Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1863 01 février 1863
Description : 1863/02/01 (A8,N159). 1863/02/01 (A8,N159).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203238r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
dl JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 45
veloppant chez eux que les insatiables appétits du luxe,
ne constituait à Rome qu'une usure dévorante.
» L'embouchure du Tibre devint le plus grand mar-
ché de l'univers. Rome, qui absorbait les richesses du
monde alors connu, tirait tout du dehors, à commencer
par les objets de la plus absolue nécessité.
D Jusqu'au règne d'Auguste, la navigation ne s'était
point aventurée franchement au-delà de la Méditerra-
née. Sous cet empereur, de nombreuses flottes de mar-
chands alexandrins explorèrant le golfe qui sépare l'A-
rabie de l'Égypte. Une fois entrés dans cet Océan
oriental inconnu, quelques-uns abordèrent aux côtes
de l'Éthiopie; d'autres poussèrent au Gange. Bientôt
les richesses de l'Inde et les produits non moins précieux
de l'Ethiopie devinrent l'objet d'une navigation réguliè-
rement organisée par cet Océan. Sous lesPtolémées,
l'Égypte était arrivée au plus haut degré de prospérité.
Riche de ses produits naturels et artificiels, le com-
merce lui versait, en outre, d'incalculables trésors. Les
Romains s'emparèrent du royaume, de ses richesses et
de son commerce. Mais, nous l'avons déjà dit, les Ro-
mains achetaient, consommaient et ne produisaient pas ;
le commerce des Indes continua à être pour eux passif
et ruineux, et à profiter exclusivement aux Alexandrins,
ministres et facteurs de ce commerce. Alexandrie Ro-
rissait encore longtemps après la décadence de Rome.
Sa splendeur ne commença à s'éteindre et elle ne perdit
son importance que lorsque le commerce des Indes cessa
de prendre sa voie par l'Égypte.
» Quelques mots encore sur cette grande cité.
D Alexandre, maître d'une grande partie de l'Asie et
aspirant à la posséder tout entière, comprit, avec l'in-
tuition du génie, qu'une ville assise sur les rives de la
Méditerranée, séparée, mais par un court trajet seule-
ment, du golfe Arabique, serait appelée à dominer tôt
ou tard le commerce de l'Asie et de l'Europe, de la Mé-
diterranée et du grand Océan oriental. De cette pensée
naquit Alexandrie. Quand les Français, conduits par
Bonaparte, furent les maîtres de l'Égypte, le vainqueur
des Pyramides rendit hommage à la perspicacité du
héros macédonien, et attacha tant de prix au rétablis-
sement des communications entre la vallée du Nil et la
mer Rouge, qu'il en fit faire l'étude par M. Le Père,
ingénieur des ponts et chaussées, et commença en per-
sonne la reconnaissance de l'ancien canal du Prince des
Croyants, par lequel s'effectuaient autrefois les commu-
nications. « Il semblait être dans la destinée de cette
® grande œuvre, fait observer M. Michel Chevalier, que
» tous les conquérants de l'Égypte fussent jaloux d'y
» attacher leur nom. »
» La pensée qui détermina la fondation d'Alexandrie
inspira à Constantin celle de donner son nom à Byzance
et d'y transporter le siége de l'empire romain. Située
entre deux mers, — à la pointe extrême d'Europe et
presque en contact immédiat avec l'Asie, — la nouvelle
métropole semblait, par sa position exceptionnellement
heureuse, destinée à devenir l'arbitre souveraine du
commerce des deux continents. Elle le devint en effet.
Les Alexandrins, continuant leur trafic avec les Indes,
cherchèrent à Constantinoplè ce marché qu'ils ne trou-
vaient plus dans l'ancienne capitale de l'empire dépeu-
plée et appauvrie. Mais le commerce des Indes,- celui
de l'Asie centrale et méridionale,— ne passait déjà plus
exclusivement par l'Egypte. Il suivait d'autres voies
subalternes dont nous indiquerons brièvement ici les
principales.
Les marchandises des Indes, entrant par la commune
embouchure de l'Euphrate et du Tigre, remontaient le
fleuve jusqu'à Babylone, et, depuis la destruction de
cette ville, jusqu'à Batnès. De Batnès, elles étaient
transportées à Palmyre et à Tyr par voie de terre.
D'autres marchands traversant le pays des Scénites
(Arabes nomades), et la Mésopotamie, se dirigaient vers
les ports de la Syrie.
Une troisième voie principale était celle de l'indus à
Battri, descendant l'Oxus jusqu'à la mer Caspienne,
d'où les marchandises s'acheminaient à la mer Noire.
Sans entrer ici dans la discussion relative à l'ancienne
embouchure de l'Oxus, il est certain qu'une grande
ligne commerciale communiquait de Battri à Maracanda
(la moderne Samarcand), d'où les expéditions pénétraient
ensuite dans le Pont-Euxin.
Ces diverses routes étaient comme les grandes ar-
tères par lesquelles le commerce" de l'Asie coulait en
Europe, si je puis m'exprimer ainsi. Il en existait beau-
coup d'autres, moins importantes, moins fréquentées,
veines capillaires de ce grand mouvement, et par les-
quelles les produits de l'extrême Orient arrivaient aux
différents ports asiatiques de la Méditerranée et de la
mer Noire.
Tels étaient les canaux maritimes, fluviaux et terres
tres qui, de tous les points de l'Asie, en faisaient affluer les
produits à Constantinople, lorsque cette ville devint la
métropole de l'empire et le séjour des empereurs. Mais
à la différence de l'ancienne Rome qui absorbait tout
ce qui venait se verser dans son sein, la nouvelle capi-
tale cédait son superflu aux provinces et approvision-
nait l'Occident. Les arts industriels y furent cultivés
avec un succès inconnu jusque-là. Malgré l'affaiblisse-
ment de l'empire, et la longue agonie dont il subit les
douloureuses phases, la résidence des Césars chrétiens
fut l'asile d'une civilisation dont les besoins et les goûts
portèrent les arts à la plus haute perfection. Les mal-
heurs publics ne ralentirent point l'activité des négo-
ciants byzantins, Il paraît hors de doute qu'ils entre-
tinrent des relations directes avec Serendib, que les uns
croient être l'ancienne Taprobane, aujourd'hui Ceylan,
d'autres l'ile de Sumatra. L'industrie chez eux ne resta
point au-dessous de l'intelligence commerciale. Les
étoffes byzantines étaient tenues en haute valeur. Tout
le monde sait comment, sous Justinien, les œufs de
vers à soie arrivèrent en premier lieu à Constantinople,
et quels soins prit l'empereur pour assurer l'expansion
de cette précieuse semence. Les mûriers, appelés mori,
se répandirent dans toute la Grèce, d'où vient au Pélo-
ponèse le nom de Morée. — Dans la capitale et dans
les villes limitrophes fleurissait le travail de la laine. Il
s'y fabriquait également des draps de soie, mêlés de
veloppant chez eux que les insatiables appétits du luxe,
ne constituait à Rome qu'une usure dévorante.
» L'embouchure du Tibre devint le plus grand mar-
ché de l'univers. Rome, qui absorbait les richesses du
monde alors connu, tirait tout du dehors, à commencer
par les objets de la plus absolue nécessité.
D Jusqu'au règne d'Auguste, la navigation ne s'était
point aventurée franchement au-delà de la Méditerra-
née. Sous cet empereur, de nombreuses flottes de mar-
chands alexandrins explorèrant le golfe qui sépare l'A-
rabie de l'Égypte. Une fois entrés dans cet Océan
oriental inconnu, quelques-uns abordèrent aux côtes
de l'Éthiopie; d'autres poussèrent au Gange. Bientôt
les richesses de l'Inde et les produits non moins précieux
de l'Ethiopie devinrent l'objet d'une navigation réguliè-
rement organisée par cet Océan. Sous lesPtolémées,
l'Égypte était arrivée au plus haut degré de prospérité.
Riche de ses produits naturels et artificiels, le com-
merce lui versait, en outre, d'incalculables trésors. Les
Romains s'emparèrent du royaume, de ses richesses et
de son commerce. Mais, nous l'avons déjà dit, les Ro-
mains achetaient, consommaient et ne produisaient pas ;
le commerce des Indes continua à être pour eux passif
et ruineux, et à profiter exclusivement aux Alexandrins,
ministres et facteurs de ce commerce. Alexandrie Ro-
rissait encore longtemps après la décadence de Rome.
Sa splendeur ne commença à s'éteindre et elle ne perdit
son importance que lorsque le commerce des Indes cessa
de prendre sa voie par l'Égypte.
» Quelques mots encore sur cette grande cité.
D Alexandre, maître d'une grande partie de l'Asie et
aspirant à la posséder tout entière, comprit, avec l'in-
tuition du génie, qu'une ville assise sur les rives de la
Méditerranée, séparée, mais par un court trajet seule-
ment, du golfe Arabique, serait appelée à dominer tôt
ou tard le commerce de l'Asie et de l'Europe, de la Mé-
diterranée et du grand Océan oriental. De cette pensée
naquit Alexandrie. Quand les Français, conduits par
Bonaparte, furent les maîtres de l'Égypte, le vainqueur
des Pyramides rendit hommage à la perspicacité du
héros macédonien, et attacha tant de prix au rétablis-
sement des communications entre la vallée du Nil et la
mer Rouge, qu'il en fit faire l'étude par M. Le Père,
ingénieur des ponts et chaussées, et commença en per-
sonne la reconnaissance de l'ancien canal du Prince des
Croyants, par lequel s'effectuaient autrefois les commu-
nications. « Il semblait être dans la destinée de cette
® grande œuvre, fait observer M. Michel Chevalier, que
» tous les conquérants de l'Égypte fussent jaloux d'y
» attacher leur nom. »
» La pensée qui détermina la fondation d'Alexandrie
inspira à Constantin celle de donner son nom à Byzance
et d'y transporter le siége de l'empire romain. Située
entre deux mers, — à la pointe extrême d'Europe et
presque en contact immédiat avec l'Asie, — la nouvelle
métropole semblait, par sa position exceptionnellement
heureuse, destinée à devenir l'arbitre souveraine du
commerce des deux continents. Elle le devint en effet.
Les Alexandrins, continuant leur trafic avec les Indes,
cherchèrent à Constantinoplè ce marché qu'ils ne trou-
vaient plus dans l'ancienne capitale de l'empire dépeu-
plée et appauvrie. Mais le commerce des Indes,- celui
de l'Asie centrale et méridionale,— ne passait déjà plus
exclusivement par l'Egypte. Il suivait d'autres voies
subalternes dont nous indiquerons brièvement ici les
principales.
Les marchandises des Indes, entrant par la commune
embouchure de l'Euphrate et du Tigre, remontaient le
fleuve jusqu'à Babylone, et, depuis la destruction de
cette ville, jusqu'à Batnès. De Batnès, elles étaient
transportées à Palmyre et à Tyr par voie de terre.
D'autres marchands traversant le pays des Scénites
(Arabes nomades), et la Mésopotamie, se dirigaient vers
les ports de la Syrie.
Une troisième voie principale était celle de l'indus à
Battri, descendant l'Oxus jusqu'à la mer Caspienne,
d'où les marchandises s'acheminaient à la mer Noire.
Sans entrer ici dans la discussion relative à l'ancienne
embouchure de l'Oxus, il est certain qu'une grande
ligne commerciale communiquait de Battri à Maracanda
(la moderne Samarcand), d'où les expéditions pénétraient
ensuite dans le Pont-Euxin.
Ces diverses routes étaient comme les grandes ar-
tères par lesquelles le commerce" de l'Asie coulait en
Europe, si je puis m'exprimer ainsi. Il en existait beau-
coup d'autres, moins importantes, moins fréquentées,
veines capillaires de ce grand mouvement, et par les-
quelles les produits de l'extrême Orient arrivaient aux
différents ports asiatiques de la Méditerranée et de la
mer Noire.
Tels étaient les canaux maritimes, fluviaux et terres
tres qui, de tous les points de l'Asie, en faisaient affluer les
produits à Constantinople, lorsque cette ville devint la
métropole de l'empire et le séjour des empereurs. Mais
à la différence de l'ancienne Rome qui absorbait tout
ce qui venait se verser dans son sein, la nouvelle capi-
tale cédait son superflu aux provinces et approvision-
nait l'Occident. Les arts industriels y furent cultivés
avec un succès inconnu jusque-là. Malgré l'affaiblisse-
ment de l'empire, et la longue agonie dont il subit les
douloureuses phases, la résidence des Césars chrétiens
fut l'asile d'une civilisation dont les besoins et les goûts
portèrent les arts à la plus haute perfection. Les mal-
heurs publics ne ralentirent point l'activité des négo-
ciants byzantins, Il paraît hors de doute qu'ils entre-
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croient être l'ancienne Taprobane, aujourd'hui Ceylan,
d'autres l'ile de Sumatra. L'industrie chez eux ne resta
point au-dessous de l'intelligence commerciale. Les
étoffes byzantines étaient tenues en haute valeur. Tout
le monde sait comment, sous Justinien, les œufs de
vers à soie arrivèrent en premier lieu à Constantinople,
et quels soins prit l'empereur pour assurer l'expansion
de cette précieuse semence. Les mûriers, appelés mori,
se répandirent dans toute la Grèce, d'où vient au Pélo-
ponèse le nom de Morée. — Dans la capitale et dans
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