Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1863 01 mars 1863
Description : 1863/03/01 (A8,N161). 1863/03/01 (A8,N161).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203240t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
76 L'ISTHME DE SUEZ,
dateur est impatiemment attendu pour inaugurer le
passage de l'eau salée dans son canal, et la prise de
possession de la ville par ses habitants. Vrai miracle
d'activité et de persévérance, si vous songez que cette
cité date à peine de quelques mois »
» Peu à peu, les abords du canal d'eau douce se peu-
plent de fellahs et de Bédouins jusqu'ici nomades, et qui
se groupent là où sont l'eau et la justice, présents de Dieu.
Un fait que l'on ne saurait trop signaler, c'est que les
terres achetées par la Compagnie ont vu doubler leurs
habitants en un an, et que celles qui lui ont été con-
cédées se peuplent à vue d'œil. Ce résultat est dû à la
certitude qu'ont les nouveaux habitants qu'ils trouve-
ront là sécurité et justice, et à la sage&se des dispositions
prises par l'administration de la Compagnie. Je ne
puis trop la louer de n'avoir point fait de notre civili-
sation française un lit de Procuste sur lequel elle dût,
bon gré, mal gré, étendre cette pauvre Egypte. Ne
vous imaginez pas retrouver ici notre colonisation al-
gérienne.
» Le coton qui, l'année dernière, avait été sur les
terres de la Compagnie de 9,000 kantari égyptiens,
sera, cette année, de près de 15,000. Cela donne à réflé-
chir à nos amis les Anglais.
» L'eau douce sera à Suez le 1er mai prochain par
le canal d'eau douce. Cela vous paraît peu de chose
que de l'eau douce; vous n'en jugeriez pas avec ce dé-
dain, si vous étiez ici. A Suez, toutes les marines du
monde, y compris l'anglaise, sont réduites à acheter
l'eau apportée du Caire en chemin de fer (120 kilomè-
tres); et au mois de mai, toutes les marines du monde,
y compris l'anglaise, y trouveront de l'eau en abon-
dance et gratis.
» Sur cette plage de Suez arabo-africo-asiatique, va
s'élever un hôpital où tous les valétudinaires en re-
tour de l'Inde et de la Chine trouveront repos et se-
cours, s'ils n'y retrouvent la santé. L'aumônier de la
Compagnie, M. l'abbé Gibon, est arrivé et installé en
plein désert à El-Guisr. On va fonder une école, et
cette école s'ouvrira à tous, sans exclusion aucune.
Cette vieille terre des miracles voit l'esprit qui les fait
se réveiller sur elle. J'en suis vraiment entouré, et les
touristes qui aiment les prodiges trouveront à se satis-
faire ici. Qu'ils ne s'effraient point de nos campe-
ments, ces campements leur offriront des hôtels où ils
sont assurés du nécessaire et presque du confortable.
Les barques de la Compagnie feront pour eux le ser-
vice des gondoles de Venise, et les transporteront par-
tout où aspirera leur caprice, si bien qu'il ne tiendra
qu'à eux de ne se servir de chameaux que comme mo-
tifs de dessins pour leurs souvenirs de voyage en al-
bums.
» HUMBERT FERBAND. D
(Moniteur des toiei).
HISTOIRE DE L'ISTHME DE SUEZ.
« On se souvient de l'opposition que souleva en 1855
et en 1856, parmi certains organes de la presse anglaise,
le projet formé par le vice-roi d'Égypte, Mohammed-
Saïd, d'ouvrir, à travers l'isthme de Suez, un canal de
navigation maritime entre la Méditerranée et la mer
Rouge, et d'en confier l'exécution à une compagnie in-
ternationale dont M. Ferdinand de Lesseps fut nommé
directeur-président. On déclara le percement de l'isthme
impossible au double point de vue technique et finan-
cier ; on présenta l'ouverture d'une voie de communica-
tion de cette importance comme devant assurer, dans
un temps donné, la prépondérance de l'Egypte en
Orient, et altérer ainsi les rapports de vassalité qui exis-
tent entre le vice-roi et le sultan, son suzerain; enfin,
on s'efforça de prouver que la mer Rouge est innavi-
gable, quoique perpétuellement sillonnée par les vais-
seaux de la Compagnie péninsulaire anglaise. Qu'y
avait-il au fond de ces attaques ? La crainte de voir s'é-
tendre la marine marchande des puissances méditerra-
néennes, et, disons-le, le regret que l'initiative d'une
aussi grande entreprise appartint à des Français.
» Mais les adversaires du canal de Suez éprouvèrent
une résistance à laquelle les timides allures de la di-
plomatie de Louis-Philippe ne les avaient pas habitués.
Mohammed-Saïd avait résolu d'attacher son nom au
percement de l'isthme, et il avait dans M. Ferdinand de
Lesseps un coopérateur qu'on ne déconcerte pas facile-
ment. Plein de persévérance, d'un esprit fertile en res-
sources, d'une probité et d'une loyauté au-dessus de
toute atteinte, le concessionnaire de la nouvelle entre-
prise la défendit avec énergie. Tandis qu'une commis-
sion composée des plus savants ingénieurs de France,
d'Angleterre, d'Italie, d'Autriche et d'Espagne traçait
le plan du canal à ouvrir de la rade de Péluse à Suez,
en étudiait et en résolvait les difficultés sous le rap-
port technique, en calculait les devis, en estimait la
dépense, M. de Lesseps parcourait l'Europe, obtenait la
haute approbation du bultan et de ses ministres, faisait
appel à l'opinion publique en France et dans tous les
pays civilisés, et allait même en Angleterre défendre,
au sein des meetings, la généreuse pensée dont il s'é-
tait fait l'apôtre.
» Le succès répondit à ses efforts ; des actions furent
émises et presque immédiatement souscrites, les capi-
taux affluèrent, la Compagnie internationale fut défini-
tivement constituée, et bienti I vingt mille travailleurs
furent distribués dans les chantiers de l'isthme avec
tout le prodigieux outillage que la science peut mettre
de nos jours au service de l'industrie. Muet depuis tant
de siècles, le vieux désert de Moïse s'étonna de reten-
tir des chants du fellah, du bruit des marteaux, des
pioches et des machines, et de voir la locomotive
épandre au loin, sous le ciel pulvérulent de ces ré-
gions bibliques, son panache de vapeur aux reflets ar-
gentés.
» Il n'y a plus de doute possible à cette heure ; l'is-
thme sera percé et deviendra la grande voie de naviga-
tion maritime entre l'Orient et l'Occident. Il n'est donc
pas hors de propos de retracer ici l'histoire de ce petit
coin de terre auquel se rattachent tant de souvenirs, et
où le génie de la civilisation moderne fera bientôt re-
naître l'activité commerciale, la fécondité, la vie, et un
jour peut-être aussi la liberté.
dateur est impatiemment attendu pour inaugurer le
passage de l'eau salée dans son canal, et la prise de
possession de la ville par ses habitants. Vrai miracle
d'activité et de persévérance, si vous songez que cette
cité date à peine de quelques mois »
» Peu à peu, les abords du canal d'eau douce se peu-
plent de fellahs et de Bédouins jusqu'ici nomades, et qui
se groupent là où sont l'eau et la justice, présents de Dieu.
Un fait que l'on ne saurait trop signaler, c'est que les
terres achetées par la Compagnie ont vu doubler leurs
habitants en un an, et que celles qui lui ont été con-
cédées se peuplent à vue d'œil. Ce résultat est dû à la
certitude qu'ont les nouveaux habitants qu'ils trouve-
ront là sécurité et justice, et à la sage&se des dispositions
prises par l'administration de la Compagnie. Je ne
puis trop la louer de n'avoir point fait de notre civili-
sation française un lit de Procuste sur lequel elle dût,
bon gré, mal gré, étendre cette pauvre Egypte. Ne
vous imaginez pas retrouver ici notre colonisation al-
gérienne.
» Le coton qui, l'année dernière, avait été sur les
terres de la Compagnie de 9,000 kantari égyptiens,
sera, cette année, de près de 15,000. Cela donne à réflé-
chir à nos amis les Anglais.
» L'eau douce sera à Suez le 1er mai prochain par
le canal d'eau douce. Cela vous paraît peu de chose
que de l'eau douce; vous n'en jugeriez pas avec ce dé-
dain, si vous étiez ici. A Suez, toutes les marines du
monde, y compris l'anglaise, sont réduites à acheter
l'eau apportée du Caire en chemin de fer (120 kilomè-
tres); et au mois de mai, toutes les marines du monde,
y compris l'anglaise, y trouveront de l'eau en abon-
dance et gratis.
» Sur cette plage de Suez arabo-africo-asiatique, va
s'élever un hôpital où tous les valétudinaires en re-
tour de l'Inde et de la Chine trouveront repos et se-
cours, s'ils n'y retrouvent la santé. L'aumônier de la
Compagnie, M. l'abbé Gibon, est arrivé et installé en
plein désert à El-Guisr. On va fonder une école, et
cette école s'ouvrira à tous, sans exclusion aucune.
Cette vieille terre des miracles voit l'esprit qui les fait
se réveiller sur elle. J'en suis vraiment entouré, et les
touristes qui aiment les prodiges trouveront à se satis-
faire ici. Qu'ils ne s'effraient point de nos campe-
ments, ces campements leur offriront des hôtels où ils
sont assurés du nécessaire et presque du confortable.
Les barques de la Compagnie feront pour eux le ser-
vice des gondoles de Venise, et les transporteront par-
tout où aspirera leur caprice, si bien qu'il ne tiendra
qu'à eux de ne se servir de chameaux que comme mo-
tifs de dessins pour leurs souvenirs de voyage en al-
bums.
» HUMBERT FERBAND. D
(Moniteur des toiei).
HISTOIRE DE L'ISTHME DE SUEZ.
« On se souvient de l'opposition que souleva en 1855
et en 1856, parmi certains organes de la presse anglaise,
le projet formé par le vice-roi d'Égypte, Mohammed-
Saïd, d'ouvrir, à travers l'isthme de Suez, un canal de
navigation maritime entre la Méditerranée et la mer
Rouge, et d'en confier l'exécution à une compagnie in-
ternationale dont M. Ferdinand de Lesseps fut nommé
directeur-président. On déclara le percement de l'isthme
impossible au double point de vue technique et finan-
cier ; on présenta l'ouverture d'une voie de communica-
tion de cette importance comme devant assurer, dans
un temps donné, la prépondérance de l'Egypte en
Orient, et altérer ainsi les rapports de vassalité qui exis-
tent entre le vice-roi et le sultan, son suzerain; enfin,
on s'efforça de prouver que la mer Rouge est innavi-
gable, quoique perpétuellement sillonnée par les vais-
seaux de la Compagnie péninsulaire anglaise. Qu'y
avait-il au fond de ces attaques ? La crainte de voir s'é-
tendre la marine marchande des puissances méditerra-
néennes, et, disons-le, le regret que l'initiative d'une
aussi grande entreprise appartint à des Français.
» Mais les adversaires du canal de Suez éprouvèrent
une résistance à laquelle les timides allures de la di-
plomatie de Louis-Philippe ne les avaient pas habitués.
Mohammed-Saïd avait résolu d'attacher son nom au
percement de l'isthme, et il avait dans M. Ferdinand de
Lesseps un coopérateur qu'on ne déconcerte pas facile-
ment. Plein de persévérance, d'un esprit fertile en res-
sources, d'une probité et d'une loyauté au-dessus de
toute atteinte, le concessionnaire de la nouvelle entre-
prise la défendit avec énergie. Tandis qu'une commis-
sion composée des plus savants ingénieurs de France,
d'Angleterre, d'Italie, d'Autriche et d'Espagne traçait
le plan du canal à ouvrir de la rade de Péluse à Suez,
en étudiait et en résolvait les difficultés sous le rap-
port technique, en calculait les devis, en estimait la
dépense, M. de Lesseps parcourait l'Europe, obtenait la
haute approbation du bultan et de ses ministres, faisait
appel à l'opinion publique en France et dans tous les
pays civilisés, et allait même en Angleterre défendre,
au sein des meetings, la généreuse pensée dont il s'é-
tait fait l'apôtre.
» Le succès répondit à ses efforts ; des actions furent
émises et presque immédiatement souscrites, les capi-
taux affluèrent, la Compagnie internationale fut défini-
tivement constituée, et bienti I vingt mille travailleurs
furent distribués dans les chantiers de l'isthme avec
tout le prodigieux outillage que la science peut mettre
de nos jours au service de l'industrie. Muet depuis tant
de siècles, le vieux désert de Moïse s'étonna de reten-
tir des chants du fellah, du bruit des marteaux, des
pioches et des machines, et de voir la locomotive
épandre au loin, sous le ciel pulvérulent de ces ré-
gions bibliques, son panache de vapeur aux reflets ar-
gentés.
» Il n'y a plus de doute possible à cette heure ; l'is-
thme sera percé et deviendra la grande voie de naviga-
tion maritime entre l'Orient et l'Occident. Il n'est donc
pas hors de propos de retracer ici l'histoire de ce petit
coin de terre auquel se rattachent tant de souvenirs, et
où le génie de la civilisation moderne fera bientôt re-
naître l'activité commerciale, la fécondité, la vie, et un
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