Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1863 01 février 1863
Description : 1863/02/01 (A8,N159). 1863/02/01 (A8,N159).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203238r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
38 L'ISTHME DE SUEZ,
suivi la tranchée du seuil jusqu'au chalet du vice-
roi, l'émir est arrivé à Timsah en suivant le nouvel
embranchement du canal d'eau douce; puis il est re-
tourné à El-Guisr en suivant la ligne télégraphique.
Un dîner lui a été offert à la maison de la Compa-
gnie, chez l'ingénieur de division.
Le lendemain, 8, l'illustre voyageur s'est dirigé, par
le canal d'eau douce, sur Tell-el-Kebir : le chef du ser-
vice agricole, régisseur du domaine de l'Ouady, l'atten-
dait. Les cheiks locataires de l'Ouady, et les principaux
chefs bédouins des environs, s'étaient empressés aussi
de venir à sa rencontre. L'émir est débarqué ; tous les
cavaliers de l'Ouady l'ont suivi jusqu'au château,
dont l'avenue était sillonnée d'Arabes faisant la fanta-
sia. Sur laplace du château, s'étaient groupés en cer-
cle les habitants et les habitantes, qui l'ont acclamé.
Abd-el-Kader est entré au château où il a reçu
l'hommage des cheiks. Le défilé a été long et digne.
Au premier rang, on a remarqué les Syriens catho-
liques qui voulaient remercier celui qui avait défendu
leurs frères à Damas.
Les cheiks anadis, à qui a été louée une partie des
terrains de l'Ouady, sont restés à dîner avec l'émir
.au château de Tell-el-Kebir, et lui ont exprimé tout
leur regret de ne pas lui donner l'hospitalité de leurs
tentes.
L'attitude et le langage d'Abd-el-Kader, pendant
toute la durée de son excursion, et à Tell-el-Kebir,
ont fait une grande sensation sur les Arabes. Il a
parlé des grandes choses faites, de son émotion de-
vant les gigantesques résultats obtenus, de son ad-
miration de ce qu'il venait de voir. Enfin il a re-
commandé à tous en termes généreux d'avoir con-
fiance et dévouement pour les hommes qui étaient à
leur tête.
De Tell-el-Kebir, Abd-el-Kader s'est rendu à Za-
gazig, puis au Caire. Il y a letrouvé M. Ferdinand
de Lesseps ; il lui a témoigné toute sa sympathie
pour l'œuvre du canal de Suez, et l'a remercié de
l'accueil qu'il avait reçu partout. Au Caire, l'émir a
été logé dans un des palais de Son Altesse.
La visite d'Abd-.l-Kader au désert portera ses
fruits. Il a vu les soins dont sont entourés les fel-
lahs qui travaillent au percement de l'isthme. L'au-
torité de sa parole est grande chez les Arabes ; son
nom y est connu, respecté et honoré ; et les chrétiens
de la Syrie qu'il a défendus au péril de sa vie n'hé-
siteront plus, sur la foi de sa parole, à venir de-
mander à la Compagnie des terres à cultiver, et à
se grouper près de ce canal d'eau douce qui, chan-
geant les dunes de sable en plaines fertiles, va don-
ner la vie à des pays inhabités depuis des siècles.
Nous terminerons notre chronique en reproduisant
sans commentaires une nouvelle donnée par la France
du 20 janvier : « On assure, dit ce journal sous la
» signature de M. A. Renauld, que la France va
» prendre officiellement possession d'Obok, point Ei-
« tué sur la mer Rouge, à proximité du détroit de
•d Bab-el-Mandeb. La frégate à vapeur Yllermione sera
» chargée, dit-on, de cette mission. Obok est par-
» faitement situé pour servir de point de relâche
» et de dépôt de charbon, et les travaux pour l'ap-
» proprier à cette destination seront prochainement
» exécutés. )
ERNEST DESPLACES.
LES CORVÉES ET LES CONTINGENTS.
On lit dans le Constitutionnel du 24 janvier ;
« Nous devons suppléer au laconisme inévitable du
télégraphe en expliquant le sens de quelques paroles
qui ont été prononcées dans l'entrevue du corps consu-
laire avec Ismaïl-Paclia, le r.ouveau vice-roi d'Egypte.
» Ce prince ayant annoncé le projet excellent d'a-
bolir en Egypte le système des corvées, M. le consul
de France a fait remarquer, avec juste raison, que ce
système n'était pas pratiqué sur les travaux du canal
de Suez.
» Loin de là, ce sont les travaux du percement de
l'isthme de Suez qui ont inauguré en Egypte l'aboli-
tion des corvées, et qui les ont rendues en quelque
sorte désormais impossibles. Qu'est-ce, en effet, qu.3 les
corvées? C'est l'application forcée d'un grand nombre
d'habitants du pays à des travaux d'utilité publique,
sans aucune rémunération.
» Par exemple, lorsque le gouvernement égyptien a
voulu creuser le canal Malimoudiéh, il a levé plus de
cent mille hommes et les a employés sans leur donner
aucun salaire, sans les nourrir et sans limiter la durée
du temps de leur travail obligatoire. Plus récemment,
lorsqu'il a voulu construire, sous la pression des agents
britanniques, le chemin de fer d'Alexandrie au Caire
et du Caire à Suez, et dernièrement enfin lorsqu'il a
voulu réparer les dégâts causés à cette voie ferrée par
des débordements du Nil, il a réuni jusqu'à cinquante
mille hommes qui ont exécuté tous les travaux, sans
recevoir aucune rémunération, aucune nourriture, au-
cune compensation quelconque de leur labeur.
» C'est ainsi qu'on entendait jusqu'ici en Egypte la
corvée appliquée aux travaux publics.
» La Compagnie de Suez, au contraire, donne un
salaire à ses ouvriers et les nourrit. Elle ne les em-
ploie que pendant un très-court espace de temps, réglé
d'avance, à moins de rengagement volontaire, et c'est
ainsi qu'elle a rendu, comme nous le disions, le sys-
tème de corvées désormais impraticable.
» En effet, lesuvriers employés à cetta granle en-
treprise recevant un salaire, il est devenu presque im-
possible au gouvernement d'employer les habitants à
d'autres travaux d'utilité publique sans les payer éga-
suivi la tranchée du seuil jusqu'au chalet du vice-
roi, l'émir est arrivé à Timsah en suivant le nouvel
embranchement du canal d'eau douce; puis il est re-
tourné à El-Guisr en suivant la ligne télégraphique.
Un dîner lui a été offert à la maison de la Compa-
gnie, chez l'ingénieur de division.
Le lendemain, 8, l'illustre voyageur s'est dirigé, par
le canal d'eau douce, sur Tell-el-Kebir : le chef du ser-
vice agricole, régisseur du domaine de l'Ouady, l'atten-
dait. Les cheiks locataires de l'Ouady, et les principaux
chefs bédouins des environs, s'étaient empressés aussi
de venir à sa rencontre. L'émir est débarqué ; tous les
cavaliers de l'Ouady l'ont suivi jusqu'au château,
dont l'avenue était sillonnée d'Arabes faisant la fanta-
sia. Sur laplace du château, s'étaient groupés en cer-
cle les habitants et les habitantes, qui l'ont acclamé.
Abd-el-Kader est entré au château où il a reçu
l'hommage des cheiks. Le défilé a été long et digne.
Au premier rang, on a remarqué les Syriens catho-
liques qui voulaient remercier celui qui avait défendu
leurs frères à Damas.
Les cheiks anadis, à qui a été louée une partie des
terrains de l'Ouady, sont restés à dîner avec l'émir
.au château de Tell-el-Kebir, et lui ont exprimé tout
leur regret de ne pas lui donner l'hospitalité de leurs
tentes.
L'attitude et le langage d'Abd-el-Kader, pendant
toute la durée de son excursion, et à Tell-el-Kebir,
ont fait une grande sensation sur les Arabes. Il a
parlé des grandes choses faites, de son émotion de-
vant les gigantesques résultats obtenus, de son ad-
miration de ce qu'il venait de voir. Enfin il a re-
commandé à tous en termes généreux d'avoir con-
fiance et dévouement pour les hommes qui étaient à
leur tête.
De Tell-el-Kebir, Abd-el-Kader s'est rendu à Za-
gazig, puis au Caire. Il y a letrouvé M. Ferdinand
de Lesseps ; il lui a témoigné toute sa sympathie
pour l'œuvre du canal de Suez, et l'a remercié de
l'accueil qu'il avait reçu partout. Au Caire, l'émir a
été logé dans un des palais de Son Altesse.
La visite d'Abd-.l-Kader au désert portera ses
fruits. Il a vu les soins dont sont entourés les fel-
lahs qui travaillent au percement de l'isthme. L'au-
torité de sa parole est grande chez les Arabes ; son
nom y est connu, respecté et honoré ; et les chrétiens
de la Syrie qu'il a défendus au péril de sa vie n'hé-
siteront plus, sur la foi de sa parole, à venir de-
mander à la Compagnie des terres à cultiver, et à
se grouper près de ce canal d'eau douce qui, chan-
geant les dunes de sable en plaines fertiles, va don-
ner la vie à des pays inhabités depuis des siècles.
Nous terminerons notre chronique en reproduisant
sans commentaires une nouvelle donnée par la France
du 20 janvier : « On assure, dit ce journal sous la
» signature de M. A. Renauld, que la France va
» prendre officiellement possession d'Obok, point Ei-
« tué sur la mer Rouge, à proximité du détroit de
•d Bab-el-Mandeb. La frégate à vapeur Yllermione sera
» chargée, dit-on, de cette mission. Obok est par-
» faitement situé pour servir de point de relâche
» et de dépôt de charbon, et les travaux pour l'ap-
» proprier à cette destination seront prochainement
» exécutés. )
ERNEST DESPLACES.
LES CORVÉES ET LES CONTINGENTS.
On lit dans le Constitutionnel du 24 janvier ;
« Nous devons suppléer au laconisme inévitable du
télégraphe en expliquant le sens de quelques paroles
qui ont été prononcées dans l'entrevue du corps consu-
laire avec Ismaïl-Paclia, le r.ouveau vice-roi d'Egypte.
» Ce prince ayant annoncé le projet excellent d'a-
bolir en Egypte le système des corvées, M. le consul
de France a fait remarquer, avec juste raison, que ce
système n'était pas pratiqué sur les travaux du canal
de Suez.
» Loin de là, ce sont les travaux du percement de
l'isthme de Suez qui ont inauguré en Egypte l'aboli-
tion des corvées, et qui les ont rendues en quelque
sorte désormais impossibles. Qu'est-ce, en effet, qu.3 les
corvées? C'est l'application forcée d'un grand nombre
d'habitants du pays à des travaux d'utilité publique,
sans aucune rémunération.
» Par exemple, lorsque le gouvernement égyptien a
voulu creuser le canal Malimoudiéh, il a levé plus de
cent mille hommes et les a employés sans leur donner
aucun salaire, sans les nourrir et sans limiter la durée
du temps de leur travail obligatoire. Plus récemment,
lorsqu'il a voulu construire, sous la pression des agents
britanniques, le chemin de fer d'Alexandrie au Caire
et du Caire à Suez, et dernièrement enfin lorsqu'il a
voulu réparer les dégâts causés à cette voie ferrée par
des débordements du Nil, il a réuni jusqu'à cinquante
mille hommes qui ont exécuté tous les travaux, sans
recevoir aucune rémunération, aucune nourriture, au-
cune compensation quelconque de leur labeur.
» C'est ainsi qu'on entendait jusqu'ici en Egypte la
corvée appliquée aux travaux publics.
» La Compagnie de Suez, au contraire, donne un
salaire à ses ouvriers et les nourrit. Elle ne les em-
ploie que pendant un très-court espace de temps, réglé
d'avance, à moins de rengagement volontaire, et c'est
ainsi qu'elle a rendu, comme nous le disions, le sys-
tème de corvées désormais impraticable.
» En effet, lesuvriers employés à cetta granle en-
treprise recevant un salaire, il est devenu presque im-
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