Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1863 01 mars 1863
Description : 1863/03/01 (A8,N161). 1863/03/01 (A8,N161).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203240t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
68 L'ISTHME DE SUEZ,
que cette petite fête improvisée a laissé dans le cœur
de chacun une charmante impression. Tout s'est passé
dans le meilleur ordre possible; l'union et la franchise
la plus cordiales n'ont cessé de régner entre tous ces
employés groupés dans l'isthme de tant de points
différents de l'Europe. Le bal continue; mais je vous
l'ai dit plus haut, je ne veux pas manquer le cour-
rier de ce matin. De ma tente j'entends la musique
venue d'Alexandrie, et les cris des masques de toute
sorte retentissent jusqu'ici. Quand je pense que d'un
désert où, il y a dix mois, on ne voyait que deux ou
trois tentes, on a fait une ville, une ville grandiose
avec cafés, hôtels et cafés-concerts, j'en suis réelle-
ment étonné et surpris. Timsah, aujourd'hui, con-
tient en effet 3,000 âmes au moins, sans comp-
ter les habitants du village arabe, et vous savez
qu'il n'est pas peu populeux ; chaque jour de nou-
veaux marchands s'établissent, des maisons et
gourbis se construisent; il s'opère d'un jour à l'autre
un changement vraiment merveilleux. Déjà plusieurs
maisons ont établi des succursales à Timsah, et no-
tamment une maison du Caire, MM.Adami et Jullien,
négociants de cette ville, qui tiennent un véritable
entrepôt de toutes sortes de marchandises et objets
de construction. Les maisons du carré n° 1 s'avan-
cent avec rapidité ; toutes celles destinées aux em-
ployés mariés sont terminées, et celles des céliba-
taires sont sur le point de l'être. C'est qu'à la fin de
mars, Damiette et ses deux cent cinquante employés
vont fondre sur Timsah. Au reste, soyez sans inquié-
tude : tout sera prêt et même pour la fin du mois.
Je vous l'ai dit plus haut, le carré n° 2 se remplit de
commerçants, et presque tout le terrain est déjà
concédé.
« Dimanche dernier, 8 février, je suis allé aux lacs
Amers visiter le canal d'eau douce. Vous savez, en
effet, que le canal est rendu à ce point. Aussitôt l'a-
queduc de Bir abou ballah terminé, l'écluse de Neûche
sera levée et l'eau se répandra sur un parcours de
37 kilomètres. Déjà le campement des lacs Amers va
être porté plus loin, les préparatifs de départ sont
terminés, et à l'heure où vous recevrez ma lettre, ce
campement sera au pied de la montagne de Dgebel-
Geneffé. J'ai parcouru le canal d'eau douce depuis
Bir abou ballah jusqu'aux lacs Amers, et je vous
assure que j'étais de plus en plus étonné. Les berges
que tant de personnes ont vues et admirées, ce canal
si droit dans certaines parties se perdant à l'horizon
dans le désert, ces hommes travaillant en chantant,
tout cela n'avait pas été sans me causer une certaine
émotion. Que sera-ce donc quand on verra les bar-
ques parcourir ce détroit, ces lac Amers, où certaine-
ment, autrefois, d'autres barques ont navigué? Aussi-
tôt que l'eau sera lancée dans le canal, un transit
sera établi à Néfiche à la prise d'eau. Les barques
alors portant les marchandises, vivres, matériel, etc.,
destinés au canal d'eau douce, iront sans transbor-
dement déposer ces marchandises aux lacs Amers.
Un magasin dépositaire établi en cet endroit recevra
ces mêmes objets et les fera passer aux travailleurs,
soit du canal maritime, soit du canal d'eau douce
établi plus loin. Quand le président de la Compagnie
universelle présentera son rapport annuel à la pre-
mière assemblée générale, j'espère bien qu'il leur an-
noncera que Suez leur doit l'eau douce. Les habitants
de Suez y comptent, tout le monde y compte, et nous
y comptons aussi, nous qui voyons chaque jour la
marche rapide des travaux.
» Désirant être de retour de bonne heure à Timsah,
je partis des lacs Amers avant le lever du soleil. J'é-
tais déjà sur les hautes dunes qui forment cet im-
mense bassin quand l'astre radieux parut à l'horizon.
Je m'arrêtai un instant pour contempler \e magni-
fique spectacle qui se déroulait à mes yeux. Le soleil,
je l'ai dit, se levait ; les lacs Amers, grâce à un de ces
mirages si fréquents au désert, ressemblaient à une
vaste mer; les quelques tentes éparses çà et là le long
du canal d'eau douce paraissaient au milieu de l'eau.
l.es moindres dunes ou élévations de terrains for-
maient de fantasques images; je voyais des cités en-
tières, des mosquées, des palmiers, etc., enfin tous
les séduisants effets de ce phénomène d'optique. En
voyant cette nappe d'eau qui semblait n'avoir pour
base que l'Attaka, que j'apercevais, que je touchais
presque, et dont j'étais éloigné de 25 kilomètres; en
voyant ces montagnes de Syrie fermant le tableau
à ma gauche, cette montagne de l'Attaka qui s'étend
à perte de vue, je me figurai le canal de Suez achevé,
les lacs Amers pleins, et les vaisseaux pavoisés de
toutes les couleurs des nations glissant sur cette
nouvelle mer sortie des sables après avoir disparu
pendant plusieurs siècles. J'étais ému, je vous l'a-
voue en toute sincérité, et ce fut avec peine que je
m'arrachai à cette admirable vision.
» En passant à Toussoum je fus obligé de me détour-
ner sensiblement de mon chemin, car le canal mari-
time a déjà de beaucoup dépassé ce campement. Or
vous savez que dans cette partie le canal est formé
à sa grande section, c'est-à-dire à 56 mètres.
» Aujourd'hui nous avons joui à Timsah d'un assez
curieux spectacle. Sur les trois heures, une barque,
ou mieux un canot monté par plusieurs personnes,
voguait sur le lac Timsah. La voile, cette voile la-
tine qui sillonne le canal d'eau douce, et qu'on a si
souvent comparée à l'aile de l'alcyon, brillait comme
un point blanc au milieu de ces eaux du lac. Je me
plaisais à suivre les mouvements de la barque pous-
sée par un bon vent. Ce canot était celui de M. le
chef de section Chrétien, qui faisait visiter à des
étrangers parcourant l'isthme le lac et ses nombreux
que cette petite fête improvisée a laissé dans le cœur
de chacun une charmante impression. Tout s'est passé
dans le meilleur ordre possible; l'union et la franchise
la plus cordiales n'ont cessé de régner entre tous ces
employés groupés dans l'isthme de tant de points
différents de l'Europe. Le bal continue; mais je vous
l'ai dit plus haut, je ne veux pas manquer le cour-
rier de ce matin. De ma tente j'entends la musique
venue d'Alexandrie, et les cris des masques de toute
sorte retentissent jusqu'ici. Quand je pense que d'un
désert où, il y a dix mois, on ne voyait que deux ou
trois tentes, on a fait une ville, une ville grandiose
avec cafés, hôtels et cafés-concerts, j'en suis réelle-
ment étonné et surpris. Timsah, aujourd'hui, con-
tient en effet 3,000 âmes au moins, sans comp-
ter les habitants du village arabe, et vous savez
qu'il n'est pas peu populeux ; chaque jour de nou-
veaux marchands s'établissent, des maisons et
gourbis se construisent; il s'opère d'un jour à l'autre
un changement vraiment merveilleux. Déjà plusieurs
maisons ont établi des succursales à Timsah, et no-
tamment une maison du Caire, MM.Adami et Jullien,
négociants de cette ville, qui tiennent un véritable
entrepôt de toutes sortes de marchandises et objets
de construction. Les maisons du carré n° 1 s'avan-
cent avec rapidité ; toutes celles destinées aux em-
ployés mariés sont terminées, et celles des céliba-
taires sont sur le point de l'être. C'est qu'à la fin de
mars, Damiette et ses deux cent cinquante employés
vont fondre sur Timsah. Au reste, soyez sans inquié-
tude : tout sera prêt et même pour la fin du mois.
Je vous l'ai dit plus haut, le carré n° 2 se remplit de
commerçants, et presque tout le terrain est déjà
concédé.
« Dimanche dernier, 8 février, je suis allé aux lacs
Amers visiter le canal d'eau douce. Vous savez, en
effet, que le canal est rendu à ce point. Aussitôt l'a-
queduc de Bir abou ballah terminé, l'écluse de Neûche
sera levée et l'eau se répandra sur un parcours de
37 kilomètres. Déjà le campement des lacs Amers va
être porté plus loin, les préparatifs de départ sont
terminés, et à l'heure où vous recevrez ma lettre, ce
campement sera au pied de la montagne de Dgebel-
Geneffé. J'ai parcouru le canal d'eau douce depuis
Bir abou ballah jusqu'aux lacs Amers, et je vous
assure que j'étais de plus en plus étonné. Les berges
que tant de personnes ont vues et admirées, ce canal
si droit dans certaines parties se perdant à l'horizon
dans le désert, ces hommes travaillant en chantant,
tout cela n'avait pas été sans me causer une certaine
émotion. Que sera-ce donc quand on verra les bar-
ques parcourir ce détroit, ces lac Amers, où certaine-
ment, autrefois, d'autres barques ont navigué? Aussi-
tôt que l'eau sera lancée dans le canal, un transit
sera établi à Néfiche à la prise d'eau. Les barques
alors portant les marchandises, vivres, matériel, etc.,
destinés au canal d'eau douce, iront sans transbor-
dement déposer ces marchandises aux lacs Amers.
Un magasin dépositaire établi en cet endroit recevra
ces mêmes objets et les fera passer aux travailleurs,
soit du canal maritime, soit du canal d'eau douce
établi plus loin. Quand le président de la Compagnie
universelle présentera son rapport annuel à la pre-
mière assemblée générale, j'espère bien qu'il leur an-
noncera que Suez leur doit l'eau douce. Les habitants
de Suez y comptent, tout le monde y compte, et nous
y comptons aussi, nous qui voyons chaque jour la
marche rapide des travaux.
» Désirant être de retour de bonne heure à Timsah,
je partis des lacs Amers avant le lever du soleil. J'é-
tais déjà sur les hautes dunes qui forment cet im-
mense bassin quand l'astre radieux parut à l'horizon.
Je m'arrêtai un instant pour contempler \e magni-
fique spectacle qui se déroulait à mes yeux. Le soleil,
je l'ai dit, se levait ; les lacs Amers, grâce à un de ces
mirages si fréquents au désert, ressemblaient à une
vaste mer; les quelques tentes éparses çà et là le long
du canal d'eau douce paraissaient au milieu de l'eau.
l.es moindres dunes ou élévations de terrains for-
maient de fantasques images; je voyais des cités en-
tières, des mosquées, des palmiers, etc., enfin tous
les séduisants effets de ce phénomène d'optique. En
voyant cette nappe d'eau qui semblait n'avoir pour
base que l'Attaka, que j'apercevais, que je touchais
presque, et dont j'étais éloigné de 25 kilomètres; en
voyant ces montagnes de Syrie fermant le tableau
à ma gauche, cette montagne de l'Attaka qui s'étend
à perte de vue, je me figurai le canal de Suez achevé,
les lacs Amers pleins, et les vaisseaux pavoisés de
toutes les couleurs des nations glissant sur cette
nouvelle mer sortie des sables après avoir disparu
pendant plusieurs siècles. J'étais ému, je vous l'a-
voue en toute sincérité, et ce fut avec peine que je
m'arrachai à cette admirable vision.
» En passant à Toussoum je fus obligé de me détour-
ner sensiblement de mon chemin, car le canal mari-
time a déjà de beaucoup dépassé ce campement. Or
vous savez que dans cette partie le canal est formé
à sa grande section, c'est-à-dire à 56 mètres.
» Aujourd'hui nous avons joui à Timsah d'un assez
curieux spectacle. Sur les trois heures, une barque,
ou mieux un canot monté par plusieurs personnes,
voguait sur le lac Timsah. La voile, cette voile la-
tine qui sillonne le canal d'eau douce, et qu'on a si
souvent comparée à l'aile de l'alcyon, brillait comme
un point blanc au milieu de ces eaux du lac. Je me
plaisais à suivre les mouvements de la barque pous-
sée par un bon vent. Ce canot était celui de M. le
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