Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1863 01 février 1863
Description : 1863/02/01 (A8,N159). 1863/02/01 (A8,N159).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203238r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
4* i;' L'ISTHME DE SUEZ,
ils d'or et : d'argent appelés autoclaves, et des toiles d'or
iagemméës (semées d. ierrerieà), dites crysoclaves, qui
joiiissaient d'une imdrense célébrité.
- De ce que nous Tenons de dire, il résulte que le
marché principal de l'Asie fut d'abord Alexandrie, puis
Constantinople. v0n aura remarqué le développement
parallèle de l'industrie fabricante et du commerce.
Alexandrie et Constantinople sentirent le besoin de
créer des articles d'échange. Nous verrons les mêmes
causes produire, en leur temps, les mêmes effets en
Italie.
» J'ai montré Bysance siège du christianisme, des arts
et du commerce.
» Nous allons voir la suprématie commerciale passer
des Grecs aux Arabes.
» Un siècle s'était à peine écoulé depuis la mort de
Mahomet, que sous les noms divers de Sarrasins, de
Musulmans et de Mahométana, nous les trouvons maîtres
de toutes les provinces de l'Asie appartenant primitive-
ment aux Perses et aux Romains. Nous les voyons
s'impatroniser en Egypte, s'établir dans le nord de
l'Afrique, pénétrer en Sicile et subjuguer l'Espagne.
» Ce furent là des temps de larmes et de sang, mais
à ces féroces guerriers qui brûlaient à Alexandrie les
archives de l'esprit humain, succédèrent des califes amis
des lettres et de tous les arts pacifiques. Les Arabes
devinrent le plus intelligent des peuples dans la navi-
gation et le commerce. On les rencontrait partout où
touchaient les flots de la Méditerranée, et au XIe siècle
ils étaient à la tête d'un commerce considérable à Pise.
Ils habitaient une partie de la ville appelée Kinsik, mot
arabe signifiant magasin ou boutique. Aujourd'hui encore
le quartier de Saint-Martin, à Pise, se nomme Saint-
Martin-in-Kisica. L'historien Luitprand parle beaucoup
du concours de cette gent étrangère aux embouchures de
l'Arno ; et le moine Donizzone déplore que la célèbre
duchesse Béatrix repose dans une ville souillée par la
présence de tant de païens, Africains, Turcs, Lybiens et Chal-
déens.
» Au temps dont nous parlons, la Méditerranée était
sillonnée en tous sens par les navigateurs musulmans.
Ces navigateurs étaient arabo-syriaques, ambo-africains,
arabo-siciliens, arabo-espagnols. Tous étaient également
adonnés aux arts industriels, et les peuples italiens
ainsi que ceux du Nord, réduits à se vêtir d'étoffes gros-
sières ou sans éclat, admiraient doublement et en-
viaient les riches tissus alexandrins, les splendides tapis
égyptiens, les gracieux voiles espagnols, et, par-dessus
tout, les admirables tissus de soie ornés de fantastiques
broderies et appelés alors draps à nuances. Selon la des-
cription que nous en a laissée un chroniqueur contem-
porain, on voyait sur ces étoffes, reproduits en vives
couleurs, des figures de toute sorte, des armes, des
trophées, des devises, des fleurs, des fruits, des ani-
maux, et jusques à des paysages entiers.
» En étudiant avec quelque attention les documents
que nous fournit l'histoire maritime et commerciale de
cette époque, on ne peut assez admirer le génie d'un
peuple passant, par une transition sans exemple dans
sa rapidité, de la barbarie la plus, sauvage au règne de
la plus élégante civilisation. De l'Espagne à la Chine,
les Arabes avaient des relations établies, des comptoirs
et des marchés. Leurs califes eux-mêmes ne dédai-
gnaient point les spéculations maritimes. L'histoire fait
mention d'un navire que fit construire Abd-el-Rahaman,
l'un des rois maures de Valence. Ce bâtiment, de gran-
deur prodigieuse, fut chargé d'innombrables marchan-
dises et expédié en Asie, où ces marchandises furent
vendues ou échangées contre les produits de ces régions.
» Au IXC siècle, Kaboul et Canouge, sur le Gange,
étaient les points centraux du commerce arabe. Leurs
vaisseaux descendant le fleuve, touchaient à Serendib,
où ils se procuraient les perles, les épices et ce bois de
teinture si célèbre au moyen âge sous le nom de lignum
Bresile. Il est certain que leurs trafiquants pénétrèrent
jusqu'en Chine, soit par la voie de terre, soit par la voie
de mer. Par la première, ils traversaient les vastes so-
litudes du Thibet; par la seconde, partant du golfe
Persique, ils oitfre-passaient le cap Comarni qui forme
la pointe méridionale de l'Hindoustan, et, entrant dans
la mer de Chine par le détroit de Malacca, ils arrivaient
à Can-fo-ut, aujourd'hui Quen-tong, ou Canton. Malgré
la répulsion des Chinois pour les étrangers, et les ri-
goureuses mesures de défiance et de précautions prises
par eux contre ces derniers, de nombreux négociants
arabes étaient parvenus à s'établir à Can-fo-ut; ils ob-
tinrent même d'y posséder un cadi pour l'exercice de
leur religion, et l'administration de la justice. Je ne sais
s'il existe d'exemple plus ancien d'un consul étranger
admis dans un port du Céleste-Empire.
D Les marchandises expédiées de Can-fo-ut entraient
dans le golfe Persique, et, de là, par l'Euphrate, arri-
vaient à Bassora, premier marché de l'Asie centrale. Le
Caire, à son tour, était le centre d'un mouvement com-
mercial important, sa position se prêtant à la naviga-
tion du Nil et à celle de la mer Rouge.
» Les Arabes avaient enseigné aux Italiens la navi-
gation et le commerce ; ils avaient été leurs maîtres
dans toutes les sciences et dans tous les arts. Les Ita-
liens allaient leur succéder,et nous verrons la suprématie
commerciale passer à ces derniers, du moment où les
Arabes cesseront d'être les voituriers des produits asia-
tiques dans la Méditerranée.
» L'immense et bienfaisante influence que les Croi-
sades exercèrent sur l'Europe, n'a' plus besoin d'être
défendue aujourd'hui : c'est un sujet épuisé.
» Ce mouvement sans exemple qui jeta, pour ainsi
dire, l'Europe sur l'Asie, devait avoir dans l'ordre pro-
videntiel des résultats proportionnés à la grandeur de
l'événement. Nous nous arrêterons à ceux-là seuls qui
rentrent dans notre cadre.
» Les Croisés, originaires de contrées où les com-
modités de la vie et les produits de l'industrie étaient
rares et limités, ne purent être que vivement impres-
sionnés de la magnificence orientale. En fait, la dévotion
cessa promptement d'être l'unique motif des pèlerinages
en terre sainte. Les pèlerins étaient devenus négociants.
— Les princes chrétiens, en Orient, avaient de conti-
nuelles occasions de réclamer l'appui et d'invoquer les
secours des cités maritimes de l'Italie : elles surent
habilement profiter de la circonstance. Dans toutes les
ils d'or et : d'argent appelés autoclaves, et des toiles d'or
iagemméës (semées d. ierrerieà), dites crysoclaves, qui
joiiissaient d'une imdrense célébrité.
- De ce que nous Tenons de dire, il résulte que le
marché principal de l'Asie fut d'abord Alexandrie, puis
Constantinople. v0n aura remarqué le développement
parallèle de l'industrie fabricante et du commerce.
Alexandrie et Constantinople sentirent le besoin de
créer des articles d'échange. Nous verrons les mêmes
causes produire, en leur temps, les mêmes effets en
Italie.
» J'ai montré Bysance siège du christianisme, des arts
et du commerce.
» Nous allons voir la suprématie commerciale passer
des Grecs aux Arabes.
» Un siècle s'était à peine écoulé depuis la mort de
Mahomet, que sous les noms divers de Sarrasins, de
Musulmans et de Mahométana, nous les trouvons maîtres
de toutes les provinces de l'Asie appartenant primitive-
ment aux Perses et aux Romains. Nous les voyons
s'impatroniser en Egypte, s'établir dans le nord de
l'Afrique, pénétrer en Sicile et subjuguer l'Espagne.
» Ce furent là des temps de larmes et de sang, mais
à ces féroces guerriers qui brûlaient à Alexandrie les
archives de l'esprit humain, succédèrent des califes amis
des lettres et de tous les arts pacifiques. Les Arabes
devinrent le plus intelligent des peuples dans la navi-
gation et le commerce. On les rencontrait partout où
touchaient les flots de la Méditerranée, et au XIe siècle
ils étaient à la tête d'un commerce considérable à Pise.
Ils habitaient une partie de la ville appelée Kinsik, mot
arabe signifiant magasin ou boutique. Aujourd'hui encore
le quartier de Saint-Martin, à Pise, se nomme Saint-
Martin-in-Kisica. L'historien Luitprand parle beaucoup
du concours de cette gent étrangère aux embouchures de
l'Arno ; et le moine Donizzone déplore que la célèbre
duchesse Béatrix repose dans une ville souillée par la
présence de tant de païens, Africains, Turcs, Lybiens et Chal-
déens.
» Au temps dont nous parlons, la Méditerranée était
sillonnée en tous sens par les navigateurs musulmans.
Ces navigateurs étaient arabo-syriaques, ambo-africains,
arabo-siciliens, arabo-espagnols. Tous étaient également
adonnés aux arts industriels, et les peuples italiens
ainsi que ceux du Nord, réduits à se vêtir d'étoffes gros-
sières ou sans éclat, admiraient doublement et en-
viaient les riches tissus alexandrins, les splendides tapis
égyptiens, les gracieux voiles espagnols, et, par-dessus
tout, les admirables tissus de soie ornés de fantastiques
broderies et appelés alors draps à nuances. Selon la des-
cription que nous en a laissée un chroniqueur contem-
porain, on voyait sur ces étoffes, reproduits en vives
couleurs, des figures de toute sorte, des armes, des
trophées, des devises, des fleurs, des fruits, des ani-
maux, et jusques à des paysages entiers.
» En étudiant avec quelque attention les documents
que nous fournit l'histoire maritime et commerciale de
cette époque, on ne peut assez admirer le génie d'un
peuple passant, par une transition sans exemple dans
sa rapidité, de la barbarie la plus, sauvage au règne de
la plus élégante civilisation. De l'Espagne à la Chine,
les Arabes avaient des relations établies, des comptoirs
et des marchés. Leurs califes eux-mêmes ne dédai-
gnaient point les spéculations maritimes. L'histoire fait
mention d'un navire que fit construire Abd-el-Rahaman,
l'un des rois maures de Valence. Ce bâtiment, de gran-
deur prodigieuse, fut chargé d'innombrables marchan-
dises et expédié en Asie, où ces marchandises furent
vendues ou échangées contre les produits de ces régions.
» Au IXC siècle, Kaboul et Canouge, sur le Gange,
étaient les points centraux du commerce arabe. Leurs
vaisseaux descendant le fleuve, touchaient à Serendib,
où ils se procuraient les perles, les épices et ce bois de
teinture si célèbre au moyen âge sous le nom de lignum
Bresile. Il est certain que leurs trafiquants pénétrèrent
jusqu'en Chine, soit par la voie de terre, soit par la voie
de mer. Par la première, ils traversaient les vastes so-
litudes du Thibet; par la seconde, partant du golfe
Persique, ils oitfre-passaient le cap Comarni qui forme
la pointe méridionale de l'Hindoustan, et, entrant dans
la mer de Chine par le détroit de Malacca, ils arrivaient
à Can-fo-ut, aujourd'hui Quen-tong, ou Canton. Malgré
la répulsion des Chinois pour les étrangers, et les ri-
goureuses mesures de défiance et de précautions prises
par eux contre ces derniers, de nombreux négociants
arabes étaient parvenus à s'établir à Can-fo-ut; ils ob-
tinrent même d'y posséder un cadi pour l'exercice de
leur religion, et l'administration de la justice. Je ne sais
s'il existe d'exemple plus ancien d'un consul étranger
admis dans un port du Céleste-Empire.
D Les marchandises expédiées de Can-fo-ut entraient
dans le golfe Persique, et, de là, par l'Euphrate, arri-
vaient à Bassora, premier marché de l'Asie centrale. Le
Caire, à son tour, était le centre d'un mouvement com-
mercial important, sa position se prêtant à la naviga-
tion du Nil et à celle de la mer Rouge.
» Les Arabes avaient enseigné aux Italiens la navi-
gation et le commerce ; ils avaient été leurs maîtres
dans toutes les sciences et dans tous les arts. Les Ita-
liens allaient leur succéder,et nous verrons la suprématie
commerciale passer à ces derniers, du moment où les
Arabes cesseront d'être les voituriers des produits asia-
tiques dans la Méditerranée.
» L'immense et bienfaisante influence que les Croi-
sades exercèrent sur l'Europe, n'a' plus besoin d'être
défendue aujourd'hui : c'est un sujet épuisé.
» Ce mouvement sans exemple qui jeta, pour ainsi
dire, l'Europe sur l'Asie, devait avoir dans l'ordre pro-
videntiel des résultats proportionnés à la grandeur de
l'événement. Nous nous arrêterons à ceux-là seuls qui
rentrent dans notre cadre.
» Les Croisés, originaires de contrées où les com-
modités de la vie et les produits de l'industrie étaient
rares et limités, ne purent être que vivement impres-
sionnés de la magnificence orientale. En fait, la dévotion
cessa promptement d'être l'unique motif des pèlerinages
en terre sainte. Les pèlerins étaient devenus négociants.
— Les princes chrétiens, en Orient, avaient de conti-
nuelles occasions de réclamer l'appui et d'invoquer les
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