Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1863 01 mars 1863
Description : 1863/03/01 (A8,N161). 1863/03/01 (A8,N161).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203240t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 67
• Quant au prolongement du canal maritime et du
canal d'eau douce vers Suez, nous n'avons rien à
ajouter aux renseignements que nous fournit lo
télégramme du 23 février. Nous croyons pouvoir ex-
primer seulement notre ferme conviction que vers la
fin de juin, au plus tard, Suez possédera enfin ce bien-
fait de l'eau douce qu'elle n'a jamais connu dèpuis
qu'elle existe, et qu'à cette époque, une première
communication sera établie sur toute la ligne, de la
Méditerranée à la mer Rouge.
Dans ce but, on prépare les écluses qui doivent
lelier à Timsah le canal maritime au canal d'eau
douce, qui va passer au pied de la magnifique car-
rière de Dgebel. Geneffé, en se rendant à Suez, et on
prépare aussi l'exploitation de cette ligne qui doit
amener aux jetées de Port-Saïd les blocs de Dgebel-
Geneffé, et ramener de Port-Saïd à Suez les charbons
nécessaires à la navigation à vapeur sur la mer
Rouge.
Un autre projet préoccupe aussi très-sérieusement
les ingénieurs de la Compagnie. Dans notre numéro
du 15 janvier, répondant aux attaques du Times, qui
nous accusait de vouloir absorber les eaux intérieures
nécessaires à la culture de l'Egypte, nous cherchions
à lui démontrer que la Compagnie n'avait fait
qu'user de son droit, droit commun à tous, en se
servant pour ses transports des canaux intermé-
diaires entre le Nil et Zagazig. Eh bien, nous pensons
que ce prétendu grief lui-même disparaîtra bientôt.
On étudie l'établissement d'un nouveau canal ayant
sa prise d'eau dans le Zafranieh, devant le Caire, et
allant rejoindre la tête du canal d'eau douce à Ras-
el-Ouady. Ce canal, instamment sollicité par les po-
pulations qui le bordent, est destiré à traverser des
terres d'une grande fertilité dont l'irrigation est
maintenant difficile, et la vente de ses eaux couvrira
très-largement l'intérêt et l'amortissement de la dé-
pense, en même temps qu'il assure à la Compagnie,
en tout temps, et par toutes les éventualités, l'ali-
mentation et la navigabilité de son canal d'eau
douce jusqu'à Suez inclusivement.
Quant au canal maritime, voici le seuil du Séra-
péum attaqué, et après cette dernière et sûre victoire,
il ne lui restera plus, pour gagner l'autre mer, qu'à
franchir la plaine de Suez. Si nous sommes bien in-
formé, ce travail s'exécutera dès l'abord dans de plus
larges proportions que la partie déjà exécutée du
canal maritime. Dans l'objet de faciliter le déverse-
ment le plus prompt possible des eaux de la mer
Rouge dans les lacs Amers, nous croyons que l'on
a l'intention d'ouvrir la tranchée dans cette plaine
sur une largeur de 80 mètres et une profondeur de
5 mètres. C'est d'ailleurs ce qu'un prochain avenir
nous apprendra. Dans tous les cas, le creusement du
canal d'eau douce, achevé à cette époque, secondera
singulièrement la facilité et la célérité de ce travail.
Nous croyons aussi que dans les mois prochains,
les principaux efforts des travailleurs seront concen-
trés sur le prolongement du canal d'eau douce jusqu'à
Suez ; car ce sera là un grand service rendu à la fois
à la population de cette ville et au trésor égyptien.
On en pourra juger en sachant que le gouverne-
ment égyptien est obligé de conduire à grands frais
l'eau du Nil à Suez par des wagons-citernes trans-
portés en chemin de fer, et quoique, par suite de la
dépense, cette eau soit nécessairement cédée aux ha-
bitants à un prix très-élevé, le gouvernement égyp-
tien n'en perd pas moins 100,000 francs par an dans
cette opération.
Pendant que, au-delà du lac Timsah, les travaux
prennent ce vaste développement, ils reçoivent aussi
leur impulsion à Port-Saïd et sur les parties du canal
maritime qui s'étendent de ce point à Kantara. La
rectification du passage entre le lac Menzaleh et le
lac Ballah est terminée, et les dragues poursuivent
leur œuvre en approfondissant le chenal et en forti-
fiant les berges le long du Menzaleh.
Nous pouvons, sans hésiter, confirmer en outre les
excellentes dispositions du nouveau vice-roi en fa-
veur du canal de Suez, et l'intérêt qu'il porte à cette
œuvre destinée à faire la prospérité de l'Egypte. Nous
ne craignons point de trop nous avancer en affirmant
que sur ce point l'accord le plus parfait existe entre
Son Altesse et M. F. de Lesseps, que toutes les obli-
gations prises par Mohammed Saïd seront loyalement
remplies par son successeur éclairé, et que le monde
civilisé pourra reporter sur Ismaïl, comme ayant
continué et achevé cette œuvre, la popularité dont il
a donné tant de témoignages de son vivant et après
sa mort au prince généreux qui en a pris l'initiative.
ERNEST DESPLACES.
NOUVELLES DU DÉSERT.
(Correspondance particulière.)
« Timsah, 16 février 1863.
» Il est trois heures du matin ; je sors du bal, et
comme Je courrier part ce matin, je tiens à vous
écrire quelques lignes. Et d'abord, puisque Timsah
est une ville, comme vous le savez fort bien, il était
juste que nous eussions pour le carnaval un de ces
bals parés, masqués, qui nous font un peu souvenir
de la France et de Paris. Momus a secoué ses gre-
lots, et personne ici n'a été indifférent à son appel.
Une affiche répandue à profusion dans tous les campe-
ments annonçait pour le 15 un bal masqué à Timsah :
un banquet devait précéder le bal. Le programme a
été exécuté dans tous ses points, et je vous assure
• Quant au prolongement du canal maritime et du
canal d'eau douce vers Suez, nous n'avons rien à
ajouter aux renseignements que nous fournit lo
télégramme du 23 février. Nous croyons pouvoir ex-
primer seulement notre ferme conviction que vers la
fin de juin, au plus tard, Suez possédera enfin ce bien-
fait de l'eau douce qu'elle n'a jamais connu dèpuis
qu'elle existe, et qu'à cette époque, une première
communication sera établie sur toute la ligne, de la
Méditerranée à la mer Rouge.
Dans ce but, on prépare les écluses qui doivent
lelier à Timsah le canal maritime au canal d'eau
douce, qui va passer au pied de la magnifique car-
rière de Dgebel. Geneffé, en se rendant à Suez, et on
prépare aussi l'exploitation de cette ligne qui doit
amener aux jetées de Port-Saïd les blocs de Dgebel-
Geneffé, et ramener de Port-Saïd à Suez les charbons
nécessaires à la navigation à vapeur sur la mer
Rouge.
Un autre projet préoccupe aussi très-sérieusement
les ingénieurs de la Compagnie. Dans notre numéro
du 15 janvier, répondant aux attaques du Times, qui
nous accusait de vouloir absorber les eaux intérieures
nécessaires à la culture de l'Egypte, nous cherchions
à lui démontrer que la Compagnie n'avait fait
qu'user de son droit, droit commun à tous, en se
servant pour ses transports des canaux intermé-
diaires entre le Nil et Zagazig. Eh bien, nous pensons
que ce prétendu grief lui-même disparaîtra bientôt.
On étudie l'établissement d'un nouveau canal ayant
sa prise d'eau dans le Zafranieh, devant le Caire, et
allant rejoindre la tête du canal d'eau douce à Ras-
el-Ouady. Ce canal, instamment sollicité par les po-
pulations qui le bordent, est destiré à traverser des
terres d'une grande fertilité dont l'irrigation est
maintenant difficile, et la vente de ses eaux couvrira
très-largement l'intérêt et l'amortissement de la dé-
pense, en même temps qu'il assure à la Compagnie,
en tout temps, et par toutes les éventualités, l'ali-
mentation et la navigabilité de son canal d'eau
douce jusqu'à Suez inclusivement.
Quant au canal maritime, voici le seuil du Séra-
péum attaqué, et après cette dernière et sûre victoire,
il ne lui restera plus, pour gagner l'autre mer, qu'à
franchir la plaine de Suez. Si nous sommes bien in-
formé, ce travail s'exécutera dès l'abord dans de plus
larges proportions que la partie déjà exécutée du
canal maritime. Dans l'objet de faciliter le déverse-
ment le plus prompt possible des eaux de la mer
Rouge dans les lacs Amers, nous croyons que l'on
a l'intention d'ouvrir la tranchée dans cette plaine
sur une largeur de 80 mètres et une profondeur de
5 mètres. C'est d'ailleurs ce qu'un prochain avenir
nous apprendra. Dans tous les cas, le creusement du
canal d'eau douce, achevé à cette époque, secondera
singulièrement la facilité et la célérité de ce travail.
Nous croyons aussi que dans les mois prochains,
les principaux efforts des travailleurs seront concen-
trés sur le prolongement du canal d'eau douce jusqu'à
Suez ; car ce sera là un grand service rendu à la fois
à la population de cette ville et au trésor égyptien.
On en pourra juger en sachant que le gouverne-
ment égyptien est obligé de conduire à grands frais
l'eau du Nil à Suez par des wagons-citernes trans-
portés en chemin de fer, et quoique, par suite de la
dépense, cette eau soit nécessairement cédée aux ha-
bitants à un prix très-élevé, le gouvernement égyp-
tien n'en perd pas moins 100,000 francs par an dans
cette opération.
Pendant que, au-delà du lac Timsah, les travaux
prennent ce vaste développement, ils reçoivent aussi
leur impulsion à Port-Saïd et sur les parties du canal
maritime qui s'étendent de ce point à Kantara. La
rectification du passage entre le lac Menzaleh et le
lac Ballah est terminée, et les dragues poursuivent
leur œuvre en approfondissant le chenal et en forti-
fiant les berges le long du Menzaleh.
Nous pouvons, sans hésiter, confirmer en outre les
excellentes dispositions du nouveau vice-roi en fa-
veur du canal de Suez, et l'intérêt qu'il porte à cette
œuvre destinée à faire la prospérité de l'Egypte. Nous
ne craignons point de trop nous avancer en affirmant
que sur ce point l'accord le plus parfait existe entre
Son Altesse et M. F. de Lesseps, que toutes les obli-
gations prises par Mohammed Saïd seront loyalement
remplies par son successeur éclairé, et que le monde
civilisé pourra reporter sur Ismaïl, comme ayant
continué et achevé cette œuvre, la popularité dont il
a donné tant de témoignages de son vivant et après
sa mort au prince généreux qui en a pris l'initiative.
ERNEST DESPLACES.
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« Timsah, 16 février 1863.
» Il est trois heures du matin ; je sors du bal, et
comme Je courrier part ce matin, je tiens à vous
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est une ville, comme vous le savez fort bien, il était
juste que nous eussions pour le carnaval un de ces
bals parés, masqués, qui nous font un peu souvenir
de la France et de Paris. Momus a secoué ses gre-
lots, et personne ici n'a été indifférent à son appel.
Une affiche répandue à profusion dans tous les campe-
ments annonçait pour le 15 un bal masqué à Timsah :
un banquet devait précéder le bal. Le programme a
été exécuté dans tous ses points, et je vous assure
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