Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-10-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 octobre 1858 10 octobre 1858
Description : 1858/10/10 (A3,N56). 1858/10/10 (A3,N56).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203102s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
504
L'ISTHME DE SUEZ,
DIMANCHE 10 OCTOBRE.
L'ami des Chinois Viator n'abandonne pas la cause de
ses clients, et il répond à ses deux antagonistes en faisant
un tout autre tableau des mœurs de ces immigrants. Ce sont
pour la plupart des gens pauvres, dont le passage a été payé
par des compatriotes plus riches, et qui sont obligés de rem-
hourser le prix de la traversée par leur travail. Cette obli-
gation est toujours remplie avec la plus grande conscience,
mieux qu'elle ne le serait pas des travailleurs européens. Les
Chinois sont sobres, actifs; et ce qui leur vaut surtout l'aver-
sion de la populace, c'est qu'ils ne sont pas ivrognes, et
qu'ils se tiennent éloignés des débauches ordinaires d'une
certaine classe de gens. Les actes des tribunaux démontrent
que, dans les rixes fréquentes entre Chinois et Européens, les
derniers sont à peu près toujours les agresseurs. Quant au
reproche que les Chinois viennent seulement pour amasser
de l'argent, Viator le réfute par cette simple observation,
que les jeunes Européens viennent rarement dans un autre
but en Australie.
La discussion ouverte dans les colonnes du Times sur les
Chinois en Australie, continue dans le numéro du 24 sep-
tembre. Viator trouve un appui en Philanthropos, qui con-
firme tout ce qu'il a dit sur les excellentes qualités des Chinois,
et signale, outre les dix livres sterling de droit d'entrée, une
autre taxe imposée à ces immigrants Célestes. Ils sont obligés
de payer encore une livre sterling par mois, tandis qu'une
tentative du gouvernement d'imposer les mineurs européens
de la même manière soulevait de si fortes clameurs qu'il
fallait y renoncer. Les trente mille Chinois dans les mines ne
travaillent que sur les terrains abandonnés, où ils gagnent
à peu près quinze mille onces par semaine, qui autrement
seraient perdues pour la société. Ils sont donc excessivement
utiles, et, comme le fait remarquer l'auteur d'une autre lettre,
ils sont tellement sobres qu'ils ne peuvent pas faire hausser
le prix des vivres, ni celui des terres, puisqu'ils sont presque
exclusivement occupés dans les mines.
On voit que cette question est loin d'être éclaircie; mais il
n'en reste pas moins vrai que l'impôt établi sur les Chinois
paraît bien extraordinaire au moment où l'on vient d'obtenir
de la Chine qu'elle ouvre ses portes aux étrangers. Souffri-
rait-on des représailles, si le gouvernement chinois voulait les
prendre, et qu'il imposât une taxe personnelle à tous les Eu-
ropéens qui viendraient s'établir dans l'empire du milieu ?
G. WAGENER.
LES COLONIES AUSTRALIENNES.
Nous donnons plus bas un article du Times où il ap-
précie d'une manière générale la situation actuelle des
colonies que la Grande-Bretagne a fondées en Australie.
Le journal anglais se félicite vivement de la prospérité
de ces colonies, composées presque tout entières d'An-
glo-Saxons. Nous sommes, pour notre part, de l'avis du
Times, sans approuver d'ailleurs le ton de ses remar-
ques, qui est, comme d'habitude, passablement incon-
venant et dédaigneux pour toutes les nations autres
que la nation anglaise. Sans doute l'Australie présente
un très-grand et très-noble spectacle; mais l'état de
l'Inde, depuis plus d'un an, devrait tempérer quelque
peu l'orgueil britannique; et, malgré la victoire qui
semble prochaine, le Times n'a pas trop de motifs
d'exalter son enthousiasme patriotique ni d'aiguiser ses
plaisanteries d'un goût plus ou moins équivoque à l'a-
dresse des étrangers.
Mais ce n'est pas pour réfuter le Times que nous re-
produisons son article; c'est pour montrer à nos lec-
teurs où en est, à cette heure, la civilisation en Austra-
lie. Le développement de ces superbes colonies de la
mer Pacifique nous importe beaucoup, et c'est par.4 ou
500,000 tonnes qu'il faut déjà compter le trafic actuel
que le canal de Suez peut espérer détourner à son profit
et au grand profit du commerce universel. Nous avons
très-souvent parlé de l'Australie à nos lecteurs, et nous
en parlerons bien souvent encore. Au fond, les louanges
du Times sont justes, bien que la forme en soit assez
mauvaise ; et c'est à ce titré que nous appelons l'atten-
tion sur l'article qui suit :
« Un journal français, dit le Times du 7 septembre, nous
a appris récemment que parmi nos nombreux échecs sur
terre et sur mer, nous avons surtout peu réussi dans la colo-
nisation de l'Australie. Nous avons supporté cette accusation
avec notre débonnaireté habituelle, nous consolant par la
pensée que, quels que puissent avoir été nos succès dans la cin-
quième partie du monde, ils ne nous ont pas coûté de sang et
très-peu d'argent, circonstance qui a concilié l'esprit com-
mercial de l'Angleterre avec l'absence totale de gloire mar-
tiale, de batailles, de sièges, de tableaux peints pour illustrer
nos conquêtes sur les rives de l'océan Pacifique, mer ainsi
appelée avec raison, nous sommes heureux de le dire. Tout
cela n'est cependant qu'une consolation négative, et nous
prions nos critiques de prêter leur attention à quelques-uns
des résultats positifs de la colonisation de l'Australie, tels
qu'ils sont. présentés dans les nouvelles mensuelles qui vien-
nent d'arriver. Il va sans dire que nous ne prétendons pas ri-
valiser avec les brillantes opérations d'aucun de nos voisins;
nous voulons seulement que nos lecteurs prennent note de
l'état des choses.
» En premier lieu, les revenus de la colonie de Victoria
sont dans un état très-satisfaisant. L'augmentation, dans
l'année finissant le 8 juin, a été de 500,000 liv. st., environ
12,500,000 fr., sur un revenu de près de 3,500,000 liv. st.
On avouera que ce n'est pas mal pour une colonie qui n'a at-
teint que la 21e année de son existence. Il faut observer que
cette belle colonie ne coûte non-seulement plus rien du tout,
mais qu'elle n'a jamais rien coûté à la mère patrie, pas même
les troupes nécessaires à sa défense, puisqu'elles ont été
payées, comme celles de la Compagnie des Indes, avec les
fonds mêmes de la colonie. Le second point sur lequel nous
appelons l'attention, c'est l'établissement d'une nouvelle ban-
que pour les colons, qui se préoccupent non sans raison de
prendre cette branche des affaires en leurs propres mains,
au lieu de la confier à de nombreuses compagnies anglaises
qui l'ont presque entièrement monopolisée jusqu'aujourd'hui.
Le troisième, triste indice de la décadence de ces établisse-
ments languissants, est le tableau des exportations d'or de
Victoria, qui s'élèvent, pour les six derniers mois, à
1,277,568 onces; et, ce qui est encore plus triste à dire,
elles présentent un accroissement progressif de mois en mois.
Ensuite il y a encore cet autre fait, que le capital et la divi-
sion du travail commencent à être appliqués sérieusement à
la production de l'or; et les mines sont exploitées avec succès
à 9 milles seulement de Melbourne.
» Mais peut-être cette colonie si riche, si prospère, médite-
t-elle quelque coup hardi pour se séparer de la perfide Al-
L'ISTHME DE SUEZ,
DIMANCHE 10 OCTOBRE.
L'ami des Chinois Viator n'abandonne pas la cause de
ses clients, et il répond à ses deux antagonistes en faisant
un tout autre tableau des mœurs de ces immigrants. Ce sont
pour la plupart des gens pauvres, dont le passage a été payé
par des compatriotes plus riches, et qui sont obligés de rem-
hourser le prix de la traversée par leur travail. Cette obli-
gation est toujours remplie avec la plus grande conscience,
mieux qu'elle ne le serait pas des travailleurs européens. Les
Chinois sont sobres, actifs; et ce qui leur vaut surtout l'aver-
sion de la populace, c'est qu'ils ne sont pas ivrognes, et
qu'ils se tiennent éloignés des débauches ordinaires d'une
certaine classe de gens. Les actes des tribunaux démontrent
que, dans les rixes fréquentes entre Chinois et Européens, les
derniers sont à peu près toujours les agresseurs. Quant au
reproche que les Chinois viennent seulement pour amasser
de l'argent, Viator le réfute par cette simple observation,
que les jeunes Européens viennent rarement dans un autre
but en Australie.
La discussion ouverte dans les colonnes du Times sur les
Chinois en Australie, continue dans le numéro du 24 sep-
tembre. Viator trouve un appui en Philanthropos, qui con-
firme tout ce qu'il a dit sur les excellentes qualités des Chinois,
et signale, outre les dix livres sterling de droit d'entrée, une
autre taxe imposée à ces immigrants Célestes. Ils sont obligés
de payer encore une livre sterling par mois, tandis qu'une
tentative du gouvernement d'imposer les mineurs européens
de la même manière soulevait de si fortes clameurs qu'il
fallait y renoncer. Les trente mille Chinois dans les mines ne
travaillent que sur les terrains abandonnés, où ils gagnent
à peu près quinze mille onces par semaine, qui autrement
seraient perdues pour la société. Ils sont donc excessivement
utiles, et, comme le fait remarquer l'auteur d'une autre lettre,
ils sont tellement sobres qu'ils ne peuvent pas faire hausser
le prix des vivres, ni celui des terres, puisqu'ils sont presque
exclusivement occupés dans les mines.
On voit que cette question est loin d'être éclaircie; mais il
n'en reste pas moins vrai que l'impôt établi sur les Chinois
paraît bien extraordinaire au moment où l'on vient d'obtenir
de la Chine qu'elle ouvre ses portes aux étrangers. Souffri-
rait-on des représailles, si le gouvernement chinois voulait les
prendre, et qu'il imposât une taxe personnelle à tous les Eu-
ropéens qui viendraient s'établir dans l'empire du milieu ?
G. WAGENER.
LES COLONIES AUSTRALIENNES.
Nous donnons plus bas un article du Times où il ap-
précie d'une manière générale la situation actuelle des
colonies que la Grande-Bretagne a fondées en Australie.
Le journal anglais se félicite vivement de la prospérité
de ces colonies, composées presque tout entières d'An-
glo-Saxons. Nous sommes, pour notre part, de l'avis du
Times, sans approuver d'ailleurs le ton de ses remar-
ques, qui est, comme d'habitude, passablement incon-
venant et dédaigneux pour toutes les nations autres
que la nation anglaise. Sans doute l'Australie présente
un très-grand et très-noble spectacle; mais l'état de
l'Inde, depuis plus d'un an, devrait tempérer quelque
peu l'orgueil britannique; et, malgré la victoire qui
semble prochaine, le Times n'a pas trop de motifs
d'exalter son enthousiasme patriotique ni d'aiguiser ses
plaisanteries d'un goût plus ou moins équivoque à l'a-
dresse des étrangers.
Mais ce n'est pas pour réfuter le Times que nous re-
produisons son article; c'est pour montrer à nos lec-
teurs où en est, à cette heure, la civilisation en Austra-
lie. Le développement de ces superbes colonies de la
mer Pacifique nous importe beaucoup, et c'est par.4 ou
500,000 tonnes qu'il faut déjà compter le trafic actuel
que le canal de Suez peut espérer détourner à son profit
et au grand profit du commerce universel. Nous avons
très-souvent parlé de l'Australie à nos lecteurs, et nous
en parlerons bien souvent encore. Au fond, les louanges
du Times sont justes, bien que la forme en soit assez
mauvaise ; et c'est à ce titré que nous appelons l'atten-
tion sur l'article qui suit :
« Un journal français, dit le Times du 7 septembre, nous
a appris récemment que parmi nos nombreux échecs sur
terre et sur mer, nous avons surtout peu réussi dans la colo-
nisation de l'Australie. Nous avons supporté cette accusation
avec notre débonnaireté habituelle, nous consolant par la
pensée que, quels que puissent avoir été nos succès dans la cin-
quième partie du monde, ils ne nous ont pas coûté de sang et
très-peu d'argent, circonstance qui a concilié l'esprit com-
mercial de l'Angleterre avec l'absence totale de gloire mar-
tiale, de batailles, de sièges, de tableaux peints pour illustrer
nos conquêtes sur les rives de l'océan Pacifique, mer ainsi
appelée avec raison, nous sommes heureux de le dire. Tout
cela n'est cependant qu'une consolation négative, et nous
prions nos critiques de prêter leur attention à quelques-uns
des résultats positifs de la colonisation de l'Australie, tels
qu'ils sont. présentés dans les nouvelles mensuelles qui vien-
nent d'arriver. Il va sans dire que nous ne prétendons pas ri-
valiser avec les brillantes opérations d'aucun de nos voisins;
nous voulons seulement que nos lecteurs prennent note de
l'état des choses.
» En premier lieu, les revenus de la colonie de Victoria
sont dans un état très-satisfaisant. L'augmentation, dans
l'année finissant le 8 juin, a été de 500,000 liv. st., environ
12,500,000 fr., sur un revenu de près de 3,500,000 liv. st.
On avouera que ce n'est pas mal pour une colonie qui n'a at-
teint que la 21e année de son existence. Il faut observer que
cette belle colonie ne coûte non-seulement plus rien du tout,
mais qu'elle n'a jamais rien coûté à la mère patrie, pas même
les troupes nécessaires à sa défense, puisqu'elles ont été
payées, comme celles de la Compagnie des Indes, avec les
fonds mêmes de la colonie. Le second point sur lequel nous
appelons l'attention, c'est l'établissement d'une nouvelle ban-
que pour les colons, qui se préoccupent non sans raison de
prendre cette branche des affaires en leurs propres mains,
au lieu de la confier à de nombreuses compagnies anglaises
qui l'ont presque entièrement monopolisée jusqu'aujourd'hui.
Le troisième, triste indice de la décadence de ces établisse-
ments languissants, est le tableau des exportations d'or de
Victoria, qui s'élèvent, pour les six derniers mois, à
1,277,568 onces; et, ce qui est encore plus triste à dire,
elles présentent un accroissement progressif de mois en mois.
Ensuite il y a encore cet autre fait, que le capital et la divi-
sion du travail commencent à être appliqués sérieusement à
la production de l'or; et les mines sont exploitées avec succès
à 9 milles seulement de Melbourne.
» Mais peut-être cette colonie si riche, si prospère, médite-
t-elle quelque coup hardi pour se séparer de la perfide Al-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.91%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.91%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 8/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203102s/f8.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203102s/f8.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203102s/f8.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203102s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203102s
Facebook
Twitter