Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-11-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 novembre 1858 10 novembre 1858
Description : 1858/11/10 (A3,N58). 1858/11/10 (A3,N58).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203104m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
MERCREDI 10 NOVEMBRE JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 561
Pendant qu'on juge ainsi à Londres et la phase nouvelle
où est entrée l'entreprise et la nature de l'opposition qu'elle
a rencontrée, il est remarquable de retrouver simultanément
et sous d'antres formes dans la presse autrichienne les mêmes
appréciations et les mêmes sentiments.
Le Wanderer de Vienne du 28 octobre publie l'article
suivant :
- « La grande entreprise du canal de Suez, conduite par
M. de Lesseps avec une persévérance admirable, vient d'entrer
dans une phase qui est pour ainsi dire le passage du développe-
ment théorique d'une idée à son exécution pratique. La chose
a été suffisamment discutée devant toute l'Europe, et l'on
peut dire avec raison que jamais une entreprise, grande ou
petite, n'a été conçue, préparée et traitée avec autant de
circonspection, de profondeur, d'impartialité et d'une ma-
nière à la fois aussi lucide jusque dans ses moindres détails
et'aussi complète même en face des objections les plus ab-
surdes. La discussion est terminée aujourd'hui aussi en-
tièrement qu'elle peut l'être, et il ne s'agit plus que de mettre
la main à I'oeuvre,
,, Ce serait faire insulte au bon sens et à l'intelligence su-
périeure des contemporains que de vouloir revenir encore
sur les avantages immenses qui résulteront pour l'Occident et
l'Orient de l'ouverture de cette route universelle; même les
adversaires les plus acharnés du canal ont été obligés de les
reconnaître sans réserve; leurs attaques ont toujours été diri-
gées contre d'autres faces de la question, et jamais elle n'ont
trouvé un endroit vulnérable; au contraire chaque nouvelle
àttaque a tourné à la démonstration plus évidente de la soli-
dité de l'entreprise et à la honte de ses adversaires. L'exécu-
tion technique, après l'examen le plus scrupuleux, le plus
circonspect, est garantie par le jugement et les projets des
premières autorités de la science; les plans, les devis, la
considération même des éventualités des plus extraordinaires
sont portés depuis des années à la connaissance de l'Europe;
rien n'est resté sans examen, sans réplique, et nous avons
devant nous le long rapport de la Commission internationale
dans une forme digne de la grandeur du sujet, modèle pour
toutes les entreprises futures d'importance égale ou moindre.
» 11 s'agit à présent de la question financière, des frais et des
revenus du canal. Ces deux sujets ont été traités par M. de
Lesseps de la manière la plus claire, la plus lucide, et le
capitaliste prudent, calculant et pesant tout, aussi bien que
le simple particulier désintéressé, peut s'édifier sur ce bilan ,
qui n'a que ce seul désavantage d'estimer avec un honorable
excès de scrupule les frais trop hauts et les revenus trop bas.
» Notre époque n'est ni pauvre ni parcimonieuse, quand il
s'agit de la réalisation d'une grande entreprise, avantageuse
et d'utilité générale. Depuis de longues années on a souvent
dépensé le double ou le triple pour quelque chemin de fer
ou canal, combiné seulement pour le commerce de quelques
pays, de quelques millions d'hommes, et ordinairement on
a su concilier les intérêts de tous avec ceux des actionnaires.
Qui douterait maintenant, avec toutes les garanties offertes,
même simplement d'après les règles de l'arithmétique, que
200 millions de francs ne pussent être placés aussi sûrement
et aussi avantageusement dans une entreprise qui se base sur
un péage payable par le commerce du monde entier? Nous
ne doutons donc nullement que les capitaux nécessaires ne
soient souscrits avec promptitude et empressement.
» Nous ne nous cachons pas que le petit nombre des adver-
saires du canal se lèveront encore une fois au dernier moment
pour opposer une résistance désespérée; mais nous sommes
également persuadés que leur opposition sera impuissante.
Ils se servent toujours des mêmes armes, qui cependant
glissent de leurs mains chaque fois, et ils n'en trouvent pas
de nouvelles.
» Nous ne voulons pas être trop sévères envers les hommes
qui, par aveuglement ou par une croyance naissant exclusive-
ment de la méconnaissance de leurs intérêts, s'opposent à -'
une idée puissante facilement viclorieuse de cette résistance.
La postérité les jugera comme ils le méritent, et leur propre
pays leur sait peu de gré en attendant et leur en saura encore
moins dans l'avenir. Car il y a une chose plus puissante que
toute science technique, toute politique, toute diplomatie,
c'est le progrès irrésistible du temps, et c'est lui qui donne
le premier coup de pioche dans le désert de Suez. »
A Madrid, la Gazette des chemim de fer du 31 octobre,
après avoir fait ressortir la signification et la puissance des
manifestations catalanes, s'exprime en ces termes sur l'entre-
prise elle-même et sur la souscription dont elle annonce le
succès populaire en Catalogne :
« Nous désirerions que, à l'exemple de Barcelone, les villes
de Valence, d'Alicante, de Carlhagène, de Malaga, compris-
sent tout l'avenir qui leur est réservé par la réalisation de
cette œuvre. Nous désirerions les voir associer leurs noms à une
entreprise universelle destinée à influer notablement sur le
sort futur des nations.
» Nous désirerions, enGn, qu'une bonne partie des béné-
fices considérables promis aux actionnaires du canal de Suez
vinssent se répartir parmi quelques-unes de nos populations
les plus importante?. »
Après avoir rappelé le raccourcissement des distances ob-
tenu par ce passage, les économies de temps et d'argent,
l'immense mouvement que ces conditions avantageuses attire-
ront vers le cariai, l'écrivain termine ainsi :
« Si à cela on ajoute les produits de la vente de 133,000 hecta-
res de terrains cédés à la Compagnie par le décret de concession,
on voit que les résultats sont incalculables que peuvent espérer
les actionnaires d'une entreprise aussi grandiose que produc-
tive, et que non-seulement le patriotisme et le désir de fo-
menter le commerce et la navigation, mais aussi l'esprit de
spéculation, doivent pousser tous les capitalistes à contribuer
à la grande œuvre du canal de Suez. »
- Le Télégraphe de Bruxelles, dans son numéro du 3 no-
vembre, après avoir discuté les avantages et l'avenir réservés
au canal de Suez, conclut par les observations suivantes :
« L'économie dans les frais du parcours, la réduction con-
sidérable de la durée des voyages, assureront au canal une
préférence incontestable. Les chemins de fer ont fait aban- -
donner sans retour les diligences et le roulage; l'union de la
mer Rouge et de la Méditerranée fera, de même, délaisser la
route du cap de Bonne-Espérance. C'est dans la nature des
choses : tcfule puissance qui aurait la funeste idée de vouloir
s'atteler par derrière au char du progrès et l'empêcher
d'avancer serait entraînée avec lui, malgré sa ridicule et inu-
tile résistance.
» Le monde attend Impatiemment l'établissement du canal.
Quelques hommes isolés, obéissant à un égoïsme qui égare sur
ce point leur raison , habituellement droite, ne parviendront
pas, quoi qu'ils fassent, à suspendre l'accomplissement de la
plus grande entreprise que pût,se proposer notre époque, déjà
si féconde en merveilleuses créations.
» La circulaire de M. Ferdinand de Lesseps en date du
12 octobre a annoncé pour le 5 novembre l'ouverture d'une
souscription qui doit être close le 30 du même mois. On a tout
lieu d'espérer qu'en quatre années, et avec une dépense de
80millions, soit les deux cinquièmes du capital social, on sera
58.
Pendant qu'on juge ainsi à Londres et la phase nouvelle
où est entrée l'entreprise et la nature de l'opposition qu'elle
a rencontrée, il est remarquable de retrouver simultanément
et sous d'antres formes dans la presse autrichienne les mêmes
appréciations et les mêmes sentiments.
Le Wanderer de Vienne du 28 octobre publie l'article
suivant :
- « La grande entreprise du canal de Suez, conduite par
M. de Lesseps avec une persévérance admirable, vient d'entrer
dans une phase qui est pour ainsi dire le passage du développe-
ment théorique d'une idée à son exécution pratique. La chose
a été suffisamment discutée devant toute l'Europe, et l'on
peut dire avec raison que jamais une entreprise, grande ou
petite, n'a été conçue, préparée et traitée avec autant de
circonspection, de profondeur, d'impartialité et d'une ma-
nière à la fois aussi lucide jusque dans ses moindres détails
et'aussi complète même en face des objections les plus ab-
surdes. La discussion est terminée aujourd'hui aussi en-
tièrement qu'elle peut l'être, et il ne s'agit plus que de mettre
la main à I'oeuvre,
,, Ce serait faire insulte au bon sens et à l'intelligence su-
périeure des contemporains que de vouloir revenir encore
sur les avantages immenses qui résulteront pour l'Occident et
l'Orient de l'ouverture de cette route universelle; même les
adversaires les plus acharnés du canal ont été obligés de les
reconnaître sans réserve; leurs attaques ont toujours été diri-
gées contre d'autres faces de la question, et jamais elle n'ont
trouvé un endroit vulnérable; au contraire chaque nouvelle
àttaque a tourné à la démonstration plus évidente de la soli-
dité de l'entreprise et à la honte de ses adversaires. L'exécu-
tion technique, après l'examen le plus scrupuleux, le plus
circonspect, est garantie par le jugement et les projets des
premières autorités de la science; les plans, les devis, la
considération même des éventualités des plus extraordinaires
sont portés depuis des années à la connaissance de l'Europe;
rien n'est resté sans examen, sans réplique, et nous avons
devant nous le long rapport de la Commission internationale
dans une forme digne de la grandeur du sujet, modèle pour
toutes les entreprises futures d'importance égale ou moindre.
» 11 s'agit à présent de la question financière, des frais et des
revenus du canal. Ces deux sujets ont été traités par M. de
Lesseps de la manière la plus claire, la plus lucide, et le
capitaliste prudent, calculant et pesant tout, aussi bien que
le simple particulier désintéressé, peut s'édifier sur ce bilan ,
qui n'a que ce seul désavantage d'estimer avec un honorable
excès de scrupule les frais trop hauts et les revenus trop bas.
» Notre époque n'est ni pauvre ni parcimonieuse, quand il
s'agit de la réalisation d'une grande entreprise, avantageuse
et d'utilité générale. Depuis de longues années on a souvent
dépensé le double ou le triple pour quelque chemin de fer
ou canal, combiné seulement pour le commerce de quelques
pays, de quelques millions d'hommes, et ordinairement on
a su concilier les intérêts de tous avec ceux des actionnaires.
Qui douterait maintenant, avec toutes les garanties offertes,
même simplement d'après les règles de l'arithmétique, que
200 millions de francs ne pussent être placés aussi sûrement
et aussi avantageusement dans une entreprise qui se base sur
un péage payable par le commerce du monde entier? Nous
ne doutons donc nullement que les capitaux nécessaires ne
soient souscrits avec promptitude et empressement.
» Nous ne nous cachons pas que le petit nombre des adver-
saires du canal se lèveront encore une fois au dernier moment
pour opposer une résistance désespérée; mais nous sommes
également persuadés que leur opposition sera impuissante.
Ils se servent toujours des mêmes armes, qui cependant
glissent de leurs mains chaque fois, et ils n'en trouvent pas
de nouvelles.
» Nous ne voulons pas être trop sévères envers les hommes
qui, par aveuglement ou par une croyance naissant exclusive-
ment de la méconnaissance de leurs intérêts, s'opposent à -'
une idée puissante facilement viclorieuse de cette résistance.
La postérité les jugera comme ils le méritent, et leur propre
pays leur sait peu de gré en attendant et leur en saura encore
moins dans l'avenir. Car il y a une chose plus puissante que
toute science technique, toute politique, toute diplomatie,
c'est le progrès irrésistible du temps, et c'est lui qui donne
le premier coup de pioche dans le désert de Suez. »
A Madrid, la Gazette des chemim de fer du 31 octobre,
après avoir fait ressortir la signification et la puissance des
manifestations catalanes, s'exprime en ces termes sur l'entre-
prise elle-même et sur la souscription dont elle annonce le
succès populaire en Catalogne :
« Nous désirerions que, à l'exemple de Barcelone, les villes
de Valence, d'Alicante, de Carlhagène, de Malaga, compris-
sent tout l'avenir qui leur est réservé par la réalisation de
cette œuvre. Nous désirerions les voir associer leurs noms à une
entreprise universelle destinée à influer notablement sur le
sort futur des nations.
» Nous désirerions, enGn, qu'une bonne partie des béné-
fices considérables promis aux actionnaires du canal de Suez
vinssent se répartir parmi quelques-unes de nos populations
les plus importante?. »
Après avoir rappelé le raccourcissement des distances ob-
tenu par ce passage, les économies de temps et d'argent,
l'immense mouvement que ces conditions avantageuses attire-
ront vers le cariai, l'écrivain termine ainsi :
« Si à cela on ajoute les produits de la vente de 133,000 hecta-
res de terrains cédés à la Compagnie par le décret de concession,
on voit que les résultats sont incalculables que peuvent espérer
les actionnaires d'une entreprise aussi grandiose que produc-
tive, et que non-seulement le patriotisme et le désir de fo-
menter le commerce et la navigation, mais aussi l'esprit de
spéculation, doivent pousser tous les capitalistes à contribuer
à la grande œuvre du canal de Suez. »
- Le Télégraphe de Bruxelles, dans son numéro du 3 no-
vembre, après avoir discuté les avantages et l'avenir réservés
au canal de Suez, conclut par les observations suivantes :
« L'économie dans les frais du parcours, la réduction con-
sidérable de la durée des voyages, assureront au canal une
préférence incontestable. Les chemins de fer ont fait aban- -
donner sans retour les diligences et le roulage; l'union de la
mer Rouge et de la Méditerranée fera, de même, délaisser la
route du cap de Bonne-Espérance. C'est dans la nature des
choses : tcfule puissance qui aurait la funeste idée de vouloir
s'atteler par derrière au char du progrès et l'empêcher
d'avancer serait entraînée avec lui, malgré sa ridicule et inu-
tile résistance.
» Le monde attend Impatiemment l'établissement du canal.
Quelques hommes isolés, obéissant à un égoïsme qui égare sur
ce point leur raison , habituellement droite, ne parviendront
pas, quoi qu'ils fassent, à suspendre l'accomplissement de la
plus grande entreprise que pût,se proposer notre époque, déjà
si féconde en merveilleuses créations.
» La circulaire de M. Ferdinand de Lesseps en date du
12 octobre a annoncé pour le 5 novembre l'ouverture d'une
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lieu d'espérer qu'en quatre années, et avec une dépense de
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