Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-11-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 novembre 1858 10 novembre 1858
Description : 1858/11/10 (A3,N58). 1858/11/10 (A3,N58).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203104m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
MERCREDI 10 NOVEMBRE. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 555
ment surpris de trouver à la gare de cette ville, attendant son
arrivée, MM. les présidents de la Chambre et du Tribunal de
commerce, M. l'ingénieur en chef du département et M. Louis
Reynaud, accompagnés d'une foule nombreuse. Il a été im-
possible à M. de Lesseps de se refuser aux affectueuses et flat-
teuses instances que lui adressaient tant d'hommes honorables
pour leur accorder le reste de la journée, instances que sem-
blait confirmer la foule par ses acclamations répétées.
M. de Lesseps, laissant partir le train qui l'avait porté
jusque-là, s'est rendu dans l'habitation de M. Louis Reynaud,
correspondant de la Compagnie universelle. Il y a reçu les
témoignages les plus nombreux de l'intérêt public, et la mu-
sique du régiment en garnison à Cette lui a donné une séré-
nade. Toute la population s'est portée à cette petite fête im-
provisée; et, par toutes les sympathies dont il a été l'objet,
M. de Lesseps a pu se convaincre que l'utilité et la grandeur
de son entreprise ne sont pas moins ressenties à Cette que
dans toutes les villes importantes de l'Europe. Le voyageur est
reparti dans la nuit pour Marseille.
RÉCEPTION ET BANQUET A MARSEILLE.
Nous empruntons au Nouvelliste de Marseille du
29 octobre le récit de ces solennités :
Marseille, 28 octobre.
La fête donnée hier par lé Commerce de Marseille à M. de
Lesseps était magnifique.
La rue Beauvau, la place du Grand-Théâtre et la façade
du Grand-Théâtre étaient resplendissantes ; des milliers de
lumières, arrangées en girandoles et en lustres , formaient des
lignes de feu du plus pittoresque effet.
La salle de spectacle, convertie en salle de banquet, était
splendidement décorée. Quatre grandes tables parallèles avaient
été établies dans le sens de la longueur. La table d'honneur
faisait face au fond.
Aussitôt après l'ouverture des portes, toutes les places
étaient envahies. Les dames, en grande toilette, occupaient les
premiers rangs des premières et les loges. A sept heures et
demie, l'orchestre a exécuté l'air de la Reine Hortense pour
annoncer l'arrivée de M. de Lesseps, qui a bientôt fait son
entrée dans la salle avec M. le président de la Chambre de
commerce, M. le général commandant la division, M. Ca-
naple, député, M. le président du Tribunal de commerce,
M. le maire et d'autres autorités et notabilités commerciales.
La présence de M. de Lesseps a été saluée par des applau-
dissements enthousiastes. On voyait que cette nombreuse
assemblée était heureuse de l'occasion qui lui était offerte de
témoigner à cet homme énergique l'hommage d'une vive sym-
pathie. On aimait à se rappeler ses efforts opiniâtres pour
vaincre toutes les résistances qu'avait rencontrées le projet
auquel il s'était dévoué, et, au moment où le succès vient à
lui, chacun était empressé de lui adresser des félicitations.
Quatre cents personnes étaient assises au banquet.
Au dessert, les toasts suivants ont été portés :
Par M. Pourtal, président du Tribunal de commerce :
A l'Empereur!
« Dans la mission providentielle qu'il accomplit depuis six
ans, chaque jour a été marqué par de grands et glorieux
événements.
» Sous le prestige de son nom, la France, si profondément
troublée par la catastrophe de février, a vu renaître le calme
dans les esprits, la stabilité dans les institutions; et l'Europe,
qui avait subi le contre-coup de nos agitations, a retrouvé,
elle aussi, l'ordre et la tranquillité.
» Sous sa féconde influence, toutes les branches du com-
merce, des arts et de l'industrie se sont largement dévelop-
pées; et la capitale de lai France, agrandie et transformée,
est devenue en quelque sorte la capitale du monde civilisé.
» Toutes les grandes cités de l'Empire ont participé au
mouvement dont l'Empereur avait donné le signal; Marseille,
plus qu'aucune autre, a marche dans la voie du progrès; nos
ports qui s'agrandissent, nos monuments qui s'élèvent, sont
là pour témoigner de la prospérité du présent et de la con-
fiance qu'inspire l'avenir.
» Un instant la paix avait été troublée, l'équilibre euro-
péen faillit être rompu, et c'est encore la main de l'Empe- c
reur qui raffermi l'édifice sur sa base.
» Aujourd'hui, Messieurs, nous touchons à un de ces
événements qui changent la face du monde et qui deviennent
une grande date de l'histoire! (Constatons avec bonheur que
c'est à un Français qu'en revient l'initiative.) Mais le canal
maritime de Suez aurait-il pu s'exécuter, si l'Empereur
n'avait créé ce milieu de calme et de prospérité sans lequel
les grandes choses ne sauraient s'accomplir?
D Puisse l'Empereur jouir longtemps des hautes destinées
qu'il a faites à la France !.
» Que son trône, sur lequel il a fait asseoir à ses côtés la
grâce et la bienfaisance, se consolide chaque jour par la re-
connaissance et l'affection de tous les Français, et se trans-
mette à son auguste héritier pour le bonheur de la généra-
tion future! .1
» Vive l'Empereur!
» Vive l'Impératrice!
» Vive le Prince impérial! »
Par M. Pastré, président A- la Chambre de commerce :
A M. de Lesseps!
u Une œuvre immense ~va s'accomplir, une de ces œuvres
qui ont un long retentissement et qui suffisent à elles seules
pour illustrer un siècle.
v Depuis près de quatre cents ans, la découverte du cap
de Bonne-Espérance avait changé la route des Indes et avait
dépossédé la Méditerranée d'une des sources les plus fécondes
de sa richesse. Rétablir les directions anciennes par des voies
perfectionnées et nouvelles, tel est le but du grand canal
maritime de Suez. Ce raccourci de trois mille lieues que va
effectuer le génie de l'homme doit profiter au monde entier,
toujours intéressé à suivre les itinéraires les plus directs et
les plus économiques.
» L'hôte éminent que nous fêtons aujourd'hui est l'auteur
de ce grandiose projet, et personne mieux que lui ne pou-
vait le conduire à bonne fin.
» Honoré de l'amitié des vice-rois qui se sont succédé en
Egypte et particulièrement de celle de S. A. Mobammed-Saïd-
Pacha, le digne fils de Méhémet-Ali de glorieuse mémoire,
M. de Lesseps n'a pas eu de peine à obtenir une concession
qui était en quelque sorte la récompense de ses titres person-
nels. Son esprit ferme et délié, son caractère aimable et con-
ciliant, sa persévérance à toute épreuve, constituaient de
merveilleuses aptitudes pour la négociation entreprise et pré-
destinaient M, de Lesseps à cette mission. -
» Le moment était aussi bien choisi que l'homme. Un gou-
vernement ferme et éclairé rend la France prospère, tran-
quille, et assure en même temps le repos et la paix de l'Europe ;
condition indispensable pour une aussi grande entreprise à
laquelle le monde entier doit coopérer.
» Il ne s'agit pas de reconstruire Palmyre, Balbek et tous
ces riches et anciens entrepôts du commerce de l'Orient. La
science moderne n'a pas besoin de tant d'étapes; la marchan-
ment surpris de trouver à la gare de cette ville, attendant son
arrivée, MM. les présidents de la Chambre et du Tribunal de
commerce, M. l'ingénieur en chef du département et M. Louis
Reynaud, accompagnés d'une foule nombreuse. Il a été im-
possible à M. de Lesseps de se refuser aux affectueuses et flat-
teuses instances que lui adressaient tant d'hommes honorables
pour leur accorder le reste de la journée, instances que sem-
blait confirmer la foule par ses acclamations répétées.
M. de Lesseps, laissant partir le train qui l'avait porté
jusque-là, s'est rendu dans l'habitation de M. Louis Reynaud,
correspondant de la Compagnie universelle. Il y a reçu les
témoignages les plus nombreux de l'intérêt public, et la mu-
sique du régiment en garnison à Cette lui a donné une séré-
nade. Toute la population s'est portée à cette petite fête im-
provisée; et, par toutes les sympathies dont il a été l'objet,
M. de Lesseps a pu se convaincre que l'utilité et la grandeur
de son entreprise ne sont pas moins ressenties à Cette que
dans toutes les villes importantes de l'Europe. Le voyageur est
reparti dans la nuit pour Marseille.
RÉCEPTION ET BANQUET A MARSEILLE.
Nous empruntons au Nouvelliste de Marseille du
29 octobre le récit de ces solennités :
Marseille, 28 octobre.
La fête donnée hier par lé Commerce de Marseille à M. de
Lesseps était magnifique.
La rue Beauvau, la place du Grand-Théâtre et la façade
du Grand-Théâtre étaient resplendissantes ; des milliers de
lumières, arrangées en girandoles et en lustres , formaient des
lignes de feu du plus pittoresque effet.
La salle de spectacle, convertie en salle de banquet, était
splendidement décorée. Quatre grandes tables parallèles avaient
été établies dans le sens de la longueur. La table d'honneur
faisait face au fond.
Aussitôt après l'ouverture des portes, toutes les places
étaient envahies. Les dames, en grande toilette, occupaient les
premiers rangs des premières et les loges. A sept heures et
demie, l'orchestre a exécuté l'air de la Reine Hortense pour
annoncer l'arrivée de M. de Lesseps, qui a bientôt fait son
entrée dans la salle avec M. le président de la Chambre de
commerce, M. le général commandant la division, M. Ca-
naple, député, M. le président du Tribunal de commerce,
M. le maire et d'autres autorités et notabilités commerciales.
La présence de M. de Lesseps a été saluée par des applau-
dissements enthousiastes. On voyait que cette nombreuse
assemblée était heureuse de l'occasion qui lui était offerte de
témoigner à cet homme énergique l'hommage d'une vive sym-
pathie. On aimait à se rappeler ses efforts opiniâtres pour
vaincre toutes les résistances qu'avait rencontrées le projet
auquel il s'était dévoué, et, au moment où le succès vient à
lui, chacun était empressé de lui adresser des félicitations.
Quatre cents personnes étaient assises au banquet.
Au dessert, les toasts suivants ont été portés :
Par M. Pourtal, président du Tribunal de commerce :
A l'Empereur!
« Dans la mission providentielle qu'il accomplit depuis six
ans, chaque jour a été marqué par de grands et glorieux
événements.
» Sous le prestige de son nom, la France, si profondément
troublée par la catastrophe de février, a vu renaître le calme
dans les esprits, la stabilité dans les institutions; et l'Europe,
qui avait subi le contre-coup de nos agitations, a retrouvé,
elle aussi, l'ordre et la tranquillité.
» Sous sa féconde influence, toutes les branches du com-
merce, des arts et de l'industrie se sont largement dévelop-
pées; et la capitale de lai France, agrandie et transformée,
est devenue en quelque sorte la capitale du monde civilisé.
» Toutes les grandes cités de l'Empire ont participé au
mouvement dont l'Empereur avait donné le signal; Marseille,
plus qu'aucune autre, a marche dans la voie du progrès; nos
ports qui s'agrandissent, nos monuments qui s'élèvent, sont
là pour témoigner de la prospérité du présent et de la con-
fiance qu'inspire l'avenir.
» Un instant la paix avait été troublée, l'équilibre euro-
péen faillit être rompu, et c'est encore la main de l'Empe- c
reur qui raffermi l'édifice sur sa base.
» Aujourd'hui, Messieurs, nous touchons à un de ces
événements qui changent la face du monde et qui deviennent
une grande date de l'histoire! (Constatons avec bonheur que
c'est à un Français qu'en revient l'initiative.) Mais le canal
maritime de Suez aurait-il pu s'exécuter, si l'Empereur
n'avait créé ce milieu de calme et de prospérité sans lequel
les grandes choses ne sauraient s'accomplir?
D Puisse l'Empereur jouir longtemps des hautes destinées
qu'il a faites à la France !.
» Que son trône, sur lequel il a fait asseoir à ses côtés la
grâce et la bienfaisance, se consolide chaque jour par la re-
connaissance et l'affection de tous les Français, et se trans-
mette à son auguste héritier pour le bonheur de la généra-
tion future! .1
» Vive l'Empereur!
» Vive l'Impératrice!
» Vive le Prince impérial! »
Par M. Pastré, président A- la Chambre de commerce :
A M. de Lesseps!
u Une œuvre immense ~va s'accomplir, une de ces œuvres
qui ont un long retentissement et qui suffisent à elles seules
pour illustrer un siècle.
v Depuis près de quatre cents ans, la découverte du cap
de Bonne-Espérance avait changé la route des Indes et avait
dépossédé la Méditerranée d'une des sources les plus fécondes
de sa richesse. Rétablir les directions anciennes par des voies
perfectionnées et nouvelles, tel est le but du grand canal
maritime de Suez. Ce raccourci de trois mille lieues que va
effectuer le génie de l'homme doit profiter au monde entier,
toujours intéressé à suivre les itinéraires les plus directs et
les plus économiques.
» L'hôte éminent que nous fêtons aujourd'hui est l'auteur
de ce grandiose projet, et personne mieux que lui ne pou-
vait le conduire à bonne fin.
» Honoré de l'amitié des vice-rois qui se sont succédé en
Egypte et particulièrement de celle de S. A. Mobammed-Saïd-
Pacha, le digne fils de Méhémet-Ali de glorieuse mémoire,
M. de Lesseps n'a pas eu de peine à obtenir une concession
qui était en quelque sorte la récompense de ses titres person-
nels. Son esprit ferme et délié, son caractère aimable et con-
ciliant, sa persévérance à toute épreuve, constituaient de
merveilleuses aptitudes pour la négociation entreprise et pré-
destinaient M, de Lesseps à cette mission. -
» Le moment était aussi bien choisi que l'homme. Un gou-
vernement ferme et éclairé rend la France prospère, tran-
quille, et assure en même temps le repos et la paix de l'Europe ;
condition indispensable pour une aussi grande entreprise à
laquelle le monde entier doit coopérer.
» Il ne s'agit pas de reconstruire Palmyre, Balbek et tous
ces riches et anciens entrepôts du commerce de l'Orient. La
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