Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1863 15 janvier 1863
Description : 1863/01/15 (A8,N158). 1863/01/15 (A8,N158).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203237b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 31
Un certain nombre de jeunes gens sont désignés dans
chaque village; ils se rendent sur les lieux des tra-
vaux, dirigés et commandés par leurs cheiks. Ceux-ci
surveillent le travail, sous le commandement supérieur
du haut agent du vice-roi, Ismaïl-Bey, qui est chargé
aussi de veiller à leur bien-être , à l'exécution des
clauses du contrat, et à la discipline des ateliers. Il est
l'intermédiaire pour tout ce qui concerne le service
entre les indigènes et les employés de la Compagnie.
Ceux-ci ne peuvent eux-mêm,3S infliger aux fellahs au-
cune espèce de punition ; cette charge est exclusive-
ment confiée à l'agent dont nous venons de parler, à
Ismaïl-Bey.
» Les contingents de fellahs se succèdent et se re-
nouvellent chaque mois. Arrivés sur les lieux, les di-
vers ateliers sont distribués sur le terrain de leur tâ-
che, qui s'élève à 30 mètres de terre à déblayer par
homme. Après quoi, les contingents sont libres de re-
tourner dans leurs villages. Les tâches achevées, ces
hommes sont réunis, et il est procédé à la paye de
chacun, suivant le travail qu'il a accompli.
» La Compagnie paye ses travailleurs directement
et en espèces. De plus, elle les approvisionne de vi-
vres de toute nature. Aussi est-ce par. centaines de
mille kilogramme que l'on compte les biscuits trans -
portés chaque mois sur le seuil d'El-Guisr. Ce service
d'intendance spécial est dirigé par un ancien intendant
militaire français, qui veille à l'approvisionnement de
tous les chantiers.
» Le mètre cube de déblais est payé à ces hommes
40, 50 ou 60 centimes, suivant la nature du terrain ;
et c'est là un prix suffisamment rémunérateur pour un
Arabe. Il ne le serait pas, sans doute, pour un Euro-
péen qui est accoutumé à un bien-être relatif; mais
les fellahs aiment mieux vivre en plein air que dans
les cabanes qu'on leur a construites. Avec un peu de
biscuit, des lentilles et des oignons, ils se nourrissent
à leur gré, et s'estiment parfaitement heureux. L'ou-
vrier égyptien qui retourne dans son villages avec 8
ou 10 francs, après l'achèvement de sa tâche men-
suelle, se regarde comme convenablement rétribué.
» La main-d'œuvre et les approvisionnements une
fois assurés, le premier coup de pioche fut donné, en
1859, sur la plage, alors déserte, de Port-Saïd.
» L'ensemble du plan d'exécution du canal de Suez
se compose de deux ordres de travaux distincts :
» 1° L'exécution du grand canal navigable entre les
deux mers ;
» 2° L'exécution d'un canal d'eau douce.
» Le canal maritime est destiné, on le sait, à ouvrir
entre la mer Rouge et la Méditerranée une communi-
cation navigable. Le canal d'eau douce aura pour fonc-
tion de relier le canal maritime à toute la vallée du
Nil, d'assurer, pendant toute la durée des travaux, les
approvisionnements aux ouvriers, et de pourvoir à l'ir-
rigation des terres à mesure de leur mise en culture.
» Nous nous occuperons d'abord du canal maritime,
en indiquant les difficultés qu'a présentées et que pré-
sente encore son creusement; nous ferons aussi con-
naître l'état des contrées à travers lesquelles va passer
ce canal, et la situation actuelle des travaux.
» De Port-Saïd, sur la Méditerranée, à Suez, sur la
mer Rouge, le canal maritime s'étendra, du nord au
sud, sur une ligne de 150 kilomètres. De ces 150 kilo-
mètres, 100 sont au-dessous et 50 seulement au-dessus
du niveau de la mer. Les 100 kilomètres du tracé qui
sont au-dessous du niveau de la mer se décomposent
comme il suit :
» Parcours du lac Menzaleh. 38 kilomètres.
— du lac Ballah 14 —
— du lac Timsah. 8 —
— des lacs Amers 40 —
Total 100 kilomètres.
» Les 50 kilomètres qui sont au-dessus du niveau de
la mer, se répartissent ainsi :
» Dunes de Ferdane et seuil d'El-Guisr entre les lacs
Ballah et Timsah 14 kilomètres.
» Seuil du Sérapéum , entre le lac
Timsah et les lacs Amers. 14 —
» Plaine de Suez, entre les lacs
Amers et la mer Rouge 22 —
Total. 50 kilomètres.
» Ce point une fois établi par les ingénieurs, les tra-
vaux de canalisation furent divisés en deux sections.
La première s'étend de Port-Saïd au lac Timsah; la
seconde, du lac Timsah à Suez. Tous les efforts de l'en-
treprise ont porté, jusqu'à ce jour, presque exclusive-
ment sur la première de ces sections. Quant à la se
conde, on ne se propose de l'attaquer que dans le cou-
rant de la campagne ]863; on s'est borné jusqu'ici à
faire les études préliminaires et à préparer les campe-
.ments des ouvriers et l'installation générale.
» La première section, de Port-Saïd au lac Timsah,
présentait les plus sérieuses difficultés: de là dépen-
dait le succès de l'entreprise. Disons tout de suite que
les obstacles de ce côté sont aujourd'hui surmontés.
» Les principaux points de cette section sont Port-
Saïd sur la Méditerranée, Ras-el-Ech, Cantara, Ferdane
et le seuil d'El-Guisr. Elle forme un parcours de 66 ki-
lomètres que nous allons faire suivre au lecteur.
» Port-Saïd n'était, en 1859, qu'une plage unie, bat-
tue par les flots de la mer, et déserte au point que les
premiers travailleurs durent camper sous des tentes.
Il fallait, en premier lieu, faciliter les abords du côté
de la mer ; car c'est par Port-Saïd que l'isthme tout en-
tier devait recevoir d'Europe ses machines, ses maté-
riaux et ses instruments de travail. En 1860, on y éta-
blit un phare et un appontement sur pilotis, qui s'a-
vance maintenant de 450 mètres dans la mer, par une
profondeur de 3m,50.
» LOUIS FIGUIER. »
(La suite au prochain numéro.)
Un certain nombre de jeunes gens sont désignés dans
chaque village; ils se rendent sur les lieux des tra-
vaux, dirigés et commandés par leurs cheiks. Ceux-ci
surveillent le travail, sous le commandement supérieur
du haut agent du vice-roi, Ismaïl-Bey, qui est chargé
aussi de veiller à leur bien-être , à l'exécution des
clauses du contrat, et à la discipline des ateliers. Il est
l'intermédiaire pour tout ce qui concerne le service
entre les indigènes et les employés de la Compagnie.
Ceux-ci ne peuvent eux-mêm,3S infliger aux fellahs au-
cune espèce de punition ; cette charge est exclusive-
ment confiée à l'agent dont nous venons de parler, à
Ismaïl-Bey.
» Les contingents de fellahs se succèdent et se re-
nouvellent chaque mois. Arrivés sur les lieux, les di-
vers ateliers sont distribués sur le terrain de leur tâ-
che, qui s'élève à 30 mètres de terre à déblayer par
homme. Après quoi, les contingents sont libres de re-
tourner dans leurs villages. Les tâches achevées, ces
hommes sont réunis, et il est procédé à la paye de
chacun, suivant le travail qu'il a accompli.
» La Compagnie paye ses travailleurs directement
et en espèces. De plus, elle les approvisionne de vi-
vres de toute nature. Aussi est-ce par. centaines de
mille kilogramme que l'on compte les biscuits trans -
portés chaque mois sur le seuil d'El-Guisr. Ce service
d'intendance spécial est dirigé par un ancien intendant
militaire français, qui veille à l'approvisionnement de
tous les chantiers.
» Le mètre cube de déblais est payé à ces hommes
40, 50 ou 60 centimes, suivant la nature du terrain ;
et c'est là un prix suffisamment rémunérateur pour un
Arabe. Il ne le serait pas, sans doute, pour un Euro-
péen qui est accoutumé à un bien-être relatif; mais
les fellahs aiment mieux vivre en plein air que dans
les cabanes qu'on leur a construites. Avec un peu de
biscuit, des lentilles et des oignons, ils se nourrissent
à leur gré, et s'estiment parfaitement heureux. L'ou-
vrier égyptien qui retourne dans son villages avec 8
ou 10 francs, après l'achèvement de sa tâche men-
suelle, se regarde comme convenablement rétribué.
» La main-d'œuvre et les approvisionnements une
fois assurés, le premier coup de pioche fut donné, en
1859, sur la plage, alors déserte, de Port-Saïd.
» L'ensemble du plan d'exécution du canal de Suez
se compose de deux ordres de travaux distincts :
» 1° L'exécution du grand canal navigable entre les
deux mers ;
» 2° L'exécution d'un canal d'eau douce.
» Le canal maritime est destiné, on le sait, à ouvrir
entre la mer Rouge et la Méditerranée une communi-
cation navigable. Le canal d'eau douce aura pour fonc-
tion de relier le canal maritime à toute la vallée du
Nil, d'assurer, pendant toute la durée des travaux, les
approvisionnements aux ouvriers, et de pourvoir à l'ir-
rigation des terres à mesure de leur mise en culture.
» Nous nous occuperons d'abord du canal maritime,
en indiquant les difficultés qu'a présentées et que pré-
sente encore son creusement; nous ferons aussi con-
naître l'état des contrées à travers lesquelles va passer
ce canal, et la situation actuelle des travaux.
» De Port-Saïd, sur la Méditerranée, à Suez, sur la
mer Rouge, le canal maritime s'étendra, du nord au
sud, sur une ligne de 150 kilomètres. De ces 150 kilo-
mètres, 100 sont au-dessous et 50 seulement au-dessus
du niveau de la mer. Les 100 kilomètres du tracé qui
sont au-dessous du niveau de la mer se décomposent
comme il suit :
» Parcours du lac Menzaleh. 38 kilomètres.
— du lac Ballah 14 —
— du lac Timsah. 8 —
— des lacs Amers 40 —
Total 100 kilomètres.
» Les 50 kilomètres qui sont au-dessus du niveau de
la mer, se répartissent ainsi :
» Dunes de Ferdane et seuil d'El-Guisr entre les lacs
Ballah et Timsah 14 kilomètres.
» Seuil du Sérapéum , entre le lac
Timsah et les lacs Amers. 14 —
» Plaine de Suez, entre les lacs
Amers et la mer Rouge 22 —
Total. 50 kilomètres.
» Ce point une fois établi par les ingénieurs, les tra-
vaux de canalisation furent divisés en deux sections.
La première s'étend de Port-Saïd au lac Timsah; la
seconde, du lac Timsah à Suez. Tous les efforts de l'en-
treprise ont porté, jusqu'à ce jour, presque exclusive-
ment sur la première de ces sections. Quant à la se
conde, on ne se propose de l'attaquer que dans le cou-
rant de la campagne ]863; on s'est borné jusqu'ici à
faire les études préliminaires et à préparer les campe-
.ments des ouvriers et l'installation générale.
» La première section, de Port-Saïd au lac Timsah,
présentait les plus sérieuses difficultés: de là dépen-
dait le succès de l'entreprise. Disons tout de suite que
les obstacles de ce côté sont aujourd'hui surmontés.
» Les principaux points de cette section sont Port-
Saïd sur la Méditerranée, Ras-el-Ech, Cantara, Ferdane
et le seuil d'El-Guisr. Elle forme un parcours de 66 ki-
lomètres que nous allons faire suivre au lecteur.
» Port-Saïd n'était, en 1859, qu'une plage unie, bat-
tue par les flots de la mer, et déserte au point que les
premiers travailleurs durent camper sous des tentes.
Il fallait, en premier lieu, faciliter les abords du côté
de la mer ; car c'est par Port-Saïd que l'isthme tout en-
tier devait recevoir d'Europe ses machines, ses maté-
riaux et ses instruments de travail. En 1860, on y éta-
blit un phare et un appontement sur pilotis, qui s'a-
vance maintenant de 450 mètres dans la mer, par une
profondeur de 3m,50.
» LOUIS FIGUIER. »
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