Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1863 01 février 1863
Description : 1863/02/01 (A8,N159). 1863/02/01 (A8,N159).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203238r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
36 L'ISTHME DE SUEZ,
A près avoir remercié le corps consulaire, le vice-
roi s'est exprimé ainsi :
< Je sais la grande tâche que Dieu m'a imposée en
rappelant mon oncle à lui et en me plaçant à la tète du
gouvernement de l'Egypte. J'espère, sous les auspices
de Sa Majesté Impériale, mon auguste souverain, pou-
voir dignement la remplir.
» Je suis fermement décidé, Messieurs, à consacrer
à la prospérité du pays que je suis appelé a adminis-
trer, toute la persévérance et l'énergie dont je suis ca-
pable. La base de toute bonne administration est l'or-
dre, l'économie dans les finances. Cet ordre, cette
économie je les poursuivrai par tous les moyens possi-
bles, et, pour donner à tous l'exemple, ainsi que des
preuves de ma ferme volonté, j'ai décidé d'abandonner
le système suivi par mes prédécesseurs, et de me fixer
moi-même une liste civile que je ne dépasserai jamais,
» Cette mesure me mettra à même de pouvoir con-
sacrer au développement de l'agriculture toutes les res-
sources du pays. Je pourrai ainsi abolir le système
fatal des corvées toujours pratiquées par le gouverne-
ment dans ses travaux, et qui est la cause principale,
unique pourrais-je dire, qui a empêché et empêche en-
core le pays de prendre tout le développement dont il
est susceptible.
» Le commerce libre trouvera son compte à ces me-
sures et fera circuler à son tour l'aisance dans toutes
les classes de la population. Dans l'ordre moral, l'ins-
truction, qui est la base de tout progrès, et la bonne
distribution de la justice, qui est la base de toute sé-
curité, auront toute ma sollicitude. De l'ordre dans les
finances et dans l'administration, et d'une bonne dis-
tribution de la justice résultera plus de facilité et de
sécurité dans les relations européennes avec le pays.
,, J'espère, Messieurs, que, persuadés des sentiments
qui m'animent, vous me prêterez toujours votre con-
cours loyal et éclairé. »
Le consul de France, M. de Beauval, a pris en-
suite la parole. Il a dit que le gouvernement fran-
çais avait toujours recommandé que le système des
corvées ne fùt pas appliqué aux travaux du canal
de Suez.
Le vice-roi a répondu qu'il n'avait jamais pensé
que la France fût disposée à favoriser un pareil sys-
tème, et qu'il n'avait pas voulu parler du canal de
Suez.
Le discours du vice-roi a produit un grand effet.
Toutes les mesures prises indiquent un gouverne-
ment sage, éclairé et civilisateur.
L'opinion publique en Europe n'a pas hésité à sa-
luer de ses plus chères espérances le nouveau sou-
verain de l'Égypte. Son discours aux consuls a reçu
les éloges des divers organes de la presse euro-
péenne sans exception. Les réformes nouvelles qu'il
promet, le but qu'il se propose, les mesures qu'il
compte adopter, lui assureront la sympathie de
toutes les puissances occidentales.
S. A. Ismaïl-Pacha trouve l'Egypte dans des con-
ditions de paix, de richesse et de prospérité qu'il lui
sera facile de développer encore. Son attention s'est
depuis longtemps déjà portée, dans le calme de la
retraite, sur les améliorations dont est susceptible
l'administration qu'il a à diriger. 11 en a donné des
preuves nombreuses pendant les deux intérim qui
lui ont été confiés. Il a montré un esprit d'ordre et
d'organisation qui va certainement porter ses fruits
plus amplement maintenant qu'il est au pouvoir.
S. A. s'est, au surplus, mise immédiatement à
l'œuvre. Suivant des informations particulières qu'elle
aurait reçues d'Alexandrie 24 janvier, la France,
dans son numéro du 28, annonce que le nouveau
vice-roi travaillait activement pour se mettre au cou-
rant des affaires. Il avait jusqu'à ce moment con-
servé les-ministres de son prédécesseur, et paraissait
vouloir réaliser prochainement plusieurs améliora-
tions importantes. Parmi ces améliorations, on citait
la réorganisation du conseil d'État, auquel serait
soumis l'examen de toutes les questions financières
et administratives sur lesquelles il aurait à donner
son opinion. Le conseil d'Élat actuel, constitué par
un décret du mois de novembre 1856, se compose
des princes du sang, de quatre généraux et de
quatre grands dignitaires. Le nombre de ses membres
serait doublé, et il siégerait en permanence comme
cela a lieu pour les assemblées du même genre en
Europe.
Quant à nous, nous avons trop de confiance dans
la haute intelligence d'Ismaïl Pacha, dans sa con-
naissance des besoins de l'époque, dans son désir
d'augmenter et protéger dans son pays les sources
de cette civilisation qu'il a été à même de connaître
et d'apprécier en France, pour craindre un instant
de voir dégénérer entre ses mains les grands travaux
d'utilité publique qui ont fait la gloire de ses prédé-
cesseurs Méhemet-Ali, Ibrahim-Pacha, et Saïd-Pacha,
et qui resteront parmi leurs plus beaux titres aux
yeux de la postérité.
Les encouragements donnés par le dernier vice-
roi aux travaux du canal maritime de Suez, qui doit
apporter ses bienfaits à l'Egypte et au commerce
général, ne lui feront point défaut sous le règne qui
s'inaugure ; l'opposition aveugle de l'Angleterre pa-
raît éteinte ; l'ambassadeur de la Grande-Bretagne a
fait tout récemment un appel à la paix et à la con-
corde qui ne doit pas être un vain mot ; le gouver-
nement français n'aura point à protéger ou défendre
une entreprise où sont engagés les intérêts de la
France et du monde entier; et S. A. Ismaïl-Pacha,
reconnaissant, avec la droiture et l'esprit de loyauté
dont il a toujours témoigné, les engagements et obli-
gations de son prédécesseur, aura le bonheur de voir
terminer un travail assez grand par ses difficultés
A près avoir remercié le corps consulaire, le vice-
roi s'est exprimé ainsi :
< Je sais la grande tâche que Dieu m'a imposée en
rappelant mon oncle à lui et en me plaçant à la tète du
gouvernement de l'Egypte. J'espère, sous les auspices
de Sa Majesté Impériale, mon auguste souverain, pou-
voir dignement la remplir.
» Je suis fermement décidé, Messieurs, à consacrer
à la prospérité du pays que je suis appelé a adminis-
trer, toute la persévérance et l'énergie dont je suis ca-
pable. La base de toute bonne administration est l'or-
dre, l'économie dans les finances. Cet ordre, cette
économie je les poursuivrai par tous les moyens possi-
bles, et, pour donner à tous l'exemple, ainsi que des
preuves de ma ferme volonté, j'ai décidé d'abandonner
le système suivi par mes prédécesseurs, et de me fixer
moi-même une liste civile que je ne dépasserai jamais,
» Cette mesure me mettra à même de pouvoir con-
sacrer au développement de l'agriculture toutes les res-
sources du pays. Je pourrai ainsi abolir le système
fatal des corvées toujours pratiquées par le gouverne-
ment dans ses travaux, et qui est la cause principale,
unique pourrais-je dire, qui a empêché et empêche en-
core le pays de prendre tout le développement dont il
est susceptible.
» Le commerce libre trouvera son compte à ces me-
sures et fera circuler à son tour l'aisance dans toutes
les classes de la population. Dans l'ordre moral, l'ins-
truction, qui est la base de tout progrès, et la bonne
distribution de la justice, qui est la base de toute sé-
curité, auront toute ma sollicitude. De l'ordre dans les
finances et dans l'administration, et d'une bonne dis-
tribution de la justice résultera plus de facilité et de
sécurité dans les relations européennes avec le pays.
,, J'espère, Messieurs, que, persuadés des sentiments
qui m'animent, vous me prêterez toujours votre con-
cours loyal et éclairé. »
Le consul de France, M. de Beauval, a pris en-
suite la parole. Il a dit que le gouvernement fran-
çais avait toujours recommandé que le système des
corvées ne fùt pas appliqué aux travaux du canal
de Suez.
Le vice-roi a répondu qu'il n'avait jamais pensé
que la France fût disposée à favoriser un pareil sys-
tème, et qu'il n'avait pas voulu parler du canal de
Suez.
Le discours du vice-roi a produit un grand effet.
Toutes les mesures prises indiquent un gouverne-
ment sage, éclairé et civilisateur.
L'opinion publique en Europe n'a pas hésité à sa-
luer de ses plus chères espérances le nouveau sou-
verain de l'Égypte. Son discours aux consuls a reçu
les éloges des divers organes de la presse euro-
péenne sans exception. Les réformes nouvelles qu'il
promet, le but qu'il se propose, les mesures qu'il
compte adopter, lui assureront la sympathie de
toutes les puissances occidentales.
S. A. Ismaïl-Pacha trouve l'Egypte dans des con-
ditions de paix, de richesse et de prospérité qu'il lui
sera facile de développer encore. Son attention s'est
depuis longtemps déjà portée, dans le calme de la
retraite, sur les améliorations dont est susceptible
l'administration qu'il a à diriger. 11 en a donné des
preuves nombreuses pendant les deux intérim qui
lui ont été confiés. Il a montré un esprit d'ordre et
d'organisation qui va certainement porter ses fruits
plus amplement maintenant qu'il est au pouvoir.
S. A. s'est, au surplus, mise immédiatement à
l'œuvre. Suivant des informations particulières qu'elle
aurait reçues d'Alexandrie 24 janvier, la France,
dans son numéro du 28, annonce que le nouveau
vice-roi travaillait activement pour se mettre au cou-
rant des affaires. Il avait jusqu'à ce moment con-
servé les-ministres de son prédécesseur, et paraissait
vouloir réaliser prochainement plusieurs améliora-
tions importantes. Parmi ces améliorations, on citait
la réorganisation du conseil d'État, auquel serait
soumis l'examen de toutes les questions financières
et administratives sur lesquelles il aurait à donner
son opinion. Le conseil d'Élat actuel, constitué par
un décret du mois de novembre 1856, se compose
des princes du sang, de quatre généraux et de
quatre grands dignitaires. Le nombre de ses membres
serait doublé, et il siégerait en permanence comme
cela a lieu pour les assemblées du même genre en
Europe.
Quant à nous, nous avons trop de confiance dans
la haute intelligence d'Ismaïl Pacha, dans sa con-
naissance des besoins de l'époque, dans son désir
d'augmenter et protéger dans son pays les sources
de cette civilisation qu'il a été à même de connaître
et d'apprécier en France, pour craindre un instant
de voir dégénérer entre ses mains les grands travaux
d'utilité publique qui ont fait la gloire de ses prédé-
cesseurs Méhemet-Ali, Ibrahim-Pacha, et Saïd-Pacha,
et qui resteront parmi leurs plus beaux titres aux
yeux de la postérité.
Les encouragements donnés par le dernier vice-
roi aux travaux du canal maritime de Suez, qui doit
apporter ses bienfaits à l'Egypte et au commerce
général, ne lui feront point défaut sous le règne qui
s'inaugure ; l'opposition aveugle de l'Angleterre pa-
raît éteinte ; l'ambassadeur de la Grande-Bretagne a
fait tout récemment un appel à la paix et à la con-
corde qui ne doit pas être un vain mot ; le gouver-
nement français n'aura point à protéger ou défendre
une entreprise où sont engagés les intérêts de la
France et du monde entier; et S. A. Ismaïl-Pacha,
reconnaissant, avec la droiture et l'esprit de loyauté
dont il a toujours témoigné, les engagements et obli-
gations de son prédécesseur, aura le bonheur de voir
terminer un travail assez grand par ses difficultés
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