Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1863 01 mars 1863
Description : 1863/03/01 (A8,N161). 1863/03/01 (A8,N161).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203240t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
70 L'ISTHME DE SUEZ,
tentes, et les roulements saccadés de leurs tarabouchs
(tambourins) répondant aux fanfares de cuivre, s'étaient
fait entendre. Il fallait bien que le bal s'ensuivît,
comme dans toute fête bien ordonnée.
» Dans le cercle formé autour d'elles, où l'on se
pousse, où 'on se presse comme en Europe, les costu-
mes européens sont en minorité.
» Mais en les voyant danser avec tant d'ardeur, ces
gazelles du désert, nos dames européennes invitées
grillent d'envie d'en faire autant. Elles le feront tout
à l'heure, soyez-en sûr; on valsera et on polkera à
Timsah ; seulement Barry a donné la préférence à la
danse arabe de la Guêpe, que vos lecteurs ne peuvent
pas voir danser en France, même en carnaval, à l'O-
péra.
» La seconde page que je vous envoie représente
l'ouverture de la tranchée du canal d'eau douce, dérivé
de celui où naviguaient les invités le 19 novembre,
et se dirigeant vers Suez. Onle commençait alors. Plus
de 20 kilomètres sont aujourd'hui creusés et prêts à
recevoir l'eau du Nil, les barques chargées, et de nou-
veaux voyageurs. 20 kilomètres en si peu de temps?
me direz-vous. L'observation serait fort juste partout
ailleurs que sur les travaux du canal de Suez. Mais
voyez cette fourmilière d'ouvriers ainsi répartis sur
toute la ligne des travaux; voyez cette animation, cet
entrain, ces piocheurs, ces porteurs de couffins, ou pa-
niers remplis de terre! En les comptant jusqu'à vingt
mille, vous comprendrez que le travail avance, et que
les habitants de Suez puissent se flatter d'avoir de
l'eau douce à discrétion avant peu de mois, puisqu'il
ne reste que 40 à 45 kilomètres à creuser pour ame-
ner le Nil à Suez. Pauvre petite ville de Suez, si bien
placée pour le commerce du monde, au fond de son
beau golfe sur la mer Rouge, entre ses montagnes
bleues, et qui ne peut s'agrandir faute d'eau à boire !
Le canal d'eau douce y pourvoira. On y travaille : ju-
gez-en 1
» Maintenant, ne vous étonnez pas si je vous envoie
comme troisième sujet de gravure pouvant intéresser
vos lecteurs, un dessin que Berchère n'avait pas jugé
indigne de sa collection, quand, l'an passé, il compo-
sait, lui aussi, dans l'isthme de Suez, un album qu'il
a eu l'honneur de présenter aux Tuileries.
» Cette construction massive, que ne recommande
certes pas son élégance architecturale, c'est le châ-
teau ou manoir de Tell-el-Kebir, d'où je vous écris.
Méhémet-Ali l'avait fait construire pour une de ses ré-
siiences, quand, par d'immenses travaux, il entreprit
de rendre à la culture la vallée de l'Ouady, où est situé
le castel, à l'entrée du désert, qui n'est que le com-
mencement de l'ancienne vallée de Gessen. La Compa-
gnie de l'isthme de Suez en est aujourd'hui proprié-
taire. Là est le chef-lieu de son service agricole, là
commence la concession des terres incultes que son
canal d'eau douce, prolongé vers Suez, rendra bientôt
toutes à la fertilité, grâce à son système habile de colo-
nisation. Ce canal passe près du château ; vous voyez
à travers les çalmiers les voiles des barques qui le sil-
lonnent.
» C'est à Tell-el-Kebir que l'on se repose à l'hôtel de
Pythoum, nouvellement ouvert, quand on vient de par-
courir la ligne des travaux; c'est là que l'on peut ar-
river, sans fatigue aucune, en une seule journée, d'A-
lexandrie ou du Caire, quand on ne veut pas com-
mencer par visiter Damiette et Port-Saïd. C'est ici que
vient d'arriver le dernier et l'un des plus illustres des
touristes visiteurs de cette année, l'émir Abd-el-Kader.
La fantasia va commencer ! Soyez certain que le crayon
de Barry ne restera pas pour vous inactif en cette cir-
constance. Il nous donnera quelques dessins de cette
excursion qu'il a faite en compagnie de l'émir Hadgy,
et en vous les communiquant, je pourrai vous raconter
en passant bien des détails curieux sur cette vie des
Bédouins du désert, jusqu'à ce jour nomades, deve-
nant peu à peu cultivateurs pour la Compagnie. En les
attendant, permettez-moi de dire, comme les feuille-
tonistesdesplus grands journaux: «La suite au numéro
prochain. 0
» Votre dévoué, VIATOR. »
PROGRÈS DU COMMERCE A SUEZ.
Le mouvement des affaires à Suez pendant le cou-
rant de l'année 1861 a pris, comparé aux années
précédentes, un accroissement sensible. Nous avons
entre les mains, et nous le publions plus loin, l'état
des importations et exportations faites par l'entre-
mise des paquebots de la Compagnie péninsulaire et
orientale. Nous aurions besoin aussi, pour apprécier
complétement les opérations du port de Suez, de
connaître en même temps l'importance des importa-
tions et exportations faites par les autres compagnies
maritimes touchant à ce port. Ces documents nous
font malheureusement défaut. Mais nous devons con-
sidérer avec d'autant plus d'intérêt les transports ef-
fectués par la Compagnie péninsulaire et orientale,
que les voyageurs et marchandises embarqués sur
ses paquebots, venant en presque totalité d'Europe
pour l'extrême Orient, ou de l'extrême Orient pour
l'Europe, prendront nécessairement la voie du ca-
nal de Suez aussitôt qu'il sera ouvert à la naviga-
tion.
La Compagnie péninsulaire a embarqué à Suez :
4,116 voyageurs;
21,960 valises;
39,308 colis;
34,939 groups.
La valeur approximative des colis, calculée à 500 fr.
le colis, donne un chiffre de 19,654,000 francs, et la
valeur réelle des groups représente la somme de
245,840,826 francs.
Le mouvement au retour est représenté par les
chiffres suivants :
tentes, et les roulements saccadés de leurs tarabouchs
(tambourins) répondant aux fanfares de cuivre, s'étaient
fait entendre. Il fallait bien que le bal s'ensuivît,
comme dans toute fête bien ordonnée.
» Dans le cercle formé autour d'elles, où l'on se
pousse, où 'on se presse comme en Europe, les costu-
mes européens sont en minorité.
» Mais en les voyant danser avec tant d'ardeur, ces
gazelles du désert, nos dames européennes invitées
grillent d'envie d'en faire autant. Elles le feront tout
à l'heure, soyez-en sûr; on valsera et on polkera à
Timsah ; seulement Barry a donné la préférence à la
danse arabe de la Guêpe, que vos lecteurs ne peuvent
pas voir danser en France, même en carnaval, à l'O-
péra.
» La seconde page que je vous envoie représente
l'ouverture de la tranchée du canal d'eau douce, dérivé
de celui où naviguaient les invités le 19 novembre,
et se dirigeant vers Suez. Onle commençait alors. Plus
de 20 kilomètres sont aujourd'hui creusés et prêts à
recevoir l'eau du Nil, les barques chargées, et de nou-
veaux voyageurs. 20 kilomètres en si peu de temps?
me direz-vous. L'observation serait fort juste partout
ailleurs que sur les travaux du canal de Suez. Mais
voyez cette fourmilière d'ouvriers ainsi répartis sur
toute la ligne des travaux; voyez cette animation, cet
entrain, ces piocheurs, ces porteurs de couffins, ou pa-
niers remplis de terre! En les comptant jusqu'à vingt
mille, vous comprendrez que le travail avance, et que
les habitants de Suez puissent se flatter d'avoir de
l'eau douce à discrétion avant peu de mois, puisqu'il
ne reste que 40 à 45 kilomètres à creuser pour ame-
ner le Nil à Suez. Pauvre petite ville de Suez, si bien
placée pour le commerce du monde, au fond de son
beau golfe sur la mer Rouge, entre ses montagnes
bleues, et qui ne peut s'agrandir faute d'eau à boire !
Le canal d'eau douce y pourvoira. On y travaille : ju-
gez-en 1
» Maintenant, ne vous étonnez pas si je vous envoie
comme troisième sujet de gravure pouvant intéresser
vos lecteurs, un dessin que Berchère n'avait pas jugé
indigne de sa collection, quand, l'an passé, il compo-
sait, lui aussi, dans l'isthme de Suez, un album qu'il
a eu l'honneur de présenter aux Tuileries.
» Cette construction massive, que ne recommande
certes pas son élégance architecturale, c'est le châ-
teau ou manoir de Tell-el-Kebir, d'où je vous écris.
Méhémet-Ali l'avait fait construire pour une de ses ré-
siiences, quand, par d'immenses travaux, il entreprit
de rendre à la culture la vallée de l'Ouady, où est situé
le castel, à l'entrée du désert, qui n'est que le com-
mencement de l'ancienne vallée de Gessen. La Compa-
gnie de l'isthme de Suez en est aujourd'hui proprié-
taire. Là est le chef-lieu de son service agricole, là
commence la concession des terres incultes que son
canal d'eau douce, prolongé vers Suez, rendra bientôt
toutes à la fertilité, grâce à son système habile de colo-
nisation. Ce canal passe près du château ; vous voyez
à travers les çalmiers les voiles des barques qui le sil-
lonnent.
» C'est à Tell-el-Kebir que l'on se repose à l'hôtel de
Pythoum, nouvellement ouvert, quand on vient de par-
courir la ligne des travaux; c'est là que l'on peut ar-
river, sans fatigue aucune, en une seule journée, d'A-
lexandrie ou du Caire, quand on ne veut pas com-
mencer par visiter Damiette et Port-Saïd. C'est ici que
vient d'arriver le dernier et l'un des plus illustres des
touristes visiteurs de cette année, l'émir Abd-el-Kader.
La fantasia va commencer ! Soyez certain que le crayon
de Barry ne restera pas pour vous inactif en cette cir-
constance. Il nous donnera quelques dessins de cette
excursion qu'il a faite en compagnie de l'émir Hadgy,
et en vous les communiquant, je pourrai vous raconter
en passant bien des détails curieux sur cette vie des
Bédouins du désert, jusqu'à ce jour nomades, deve-
nant peu à peu cultivateurs pour la Compagnie. En les
attendant, permettez-moi de dire, comme les feuille-
tonistesdesplus grands journaux: «La suite au numéro
prochain. 0
» Votre dévoué, VIATOR. »
PROGRÈS DU COMMERCE A SUEZ.
Le mouvement des affaires à Suez pendant le cou-
rant de l'année 1861 a pris, comparé aux années
précédentes, un accroissement sensible. Nous avons
entre les mains, et nous le publions plus loin, l'état
des importations et exportations faites par l'entre-
mise des paquebots de la Compagnie péninsulaire et
orientale. Nous aurions besoin aussi, pour apprécier
complétement les opérations du port de Suez, de
connaître en même temps l'importance des importa-
tions et exportations faites par les autres compagnies
maritimes touchant à ce port. Ces documents nous
font malheureusement défaut. Mais nous devons con-
sidérer avec d'autant plus d'intérêt les transports ef-
fectués par la Compagnie péninsulaire et orientale,
que les voyageurs et marchandises embarqués sur
ses paquebots, venant en presque totalité d'Europe
pour l'extrême Orient, ou de l'extrême Orient pour
l'Europe, prendront nécessairement la voie du ca-
nal de Suez aussitôt qu'il sera ouvert à la naviga-
tion.
La Compagnie péninsulaire a embarqué à Suez :
4,116 voyageurs;
21,960 valises;
39,308 colis;
34,939 groups.
La valeur approximative des colis, calculée à 500 fr.
le colis, donne un chiffre de 19,654,000 francs, et la
valeur réelle des groups représente la somme de
245,840,826 francs.
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