Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-11-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 novembre 1858 10 novembre 1858
Description : 1858/11/10 (A3,N58). 1858/11/10 (A3,N58).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203104m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
MERCREDI 10 NOVEMBRE. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 549
ciliant et libéral, ont emporté les sympathies des cœurs les
plus insensibles et les plus indifférents.
» Peut-être le fait d'être né et de vivre parmi les peuples
de race latine nous conduit-il à exagérer la valeur d'un ca-
ractère complet, de ceux qui résistent à toutes les contra-
riétés, qui poursuivent sans dévier une idée, comme le na-
vigateur son étoile, qui consacrent toute leur volonté, toutes
leurs forces et toute leur intelligence à la réalisation d'une
pensée hardie. Pour nous, la première et la principale révé-
lation du génie, c'est la persévérance, parce que la persévé-
rance suppose la foi ardente, l'amour profond d'une idée qui
ne peut pas ne pas être grande, élevée, fille d'une véritable
inspiration, quand elle est digne d'un tel culte.
» Souvent, très-souvent, en suivant par la pensée M. de
Lesseps dans ses nombreuses excursions, pour consulter l'opi-
nion des savants, pour solliciter la protection des puissants,
pour demander l'appui des nations, luttant ici contre la
fausse science, là contre un égoïsme mal déguisé, ailleurs
contre l'incrédulité ignorante, le souvenir nous est revenu
de Colomb et d'autres génies qui ne purent exécuter leurs im-
menses projets que sous les coups de l'ingratitude que leur
drodiguèrent à pleines mains ceux-là mêmes qui devaient le
plus exploiter ces idées à leur profit.
» C'est une loi de la nature humaine, qu'il ne se réalise au-
cune grande conquête sans les difficultés et les douleurs qui
la rendent précieuse; les esprits vulgaires cèdent aux p r
mières résistances, et les hommes prédestinés seuls viennent,
à l'heure indiquée par la main de la Providence, convertir
en fait palpable ce qui avait été regardé jusque-là comme
une chimère irréalisable.
» L'idée de traverser par un canal l'isthme de Suez n'est
pas neuve ni de date récente; mais rarement il est réservé
au premier qui a conçu une idée de la réaliser. Quand le
projet est de nature à pouvoir influer considérablement sur la
vie morale et matérielle des peuples, il ne suffit pas pour la
conduire à fin de la foi d'un homme, de cette foi qui soulève
les montagnes; il faut la foi accumulée de plusieurs généra-
tions pour vaincre tous les obstacles, et lorsque le moment
est venu, un homme paraît qui, concentrant en lui tout ce
trésor de foi, frappe, comme avec un bélier irrésistible sur
toutes les préoccupations et les intérêts mesquins qui s'op-
posent à la réalisation de l'idée triomphante.
Il L'heure d'ouvrir le canal de Suez est venue; les symp-
tômes sont infaillibles : la Turquie est troublée, l'Inde se
soulève contre la domination trop exclusive d'une seule puis-
sance; la civilisation chrétienne frappe aux portes de la Chine
et du Japon; une route plus courte et qui rende plus immé-
diates et plus fréquentes les relations entre les peuples de
l'Occident et l'Orient est devenue urgente, et l'histoire nous
dit que Dieu pose toujours à côté de ces grands et légitimes
besoins reconnus les moyens de les satisfaire.
» L'heure d'ouvrir le canal de Suez est venue, parce que
l'homme a paru, qui résume en lui la foi, la volonté et la
persévérance de tous ceux qui, à des époques antérieures,
ont imaginé la réalisation de ce grand projet.
» Et aujourd'hui nous l'avons parmi nous celui qui, par la
puissance de son esprit, a vaincu toutes les difficultés, con-
verti les incrédules en croyants, les esprits pusillanimes en
partisans ardents, les ennemis irréconciliables en amis bien-
veillants ; qui, à force de constance, de loyauté et de dé-
vouement à son idée, a réussi à la rendre générale et popu-
laire en l'infiltrant dans toutes les intelligences et dans tous
les cœurs. Aussi Barcelone le reçoit-elle à bras ouverts et lui
prodigue t-elle des honneurs inusités ; parce que Barcelone, sé-
vère, réservée et peu expansive par caractère, ne peut être
ingrate envers celui qui lui prépare un avenir aussi brillant
que dans ses meilleurs jours. Barcelone, qui l'ut autrefois la
première ville maritime de la Méditerranée avant la décou-
verte du chemin de l'Inde par le cap de Bonne-Espérance,
comprend qu'avec l'ouverture de l'isthme elle recouvre et
même dépasse son ancienne splendeur; Barcelone, qui s'a-
grandit de l'agrandissement de l'Espagne, comprend qu'a-
vec l'ouverture de l'isthme de Suez nos colonies océaniques
seront une source inépuisable de richesses. op
C'est pourquoi Barcelone se lève aujourd'hui pour saluer
celui qui lui porte les clefs dorées de l'Orient, et en le recevant
dans son sein, elle lui dit avec toute l'effusion de la recon-
naissance : Soyez le bienvenu parmi nous; soyez le bien-
venu. »
BANQUET OFFERT PAR LES FRANÇAIS IÎTABLIS A BARCELONE.
« Le 21, à six heures du soir, un grand banquet donné à
l'hôtel d'Orient réunit les compatriotes de M. de Lesseps, les
autorités et les principaux personnages de Barcelone. La salle,
magnifiquement décorée, était pavoisée des couleurs unies de
France et d Espagne. Au centre de la table était placé le
président de la Commission de réception, don André Ribell,
ayant à ses côtés le Capitaine Général de la Catalogne et
M. Ferdinand de Lesseps. A droite et à gauche, on remarquait
le Président de la Cour de justice, le Gouverneur Civil de la
province; don Miguel Biada, Vice-président de la Chambre
de commerce, M. de la Garde, chargé du consulat de France,
l'Alcade Corrégidor, le délégué de la Compagnie universelle
en Catalogne, etc., etc.
» Au dessert, M. de Lesseps s'est levé pour porter un toast
à la reine d'Espagne et à la famille royate ; le Capitaine Général
y a répondu par un toast à l'Empereur des Français et ensuite
le Président de la Cour de justice a porté celui de l'Impéra-
trice. Après le toast immédiatement proposé par M. le Gouver-
neur Civil à M. Ferdinand de Lesseps, l'Alcade Corrégidor
M. de Santa-Maria, a prononcé en français un discours
bien senti, exprimant la satisfaction qu'il éprouvait de se trou-
ver en ce moment à la tête du corps municipal pour avoir l'oc-
casion de saluer M. de Lesseps et lui assurer que Barcelone
avait accueilli sa venue comme un événement heureux et
d'unaimpérissable souvenir. Le noble magistrat a terminé en
buvant d'abord à la santé de M. de Lesseps personnellement et
ensuite au succès de l'entreprise colossale qu'il a conçue et qui
rendra son nom célèbre dans l'histoire.
» Plusieurs autres discours ont été prononcés; l'un, en-
tre autres, par M. Clieron, directeur de la Société française de
bienfaisance, dont il a rappelé que M. de Lesseps avait été le
fondateur. Le président du banquet, M. Ribell, prenant aussi
la parole, a retracé rapidement les traits les plus notables de la
vie publique de M. de Lesseps; et ce discours a produit parmi
les auditeurs une vive et sympathique sensation.
,) Pendant le banquet, des airs choisis étaient joués par la
musique de l'artillerie; et la soirée s'est terminée par une séré-
nade exécutée par ce même corps^de musique, sous les fenêtres
de M. de Lesseps, au milieu du concours de toute la population
joyeuse et enthousiasmée. »
DÉLIBÉRATION ET VOTES D'ADHÉSION DU CLERGÉ ET DES CORPORATIONS
DE BARCELONE SUR L'ENTREPRISE DU CANAL DE SUEZ.
« Hier, à deux heures et demie après midi, s'est réunie
dans le magnifique salon de la Bourse, une brillante assem-
blée, invitée par la Chambre de commerce, dans le but d'être
initiée, par la juste autorité de M. de Lesseps lui-même, à
ciliant et libéral, ont emporté les sympathies des cœurs les
plus insensibles et les plus indifférents.
» Peut-être le fait d'être né et de vivre parmi les peuples
de race latine nous conduit-il à exagérer la valeur d'un ca-
ractère complet, de ceux qui résistent à toutes les contra-
riétés, qui poursuivent sans dévier une idée, comme le na-
vigateur son étoile, qui consacrent toute leur volonté, toutes
leurs forces et toute leur intelligence à la réalisation d'une
pensée hardie. Pour nous, la première et la principale révé-
lation du génie, c'est la persévérance, parce que la persévé-
rance suppose la foi ardente, l'amour profond d'une idée qui
ne peut pas ne pas être grande, élevée, fille d'une véritable
inspiration, quand elle est digne d'un tel culte.
» Souvent, très-souvent, en suivant par la pensée M. de
Lesseps dans ses nombreuses excursions, pour consulter l'opi-
nion des savants, pour solliciter la protection des puissants,
pour demander l'appui des nations, luttant ici contre la
fausse science, là contre un égoïsme mal déguisé, ailleurs
contre l'incrédulité ignorante, le souvenir nous est revenu
de Colomb et d'autres génies qui ne purent exécuter leurs im-
menses projets que sous les coups de l'ingratitude que leur
drodiguèrent à pleines mains ceux-là mêmes qui devaient le
plus exploiter ces idées à leur profit.
» C'est une loi de la nature humaine, qu'il ne se réalise au-
cune grande conquête sans les difficultés et les douleurs qui
la rendent précieuse; les esprits vulgaires cèdent aux p r
mières résistances, et les hommes prédestinés seuls viennent,
à l'heure indiquée par la main de la Providence, convertir
en fait palpable ce qui avait été regardé jusque-là comme
une chimère irréalisable.
» L'idée de traverser par un canal l'isthme de Suez n'est
pas neuve ni de date récente; mais rarement il est réservé
au premier qui a conçu une idée de la réaliser. Quand le
projet est de nature à pouvoir influer considérablement sur la
vie morale et matérielle des peuples, il ne suffit pas pour la
conduire à fin de la foi d'un homme, de cette foi qui soulève
les montagnes; il faut la foi accumulée de plusieurs généra-
tions pour vaincre tous les obstacles, et lorsque le moment
est venu, un homme paraît qui, concentrant en lui tout ce
trésor de foi, frappe, comme avec un bélier irrésistible sur
toutes les préoccupations et les intérêts mesquins qui s'op-
posent à la réalisation de l'idée triomphante.
Il L'heure d'ouvrir le canal de Suez est venue; les symp-
tômes sont infaillibles : la Turquie est troublée, l'Inde se
soulève contre la domination trop exclusive d'une seule puis-
sance; la civilisation chrétienne frappe aux portes de la Chine
et du Japon; une route plus courte et qui rende plus immé-
diates et plus fréquentes les relations entre les peuples de
l'Occident et l'Orient est devenue urgente, et l'histoire nous
dit que Dieu pose toujours à côté de ces grands et légitimes
besoins reconnus les moyens de les satisfaire.
» L'heure d'ouvrir le canal de Suez est venue, parce que
l'homme a paru, qui résume en lui la foi, la volonté et la
persévérance de tous ceux qui, à des époques antérieures,
ont imaginé la réalisation de ce grand projet.
» Et aujourd'hui nous l'avons parmi nous celui qui, par la
puissance de son esprit, a vaincu toutes les difficultés, con-
verti les incrédules en croyants, les esprits pusillanimes en
partisans ardents, les ennemis irréconciliables en amis bien-
veillants ; qui, à force de constance, de loyauté et de dé-
vouement à son idée, a réussi à la rendre générale et popu-
laire en l'infiltrant dans toutes les intelligences et dans tous
les cœurs. Aussi Barcelone le reçoit-elle à bras ouverts et lui
prodigue t-elle des honneurs inusités ; parce que Barcelone, sé-
vère, réservée et peu expansive par caractère, ne peut être
ingrate envers celui qui lui prépare un avenir aussi brillant
que dans ses meilleurs jours. Barcelone, qui l'ut autrefois la
première ville maritime de la Méditerranée avant la décou-
verte du chemin de l'Inde par le cap de Bonne-Espérance,
comprend qu'avec l'ouverture de l'isthme elle recouvre et
même dépasse son ancienne splendeur; Barcelone, qui s'a-
grandit de l'agrandissement de l'Espagne, comprend qu'a-
vec l'ouverture de l'isthme de Suez nos colonies océaniques
seront une source inépuisable de richesses. op
C'est pourquoi Barcelone se lève aujourd'hui pour saluer
celui qui lui porte les clefs dorées de l'Orient, et en le recevant
dans son sein, elle lui dit avec toute l'effusion de la recon-
naissance : Soyez le bienvenu parmi nous; soyez le bien-
venu. »
BANQUET OFFERT PAR LES FRANÇAIS IÎTABLIS A BARCELONE.
« Le 21, à six heures du soir, un grand banquet donné à
l'hôtel d'Orient réunit les compatriotes de M. de Lesseps, les
autorités et les principaux personnages de Barcelone. La salle,
magnifiquement décorée, était pavoisée des couleurs unies de
France et d Espagne. Au centre de la table était placé le
président de la Commission de réception, don André Ribell,
ayant à ses côtés le Capitaine Général de la Catalogne et
M. Ferdinand de Lesseps. A droite et à gauche, on remarquait
le Président de la Cour de justice, le Gouverneur Civil de la
province; don Miguel Biada, Vice-président de la Chambre
de commerce, M. de la Garde, chargé du consulat de France,
l'Alcade Corrégidor, le délégué de la Compagnie universelle
en Catalogne, etc., etc.
» Au dessert, M. de Lesseps s'est levé pour porter un toast
à la reine d'Espagne et à la famille royate ; le Capitaine Général
y a répondu par un toast à l'Empereur des Français et ensuite
le Président de la Cour de justice a porté celui de l'Impéra-
trice. Après le toast immédiatement proposé par M. le Gouver-
neur Civil à M. Ferdinand de Lesseps, l'Alcade Corrégidor
M. de Santa-Maria, a prononcé en français un discours
bien senti, exprimant la satisfaction qu'il éprouvait de se trou-
ver en ce moment à la tête du corps municipal pour avoir l'oc-
casion de saluer M. de Lesseps et lui assurer que Barcelone
avait accueilli sa venue comme un événement heureux et
d'unaimpérissable souvenir. Le noble magistrat a terminé en
buvant d'abord à la santé de M. de Lesseps personnellement et
ensuite au succès de l'entreprise colossale qu'il a conçue et qui
rendra son nom célèbre dans l'histoire.
» Plusieurs autres discours ont été prononcés; l'un, en-
tre autres, par M. Clieron, directeur de la Société française de
bienfaisance, dont il a rappelé que M. de Lesseps avait été le
fondateur. Le président du banquet, M. Ribell, prenant aussi
la parole, a retracé rapidement les traits les plus notables de la
vie publique de M. de Lesseps; et ce discours a produit parmi
les auditeurs une vive et sympathique sensation.
,) Pendant le banquet, des airs choisis étaient joués par la
musique de l'artillerie; et la soirée s'est terminée par une séré-
nade exécutée par ce même corps^de musique, sous les fenêtres
de M. de Lesseps, au milieu du concours de toute la population
joyeuse et enthousiasmée. »
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DE BARCELONE SUR L'ENTREPRISE DU CANAL DE SUEZ.
« Hier, à deux heures et demie après midi, s'est réunie
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