onias, fils du grand-prêtre de ce
nom, sollicita et obtint du roi Philométor, quatrième
successeur de Philadelphe, la permission de bâtir un
temple aux lieux mêmes qui avaient été le berceau du
judaïsme. On lui concéda pour cet usage un ancien œdi-
cule de Sérapis qu'il rasa jusqu'à terre, dont il purifia
le sol, et qu'il reconstruisit ensuite à l'instar du temple
de Salomon. Des prêtres et des lévites furent attachés
au nouvel édifice, et l'on y sacrifia des victimes, quoi-
qu'il fût défendu d'en offrir autre part qu'à Jérusalem.
Au point de vue de l'histoire philosophique et religieuse
des premiers siècles du christianisme, la petite colonie
schismatique du Tel-el-Ioudieh offrirait un sujet d'études
intéressant; mais les limites de cet article ne nous
permettent pas d'insister.
» L'ignorance où l'on était alors en Europe des événe-
ments qui avaient dû suivre la mort d'Alexandre dans
l'Asie centrale et sur les bords de l'Indus, préoccupait
vivement Philadelphe. L'empire du conquérant macédo-
nien s'était-il entièrement dissous? Pouvait-on en re-
cueillir encore çà et là quelques bribes, un golfe, un
promontoire, une presqu'île, une plage, susceptibles de
recevoir des colonies? Assurément il y avait là une foule
de peuples, tributaires d'un jour, dont les mœurs, les
productions, les richesses, la puissance, étaient restées
inconnues. Le roi d'Égypte envoya pour les explorer
deux navigateurs célèbres, Magasthènes et Denys. Il fit
pousser en même temps des reconnaissances en Ethiopie
jusqu'à Méroé, où régnait, on ne sait par quel hasard,
L'ISTHME DE SUEZ,
l'isthme de Suez. Cette rigole est terminée jusqu'au
lac Timsah.
» Mais, comme station d'une voie navigable qui avait
Alexandrie pour entrepôt, et pour débouché la Méditer-
ranée tout entière, Clysma et son bassin parurent
bientôt insuffisants. Philadelphe jeta donc sur le bord
occidental du golfe Arabique les fondements d'un port
considérable. Il appela cette nouvelle ville Arsinoé
(Suez), du nom d'une de ses sœurs qu'il finit par épouser.
Malgré ces immenses travaux, le canal des Ptolémée
n'acquit jamais, au dire de saint Jérôme, toute l'impor-
tance qu'une position sans égale paraissait devoir lui
assurer. Les anciens ne connaissaient pas la boussole ;
toutes leurs expéditions maritimes, même les plus
lointaines, ils étaient obligés de les faire en cabotant
le long des côtes, et celles de la mer Rouge sont semées
d'écueils.
» Autant ce lac immense, d'une longueur de 560
lieues sur une largeur de 25 à 30, est profond et sûr
dans le chenal qui le traverse, autant il est d'un abord
difficile sur les deux côtes d'Égypte et d'Arabie. Des
bas-fonds, des rjocliers, des bancs de corail en défen-
dent partout les approches ; de plus, les vents du nord
y règnent presque sans interruption du commencement
de juin à la fin de septembre; les moussons alterna-
tives de la mer des Indes, qui en rasent le seuil vers
le détroit de Bab-el-Mandeb, offrent encore à la ma-
rine à voiles un obstacle souvent infranchissable. Voilà
pourquoi, au temps de saint Jérôme, des navires partis
à contre-vent se trouvaient heureux quand , après aix
mois de traversée, ils pouvaient atteindre leur port de
destination sans naufrage.
» Dans un article dirigé en 1856 contre le nouveau
canal de Suez, la Recue d'Edimbourg a longuement déve-
loppé le texte que nous venons d'emprunter à saint
Jérôme. Elle en a usé et abusé. Mais quel rapport peut-
il y avoir entre la marche d'une galère antique, à peu
près incapable de gouverner au large, et celle d'un
bâtiment moderne que son hélice mène droit à desti-
nation s'il est pourvu de vapeur, ou que les remor-
queurs d'une compagnie puissante peuvent y conduire,
non moins sûrement et à jour fixe, s'il n'est mû que
par des voiles. Fût-il même impossible d'établir sur la
mer Rouge un service de remorqueurs suffisant pour les
besoins du transit, les navires à voiles devraient-ils
renoncer pour cela à suivre la voie de l'isthme ?
Point du tout. Ils seraient obligés d'attendre, là comme
ailleurs, l'époque des moussons favorables, ce qui vau-
drait encore infiniment mieux que d'aller prendre le
détour du Cap, même en faisant, par jour et en toute
saison, les 150 milles que leur garantit le facétieux écri-
vain de la Revue d'Édimbourg.
» Mais Ptolémée Philadelphe, qui n'avait à mettre à
la disposition des marins de son temps ni hélice à va-
peur, ni remorqueurs, ni boussole, s'effraya des inter-
ruptions qu'occasionnaient les vents étésiens dans les
arrivages de la mer des Indes, et comme il avait à
pourvoir aux nécessités d'un commerce immense, il
résolut d'y suppléer au moyen des caravanes. En consé-
quence, il bâtit à l'extrémité orientale de la mer Rouge
une seconde ville, Bérénice, à laquelle il donna le nom
de sa mère. Bérénire fut jointe à Coptos dans la haute
Égypte, par une route où il fallut creuser des puits,
établir des citernes, bâtir des caravansérails à travers
d'immenses solitudes. Encore cette route ne fut-elle que
jalonnée pour ainsi dire : on n'y voyageait que la nuit,
au milieu des sables, et les yeux fixés sur les étoiles,
comme en pleine mer.
» L'été, à la faveur des vents du nord, on remontait
jusqu'à Coptos ; les caravanes s'y organisaient, et après
un voyage de douze nuits on arrivait à Bérénice, où l'on
s'embarquait tantôt avant, tantôt immédiatement après
le lever de la canicule, suivant qu'on voulait suivre les
côtes d'Asie ou celles d'Afrique, en profitant de la mous-
son. On trouva plus tard un autre port d'embarquement
plus commode et plus rapproché de Coptos, ce fut Myos-
Hormos, à égale distance d'Arsinoé et de Bérénice* Le
petit village de Keft, à 2 lieues au sud de Keneh, sur
le haut Nil, marque aujourd'hui l'emplacement de
Coptos ; le port de Myos-Hormos est le même que
Kosseïr, vis-à-vis de Djeddah en Arabie, et la route
tracée par Philadelphe a cela d'important, que les An-
glais prétendent y établir une voie ferrée pour faire
concurrence au canal de l'isthme de Suez.
» Telle est la force des traditions dans un pays comme
l'Égypte, que les Juifs, à partir du règne de Philadel-
phe , revinrent peu à peu sur cette terre de Gessen
arrosée par leurs ancêtres de tant de sueurs et de
larmes. Tout un quartier d'Alexandrie était peuplé d'is-
raéli+pa * ils co multiplièrpnt, aussi flans 1RS P.arripag'neS
de Ramsès. Un schisme ayant éclaté un siècle plus
tard dans Jérusalem, Onias, fils du grand-prêtre de ce
nom, sollicita et obtint du roi Philométor, quatrième
successeur de Philadelphe, la permission de bâtir un
temple aux lieux mêmes qui avaient été le berceau du
judaïsme. On lui concéda pour cet usage un ancien œdi-
cule de Sérapis qu'il rasa jusqu'à terre, dont il purifia
le sol, et qu'il reconstruisit ensuite à l'instar du temple
de Salomon. Des prêtres et des lévites furent attachés
au nouvel édifice, et l'on y sacrifia des victimes, quoi-
qu'il fût défendu d'en offrir autre part qu'à Jérusalem.
Au point de vue de l'histoire philosophique et religieuse
des premiers siècles du christianisme, la petite colonie
schismatique du Tel-el-Ioudieh offrirait un sujet d'études
intéressant; mais les limites de cet article ne nous
permettent pas d'insister.
» L'ignorance où l'on était alors en Europe des événe-
ments qui avaient dû suivre la mort d'Alexandre dans
l'Asie centrale et sur les bords de l'Indus, préoccupait
vivement Philadelphe. L'empire du conquérant macédo-
nien s'était-il entièrement dissous? Pouvait-on en re-
cueillir encore çà et là quelques bribes, un golfe, un
promontoire, une presqu'île, une plage, susceptibles de
recevoir des colonies? Assurément il y avait là une foule
de peuples, tributaires d'un jour, dont les mœurs, les
productions, les richesses, la puissance, étaient restées
inconnues. Le roi d'Égypte envoya pour les explorer
deux navigateurs célèbres, Magasthènes et Denys. Il fit
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