Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-10-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 octobre 1858 25 octobre 1858
Description : 1858/10/25 (A3,N57). 1858/10/25 (A3,N57).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62031036
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
534 L'ISTHME DE SUEZ, LUNDI 25 OCTOBRE.
m&F Rouge attira l'attention, et on comprit immédiatement
que chacun d'eujç avait ses avantages particuliers. On fit alors
la demande de l'exécution simultanée des deux projets, et il
est un fait remarquable, et peut-être sans précédent dans
l'histoire des entreprises publiques, c'est que, parmi les ca-
pitalistes, les marchands et le public en général, il n'y eut pas
le moindre dissentiment sur la nécessité absolue de cette
marche à suivre. Plusieurs personnes étaient même disposées
à croire qu'il vaudrait bien mieux ne pas avoir de ligne du
tout que de s'abandonner aux vicissitudes d'une seule, par la
raison qu'une fois toutes les opérations administratives, com-
merciales et financières, étant réglées sur le service du télé-
graphe, une soudaine interruption de ce dernier produirait un
désordre terrible et funeste.
« Chaque compagnie rencontra cet encouragement verbal
et cette résistance de fait qui abattent les gens infiniment plus
qu'un refus direct; et bien que le cabinet actuel, au moment
de prendre les rênes du gouvernement, eût en ceci presque
la seule occasion de gagner l'approbation générale, sans se
soumettre lui-même, comme dans toutes les mesures politi-
ques, au fardeau de la tergiversation, il laissa passer neuf
mois d'anxiétés sans prendre aucune résolution. Cependant
l'agitation du public le força enfin à faire quelque chose, et
on adressa, dans l'occasion, une communication sur ce sujet à
la Chambre des lords. Mais alors même il sembla résolu de ne
tirer aucun honneur de cette affaire. Il fit comprendre qu'il allait
adopter les mesures nécessaires, qu'il n'avait pas encore pris
d'arrangement réel, et que, suivant son avis, la ligne de
l'Euphrate était la meilleure, s'il fallait choisir entre les deux
projets. Le lendemain matin, toutes les feuilles publiques an-
noncèrent qu'au moment où ces paroles avaient été pronon-
cées le cabinet avait fait un arrangement réel avec l'une des
deux Compagnies, et que la ligne choisie était celle de la mer
Rouge et non celle de l'Euphrate.
» Ainsi donc, l'indifférence du cabinet dans toute la ques-
tion a été si grande, que ceux que l'on avait choisis pour en
parler ne savaient rien des négociations déjà terminées. On
peut s'imaginer l'étonnement des actionnaires de la ligne de
l'Euphrate lorsqu'ils apprirent non-seulement que le gouver-
nement s'était ainsi prononcé en leur faveur et les avait aban-
donnés au même instant, mais que les représentants du ca-
binet Palmerston, qui, après les avoir poussés à des efforts
et à des dépenses continuels, les avait enfin sacrifiés pour
quelque motif inexpliqué lors de la visite de l'empereur
Napoléon à Osborne, avaient à cette même occasion avoué
candidement que leur projet méritait la plus haute recom-
mandation.
» Cependant ceci n'est guère autre chose qu'un exemple
ordinaire des procédés ministériels, et l'on en a peu parlé,
quoique des plaintes aient retenti de tous côtés sur le déclin
de la loyauté et de la moralité parmi les classes qui devraient
donner l'exemple.
- « n Il semble que dans tout ce qui reste à faire relativement
à là communication électrique avec l'Orient, on ne peut avoir
confiance que dans une agitation publique continuelle. La ra-
pidité et l'habileté avec lesquelles la Russie établit ses moyens
de communication avec ces pays ont été souvent le sujet de
nos articles, et il y a un an ou deux que l'on a annoncé l'é-
tablissement d'une route dans l'Inde à travers la Perse. Natu-
rellement on ne connaît pas les progrès de cette entreprise,
la cour de Saint-Pétersbourg n'étant guère disposée à nous
envoyer des bulletins sur ces opérations; mais le public ne
sera pas surpris si, dans quelque moment critique, soit la
conclusion d'un traité, soit l'explosion d'une guerre, les
hommes d'État de la Russie connaissent les nouvelles quelques
semaines plus tôt que- nos marchands ou les messieurs de
Downing-Street.
» Ce n'est pas une critique du télégraphe de la mer Rouge
que de dire que celui de l'Euphrate aurait dû être poussé au
moins avec la même rapidité. Les directeurs de la première
entreprise trouveront sans doute tous leurs avantages à retarder
encore quelque temps son exécution pour profiter des expé-
riences que l'on tente actuellement sur le câble transatlan-
tique, et qui leur seront indubitablement de la plus grande
utilité. Néanmoins le fait est que l'entreprise en sera retardée,
tandis que la ligne de l'Euphrate aurait déjà pu être achevée
dans sa plus grande partie. »
Ce tableau de la marche suivie par le ministère an-
glais , dans une question aussi importante et aussi ur-
gente que celle de la communication télégraphique avec
l'Inde, est fait pour provoquer quelques rapprochements
instructifs au sujet de l'opposition faite contre le per-
cement de l'isthme de Suez. Toutes les réflexions du
Times au sujet du télégraphe sont également applicables
au canal maritime. Dans les deux cas, c'est une entre-
prise sur l'importance de laquelle « tout le monde est
parfaitement d'accord » et qui est généralement recon-
nue comme devant produire une révolution inappréciable
dans les relations entre l'Occident et l'Orient; dans les
deux cas, cette entreprise rencontre, de la part du gou-
vernement anglais, non-seulement une inertie, mais en-
core une résistance puérile, que le Times a parfaitement
raison de qualifier comme un symptôme non équivoque
de décadence. Si la feuille anglaise trouve urgent l'éta-
blissement du télégraphe de l'Inde à cause des progrès
que fait la Russie en Asie, et à cause des communica-
tions qu'elle y établit, on peut en dire autant, et avec
plus de raison., du canal de Suez. Il est évident que les
efforts de la Russie en Perse et sur la frontière de la
Chine n'ont pas seulement pour but de recevoir les
nouvelles quelques jours plus tôt que les marchands de
Londres, mais qu'il s'agit en outre de grandes voies de
transport, soit pour des marchandises, soit éventuelle-
ment aussi pour des armées. A quoi serviraient alors aux
Anglais leurs télégraphes de l'Euphrate et de la mer
Rouge, s'il faut toujours passer par le cap de Bonne-
Espérance? Leurs avantages se trouveraient neutralisés
en grande partie. Car, dans l'état actuel de notre civili-
sation, la guerre, aussi bien que la concurrence com-
merciale, est essentiellement une lutte de vitesse; celui
qui peut arriver le premier sur un point donné l'em-
porte presque toujours sur les autres. D'ailleurs, en
admettant même que les difficultés du transport par le
continent de l'Asie soient tellement grandes que l'Angle-
terre n'ait rien à craindre de la concurrence russe, l'ex-
périence de notre siècle a suffisamment démontré que
la vitesse des correspondances et celle des transports
vont toujours ensemble; l'une entraîne l'autre. Si le té-
légraphe peut donner à toute heure la situation d'un
marché qui se trouve à des centaines, à des milliers de
lieues, il faut aussi des moyens de transport plus rapides
et qui ne mettent pas plusieurs semaines ou plusieurs
mois de trop pour arriver à destination, sans quoi les
m&F Rouge attira l'attention, et on comprit immédiatement
que chacun d'eujç avait ses avantages particuliers. On fit alors
la demande de l'exécution simultanée des deux projets, et il
est un fait remarquable, et peut-être sans précédent dans
l'histoire des entreprises publiques, c'est que, parmi les ca-
pitalistes, les marchands et le public en général, il n'y eut pas
le moindre dissentiment sur la nécessité absolue de cette
marche à suivre. Plusieurs personnes étaient même disposées
à croire qu'il vaudrait bien mieux ne pas avoir de ligne du
tout que de s'abandonner aux vicissitudes d'une seule, par la
raison qu'une fois toutes les opérations administratives, com-
merciales et financières, étant réglées sur le service du télé-
graphe, une soudaine interruption de ce dernier produirait un
désordre terrible et funeste.
« Chaque compagnie rencontra cet encouragement verbal
et cette résistance de fait qui abattent les gens infiniment plus
qu'un refus direct; et bien que le cabinet actuel, au moment
de prendre les rênes du gouvernement, eût en ceci presque
la seule occasion de gagner l'approbation générale, sans se
soumettre lui-même, comme dans toutes les mesures politi-
ques, au fardeau de la tergiversation, il laissa passer neuf
mois d'anxiétés sans prendre aucune résolution. Cependant
l'agitation du public le força enfin à faire quelque chose, et
on adressa, dans l'occasion, une communication sur ce sujet à
la Chambre des lords. Mais alors même il sembla résolu de ne
tirer aucun honneur de cette affaire. Il fit comprendre qu'il allait
adopter les mesures nécessaires, qu'il n'avait pas encore pris
d'arrangement réel, et que, suivant son avis, la ligne de
l'Euphrate était la meilleure, s'il fallait choisir entre les deux
projets. Le lendemain matin, toutes les feuilles publiques an-
noncèrent qu'au moment où ces paroles avaient été pronon-
cées le cabinet avait fait un arrangement réel avec l'une des
deux Compagnies, et que la ligne choisie était celle de la mer
Rouge et non celle de l'Euphrate.
» Ainsi donc, l'indifférence du cabinet dans toute la ques-
tion a été si grande, que ceux que l'on avait choisis pour en
parler ne savaient rien des négociations déjà terminées. On
peut s'imaginer l'étonnement des actionnaires de la ligne de
l'Euphrate lorsqu'ils apprirent non-seulement que le gouver-
nement s'était ainsi prononcé en leur faveur et les avait aban-
donnés au même instant, mais que les représentants du ca-
binet Palmerston, qui, après les avoir poussés à des efforts
et à des dépenses continuels, les avait enfin sacrifiés pour
quelque motif inexpliqué lors de la visite de l'empereur
Napoléon à Osborne, avaient à cette même occasion avoué
candidement que leur projet méritait la plus haute recom-
mandation.
» Cependant ceci n'est guère autre chose qu'un exemple
ordinaire des procédés ministériels, et l'on en a peu parlé,
quoique des plaintes aient retenti de tous côtés sur le déclin
de la loyauté et de la moralité parmi les classes qui devraient
donner l'exemple.
- « n Il semble que dans tout ce qui reste à faire relativement
à là communication électrique avec l'Orient, on ne peut avoir
confiance que dans une agitation publique continuelle. La ra-
pidité et l'habileté avec lesquelles la Russie établit ses moyens
de communication avec ces pays ont été souvent le sujet de
nos articles, et il y a un an ou deux que l'on a annoncé l'é-
tablissement d'une route dans l'Inde à travers la Perse. Natu-
rellement on ne connaît pas les progrès de cette entreprise,
la cour de Saint-Pétersbourg n'étant guère disposée à nous
envoyer des bulletins sur ces opérations; mais le public ne
sera pas surpris si, dans quelque moment critique, soit la
conclusion d'un traité, soit l'explosion d'une guerre, les
hommes d'État de la Russie connaissent les nouvelles quelques
semaines plus tôt que- nos marchands ou les messieurs de
Downing-Street.
» Ce n'est pas une critique du télégraphe de la mer Rouge
que de dire que celui de l'Euphrate aurait dû être poussé au
moins avec la même rapidité. Les directeurs de la première
entreprise trouveront sans doute tous leurs avantages à retarder
encore quelque temps son exécution pour profiter des expé-
riences que l'on tente actuellement sur le câble transatlan-
tique, et qui leur seront indubitablement de la plus grande
utilité. Néanmoins le fait est que l'entreprise en sera retardée,
tandis que la ligne de l'Euphrate aurait déjà pu être achevée
dans sa plus grande partie. »
Ce tableau de la marche suivie par le ministère an-
glais , dans une question aussi importante et aussi ur-
gente que celle de la communication télégraphique avec
l'Inde, est fait pour provoquer quelques rapprochements
instructifs au sujet de l'opposition faite contre le per-
cement de l'isthme de Suez. Toutes les réflexions du
Times au sujet du télégraphe sont également applicables
au canal maritime. Dans les deux cas, c'est une entre-
prise sur l'importance de laquelle « tout le monde est
parfaitement d'accord » et qui est généralement recon-
nue comme devant produire une révolution inappréciable
dans les relations entre l'Occident et l'Orient; dans les
deux cas, cette entreprise rencontre, de la part du gou-
vernement anglais, non-seulement une inertie, mais en-
core une résistance puérile, que le Times a parfaitement
raison de qualifier comme un symptôme non équivoque
de décadence. Si la feuille anglaise trouve urgent l'éta-
blissement du télégraphe de l'Inde à cause des progrès
que fait la Russie en Asie, et à cause des communica-
tions qu'elle y établit, on peut en dire autant, et avec
plus de raison., du canal de Suez. Il est évident que les
efforts de la Russie en Perse et sur la frontière de la
Chine n'ont pas seulement pour but de recevoir les
nouvelles quelques jours plus tôt que les marchands de
Londres, mais qu'il s'agit en outre de grandes voies de
transport, soit pour des marchandises, soit éventuelle-
ment aussi pour des armées. A quoi serviraient alors aux
Anglais leurs télégraphes de l'Euphrate et de la mer
Rouge, s'il faut toujours passer par le cap de Bonne-
Espérance? Leurs avantages se trouveraient neutralisés
en grande partie. Car, dans l'état actuel de notre civili-
sation, la guerre, aussi bien que la concurrence com-
merciale, est essentiellement une lutte de vitesse; celui
qui peut arriver le premier sur un point donné l'em-
porte presque toujours sur les autres. D'ailleurs, en
admettant même que les difficultés du transport par le
continent de l'Asie soient tellement grandes que l'Angle-
terre n'ait rien à craindre de la concurrence russe, l'ex-
périence de notre siècle a suffisamment démontré que
la vitesse des correspondances et celle des transports
vont toujours ensemble; l'une entraîne l'autre. Si le té-
légraphe peut donner à toute heure la situation d'un
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